Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté N°87Daté du 18 mai 2007Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiques concernant les droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles. Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d accord avec tout ce qui est écrit (sauf pour les communiqués signes Marche mondiale des Femmes). Faites passer a vos réseaux et ami-es. Amicalement. Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 12 04; 06 80 63 95 25 Fax : 01 44 62 12 34, C/O SUD PTT, 25/27 rue des Envierges, 75020 Paris, Site: www.marchemondiale.org . COORDINATION FRANCAISE MARCHE MONDIALE DES FEMMES (01 44 62 12 04 - 06 80 63 95 25)
MOBILISATIONS
TEXTES
MOBILISATIONS
1 - Campagne
Internationale contre le meurtre et la lapidation de femmes au
Kurdistan
Le 7 avril 2007, Doa
Khalil Aswad, une jeune fille âgée de 17 ans a été lapidée a Bashiqa
près de Mossoul (Irak). Cet assassinat a été commis par les hommes
de son clan appartenant a la communauté religieuse yézidi. Cette
jeune fille a été condamnée par sa famille parce qu elle aimait un
jeune arabe issu de la communauté musulmane. La lapidation a été
commise en pleine journée sans que la police kurde se soit sentie
obligée d intervenir.
Plusieurs organisations,
mais aussi des féministes et des personnalités irakiennes et kurdes,
viennent de lancer une campagne internationale pour dénoncer ce
meurtre horrible en exigeant que les assassins soient jugés et punis
et que le gouvernement régional kurde prenne les mesures nécessaires
en protégeant réellement les femmes contre toutes ces violences.
Au : Gouvernement
Régional Kurde
Campagne
Internationale contre la lapidation des femmes au Kurdistan
Condamnons la lapidation
de Doa Khalil Aswad, condamnée à mort pour etre tombée amoureuse !
Doa a été lapidée a mort
dans le centre ville de Bashiqa, devant des centaines de personnes.
Alors présentes sur le lieu du crime, les autorités n ont fait aucun
geste pour empecher ce crime. En agissant de la sorte, elles ont une
très lourde responsabilité.
Doa était une jeune fille
de 17 ans dont le clan appartient a la communauté religieuse
yézidiste. Lorsque son clan a appris qu elle était amoureuse d un
jeune musulman qui lui avait rendu visite, il dépecha quelques
hommes pour la capturer et la lapider publiquement. Cela s est passé
le 7 avril 2007 dans la ville de Bashiqa près de Mossoul (Irak).
En Irak et au Kurdistan d
Irak, les femmes sont opprimées et sont considérées ne faisant pas
partie de l humanité. Les droits qu elles ont sont insuffisants. Les
assassinats, les suicides et les violences contre les femmes font
partie de la réalité quotidienne dans cette région. Pourtant, un
crime de cette nature (lapidation en public en toute impunité) est
quelque chose de nouveau au Kurdistan
d Irak, et montre bien
que de tels crimes sont actuellement tolérés. Les assassins de Doa
sont toujours en liberté.
L échec du gouvernement
pour protéger les femmes et mettre en place des lois contre les
meurtriers crée une situation ou des milliers de femmes sont
victimes de crimes soi-disant " d honneur ". La violence augmente et
est la conséquence directe de l importance des traditions
patriarcales et religieuses.
Nous condamnons fermement
cet acte barbare et appelons toutes les organisations pour les
droits humains et les droits des femmes, tous les partis politiques
et activistes du Kurdistan et du monde entier a condamner ce crime.
Au XXIe siècle, que de
tels crimes puissent avoir lieu en plein jour n est pas seulement
une honte pour toute la société, c est une honte pour le
gouvernement kurde actuel qui est incapable de protéger les femmes
de telles pratiques inhumaines et obscurantistes. La lapidation de
Doa Khalil Aswad crée un dangereux précédent, et il faut s attendre
a ce que de plus en plus de femmes soient victimes de lapidation.
