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Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté N°60bis

Reçu le 23 décembre 2005 par la rédaction

Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiques concernant les droits des femmes, en espérant qu ils vous seront utiles. Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d accord avec tout ce qui est écrit (sauf pour les communiqués signes Marche mondiale des Femmes).

Faites passer a vos réseaux et ami-es. Amicalement.

Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 12 04; 06 80 63 95 25 Fax : 01 44 62 12 34, C/O SUD PTT, 25/27 rue des Envierges, 75020 Paris, Site:  www.marchemondiale.org .

COORDINATION FRANCAISE MARCHE MONDIALE DES FEMMES (01 44 62 12 04 - 06 80 63 95 25)


  • 1 - Des nouvelles de la Bourse d'études
  • 2 - Appel a soutenir Kristina, menacée de reconduite à la frontière, vers Grozny
  • 3 - La polémique sur la pilule abortive RU 486 enflamme l Italie
  • 4 - L Unicef tire la sonnette d alarme sur l excision
  • 5 - Communiqué de la CADAC et communiqué MFPF
  • 6 - Réhabiliter l humain pour sortir des violences
  • 7 - Au Nigéria, trafic de femmes pour les trottoirs européens
  • 8 - Un rapport accablant sur les discriminations subies par les femmes issues de l immigration
  • 9 - Cote d Ivoire : Elles pratiquaient l excision jusque dans la capitale
  • 10 - Ouvières de la Gacilienne au Burkina Faso, suite
  • 12 - Festival International de Films de Femmes de Créteil 2006
  • 13 - Les reunions du Collectif National Droits des Femmes

RAPPEL : PROCHAINE REUNION MARCHE MONDIALE DES FEMMES France mardi 10 janvier 18h30 Bourse du Travail Paris


1 - Des nouvelles de la Bourse d Etudes

en journalisme accordé a une jeune burkinabée a l issue de la Marche Mondiale des Femmes 2005

L'heureuse élue se nomme Sanouidi S. Sandrine
La Marche Mondiale des Femmes/Action Nationale du Burkina Faso (MMF/ANBF) a octroyé une bourse d études d une valeur de trois millions deux cent soixante milles francs CFA - 5000 euros/6000 dollars USD - et une moto J.C a mademoiselle Sanouidi Scheila Sandrine. Cétait le mercredi 07 décembre 2005 a la salle de conférence de Splendide Hotel a Ouagadougou. Mademoiselle Sanouidi Sheila Sandrine est agée de 19 ans. En guise de remerciements à la Marche Mondiale des Femmes, elle a promis de fournir des résultats académiques très satisfaisants.

Le mercredi 07 décembre dernier, a l occasion de l'ouverture de l atelier de réflexion sur Droits humains et violences faites aux femmes organisé par le Ministère de la Promotion des Droits Humains du Burkina Faso, en collaboration avec 5 organisations de femmes, la MMF/ANBF a attribué une bourse d études a une étudiante burbinabè. En effet, Sanouidi Scheila Sandrine, lauréate du concours d entrée au département de Communication et Journalisme de l Université de Ouagadougou, a recu un chèque d une valeur de trois millions deux cent soixante mille francs CFA et une moto J.C. Cette bourse, qui va couvrir les 4 années de formation en Journalisme et Communication de S. Sandrine, est la contribution des femmes du monde a la lutte des femmes burkinabèes contre la féminisation de la pauvreté. Elle est également, selon Madame Awa Ouédraogo/Dabiré, Coordinatrice de MMF/ANBF un geste symbolique qui vise a montrer la détermination des femmes a attaquer résolument les violences faites aux femmes dans les médias. L attribution de cette bourse s est faite sur la base de trois principaux critères : le mérite, les conditions socio-économiques et l'age.

Au cours de la meme cérémonie, la MMF/ANBF a rendu hommage a deux groupes de jeunes espoirs de demain :
- les enfants de l écoles primaires publics A et B de la Patte-d oie qui ont interprété l Hymne a la femme et fait un plaidoyer pour la paix le 17 octobre dernier ;
- les 11 jeunes filles des Centres de formations techniques féminins de Goughin, de l Office des postes et télécommunications et de Saint Camille. Elles ont accepté sacrifier leurs vacances aout/septembre 2005 pour confectionner la contribution de la Coordination nationale du Burkina Faso a la Courtepointe de solidarité. Habi Ouattara, Chargée de Communication de la MMF/ANBF

Trouvez les photos de l événement sur le site de la Marche : www.marchemondiale.org

2 - Appel a soutenir Kristina,

menacée de reconduite à la frontière, vers Grozny Les signatures sont a renvoyer a : maquin.francoise@wanadoo.fr

A touTes,
Notre amie Kristina, de la commission femmes de Valence (ASTI) est en grand danger : elle a recu un arreté de reconduite a la frontière Elle va rapidement passer au tribunal de Grenoble, nous lui avons trouvé une avocate, ce sera Clémentine Francès du bureau de Grenoble qui assurera sa défense. Nous organiserons un déplacement à Grenoble dés que nous saurons la date. . Venez nous rejoindre pour soutenir Kristina. L ASTI lance un comité de soutien et une pétition : Kritina a 23 ans. Son père, Tchétchène a abandonné sa famille très tot pour la résistance. Sa mère, Russe, obligée de travailler, laissait Kristina chez des voisins amis, les KABOUCHEV. En 1994, sa maison a été brulée dans le bombardement de Grozny. Un soir, la mère de Kristina n est pas venue la chercher chez les KABOUCHEV, comme elle le faisait chaque soir. Elle avait 12 ans. Quatre ans plus tard, le père de Kristina a fini par retrouver la trace de sa fille et l a emmenée dans la montagne dans un camp tchétchène, ou elle a été traitée comme une esclave en raison des origines russes de sa mère. Au cours du bombardement de ce camp en 2002, son père a disparu. Elle a été conduite dans la banlieue de Grozny, trainée devant un tribunal militaire ou, sans avocat, sans pouvoir prendre la parole, elle a été condamnée pour trahison et crimes contre la Russie. Lors de son transfert en prison, elle a pu s échapper a la faveur d une attaque du convoi par les Tchétchènes. Les KABOUCHEV l ont de nouveau aidée en la cachant dans une cave et pour cela ils ont subi eux aussi de graves représailles. Le 15 janvier 2003, un cousin paternel a organisé sa fuite pour la France, dans un camion. Sa demande d asile a été rejetée le 27 juin 2003 pour manque de preuves. Ni Russe, ni Tchétchène, elle n est de nulle part. Son unique chance de survie est ici en France, ou elle bénéficie de nombreux soutiens. L OFPRA a rejeté sa demande d asile, le 10/09/05, motif pas de preuves. La préfecture de la Drome a pris un arreté de reconduite à la frontière. Elle a 7 jours pour faire appel. Un comité de soutien est en voie de constitution. SI vous etes d accord, nous faire connaitre, nom, prénom, commune, profession ou qualité . C'est urgentŠ Nous vous ferons connaitre le ou la présidente du Comité de Soutien dès que nous le pourrons.

