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Le courrier de la Marche N° 8

Site de la Marche mondiale : http://www.ffq.qc.ca/marche2000

  • 1er mai, Pôle femmes

  • Iran : Le régime des mollahs condamne une femme à la lapidation

  • Argentine : Piquettes, "cacerolazos" global et femmes, texte de Martina
    E. Chávez, anthropologue


1) Manifestation 1er mai : le pôle femmes

Le Collectif national droits des femmes s'est réuni le lundi 29 avril en
présence d'un certain nombre d'associations féministes, organisations
syndicales et politiques. Il appelle à l'organisation d'un pôle femmes
important, "Féministes contre l'extrême droite". Le rendez-vous est à
13h30, place de la République, à hauteur d'Habitat et dans la rue du
faubourg du Temple. Panneaux, autocollants et slogans sont prêts, mais
n'hésitez pas à laisser libre cours à votre imagination. N'hésitez pas non
plus à remonter de vos cortèges syndicaux et autres pour venir nous
rejoindre.  Mobilisons-nous ! A demain, donc

2)  Iran : Le régime des mollahs condamne une femme à la lapidation

Appel de la commission des femmes du Conseil national de la Résistance
iranienne - Le 25 avril 2002
Le quotidien officiel Entekhab a rapporté qu'un tribunal de Téhéran a
condamné hier une femme, Ferdows B., à la lapidation. C'est le 2ème (?) cas
de lapidation annoncé sous la présidence de Khatami. Quatorze des victimes
sont des femmes. Parmi les victimes se trouve une femme de 35 ans qui a été
lapidée à mort après huit années d'emprisonnement,  accusée d'avoir tourné
dans des "films obscènes", et une autre femme du nom de Sima, qui attend en
prison d'étre lapidée depuis janvier 2002.
Tout en condamnant cet horrible châtiment inhumain, la commission des
femmes du Conseil national de la Résistance iranienne appelle les instances
internationales et les organisations de défenses des droits des femmes à
protester contre les châtiments cruels et inhumains contre les femmes en
Iran.

3) Argentine

Piquettes, "cacerolazos" global et femmes
Texte de Martina E. Chávez, anthropologue

Le paysage de la résistance contre le capitalisme dans le monde est en
train de changer, les femmes en Argentine, font face au capitalisme global
dans les rues avec des casseroles.

Les Argentines ont inventé les « cacerolazos », la forme la plus percutante
- c'est le cas de le dire! -  pour dire qu'elles en ont assez d'être
victime du capitalisme patriarcal, assez d'être victime du saccage de nos
richesses. Les casseroles et celles qui les
utilisent ont retenti dans toutes les provinces du pays, les femmes ont
encore la force de dire non ! Depuis que les femmes ont inventé les «
cacerolazos », ce nouveau type de protestation pacifique, c'est tout un
peuple à bout qui s'est retrouvé dans les rues. Aujourd'hui dans les
assemblées populaires des quartiers ou des bidonvilles, ce sont des femmes
qui ont pris la tête des organisations.

Il ne faut pas oublier qu'en Argentine durant Dictature militaire les
femmes ont joué un rôle de premier ordre, ce sont elles qui, les premières,
ont dénoncé les atrocités, et reclamé leurs enfants emprisonnés ou «
disparus », comme le firent les MÈRES DE LA PLACE DE MAI, et d'autres
femmes qui depuis plus de 25 ans luttent et résistent au système
néo-libéral.
Que voyait-on dans les images de la télévision les 19 et 20 décembre 2001 ?
Surtout des femmes, avec leurs enfants et leurs maris, des vieillards, des
jeunes, des familles entières. Les femmes et les enfants sont aussi les
premières victimes du capitalisme sauvage. En
Argentine, des femmes continuent à mourir pendant l'accouchement, et des
adolescentes quittent l'école pour cause de grossesse.
Il y a 2 ans, dans ma province d'origine Jujuy, des femmes d'origine
amérindienne s'étaient cousu la bouche pour dénoncer les atrocités de la
politique néo-libérale. Les manifestantes femmes voulaient exprimer leur
ras-le-bol de voir leurs enfants mourir de faim, ou d'une maladie
quelconque depuis longtemps éradiquée dans des pays riches. Ce sont les
femmes qui, les premières, sont à longueur de journée confrontée aux
regards hagards de leurs petits enfants affamés, le ventre et nombril
pointu caractéristiques de la malnutrition chronique, conséquence de ce
véritable terrorisme « fonds-monétariste », ou « fondamentaliste », comme
le nomme la population.

La résistance populaire en Argentine a commencé à Jujuy et à Neuquén
(Patagonie), avec les piqueteros ou piquets, mode de lutte qui consiste à
couper les routes les plus importantes et brûler des pneus, et en laissant
un groupe de manifestants surveiller en permanence les lieux. Dans les
provinces, depuis de nombreux mois, les chômeurs, rejoints ensuite par les
travailleurs précaires, puis les fonctionnaires - enseignants, travailleurs
de la santé - qui sont payés 6 mois par an et avec des retards, voire même
parfois jamais payés, avaient commencé à organiser des « piquettes ».