Nous tenons le
Gouvernement régional du Kurdistan pour responsable de la protection
des femmes et de leurs vies dans la région, et affirmons qu il doit
mettre fin aux brutalités et violences contre les femmes.
Aussi, les signataires
demandent :
- Que le Gouvernement
régional kurde juge et punisse les assassins ;
- Que le Gouvernement
régional kurde mette en place une législation contre la terreur, les
meurtres et l oppression des femmes et qu il punisse les criminels ;
- Pour éviter que ce
crime barbare devienne une norme et une pratique dans la société
kurde, le Gouvernement régional kurde doit criminaliser la
lapidation.
Initiatrices et
initiateurs de la campagne :
Houzan Mahmoud :
représentante a l étranger de l Organisation pour la Liberté des
Femmes en Irak (OWFI) et coordinatrice de la campagne
Raga Rauf : écrivain,
militante pour le droit des femmes et coordinatrice de la campagne
Samera Mohammed :
éditrice de Rasan, journal pour femmes au Kurdistan.
Yanar Mohammed :
Présidente de l Organisation pour la Liberté des Femmes en Irak
Aram Ali : coordinateur
du site kurde http://www.bopeshawa.com
Baker Ahmad : écrivain et
poète
Dler Colnadar : membre du
bureau exécutif de l organisation CHAK
Omar Faris : coordinateur
du site kurde http://www.kurdsitannet.org
Dina Nammi : Campagne
Internationale contre les Crimes d Honneur
Amal Almas : Ligue des
Femmes Irakiennes, Gothenburg, Suède
Fédération des Syndicats
et Conseils Ouvriers d Irak, représentant-es du Kurdistan
Chro Sabir : directrice
de l organisation de femmes Rasan au Kurdistan
Hana Shwan : journaliste
et militante des droits des femmes au Kurdistan
Hamza Abd : Maison de la
Culture irakienne a Gothenburg, Suède
Pour joindre cette
campagne et affirmer votre soutien, merci de contacter :
Houzan Mahmoud, mail to :
houzan73@yahoo.co.uk et Rega Rauf mailto:
rega_rauf@yahoo.com
2 - Campagne de
solidarité pour Nawal El Saadawi
L écrivaine égyptienne
Nawal El Saadawi, connue dans le monde arabe et internationalement,
fait face a une campagne politique et religieuse, menée par Al-Azhar
en Egypte, pour la poursuivre en justice pour apostasie et non
respect des religions, a cause d une pièce de théatre publiée au
Caire, en arabe, en janvier 2007 sous le titre " Dieu démissionne a
la réunion au sommet ".
Cette pièce de théatre s
inscrit dans la fiction et ce sont les spectateurs du théatre qui
doivent en juger et pas les religieux. Traduire une écrivaine devant
un tribunal pour ce genre d accusations graves pourrait etre
considéré comme un permis de l assassiner.
Ces accusations, qui ne
correspondent pas aux valeurs du 21ème siècle, constituent une
atteinte a la liberté d expression et touchent une écrivaine, femme
et médecin, qui a offert aux lettres arabes, quarante cinq ouvrages,
romans, pièces de théatre, nouvelles, autobiographie et ¦uvres
scientifiques et intellectuelles reliant les causes de la libération
de l Homme et de la libération des femmes et traduits en plus de
trente langues dans le monde.
Ce n est pas la première
fois que Nawal El Saadawi fait facea a ce genre de campagne. Un
autre procès a été intenté, précédemment, contre elle en l accusant
également d apostasie.
Nous, signataires de
cette pétition, nous exigeons l arret immédiat de cette répression
et nous invitons tous les hommes et les femmes de conscience dans le
monde, dans les pays arabes et en Egypte, a se lever pour défendre
la liberté de la pensée et de la créativité.
Nous appelons toutes les
associations de la société civile, les unions d écrivains, les
journalistes et les femmes et hommes libres dans chaque pays ainsi
que les associations de femmes et les partis politiques éclairés et
démocratiques a participer a cette campagne.