3 - La polémique sur la pilule abortive RU 486 enflamme l'Italie

A - L Italie s enfièvre pour la pilule RU 486. Plus d un quart de siècle après sa mise au point en France, la pilule abortive est toujours interdite dans la Péninsule, mais le débat y est relancé par le forcing des autorités sanitaires régionales contre le ministre de la santé, Francesco Storace. Ce dernier, après avoir autorisé puis suspendu, fin septembre, une première expérimentation dans un hopital de Turin, est assailli de demandes. Après le Piémont, les régions Ligurie, Lombardie, Ombrie et Latium ont déposé des dossiers pour conduire des tests. De la province autonome de Trente jusqu au principal hôpital de Rome, des demandes d autorisation sont lancées chaque jour ou presque sur l ensemble du territoire. Mardi 15 novembre, la Toscane a franchi un pas supplémentaire en autorisant les hopitaux de son ressort a prescrire la RU 486 sans meme avoir le feu vert du ministère. Des établissements ont indiqué qu ils achèteraient la fameuse pilule directement à l étranger. Depuis deux mois il y a une forte mobilisation contre le gouvernement et en particulier contre le Ministre Storace, qui a attaqué, en s alliant avec l Eglise Catholique et en particulier avec le cardinal Ruini, le droit des femmes à avorter : il a refusé l'introduction en voie expérimentale de la RU486 et a souhaité la présence du Mouvement pour la vie dans les centres de planning familial. Parallèlement le DS, ex-PCI, parti de centre-gauche, a proposé une loi qui prévoit un soutien économique ridicule pendant la grossesse et jusqu à l'accouchement aux femmes non mariées ou au chomage qui veulent avoir un enfant. Cette loi est offensive et attaque clairement la liberté et le droit des femmes da l autodétermination. Pour répondre à cette offensive, des mouvements de protestation et de lutte sont nés et ils s'articulent déjà à un niveau national. Vous trouverez des info plus détaillées sur les sites créés par les deux mouvements : http://www.facciamobreccia.org/

B - Article paru dans l'Huma - Rubrique International du 6 décembre 2005. L IVG en sursis en Italie par Christelle Chabaud Les opposants du centre gauche n y voient qu une tactique ridicule de Silvio Berlusconi pour, a l approche des élections parlementaires, s assurer du soutien d électeurs ultraconservateurs. Mais, derrière les visées électoralistes, l offensive du ministre de la Santé Francesco Storace se veut une attaque contre le droit des femmes à l IVG. Fin novembre, ce dernier avait émis le souhait de réaliser une enquete approfondie pour s assurer du bon usage de la loi de 1978, qui a dépénalisé l avortement avant sa légalisation en 1981. Dimanche, le président de la Chambre des députés vient d accéder à sa demande : l enquête devra etre terminée le 31 janvier. Si, par hasard, son intention n était pas apparue assez limpide, Francesco Storace a rappelé l interdiction de la pilule abortive en Italie alors que certaines régions comme la Toscane ont décidé de passer outre. Au moment où le projet de budget 2006 cherche a encourager les familles a avoir des enfants, les régions sont entrées en compétition pour qu elles n en fassent pas. Cette compétition est un encouragement a l avortement et, ce n est pas un beau spectacle , s est emporté le ministre. En point d orgue, le ministre a incité les militants anti-IVG a multiplier leur présence dans les centres de consultation ou toute femme sollicitant un avortement doit prendre rendez-vous. L Osservatore Romano, journal du Vatican, lui a emboité le pas pour stigmatiser l avortement, "cette négation des valeurs de la vie

CAMPAGNE DE SIGNATURES
Au moment ou le projet de budget 2006 cherche a encourager les familles à avoir des enfants, les régions sont entrées en compétition pour qu elles n en fassent pas, a déploré, mardi, M. Storace. La polémique rebondit surtout sur le terrain de la morale. Cette compétition est un encouragement à l avortement et, franchement, ce n est pas un beau spectacle, a ajouté le ministre. Pour l Osservatore romano, le quotidien officiel du Vatican, les régions sont en train de se transformer en une avant-garde porte-drapeau de la négation des valeurs de la vie, et ceci au nom d'une laïcité mal comprise de l'Etat. Le débat fait rage, au moment ou l Eglise italienne est accusée d ingérence dans la politique, notamment sur les questions de société. Camillo Ruini, président de la Conférence épiscopale italienne (CEI), avait mis tout son poids, au printemps, pour faire échouer un référendum sur la fécondation assistée. Une Eglise qui se tairait sur ces thèmes ne ferait honneur ni à elle-meme, ni à l Italie, s est-il défendu, le lundi 14 novembre, à l ouverture de l Assemblée générale des éveques. Il a répété que la pilule RU 486 concourt a détourner l attention de la vraie nature de l avortement, qui est et reste la suppression d une vie humaine innocente. Une association de consommateurs a lancé une campagne de signatures pour la légalisation de la pilule abortive : 70 000 ont déjà été recueillies, mais les réticences sur l interruption volontaire de grossesse (IVG), quelle que soit la méthode, sont encore nombreuses, y compris dans le corps médical. Un rapport parlementaire indique que 83,3 % des gynécologues de la région Basilicate, a l extrémité Sud de la Péninsule, et 80,5 % en Vénétie
(Nord-Est) refusent de pratiquer des IVG traditionnelles. Ces chiffres indignent Daniele Capezzone, secrétaire des Radicaux italiens, le parti le plus en pointe sur ces questions : Cela signifie que, trente-sept ans après la légalisation de l avortement, pour des millions de femmes italiennes, le libre choix de l interruption de grossesse est purement théorique. Jean-Jacques Bozonnet (Rome, correspondant)

