Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté N°48
Reçu le 7 janvier 2005 par la rédaction
Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiqués concernant les droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles.
Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d'accord avec tout ce qui est écrit
(sauf pour les communiqués signés Marche mondiale des Femmes)
Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 12 33, Fax : 01 44 62 12 34
Sommaire:
1 - Manifestation 15 janvier
2 - Algérie: Justice pour les femmes de Hassi Messaoud
3 - Colloque "Feminin/masculin : Mythes scientifiques et ideologie",
1 - 15 janvier 2004 : la loi Veil a 30 ans !
Samedi 15 janvier
MANIFESTATION NATIONALE
POUR LES 30 ANS DE LA LOI VEIL LÉGALISANT L'AVORTEMENT
14h, PLACE DE LA RÉPUBLIQUE
Soyez toutes et tous présent-es a cette manifestation nationale : pour defendre
le droit a l avortement, pour l application de la loi du 4 juillet 2001, pour la
mise en place de campagnes regulieres d information sur la contraception et l
avortement ; pour l attribution de budget specifique pour l avortement ; contre
la remise en cause du systeme public de sante ; pour que partout en Europe soit
garantie la liberte d avorter ; pour affirmer notre solidarité avec toutes les
femmes privees de ce droit dans le monde
2 - Algerie: Justice pour les femmes de Hassi Messaoud
Cher(s) Ami(e)s,
Vous vous souvenez certainement qu en decembre 2004, nous vous avions demande
votre soutien immediat pour les femmes travailleuses d Hassi Messaoud qui
avaient ete brutaleùment attaquees en juillet 2001 par une foule d environ 300
hommes, apparemment apres un sermon delivre à la mosquee locale par un imam
islamiste, Amar Taleb.
Nous venons d etre averties que la date du proces est repoussee et commencera le
5 Janvier. C est pourquoi nous vous prions instamment d ecrire de nouveau aux
authorites algeriennes de façon a maintenir la pression tout au long du proces
Comme nous l avons indique le gouvernement algerien a refuse de reconnaitre l
importance de ce crime et a constamment repousse ce proces. Il faut faire
pression pour que le cas soit juge rapidement et que justice soit faite.
L'assourdissant silence de la presse internationale surt le pogrom qui a eu lieu
a Hassi Messaoud ainsi que dans d autres villes parle pour lui meme: ces
evennements ne correspondent pas avec la representation simpliste que les media
ont donne de la situation en Algerie - par suite ils n existent pas et ne
peuvent donc pas faire l objet d informations. En solidarite, Femmes Sous Lois
Musulmanes
Algerie: Justice pour les femmes de Hassi Messaoud
Cher(s) Ami(e)s,
Nous venons de reçevoir une requete pour une action IMMEDIATE, pour faire
pression sur le gouvernement algerien de façon a ce que justice soit rendue dans
un proces qui doit avoir lieu le 28 Decembre 2004. Le proces aura lieu à Biskra.
Ce proces concerne des femmes travailleuses dans la ville saharienne de Hassi
Messaoud qui ont ete brutalement attaquees par une foule d environ 300 hommes en
Juillet 2001, apparemment apres un sermon de l imam integriste de la mosquee
locale, Amar Taleb. Le gouvernement algerien a refuse d accordera cette attaque
l importance qu elle merite et a repousse plusieurs fois la date du proces. Il
faut faire pression pour que le proces ait lieu rapidement et rende justice aux
femmes victimes. L assourdissant silence de la presse internationale sur le
pogrom perpetre à Hassi Messaoud et dans les villes avoisinantes parle de lui
meme: ces evenements ne collent pas avec la representation simpliste qui a ete
donnee de la situation algerienne, donc ils n existent pas et ne peuvent donc
pas etre traites dans la presse. En solidarite Femmes Sous Lois Musulmanes
CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE
Nous vous demandons d ecrire poliment mais de facon pressante
aux autorités listees çi-dessous pour demander que le proces ne soit pas une
nouvelle fois repousse à une date ulterieure et qu il soit tenu dans des
conditions qui rendent justice aux femmes de Hassi Messaoud qui sont devenues un
symbole des luttes des femmes algeriennes pour leur survie. L Etat algerien doit
reconnaitre les crimes commis contre ces femmes, s assurer qu elles recoivent
adequate reparation et proteger le droit au travail des femmes, ainsi que leur
droit a la liberte de mouvement, sans etre terrorisees, deux droits fondamentaux
qui ont ete mis a mal à Hassi Messaoud.