Arab Women's
Solidarity Association-Belgique
Pétition sur :
http://www.gopetition.com/online/11678.html
TEXTES
3 - Mutilations
sexuelles - Texte Commission Femmes Fasti
Dans le courrier de la
Marche Mondiale des Femmes n° 79 du 23/02/07 nous sommes invitées a
nous mobiliser pour faire signer une pétition contre l excision sur
le site : http://www.respect-ev.com dont voici le texte :
" Je m oppose aux mutilations génitales féminines sous toutes leurs
formes. Je demande donc aux responsables de la coopération au
développement de mon pays et de l Europe de faire respecter le
protocole de Maputo par les pays africains et d investir des moyens
importants dans les programmes d information et d éradication de ces
pratiques qui meurtrissent plus de 3 millions de fillettes chaque
année.
En vous rappelant que
dans le monde, 8 petites filles sont excisées toutes les 3 minutes.
- Que cela concerne 3
millions de fillettes chaque année
- Qu il y a 130
millions de femmes excisées dans le monde"
Mais pour nous ici, quel
accueil est fait aux femmes qui veulent préserver leurs filles de
ces pratiques ? J ai résumé un courriel de Florence Lacaze de la
Commission femmes de la FASTI qui décrit leurs parcours en France et
je le propose a votre réflexion. Julie Beaufil - Le Cri
Mutilations sexuelles
féminines et droit d asile, derrière les discours, une politique de
stigmatisation toujours à l'œuvre
Dans son rapport "La
violence sexuelle et sexiste contre les réfugiés, les rapatriés et
les personnes déplacées". Le Haut Commissariat des Nations Unies
pour les Réfugiés définit les mutilations sexuelles féminines ainsi
: Section des organes génitaux pour des raisons non médicales,
généralement pratiquée en bas age, allant de la section partielle a
l ablation totale des parties génitales, en passant par leur suture
pour des raisons culturelles ou autres raisons non thérapeutiques ;
intervention souvent subie plusieurs fois au cours de la vie d une
femme (p. ex. après l accouchement ou après une agression sexuelle).
Pratiquées par : praticiens traditionnels, appuyés, tolérés ou
assistés par la famille, les groupes religieux, la communauté
entière et certains États.
Cette violence,
communément appelée excision, est aujourd hui prise en compte en
tant que persécution spécifique faite aux femmes, dans le droit
francais et dans son application.
Une femme persécutée peut
donc argumenter de son refus de l excision pour demander le statut
de réfugiée a l O.F.P.RA et la C.R.R., mais, a ce jour, qu elle soit
excisée et que sa demande s articule sur les stigmates de cette
persécution, ne suffit pas en soi. Il faut que cette femme soit mère
d une enfant mineure (fille non excisée) et qu elle s'oppose a son
excision en cas de retour au pays
d origine.
L OFPRA et la C.R.R, pour
qui le récit de persécution n est pas une garantie suffisante,
pousse a rajouter dans le dossier d asile, en tant qu élément de
preuves, un certificat d examen médical gynécologique de la mère et
de la fille. Celui-ci se doit d établir l excision de la mère et la
non excision de l enfant.
En ce qui concerne l
OFPRA, c est encore insuffisant pour octroyer un statut de réfugié.
Bien que la loi n en dise rien, cette administration, sous la
tutelle du ministère de l intérieur, accrédite des structures
reconnues par ses services comme expertes pour effectuer en amont un
pré-tri des étrangères.
Dans les dossiers de
"protection excision" est exigée une expertise sociologique du
G.A.M.S, seule structure reconnue par l Office francais pour la
protection des réfugiés et des apatrides. Ce document vient
compléter le dossier, soit a la demande de la dépositaire du
dossier, soit a la demande de l administration compétente.