4 - L Unicef tire la sonnette d alarme sur l excision

LE CAIRE, 23 nov 2005 (AFP) L excision est un phénomène dont l ampleur avait été jusqu a présent sous-estimée et qui est en voie de globalisation, selon un rapport par l'Unicef ; L excision touche beaucoup plus de femmes qu on ne l a estimé auparavant, indique l agence de l Onu pour l enfance, dans une étude sans précédent sur les pratiques de mutilations génitales féminines (MGF). Environ trois millions de femmes sont victimes d excision chaque année rien que sur le continent africain, selon l organisation. 100 à 140 millions de femmes a travers le monde auraient subi, a divers degrés, une mutilation sexuelle, selon des estimations publiées par le rapport. Cette pratique, qui est étroitement liée a l appartenance ethnique, semble etre en déclin dans certains pays (Bénin, Bukina Faso, Nigeria, Yémen), mais reste stable dans d autres (Cote d Ivoire, Egypte, Niger, Soudan). Selon les pays et les traditions locales, les MGF incluent des pratiques qui vont d une coupure au clitoris jusqua l ablation totale des parties génitales externes et la suture de la vulve. Cette pratique constitue une violation du droit des filles et des femmes à l intégrité physique, porte atteinte a leur liberté et constitue une forme extreme de violence et de discrimination, selon l Unicef. L excision est interdite par les législations nationales de nombreux pays africains et du Moyen-Orient et est condamnée par la Convention internationale sur les droits de l'enfant, rappelle le rapport. Elle n est prescrite par aucune religion, meme si des justifications religieuses sont souvent avancées par ceux qui la pratiquent. Parmi les tendances relevées dans le rapport - fruit de deux ans de recherches par des agences onusiennes et des ONG locales - l Unicef note la globalisation du phénomène. L excision ne se limite plus au seul continent africain mais est également pratiquée au Moyen-Orient et dans les communautés immigrées en Occident - Europe occidentale, Etats-Unis, Australie, Nouvelle Zélande. Mettre un terme au développement de ce phénomène s avère une tache difficile, selon le rapport. L'excision est une convention sociale profondément ancrée" dans certaines sociétés, estime le rapport, soulignant que les familles qui ne s y plient pas risquent souvent d etre stigmatisées. L'Unicef en appelle à une campagne accrue au niveau des pouvoirs publics, des systèmes éducatifs et des médias, afin de créer un lien entre les solides garanties légales qui existent sur la question et les communautés concernées.

5 - Communiqué de la CADAC et communiqué MFPF

CADAC : L ordonnance judiciaire du 9 décembre 2005 manifeste un acharnement contre les droits des femmes et une négation des compétences professionnelles de trois gynécologues obstétriciens qui font autorité dans leur spécialité. A la suite d une IMG pratiquée en 2001, trois gynécologues obstétriciens, spécialistes réputés en médecine f¦tale, sont confrontés a un rappel a la loi par une ordonnance judiciaire du Pole Santé du Tribunal de Grande Instance de Paris du 9 décembre 2005 qui s appuie sur le rapport dun médecin inspecteur de santé publique.
Cette affaire est très grave, elle fait fi de la décision prise par une femme informée et une équipe soignante. Elle néglige les compétences des spécialistes. Comment un médecin, inspecteur de santé publique, pourrait-il etre plus expert que les experts dans un domaine qui est très encadré ! Elle remet en question la loi du 4 juillet 2001. Après les commandos anti-IVG, après l amendement Garraud, nous savions que le droit à l IVG était menacé. En voici une nouvelle preuve. Si cette ordonnance est laissée en l état, elle pourrait faire jurisprudence. Les médecins le savent et l IMG serait de fait supprimée, ce qui pourrait mettre en danger le droit lui-même. La CADAC dénonce cette nouvelle manipulation et tient a manifester son soutien aux trois médecins qui, de plus, sont menacés de mort par le plaignant (Quotidien du Médecin 14-12-2005). Nous exigeons la suppression de cette ordonnance. Paris, le 15 décembre 2005

PLANNING FAMILIAL : Nous apprenons avec consternation que trois médecins gynécologues-obstétriciens se sont vus infligés un rappel a la loi par le Tribunal de Grande Instance de Paris a propos d une Interruption Médicale de Grossesse (IMG) pratiquée a une femme en 2001 a l hopital Necker. Ce rappel a la loi vient fragiliser encore un peu plus la pratique des IMG en France. Depuis l arret Perruche, nous constatons au quotidien dans les permanences du MFPF des situations de détresse de femmes et de couples qui se voient soumis a des évaluations et expertises de plus en plus longues lorsqu ils demandent une IMG dans les conditions prévues par la loi. Or, il est tout a fait faux de prétendre que les médecins experts francais fassent preuve du moindre laxisme a ce niveau. Au contraire, il est prévu que la décision soit prise par l équipe élargie du Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic Prénatal. Cet élargissement de l équipe permettait d espérer une meilleure accessibilité a l IMG. Or, on remarque que dans la pratique les conditions d accés sont de plus en plus difficiles. Par ailleurs, nous tirons la sonnette d alarme sur les conditions d accés a l avortement qui depuis quelques années font l objet de tentatives détournées de remise en question - amendement Garraud, attaques contre la législation de l avortement dans plusieurs pays européens et aux Etats-Unis. Sous couvert d arguments médicaux, juridiques ou/et techniques se dissimulent des stratégies pour restreindre ce droit. Le MFPF ne laissera pas entamer ces droits chèrement acquis dans notre pays et reste mobilisé pour la défense des droits des femmes. Mouvement Francais pour le Planning Familial Paris, le 14 décembre 2005

6 - Réhabiliter l humain pour sortir des violences (avec un peu de décalage, toutes nos excuses) Chahla Chafiq et Fatima Lalem