Merci d envoyer egalement à la journaliste listee ci dessous une copie de votre
lettre aux autorites; faites aussi tout ce que vous pouvez pour que les medias
locaux dans votre pays ou de votre ville parlent de cette affaire aussi
largement que possible.
Ministre de la justice, Belaiz Tayeb
8 place Bir Hakeim,
El Biar,
Alger
Algeria
fax: +213 21 92 17 01
tel: +213 21 92 41 83
e-mail: info@mjustice.dz
Le proces en appel des criminels de Hassi Messaoud a debute le 15 décembre 2004.
Il faut rappeler les faits : une trentaine de femmes agressees, violees,
lynchees, lacerees de coups de couteau, enterrees vivantes par une foule de
voisins du quartier d El Haicha. Le premier jugement rendu par le tribunal a ete
tellement scandaleux que le procureur lui-meme a fait appel. Aujourd hui pour le
soustraire à toute influence locale le proces a été deplace dans une autre
ville.
Ce proces doit etre un modele de justice. Pourquoi ?
Ce crime a ete precede par une serie de crimes similaires : attaques et
violences contre des femmes seules à Ouargla, Remchi, Bordj, Tebessa, qui sont
restes impunis. Nulle violence ne peut rester impunie et surtout nulle violence
ne peut se justifier : Ni par le statut des victimes : on a dit des femmes de
Hassi Messaoud qu elles étaient des prostituees Ni par le statut des agresseurs
: on a dit que c étaient de bons peres de famille Ni par les raisons invoquees :
on a dit que c etait pour " purifier les murs " Ce sont ces arguments qui sont à
la base du silence de la societe et des institutions face aux violences
specifiques faites aux femmes. C est l acceptation de tels arguments qui menent
à l état de non droit. C est ce laxisme qui est a l origine de l impunite de
toutes les agressions passees et de celles a venir si l Etat n y met pas un
terme.
Bien que toutes les femmes aient maintenu leur plainte, seulement quelques unes
sur la trentaine des victimes etaient presentes le 15 décembre au tribunal.
Pourquoi ?
Plusieurs raisons a cela :
- des pressions et des menaces publiques et claires, de la part des familles des
criminels, sont exercees sur les victimes. Elles ont meme propose de l argent
aux victimes pour retirer leur plainte.
- L attitude des autorites a ete dans un premier temps de minimiser la gravite
des faits, pire, de dissuader les victimes d exiger reparation.
- Des pressions sociales leur demandent silence et meme les rendent coupables de
"detruire les familles " de leurs violeurs.
- Leur terreur a ete telle que certaines ont prefere fuir la région et s
enfermer dans leur douleur.
- Certaines, par desespoir devant les obstacles, n attendent plus rien de la
justice.
- Il y a en outre toutes les difficultés de deplacement, d hébergement pour des
travailleuses au statut precaire. Qui peut aller au bout de sa quete de justice
s il n est pas soutenu ?
Effectivement, le soutien des associations n a pas ete constant, public, reitere,
et cela pour diverses raisons, dont le problème d information et le manque de
moyens. Mais ce qui est le plus marquant c est le silence quasi-total des partis
politiques, qui ne se sentent pas concernes par le droit constitutionnel de tout
citoyen à la protection de l Etat contre toute forme de violence, et
particulierement face à la violence organisee. Ce qui s est passé à Hassi
Messaoud s appelle un pogrom. Ce proces est l ultime chance pour la societe de
se racheter. C est pour cela qu il doit etre un modele de justice et rendre à
ces femmes leur dignite.
Signataires
Afepec : Association des femmes pour la citoyennete, AEF : Association pour l
émancipation des femmes, ADPDF : Association de Défense et de promotion des
droits des femmes, Bnet Fatma N’Soumer, Commission Femmes Travailleuses de l
UGTA, Djazaïrouna, Rachda, Rafd, Réseau Wassila, SOS femmes en detresse,
Association Vie, Des moudjahidate
El Watan Edition du 16 décembre 2004 > Actualite
AFFAIRE DES FEMMES VIOLENTEES A HASSI MESSAOUD
El Haicha, Le procès de la honte
L affaire El Haicha ce quartier de la honte ou des femmes, pour la plupart des
meres de famille, ont ete sauvagement agressees, mutilees, violees et certaines
enterrees vivantes, un certain 13 juillet 2001 était hier inscrite au rôle de la
cour d'appel de Biskra.