La commission de Recours
des Réfugiés qui elle en tant que juridiction, conserve un tant soit
peu
d indépendance ne tient
pas compte a ce jour de ce document sociologique. Dans les 21 jours
suivant son entrée en France, ou au mieux dans les 2 premiers mois,
le parcours d asile suivant doit etre accompli par la femme qui
demande l asile pour mutilations sexuelles sans qu elle soit pour
autant assurée de l obtenir :
Jour 1 :
- permanence d accueil
associative : première prise de contact/orientation/information sur
les démarches
- Préfecture ; retrait du
dossier d asile
- Permanence d accueil :
recueil du récit de vie, montage du dossier d asile
- Certificat médical :
justification de l examen gynécologique
- Certificat
sociologique : justification du certificat
- Permanence d accueil :
recueil des justificatifs - cloture du dossier 1ère instance
Jour 21 :
O.F.P.R.A. : réception du dossier
En sus de "l imagerie du
faux réfugié" propre a l OFPRA, c est le contenu de son dossier
associé a ce qu elle défendra, seule, lors de l entretien individuel
a l O.F.P.R.A. qui sera déterminant.
Le fait que dans un
contexte de limitation drastique d accès au statut de réfugiées, la
non-excision de la génération suivante puisse permettre l accès aux
papiers de la mère donc de la famille bouleverse un système de
valeurs.
Ce qui, de fait, ne
pouvait etre évoqué parce que d ordinaire est tabou : le souvenir de
sa propre excision, la douleur qui reste souvent très présente, la
place de la femme dans la structure sociale devient accessible et
peut conduire a un travail de fond invalidant la transmission des
mutilations.
En ouvrant des droits a
un statut légal et, in extenso, une amélioration majeure des
conditions de vie familiale, cette petite fille réelle et revée peut
devenir celle qui va permettre de rompre la traditionnelle chaine
des mutilations et libérer ces mères.
A contrario,
l'enfant-papier devient porteuse d un poids qui peut se révéler
préjudiciable dans la relation mère-enfant : le temps du désir n est
pas posé mais imposé par la situation administrative, et marque une
fois de plus une différenciation femmes françaises-femmes
étrangères. Pour ces dernières le droit a disposer de leur corps, le
choix de leur sexualité et de la contraception leur est encore
refusé.
De plus, en imposant l
enfant comme sésame d accès aux papiers, l Etat francais infirme la
reconnaissance de la souffrance de la mère et, ce faisant, ne pose
pas une position de lutte réelle contre l excision, et donc de
protection des femmes qui en sont victimes (quelque soit leur
origine) comme préalable, mais se contente d un acrobatique entre
deux. D une part, une médiatisation de cette problématique, d autre
part, la comme ailleurs, une chasse a la "fausse réfugiée".
Détournement des
outils médico-sociaux au profit d'une gestion migratoire
La législation, en
refusant le statut de réfugiée a une femme qui a déja été excisée,
estime ainsi que la persécution se limite a l acte en lui-même. C
est nier que le trauma produit au moment de la mutilation ne s
arrete pas avec la cicatrisation de la plaie, mais peut continuer a
se répercuter dans le corps et le psychisme de la femme.
Les violences et les
souffrances, permanentes et enfin évoquées ou racontées, habitent
totalement les récits. Très souvent marquées par des viols
caractérisés "les femmes paient un lourd tribut aux violences
sexuelles, avec des atteintes profondes a la sexualité, l intimité,
la vie privé""), ces violences sexuelles, physiques et
psychologiques provoquent un psycho traumatisme (ou névrose
traumatique) qui représente l affection la plus répandue parmi les
nouveaux patients du Comede .
S il n y a pas une
pathologie spécifique au migrant, la situation au pays d origine, le
parcours d exil, peuvent etre a l origine de ce psycho traumatisme (Aidan-Rechtman)
nécessitant un suivi approprié. Mais c est aussi le non-accueil fait
en France (Fassin) a ces personnes qui renforce leur vulnérabilité
et empeche alors une efficience des soins : impondérable et
harcelante difficultés matérielles, statuts juridiques incertains ne
permettent que rarement de s octroyer le devenu luxe du temps
thérapeutique, ou simplement de se poser pour digérer le passé et
envisager l avenir : celui-ci est toujours source d angoisse parce
que soumis a l improbabilité d un statut légal.