Les violences urbaines dont nous sommes témoins aujourd hui attestent une réalité souvent ignorée et dont la négligence coute aussi cher à l'État qu aux citoyen-es. Les personnes et groupes, pour démunis qu ils soient, peuvent déployer un pouvoir autant créatif que destructif. La réalité complexe de ces quartiers fragilisés en témoigne tous les jours. La vie créative continue dans ces environnements fragilisés, lieu de concentration des populations défavorisées, dont une partie importante est constituée de familles issues de l immigration, lieu de cristallisation des maux sociaux et des délinquances, du spectacle de l inégalité des droits et des discriminations. Les jeunes casseurs qui brandissent la menace de l enfer par le feu ne constituent pas les seuls acteurs de ces quartiers. Il y existe bel et bien des femmes, des hommes, des enfants et des jeunes qui se battent pour vivre dans la dignité. Il existe aussi des acteur-es qui mènent des luttes pour la liberté et l égalité, qui se mobilisent pour créer du "sens" et des liens au travers des actions sociales et politiques. Or, les événements actuels mettent a jour la fragilité de cette lutte, de son insuffisance, de ses manques et renvoient par la a la crise du politique. Ces forces destructives qui se déploient dans l ombre mettent en lumière le déclin de la citoyenneté qui menace la démocratie. En affichant les valeurs de la liberté et de l égalité, la démocratie se veut comme un modèle sociétal capable de canaliser les conflits sociaux et politiques de manière constructive. Elle a besoin pour progresser d acteur-es muni-es de conscience politique. Aussi, le déploiement des violences aveugles pour causes sociales interpellent tout courant politique qui affiche des idées démocratiques, qu'il soit situé à gauche ou à droite. Or, la conscience politique est gravement fragilisée par la prédominance de la culture de consommation dans un monde marqué par la marchandisation ou l Avoir signifie le Pouvoir, ou l économie domine le politique. La perte progressive de repères identificatoires collectifs a pour résultat une montée de l'insignifiance, soulignée par le philosophe Castoriadis dans les années 1990. Les violences aveugles dont nous sommes témoins en sont les formes les plus catastrophiques. Elles se déploient dans un contexte de recul des forces porteuses de l idéal de l autonomie, recul qui va de pair avec l avancée de l individualisme égoiste ou des replis identitaires tels que le nationalisme exacerbé, le racisme, l intégrisme religieux et le communautarisme. Les jeunes engagés dans les violences urbaines ne mettent pas en question cet ordre de choses, ils ne proposent pas des nouvelles règles de jeu, mais ils veulent s imposer dans une société qu ils percevaient comme une jungle oùu le plus fort a raison. A leurs yeux, les services publics et les institutions ne représentent pas des biens publics mais appartiennent à l État détenteur de pouvoir absolu. Ils ne connaissent pas les vertus de la lutte politique ni les règles de la négociation, car, tout simplement, ils ne l ont jamais pratiquée. L autorité, telle qu elle est exercée dans leur environnement est basée sur la soumission. Dans la famille, les parents, souvent dévalorisés par leur positionnement de défavorisés, ont du mal à gérer leur autorité par la négociation. Dans les groupes des pairs, les plus forts jouent les Caids. Dans les rapports hommes/femmes, les normes sexistes omniprésentes justifient l usage de la violence. De meme, les islamistes les appellent a se soumettre aux lois divines. A l école, les professeurs jeunes et non expérimentés ne savent pas leur apprendre la négociation et le respect. La formation des policiers est fondée sur une conception limitée a la répression. Quant aux animateurs et éducateurs, les premiers pâtissent d un manque de qualification, les seconds, en nombre largement insuffisants, enregistrent une diminution des effectifs. Le danger d ethnicisation guette les métiers de l accompagnement social et constitue une contradiction avec les ambitions affichées de mixité sociale. Les associations de quartiers voient leurs moyens en diminution constante et ont le sentiment de faire l objet d une suspicion permanente de la part des pouvoirs publics qui ne connaissent pas ni ne reconnaissent leurs combats quotidiens. Les métiers de la médiation sociale et culturelle souffrent d une absence de reconnaissance et de moyens. Le partenariat a du mal a se développer faute de bases et d espaces communs de concertation. Le racisme, les discriminations et les humiliations dégradent les rapports des populations et notamment ceux des jeunes avec l institution. Ayant intériorisé les images négatives qui leur sont renvoyées par l environnement, certains jeunes n ont du respect ni pour eux-memes, ni pour autrui. Alors qu ils sont dans une quete permanente du respect qu ils veulent imposer en se référant à la loi du plus fort, incarnation de la virilité triomphante ". Leurs actes ne reflètent pas une simple colère contre les politiques, mais ils révèlent que les auteurs n ont aucun sentiment d appartenance à la cité. Ces actes mettent a jour une misère tant économique, culturelle, affective, sexuelle que politique.