Le temps semble jouer en faveur des bourreaux, puisque parmi les 39 victimes,
seulement 3, Fatiha, Rahmouna et Nadia, etaient presentes à l audience. Les
avocats promis par le ministere de la Solidarite etaient absents, ce qui a
accentue la peur chez ces femmes qui ont eu le courage de se déplacer de Sidi
Bel Abbes, Hassi Messaoud et Alger pour venir confondre leurs bourreaux devant
la cour de Biskra et lancer à l adresse de ceux qui leur exigent de pardonner qu
elles ne reculeront jamais devant l arbitraire. Fatiguees, encore traumatisees
et desemparees, elles ont du mal à supporter pendant pres de quatre heures (de
8h30 à 12h) les regards narquois et souvent provocateurs de leurs agresseurs
alignes au box des accuses. Sur les 32 ayant été juges en première instance,
seulement 4 ont repondu aux convocations de la justice. Les autres, certainement
rassures par la compassion des notables et peut-etre meme quelques responsables
locaux, notamment au sein de l institution judiciaire, à leur egard, ont marque
de leur absence les trois audiences déjà programmees, dont celle d hier. Mieux,
les avocats de deux des quatre detenus ne se sont pas presentes.
Dès l ouverture du proces, le president a fait remarquer que la procedure pour
la convocation de 28 accuses a ete partiellement appliquee. Il a demande à leurs
acolytes presents s ils acceptaient que la cour leur constitue une defense.
Apres trente minutes de deliberations, la cour, apres avoir rejete la mise en
liberte provisoire pour les accuses, a renvoye le proces a la fin de la session
criminelle en cours (dans quinze
jours) afin de permettre l application de la procedure de convocation des
accuses en etat de fuite et la constitution d avocats d office pour ceux
présents et sans défense. Un grand soulagement pour les trois victimes,
representees par deux avocats, maitres Houhou et Benhocine. En depit de cette
decision, qualifiee par les avocats des victimes de " positive ", Fatiha,
Rahmouna et Nadia ont exprime la peur de voir ce proces prendre un autre cours.
" J ai comme l impression d etre le bourreau et eux les victimes. Le regard de
leurs proches à notre egard est dur a supporter. A chaque fois, ils viennent
faire pression sur nous pour que nous abandonnions le proces. Il n est pas
question pour nous de laisser ceux qui nous ont violees, sodomisees et mutilees
sans jugement ", a declare Fatiha. Rahmouna, mere de trois enfants, plus marquee
par cette tragedie du 13 juillet 2001, n arrive toujours pas a s en remettre. "
Parfois, j ai des idees noires qui me traversent l esprit et qui me poussent a
aller me faire tuer comme une kamikaze contre le tribunal de Hassi Messaoud. De
toute façon, ces criminels ont assassine en moi tout germe de vie. Il ne me
reste plus qu a mourir et faire mourir avec moi ceux qui ont participe à
innocenter mes tortionnaires parce qu ils portent une grande responsabilite dans
le drame que je vis avec mes enfants. J erre de ville en ville avec mes enfants
comme une SDF. Pourquoi la justice ne veut-elle pas reparer cette injustice ?