Entre les pratiques
attentives du Planning Familial ou un travail partenarial et des
protocoles
d accueil peuvent etre
mis en place permettant aux soignantes de se situer dans le respect
total de
l intégrité de la
personne, d autres praticiens, reconnus par l O.F.P.R.A, vont, par
leurs pratiques malencontreuses (négation de l excision, refus de
donner le certificat en main propre a la patiente), destituer la
femme d une reconnaissance fondatrice de la violence qui lui a été
faite, et redoubler
l obligation habituelle
de silence. (Nantes juin 2005)
Cette politique
participe, par cette stigmatisation d une population, a reproduire
le pacte de violence et de silence un instant effrité et entrave le
processus d accompagnement des acteurs-trices de la solidarité.
Par son discours et ses
pratiques, elle enferme dans une fidélité communautaire qui peut
conduire au maintien de la coutume de l excision en France en tant
que signe d une revendication identitaire, au prix de la souffrance
de celles meme censées etre protégées.
C est nier les droits
fondamentaux des femmes et les maintenir dans une subordination
inextinguible.
Récuser les mutilations
sexuelles est un processus que nous avons le devoir d inscrire dans
le cadre
d un contrat moral entre
la société et la personne instituant le droit a ne pas etre excisée,
mais aussi le droit a un revenu et un logement décent, un statut
social et juridique égalitaire.
C est ainsi que les
mutilations sexuelles pourraient s éteindre en France.
Tout l article sur le
site de la Fasti, : www.fasti.org
4 - Brésil : Le Pape au Brésil
condamne l avortement, le préservatif et l euthanasie.
Source Nathalie
Szuchendler. Lu dans Respubulica N° 538
C est en souhaitant que l
Eglise latino-américaine impulse le respect de la vie, " depuis
sa conception jusqu' ason déclin naturel ", que Benoit XVI
effectue sa première visite en Amérique latine. Tandis que l opus
Dei, en la personne de Mgr Echevarria*, invite les auditeurs de
Radio Vatican a accompagner le Pape parce que " la famille
chrétienne est d une grande importance pour le développement de tous
les continents et pour une société digne de la personne humaine
" Š
Arrivé dans l Etat de Sao
Paulo, pour une visite au Brésil ou se déroulera la cinquième
assemblée générale du Conseil épiscopal latino-américain (Celam),
Benoit XVI déclare a la foule de 40.000 jeunes catholiques réunis au
stade de Pacaembu le jeudi 10 mai, et aux milliers d autres restées
a
l extérieur : "
Efforcez-vous de résister fermement aux pièges du mal omniprésents
" Outres ses mises en garde contre la consommation de drogues, la
violence, la corruption et les tentations de l argent et du pouvoir,
Benoit XVI martèle ses plaidoiries pour l abstinence et contre l
avortement auprès d une jeunesse catholique brésilienne connaissant
des relations sexuelles précoces.
" L Église manque
cruellement d outils, pour parler d éducation sexuelle aux jeunes.
Precher l'abstinence ne sert a rien, tout le monde a des relations
sexuelles ", commente le père Emir Rigon* un quinquagénaire qui
a délaissé sa robe de pretre pour le jean, plus pratique sur les
routes défoncées de cette banlieue déshéritée, et rappelle les
ravages du sida, les mères contraintes de quitter l école, et
surtout le drame des avortements clandestins. " Souvent, les
adolescentes interrompent leur grossesse de peur d etre mises dehors
par leurs parents ", dit le père Emir.