Cette réalité, qui dépasse le fait économique et l existence du chomage, nous invite à reconsidérer le sens de l' ntervention sociale qui, durant ces dernières années, sous pression de l idéologie de la rentabilité, tendait de plus en plus à se bureaucratiser. Paradoxalement, cette vision s est révélée contre-productive et a été source de gachis financiers. Il est urgent de revaloriser l intervention sociale par une reconnaissance des acteurs fondés sur un état des lieux lucide. Cela afin de ne pas jeter le bébé avec l eau du bain, comme le font certains en accusant l inadaptation du modèle d intégration citoyenne. Ce type de position pourrait sous-entendre que les valeurs républicaines sont en décalage avec la réalité. Pour nous, le décalage est a rechercher ailleurs. En effet, il existe un net décalage en France entre les projets et les politiques théoriquement définies et leur application effective. Aussi paradoxal que cela puisse apparaitre, les questions liées à la dégradation économique et sociale des quartiers fragilisés et a la réalité d une concentration ghettoisant des populations issues d immigration, ont été, depuis deux décennies, des enjeux bien présents dans les orientations politiques de l État et dans les plans d action proposés par les gouvernements successifs. Or, il faudrait peut-etre rappeler qu il ne suffit pas d avoir des beaux discours ni des bons projets sur papier pour avoir de bons résultats. Au contraire, ils peuvent rester lettre morte, ou n avoir qu une portée limitée, s ils ne sont pas relayés par des actions concrètes menées quotidiennement par des acteur-es qualifié-es et reconnu-es. Force est de constater qu en dépit d une multitude d actions et d initiatives portées par des professionnels, des acteurs associatifs et des habitants, nous sommes très loin des résultats escomptés, faute de moyens de qualification, de suivi et d évaluation. Cette situation renseigne par ailleurs sur une certaine sous-estimation, voire un mépris de la part des décideurs à l égard de ceux qui assurent un portage d actions d insertion, d éducation et de prévention au quotidien. Cette dévalorisation se traduit notamment par une absence de concertation des gouvernants avec les acteurs locaux pour l élaboration des plans d action. Ainsi, les savoirs et savoir-faire existants sont souvent ignorés ou minorés. D autre part, les intérets politiques conjoncturels amènent souvent a une non-reconnaissance des acquis et font obstacle a une valorisation des acteurs. De meme, la recherche de solutions visibles rapides et spectaculaires ne laisse pas place à une prise en considération de la durée et des moyens nécessaires pour aboutir a des résultats probants. Enfin, les changements politiques coupent court a la nécessaire continuité de l action et de la réflexion. Combien de travaux commandités, d auditions effectuées, restent sans suite dans les tiroirs. Au-dela du gachis financier, ces pratiques produisent un gachis des forces positives. Le besoin de reconnaissance s exprime non seulement par les jeunes stigmatisés, mais existe aussi pour tous les acteurs sociaux. Pour agir efficacement, il faudrait donc dépasser les enjeux électoralistes, en finir avec l illusion dangereuse de l efficacité du tout sécuritaire, cesser de jouer le role de gouvernants tout-puissants, respecter le principe démocratique de la laicité au lieu de déléguer les missions sociales et éducatives aux relais religieux et se retourner vers les acteurs du terrain pour créer une synergie nécessaire pour assumer le défi de la démocratie, indissociable des enjeux de développement social, urbain, culturel et humain.

Chahla CHAFIQ-BESKI : Sociologue, écrivaine, coauteur notamment de Médiatrices dans les quartiers fragilisés : le lien, La Documentation française, 1996), directrice de l Association pour le développement et de la revalorisation de l interculturelle pour la citoyenneté (ADRIC) Fatima LALEM-HACHIF ; sociologue, membre du bureau national du Planning familial, présidente de l ADRIC

7 - A Benin City, la quasi-totalité des familles a un membre prostitué à l'étranger.

Au Nigéria, trafic de femmes pour les trottoirs européens par Virginie GOMEZ QUOTIDIEN : mardi 08 novembre 2005

Routes défoncées, batisses lépreuses, Benin City respire la misère. Seules quelques touches de prospérité témoignent de la vigueur de l économie informelle : un golf, de belles demeures, achetées avec l argent de la prostitution, affirme une habitante. Il y a plusieurs siècles, Benin City fut le coeur prospère d un royaume esclavagiste, elle est aujourd hui le repaire des vendeurs de femmes : 90 % des Nigérianes arpentant les trottoirs d Europe sont originaires de cette région du sud-ouest du Nigeria ; la quasi-totalité des familles de Benin City a au moins un membre prostitué a l étranger. Le phénomène date des années 80. A l époque, le Nigeria s appauvrit. Quelques filles partent en Italie pour récolter des tomates. La saison achevée, elles commencent a se prostituer et s aperçoivent que ca rapporte. Certaines reviennent à Benin City, achètent des voitures et des maisons. D autres ont voulu les imiter, celles qui étaient rentrées les ont aidées, ce qui avait commencé comme une entraide entre voisines est devenue une organisation criminelle, raconte soeur Florence, coordinatrice du Comité pour la dignité des femmes. Dette imaginaire. Juliette a neuf frères. l année dernière, son père a décidé de l envoyer en Europe parce que tant de gens ont fait le voyage et font vivre leur famille. Munie de faux papiers, Juliette, une fois a Paris, est conduite dans un appartement ou attendent d autres Nigérianes. Au bout de trois jours, les Madame", autrement dit les maquerelles, font leur apparition. Elles nous ont dit qu elles seraient désormais nos madames, on s est regardées, choquées, nous on croyait qu on serait des domestiques. Sous la menace d'un garde du corps, Juliette se prostitue. Sans papiers, les filles sont condamnées à l illégalité, a la merci des maquerelles qui leur demandent de rembourser une dette imaginaire faramineuse - 70 000 euros en Italie, la principale destination finale. Fouillées au corps pour s assurer qu elles ne cachent rien, torturées lorsqu elles désobéissent, rares sont les filles qui économisent. A l instar de Juliette, beaucoup sont expulsées après une arrestation par la police. Malades, traumatisées, en dépression, accros a la drogue, les rescapées des trottoirs d Europe restent dans les limbes, esprit déchiré entre un rêve d ailleurs brisé et la misère noire qui est a Benin City leur seul horizon. La famille rejette celle qui revient sans rien, alors qu elle était censée améliorer la condition de tous. Le père de Juliette ne lui pardonne pas la vente du champ qui a payé ses faux papiers. Régulièrement, il en parle, il se fache, dit-elle. Ça pèse sur mes épaules, je dois lui racheter ce champ. Afin de s assurer du silence des femmes, les trafiquants les soumettent a des rituels vaudous. Juliette se souvient de son passage au temple. Ils ont pris des poils sous mes bras, sur mon sexe, des cheveux, et ils m ont fait jurer que je resterais leur esclave tant que je n aurais pas remboursé ma dette et racheté ma liberté. En janvier dernier, une trafiquante a été appréhendée à l aéroport de Lagos. Son sac contenait des carnets portant chacun un nom et les montants remboursés jour après jour, des photos de femmes posant dans de beaux intérieurs destinées a convaincre de futures victimes. Sur d autres clichés, les memes filles nues, de face et de dos, debout dans le coin d une chambre ; enveloppés dans du papier, des poils pubiens, des cheveux, des ongles, des tissus imprégnés de sang menstruel. Confisqués, ces objets intimes garantissent le prolongement de la terreur ressentie au cours du rituel, et le silence en cas d arrestation. En 2003, le Nigeria a édicté une loi contre le trafic d êtres humains ; l agence du meme nom, en abrégé Naptip, créée dans la foulée, a obtenu une condamnation. Mais les Madames restent insaisissables. Ce sont pour la plupart de riches Nigérianes, d un certain age, elles-memes ex-prostituées originaires de Benin City, elles vivent a l étranger depuis une vingtaine d années et ont pris la nationalité du pays de destination, explique Mohammed Babandede, chef des investigations à la Naptip. Adossées a des mafias internationales, elles emploient au Nigeria des recruteurs, les trolleys, qui convoient leurs victimes a travers le désert, les vendant à d autres passeurs chargés de leur faire traverser la Méditerranée. Selon la Naptip, ce trafic rapporte 9,5 milliards de dollars par an. Formations. Plusieurs organisations, dont l Unicef, essaient d offrir aux jeunes filles des formations pour les dissuader de s en aller. Mais elles se laissent prendre. Maria Obazua, de l ONG Initiative pour le pouvoir des filles, a constaté qu avant de partir beaucoup essaient d avoir un enfant. Souvent, celles qui sont rentrées ne le peuvent plus, a cause des maladies sexuellement transmissibles qu elles ont attrapées. Celles qui partent se disent que meme si laventure tourne mal, elles auront eu au moins un enfant. Juliette le reconnaut : même si elles le nient, beaucoup savent ce qui les attend en Europe. Que voulez-vous qu on fasse ? Regardez mon père, il est vieux, et il n a meme pas de quoi se nourrir. Ici, nous souffrons depuis notre naissance jusquà notre mort.