Depuis le premier verdict, je ne me sens plus une citoyenne algerienne ",
dit-elle les larmes aux yeux. Elle ne cesse de repeter que les va-et-vient qu
elle fait pour etre presente aux proces " ne servent a rien ". Pour elle, " la
justice est faite par les hommes et pour les hommes ". Fatiha reste la plus
perseverante parmi les victimes. Elle a laissé son bebe chez sa belle-famille
pour venir d une ville de l ouest du pays " dans le seul but de leur montrer que
ce sont les bourreaux qui doivent avoir honte et non pas moi ". Elle confie : "
Comment pourrais-je pardonner à quelqu un qui m a sodomisee avec un manche a
balai et qui a lacere mes seins ? Comment Nadia peut-elle accepter de pardonnera
celui qui l a torturée, puis violee ? Comment Rahmouna peut-elle oublier que des
jeunes qui ont l age de ses enfants lui ont lacere le sexe et les cuisses ? Ce
sont des temoignages que tout le monde doit ecouter afin que plus jamais d
autres femmes ne puissent vivre cette situation. " Fatiha a pris contact avec
toutes les autorites pour avoir gain de cause. Elle avait encourage les autres
femmes pour signer avec elle une lettre adressee au president de la Republique
en juin dernier, le suppliant d intervenir pour accelerer la procedure
judiciaire contre ceux qui ont brise sa vie et celle de 39 autres femmes à El
Haicha. Une lettre qui est restee malheureusement sans echo. " S il n y avait
pas les moyens de Rachda pour nous heberger et nous aider a avoir un avocat, l
affaire n aurait jamais abouti a ce stade. Les avocats demandent des honoraires
tres chers. La premiere avocate s est desistee, peut-etre à cause des pressions
subies a Biskra, et nous ne savons pas si les deux avocats actuellement
constitues ne vont pas subir eux aussi des pressions pour que le dossier ne soit
plus d actualite ", a note Fatiha, avant de regretter le silence de ceux qui ont
ete nombreux a exprimer publiquement leur solidarite et soutien dans les jours
qui ont suivi leur agression à El Haicha. Une remarque qui rappelle
douloureusement l absence de solidarite du mouvement associatif, notamment
feminin, à l egard d une affaire qui touche essentiellement au droit à la
citoyennete ou tout simplement le droit à une dignite. Nadia a conclu en disant
que ce qui s est passe à El Haicha est une honte pour l Algerie et illustre
assez bien le statut dans lequel la femme algerienne est maintenue.
Salima Tlemçani
3 - Colloque "Feminin/masculin : Mythes scientifiques et
idéologie"
L Association Française des Femmes Diplomees des Universites,
AFFDU et l Association Femmes et Sciences organisent samedi 5 février 2005 un
colloque "Feminin/masculin : Mythes scientifiques et idéologie", à l Ecole
Speciale des Travaux Publics, 57, Boulevard St-Germain, 75005 Paris avec des
exposes scientifiques de: Genevieve Fraisse (CNRS), Maurice Godelier (EHESS),
Catherine Vidal (Institut Pasteur/CEA), Pascal Picq (Collège de France), Joëlle
Wiels (Institut Gustave Roussy), Evelyne Peyre (CNRS, Museum), Sabine Prokhoris,
Gaïd Le Maner-Idrissi (Universite de Rennes II), Michèle Ferrand (CNRS, INED).
et un debat sur "Le retour du determinisme biologique, causes et
consequences", anime par Dorothee Benoit-Browaeys, avec Bernard Andrieu
(Université Nancy II), Yves Burnod (INSERM), Pierre Clement (Université Lyon I),
Michel Imbert (CNRS), Catherine Labrusse (Universite Paris I).
Ce colloque sera l occasion d echanges entre scientifiques des sciences "dures"
et des sciences humaines, et nous avons souhaité rendre les exposes accessibles
à tous, scientifiques ou non scientifiques. Les personnes intervenant dans le
monde de l education sont specialement concernees par le theme du colloque, nous
souhaitons en effet informer en vue de l orientation des filles et des garçons
vers les carrieres scientifiques. Nous esperons donc vous rencontrer lors de ce
colloque et en attendant nous vous souhaitons une tres bonne fin d'année 2004.
Merci de vous inscrire des que possible soit par courrierelectronique
(reponse sur l adresse d envoi :
affdu@club-internet.fr ), soit par
courrier postal, en imprimant le volet correspondant du programme et en l
envoyant à l adresse indiquée à l AFFDU, 4 rue de Chevreuse, 75006
Paris. L inscription est gratuite. Merci également de relayer cette information.
Anne Negre, Colette Guillopé, Présidente de l AFFDU,
Presidente, Femmes et Sciences.
Pour tout contact : Marche Mondiale des Femmes, 104 rue des Couronnes, 75020 Paris Tel : 01 44
62 12 33 Fax : 01 44 62 12 34