Les manifestants s'en prennent aux symboles institutionnels du pouvoir,
mais aussi aux banques, aux Mac Donald's et autres symboles de ce
capitalisme barbare et cannibale. Depuis le 19 et 20 décembre le peuple
argentin reste fortement mobilisé, s'organise pour se mêler enfin se de ce
qui le regarde : la politique. Il n'y a pas un jour sans qu'une banque ne
soit la cible d'un « escrache », méthode qui consiste à nommer les
responsables, les désigner publiquement, les harceler, et à faire des «
cacerolazos » devant leur établissement ou devant chez eux.

L'Argentine est à l'heure actuelle le cas le plus éloquent de la
destruction des sociétés civiles provoquées par le capitalisme
transnational et patriarcal, masqué par un système politique
pseudo-démocratique, et en réalité corrompu. Une partie de la population
qui a fait partie de ce pays qu'on appelé dans les années trente « le
grenier du monde », qu'on disait être un pays « fait de pain », riche de
toutes les grandes ressources naturelles. Pays richissime, elle possède
tout du point de vue des matières premières, dont le pétrole, et ses terres
fertiles pourraient nourrir sans problème ses 37 millions d'habitants.
S'installer en Argentine fut dans la première moitié du XXe siècle l'espoir
d'une vie meilleure pour des millions d'émigrants pauvres venus de tous les
horizons.
Maintenant, c'est un pays affamé : actuellement 15 des 37 millions
d'Argentins vivent au-dessous du seuil de pauvreté ; 5 millions en état
d'extrême pauvreté ; le chômage a dépassé le 20 % de la population active ;
le pouvoir d'achat a baissé de 50 % dans les derniers 5 années.

Entre 50 et 100 enfants meurent par jour de maladies curables. Celui qui a
été le pays le plus riche d'Amérique du Sud est en ruine. Sa dette externe
s'élève actuellement à 150 000 millions de dollars. 90 % des banques et 40
% de l'industrie appartiennent à des multinationales étrangères. L'argent
des 40.000 millions de produits argentins qui ont
été privatisés par des corrompus de l'entourage de l'ex-président Menem,
s'est évaporé. L'évasion fiscale s'est élevée en 1998 à 40 000 millions de
dollars, c'est-à-dire la moitié des recettes de l'État pour cette année-là.

L'ARGENTINE UN CAS D'ÉCOLE.
L'Argentine a été l'élève modèle du FMI, et un cas d'école pour le
néo-libéralisme. Tous les gouvernements qui se sont succédés depuis la fin
de la dictature ont appliqué à la lettre les différents plans d'
ajustements et de flexibilisation  économique exigés par le FMI. Cette
politique mise en place par Domingo Cavallo, élève de l'école de Harvard
aux États Unis et ancien ministre de l'économie de la dictature, et la
caste constituée par la grande oligarchie terrienne, a mis à sac l'économie
du pays. La fuite massive des capitaux a d'abord été l'ouvre des militaires
sous la dictature, et elle s'est poursuivie sans discontinuer jusqu'à
maintenant sous tous les gouvernements civils successifs.

Les mesures d'ajustement et de réajustement prônés par le Fonds Monétaire
International et la Banque Mondiale pour faire payer une dette que le
peuple n'a jamais contractée ont trouvé leurs limites. La population, qui
n'a désormais plus rien à perdre, a relevé la tête et n'accepte plus sa
liquidation programmée.

Face à cette situation les femmes sont décidées à résister. Elles veulent
construire d'autres alternatives, de nouveaux instruments de résistance. Un
exemple de cette résistance et d'organisation alternative, est le système
de troc qui se développe de plus en plus.
Encore une fois se sont des femmes qui les organisent. Le vendredi 8 mars
plusieurs manifestations de « cacerolazos » ont eu lieu dans toutes les
provinces emmenées par des femmes.

A l'heure actuelle les assemblées populaires se succèdent et une nouvelle
forme de démocratie est en train de naître. La presse formelle parle peu de
ce nouveau type d'organisation. Nous pouvons observer que dans chaque
quartier ce sont des femmes qui convoquent et qui sont déjà reprimé par
leur combativité. C'est le cas d'une institutrice de Merlo (localité de
Buenos Aires), sa maison à fait l' objet d'un incendie criminelle, car
c'était elle qui convoquait les assemblées populaires.

Nous prônons une nouvelle économie basée sur la réciprocité tout en
respectant la terre nourricière, tout le contraire des valeurs du Fonds
Monétaire International, la Banque Mondiale et l'Organisation Mondial du
Commerce. Une économie au service des personnes et des peuples.

Martina Chávez
Contact pour cet article. Groupe Femmes et mondialisation de Paris 14
femmes.paris14@attac.org


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