LE PLUS GRAND PAYS D AFRIQUE
Ex-colonie britannique, le Nigeria est le plus grand pays d Afrique : près de 140 millions d habitants et 36 Etats fédérés. Des affrontements interreligieux déchirent le pays, notamment depuis 2000 et l introduction de la charia, dans douze Etats du Nord. 5e producteur de l'Opep, premier producteur africain de pétrole. PIB par habitant : 390 dollars (France : 31 000) ; 70 % de la population vit avec moins de 1 dollar par jour. Espérance de vie : 43 ans. Après des années de régime militaire, la Constitution de 1999 a instauré un régime présidentiel. Olusegun Obasanjo a été élu président, puis reconduit en 2003, malgré les irrégularités dénoncées par l opposition.

8 - Un rapport accablant sur les discriminations subies par les femmes

issues de l immigration Le Monde du 07.12.05 Femmes et issues de l immigration : a double titre, elles se heurtent au plafond de verre, cette barrière invisible des discriminations qui les empeche de prendre toute leur place dans la société. Le rapport annuel de la délégation aux droits des femmes de l Assemblée nationale, présenté mercredi 7 décembre et intitulé "Agir pour les femmes de l immigration", met en exergue "l enjeu pour la République" que constitue l amélioration de leur condition. Comme le note cette étude, dont le thème avait été arreté il y a un an, "l intégration des femmes immigrées et issues de l immigration est une des clés de la réussite de l intégration de l ensemble des populations immigrées". Les récents événements dans les banlieues "viennent malheureusement, a posteriori, justifier la pertinence de ce choix", constate la présidente de la délégation, Marie-Jo Zimmermann, députée (UMP) de la Moselle.
Le document s écarte résolument de la tendance a la stigmatisation des "fautes" de l immigration qui a nourri le débat politique a la suite des violences urbaines de la première quinzaine de novembre. Il rappelle qu une des difficultés principales dans la lutte pour l amélioration de la situation des femmes immigrées et issues de l immigration réside dans leur invisibilité, celles-ci n étant pas représentées dans les instances dirigeantes, les syndicats, les associations et les partis".
Le rapport dresse un bilan accablant tant des discriminations sociales et professionnelles auxquelles elles sont soumises que des violences dont elles sont victimes. En rappelant, en premier lieu, qu'"aujourd'hui l'immigré est, de plus en plus, une immigrée" : au 1er janvier 2004, sur les 4,5 millions d'immigrés résidant en France métropolitaine, 50,3 % étaient des femmes.
La précarité qu'elles subissent sur le marché du travail n'en est que plus évidente, même si elles représentent à présent 41 % des actifs immigrés, contre 35 % en 1990. Leur insertion professionnelle, cependant, "s apparente à une course d obstacles", note la délégation : "La réussite scolaire n est pas, pour les jeunes filles issues de l'immigration, synonyme d'une bonne insertion professionnelle." Le taux d emploi pour les jeunes filles originaires du Maghreb est ainsi de 65,8 %, contre 79,5 % pour celles d origine française. Sur les huit principales professions exercées par les femmes immigrées, sept sont des professions non qualifiées, contre trois pour les Françaises.
L accès au premier emploi se fait, dans la grande majorité des cas, sous un statut précaire (intérim, contrat a durée déterminée, vacations). Elles ne sont en revanche que 8,8 % a etre cadres. Environ 40 % des femmes issues de l immigration ayant une formation de l enseignement supérieur accèdent à l emploi en temps partiel, contre 22 % pour les Francaises d origine.

CHANTAGE AUX PAPIERS

L accumulation de ces difficultés se traduit par un découragement de fait. "Constatant les difficultés d insertion sur le marché du travail de leurs ainées, qui, elles, avaient beaucoup investi dans leur éducation, ces jeunes filles semblent de moins en moins croire a une quelconque ascension sociale par l école, et paraissent meme capituler", s inquiète le rapport.
L insécurité sociale et professionnelle se double d une infériorité juridique aux conséquences parfois dramatiques". Le rapport met en cause l application du statut personnel établissant que toute personne étrangère est soumise, en matière d état civil, de régime matrimonial, de filiation ou de succession, a la loi du pays dont elle possède la nationalité. "Les effets sont dramatiques en ce qui concerne la répudiation et la polygamie", constate la délégation, soulignant que "les femmes sont l objet d un véritable chantage aux papiers". Le paradoxe réside dans ce que les phénomènes de "ghettoisation" combinés a l aggravation des difficultés économiques aboutissent à "réinventer" des traditions dites identitaires, parfois meme au-dela de ce qui se pratique dans les pays d origine.
Ainsi la précarité de la situation juridique des femmes issues de l immigration les expose-t-elle aux violences tant physiques que psychologiques, dont elles ont d autant plus de mal à s affranchir qu elles craignent souvent de s adresser aux autorités policières ou judiciaires. Aussi la délégation juge-t-elle prioritaire de conforter leur autonomie juridique en limitant l application du statut personnel. Patrick Roger Article paru dans l'édition du 08.12.05