Au Brésil, comme dans la
majorité des pays d Amérique latine, l avortement est interdit, sauf
en cas de risque mortel pour la mère ou consécutif a un viol. Pour
avorter, les gamines des favelas ont recours aux pires méthodes. Les
plus désespérées s introduisent une aiguille atricoter dans le
vagin, provoquant souvent une perforation de l utérus. Les autres
fabriquent un thé à base de marijuana ou achètent deux comprimés de
Cytotec, médicament concu pour le traitement des ulcères et pouvant
provoquer des hémorragies d autant plus dangereuses que les
adolescentes tardent a se rendre a
l hopital, parce que
culpabilisées. Pointant du doigt l hypocrisie de la société
brésilienne, le directeur du centre d apprentissage Padre Bello
constate : " Les filles des classes aisées vont dans des
cliniques qui ont pignon sur rue et payent le prix fort. Les autres
vont a la boucherie " Dans ce pays dévasté par le sida, Benoit
XVI, lui, exhorte la jeunesse a résister a "l hédonisme" des
sociétés modernes, a " dire non aux médias qui tournent en
ridicule la sainteté du mariage et la virginité avant le mariage
" et a cultiver avant tout " des vies limpides et claires "
autour du mariage.
Selon une enquete de l
institut Ibope (Instituto Brasileiro de Opinião Pública e
Estatística), 96 % des jeunes catholiques sont en faveur de l usage
du préservatif et 62 % jugent l opposition de
l Église dépassée. Ils
sont 79 % a récuser l obligation d attendre le mariage pour leur
première relation sexuelle. L abstinence pronée par le pape, "c
est une décision absolument individuelle. Je n ai rien pour ou
contre celui qui souhaite etre chaste ou celui qui ne le veut pas.
Mais nous ne pouvons baser notre politique de prévention des
maladies sexuellement transmissibles et du sida en préconisant la
chasteté " a déclaré vendredi la secrétaire d Etat brésilienne
aux Droits de la femme, Nilcea Freire. " Nous préconisons l
utilisation de moyens contraceptifs, aussi bien masculins que
féminins, dont l usage s est montré efficace dans la prévention de
maladies sexuellement transmissibles ", a souligné la ministre.
"Je respecte la position de l Eglise et je ne me sens pas le
droit d interférer dans ce qu elle préconise, mais je pense que la
question du combat contre le sida est de la compétence du
gouvernement. Nous devons le conduire en fonction des besoins de la
population brésilienne "
En effet, par une
politique basée sur la distribution de préservatifs, l
administration gratuite de médicaments aux personnes séropositives,
et la pression sur les grands groupes pharmaceutiques pour la baisse
du prix des traitements, le Brésil a endigué l expansion du sida
pendant ces dix dernières années.
Quant à l IVG, chaque
année, 220 000 jeunes femmes la pratiquent et se rendent ensuite a l
hopital. On estime qu'au moins 5 000 personnes en meurent chaque
année ou gardent des séquelles qui les rendent stériles.
Le président Lula a
indiqué de son côté que la question de l avortement devait etre
traitée comme un " problème de santé publique ", tout en se
déclarant contre a titre personnelŠ La récente décision de la ville
de Mexico de dépénaliser l avortement a déclenché une réaction des
évêques mexicains, qui menacent de ne plus donner la communion aux
élus ayant voté la loi, dont le maire de gauche de la capitale
mexicaine.
Benoit XVI soutient l
épiscopat mexicain : "Ce n est pas une menace arbitraire, elle
est prévue dans le code de droit canon : il est écrit que le meurtre
d'un enfant est incompatible avec l eucharistie." Insistance
particulière sur le thème de l avortement qui agite plusieurs pays
de la région, allusion aux réformes en cours d adoption en Colombie
(droits de succession dans les couples homosexuels) : Benoit XVI
réaffirme avec force la doctrine de l Eglise, notamment sur l
avortement, le contrôle des naissances, l homosexualité et la
défense des valeurs familiales.
Pour tout contact :
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