9 - Cote d Ivoire : Elles pratiquaient l excision jusque dans la capitale Fulgence Zamblé

ABIDJAN, 25 nov (IPS) - Trente exciseuses de la capitale économique ivoirienne, Abidjan, ont décidé de mettre un terme à la pratique de l excision - qui touche 40 pour cent des femmes en Cote d'Ivoire - en déposant publiquement leurs lames, couteaux et ciseaux.
Après dix ans de campagne de sensibilisation, Rachel Gogoua, présidente de l organisation non gouvernementale ONEF (Organisation nationale pour l enfant, la femme et la famille), a pu convaincre, pour la première fois, une partie des 75 exciseurs - dont 73 femmes et deux hommes - identifié-es cette année a Abidjan, a surseoir à leurs anciennes activités professionnelles. '' C'est un travail de longue haleine, commencé en 1995. Grace a des financements obtenus en 2004, nous avons continué la sensibilisation qui nous a permis de les identifier, avant de nous heurter aux faux préjugés relatifs aux pratiques musulmanes. Mais l obstacle a été vite levé, a déclaré à IPS, Gogoua, émue devant l aboutissement de plusieurs années de lutte. Ce travail, dit-elle, a permis a leur action de bousculer des habitudes héritées de mères en filles.
Les 30 exciseuses ont déposé leurs matériels le 17 novembre, lors d une cérémonie officielle, à Abidjan.
Les mutilations génitales féminines (MGF) sont une pratique courante dans de nombreuses régions de ce pays d'Afrique de l ouest, coupé en deux depuis l insurrection armée du 19 septembre 2002.
Une rébellion a éclaté ce jour en Cote d'Ivoire après l échec d une tentative de coup d Etat, les soldats insurgés ayant déclaré qu ils se rebellaient pour s opposer a une menace d exclusion présumée des populations du nord, musulmanes en majorité. Et le statu quo demeure jusqu ici, malgré plusieurs efforts de médiation internationale entre les belligérants.
Autrefois ancrée dans les villages et hameaux lointains, l excision a fini par s urbaniser et se moderniser avec l implication des hommes dans la pratique et le développement des méthodes d opération.
'' C est inquiétant. Aujourd'hui, les exciseuses ont des portables et des téléphones. Il suffit de les contacter et elles font le déplacement a domicile'', explique Gogoua. ''Les MGF doivent etre considérées comme une pandémie, avec une incidence sur la mortalité maternelle et infantile'', souligne-t-elle, estimant que cela doit etre assimilé à une ''violation des droits à la santé de la femme''.
L excision consiste a enlever partiellement ou totalement le clitoris de la femme. Dans certaines régions d Afrique, on pratique l infibulation qui consiste a coudre les grandes lèvres du vagin de la fille et ane réserver qu' un petit orifice pour l' urine et les menstruations. L objectif de l opération serait d empecher ou de réduire les envies sexuelles.
Selon la présidente de l ONEF, l action entreprise a Abidjan n est pas la dernière du genre, surtout que les adeptes de l excision sont plus nombreux à l intérieur du pays. Gogoua cite, par exemple, les villages de Zralio et Koyinfla, dans le centre-ouest de la Cote d Ivoire, a environ 350 km au nord d'Abidjan et a la lisière de la ''zone de confiance'' séparant les troupes l armée gouvernementale et celles des rebelles. Dans ces deux villages ou 10 pratiquantes ont été identifiées, une fillette de huit ans serait morte a la suite d une hémorragie causée par l excision. Une autre jeune fille de 25 ans, enceinte, a perdu la vie en voulant répondre à l exigence coutumière de se faire exciser avant l accouchement, selon Gogoua. Nous avons pris le temps de discuter avec elles (les pratiquantes de l' excision). Malgré les difficultés de tout ordre que nous rencontrons, elles comprennent le bien-fondé de nos démarches', a indiqué Gogoua a IPS.
Selon Dr Geneviève Saki-Nékouressi du bureau de l Organisation mondiale de la santé (OMS) a Abidjan, 130 millions de fillettes et de femmes en Afrique ont subi une forme de mutilations sexuelles. Au moins deux millions de filles de zéro à 20 ans sont exposées aux risques. Ce qui représente 6.000 nouveaux cas par jour et un risque élevé de transmission du VIH/SIDA.
Dans l'ouest de la Cote d'Ivoire, la proportion de l excision, qui était de 70 pour cent en 1995, est passée aujourd hui a 80 pour cent, selon une étude menée par l ONEF et financée par l'OMS. Les complications, les douleurs, les chocs, les hémorragies aigues, la rétention urinaire, la dysménorrhée, le dysfonctionnement sexuel sont autant de risques que courent les patientes, a expliqué Dr Saki-Nékouressi a IPS. Une enquête nationale sur la démographie et la santé faisait ressortir une prévalence de 43 pour cent en 1994 pour les mutilations génitales féminines. Ce taux allait de 31 pour cent a Abidjan, a 57 pour cent dans les régions de savane, avec une prévalence globale de 45 pour cent. Le gouvernement avait lancé cette enquete menée par l Institut national de la statistique, en collaboration avec le ministère de la Santé.
Selon des spécialistes du ministère de la Santé et de la Population, les MGF seraient beaucoup plus fréquentes dans la population musulmane - 83 pour cent - que chrétienne -16 pour cent. La plupart des filles semblent avoir subi des mutilations génitales avant l age de dix ans.
Mais la différence la plus nette a été relevée entre les femmes excisées n ayant aucune éducation - 55 pour cent - et celles ayant bénéficié d une éducation primaire ou secondaire - 24 pour cent.
Onze ans après ces statistiques officielles, aucune donnée nouvelle nationale n est disponible sur la question.

De son coté, le Fonds des Nations Unies pour l enfance (UNICEF) estime à 40 pour cent la proportion des femmes excisées en Cote d Ivoire, le plus souvent des adolescentes avant le mariage, mais également des fillettes de cinq à neuf ans. Selon l UNICEF, la pratique de l excision persiste au sein de certaines communautés musulmanes du nord du pays et animistes de l ouest, en dépit de son interdiction dans une loi votée en 1998, suivie de nombreuses campagnes sensibilisation. Le nombre total de filles et femmes excisées en Cote d'Ivoire est estimé par l UNICEF à 150.000 et 13.000 y sont soumises par an.

Les 30 exciseuses ayant abandonné leur métier traditionnel, déclarent qu elles reconnaissent avoir fait du tort A leur prochain et A elles-memes. L une des plus agées, environ 80 ans, explique, sous le couvert de l anonymat, que ''l'excision ne nous a rien apporté. Nous avons subi ce sort, au nom de la tradition et aujourd hui, les hommes laissent leurs épouses
(excisées) pour aller chercher des jeunes filles (non excisées)''.
Pour sa part, Karidjatou Bakayoko, déclare à IPS : ''Finie la pratique de l excision. Nous faisons souvent la sorcellerie et quand les choses ne marchent pas, on se retrouve devant de fortes hémorragies avec le sang qui coule fortement''.
Pour convaincre les exciseuses, l ONEF affirme avoir mis en place ses propres fonds en vue d octroyer des prets aux anciennes praticiennes pour qu elles se lancent dans des activités génératrices de revenus. Un pret d environ 130 dollars a été déja accordé à chacune de ces femmes, avec des conditions assez souples pour le remboursement.
Gogoua de l'ONEF estime que la situation s améliore, tout en décidant de poursuivre sa campagne pour l arret définitif de la pratique de l excision. ''Il reste que cela soit soutenu par une volonté politique'', a-t-elle lancé en guise d appel à l aide des autorités ivoiriennes et des organisations internationales. (FIN/2005)

10 - Ouvières de la Gacilienne au Burkina Faso, suite

Bonjour à toutes!
Notre courrier a pour but de vous informer sur la campagne de solidarité qui s organise avec les ouvrières de La Gacilienne en vous envoyant les principaux textes écrits pour cette action. Lancée par la Coordination Femmes Egalité , cette campagne rassemble aujourd hui 37 organisations et associations dont plusieurs organisations féministes, Commission femmes et mondialisation d'ATTAC, le Collectif Féministe Ruptures, La Marche mondiale des femmes, des comités locaux de Femmes Solidaires ainsi que du Planning familial, Rien sans Elles de Brest et SOS Sexisme. Nous souhaiterions vivement obtenir votre participation a cette campagne de soutien aux ouvrières de La Gacilienne qui sont en lutte en ce moment au Burkina Faso, Après avoir été exploitées des années durant, elles ont été licenciées en aout dernier, sans préavis, par le Groupe Yves Rocher
Le Groupe leur a versé la somme de 76 ¤ pour leurs indemnités de fin de contrat. Cette somme correspond a peine deux mois de SMIG, alors qu elles travaillaient dans l entreprise depuis de nombreuses années et apparait absolument dérisoire comparé au chiffre d affaires d Yves Rocher.
Aujourd hui, après deux mois de lutte, les ouvrières burkinabé continuent leur combat. Elles ont manifesté dans les rues de Ouagadougou le 13 octobre, et ont participé aux journées de mobilisation contre la vie chère le 26 et le 27 octobre pour protester et faire connaitre leur situation. Elles exigent des dommages et intérets pour tout ce qu elles ont enduré pendant 9 ans, licenciement abusif et non-respectt du code du travail. Suite a leur mobilisation, Yves Rocher a proposé 283 ¤ comme mesures d accompagnement mais elles demandent environ 2830 ¤ . Aujourd hui, Yves Rocher profite de leur situation d extreme pauvreté, avec tous les problèmes quotidiens qui en découlent, en particulier ceux liés a la rentrée scolaire, pour les faire plier et les amener a accepter les mesures d accompagnement dérisoires qu il propose.
Nous vous invitons a vous associer à cette initiative, apporter votre soutien, a signer et faire signer la pétition, a participer aux différentes actions qui sont proposées par les organisations qui ont lancé la campagne de solidarité avec Les Gaciliennes. Il y a aussi un DVD avec les témoignages des ouvrières, vendu pour financer la campagne. C est un combat pour le respect de la dignité et des droits sociaux des ouvrières africaines !

Les pétitions signées sont a envoyer à Campagne Solidarité avec les ouvrières de La Gacilienne Contact : Campagne de Solidarité Gacilienne, c/o Egalité Foyer de Grenelle, 17 rue de L Avre 75015 Paris. coorfemmes@yahoo.com

11 - Pour vos cadeaux de Noel

Pensez à offrir: Un mouvement à soi de Catherine Deudon. Plus de 200 photos sur le Mouvement de Libération des femmes et les différents courants du féminisme de 1970 à 2001. Editions SYLLEPSE 69 rue des Rigoles 75020. Paris. edition@syllepse.net

12 - Festival International de Films de Femmes de Créteil 2006

Du10 au19 mars 2006, 28éme festival de films réalisés ou co-réalisés par des femmes Créteil (Paris) France 110 films présentés : 50 films en compétition, longs-métrages fiction, documentaires, courts métrages Avant-Premières / Autoportrait / Hommage à Ruth Beckermann / Utopia Inventer, refaire le monde, chercher un second souffle. Sous le signe des Utopies, le Festival propose aux réalisatrices du monde entier de développer de nouvelles alternatives AFIFF, Maison des Arts, Place Salvador Allende, 94000 Créteil, Tel : 33 1 49 80 38 98, Fax : 33 1 43 99 04 10 email : filmsfemmes@wanadoo.fr

13 - Les reunions du Collectif National Droits des Femmes

  • mercredi 4 janvier a 18h au 21 ter rue Voltaire : commission Emploi
  • jeudi 5 janvier à 18h a La Bourse du travail, 3 rue du Château d'Eau : réunion Loi-cadre
  • lundi 9 janvier à 18h au 21 ter rue Voltaire : secrétariat élargi aux responsables des commissions
  • lundi 16 janvier à 18h à La Bourse du travail, 3 rue du Château d'Eau : collectif parisien
  • réunion nationale 28-29 janvier.

Pour tout contact :::
Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 12 33 Fax : 01 44 62 12 34

25 rue des Envierges, 75020 Paris, Site:  www.marchemondiale.org

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