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Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté N°44

Reçu le 17 septembre 2004 par la rédaction

Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiqués concernant les droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles. 

Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d'accord avec tout ce qui est écrit (sauf pour les communiqués signés Marche mondiale des Femmes)

Site de la Marche mondiale : http://www.marchemondialedesfemmes.org

Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 1 33,  Fax : 01 44 62 12 34

Sommaire:

  • 1 - Marche Mondiale des Femmes : initiative 2005
  • 2 - Préparation du FSE 2004 à Londres
  • 3 - Articles sur les violences dans les journaux et initiative 6h sur les violences du CNDF
  • 4 - Les prochaines dates

1 - Marche Mondiale des Femmes : initiative 2005

Nous vous avons déjà prevenu dans le n° 43 de ce courrier qu'une nouvelle initiative Marche Mondiale des Femmes va avoir lieu en 2005, initiative basée sur une " Charte mondiale des femmes pour l'humanite " qui se " baladera " dans un maximum de pays (des marches seront organisées).

  • Les dates :
    • jusqu'à fin juin, amendements à la première ébauche de la Charte ;
    • fin août, réception de la seconde mouture ; réunion dans chaque pays pour faire les nouveaux amendements et adopter la Charte ;
    • en décembre, réunion mondiale de la MMF au Rwanda pour adopter la Charte et les initiatives de 2OO5 ;
    • 8 mars 2005, lancement mondial de la Charte au Bresil et initiatives ce même jour dans un maximum de pays ;
    • du 8 mars au 17 octobre 2005, la Charte parcoure le monde et s'arrête dans 50 pays (relai mondial) ; pour l Europe, la coordination européenne de la Marche propose qu elle s'arrête les 28 et 29 mai en France à Marseille (débats, foire, concert et manifestation
    • 17 octobre 2005 à12h, journee internationale contre la pauvrete : 24 heures de solidarite feministe mondiale ;
    • 17 octobre 2005, arrivee de la Charte mondiale des femmes pour l'humanite en Afrique avec une délégation internationale - fin du relais mondial
  • Pour plus d informations et avoir la Charte, consulter le site www.marchemondiale.org/fr/charte.html

PREMIERES REUNIONS UNITAIRES DE PREPARATION
Mardi 21 septembre, 18h30,
Bourse du travail Paris
et
Dimanche 26 septembre
matinée a partir de 9h30

2 - Préparation du FSE Londres

Nous sommes toujours en pourparler avec Londres pour essayer, dans la continuité de l'assemblée européenne pour les droits des femmes a Londres, d avoir de nouveau une Assemblée des femmes. C est assez complique. Par exemple, la Marche mondiale des femmes a dépose un séminaire intitule : Quelle Europe pour les droits des femmes: Après les succès de l'Assemblée Européenne pour les Droits des Femmes du 12 novembre 2003, comment continuer ensemble, avec quels moyens, pour quelles mobilisations. Etant donne qu un millier de séminaires ont été deposes pour 150 possibles, nous avons ete regroupes avec 4 autres séminaires. Nous attendons maintenant de savoir si nous tiendrons effectivement ce seminaire regroupe (avec des interventions sur l'avortement, la constitution européenne, les droits des femmes en Europe, quelles mobilisations et comment) ou une Assemblee des femmes. A un mois a peine du FSE, nous nous inquietons Sinon, une pleiniere sur les femmes est prevue. Pour tous renseignements : www.fse-esf.org

Adressé a la commission programme et aux responsables du FSE Bruxelles 3/9/04

L'égalité Hommes-Femmes qui est pour nous une exigence démocratique majeure, ne nous parait pas suffisamment prise en compte dans la préparation du prochain Forum. Pour nous prémunir contre de nouvelles déconvenues et déceptions nous faisons les propositions suivantes :

1) concernant spécifiquement Londres,

- Nous renouvelons notre demande d organisation d un seminaire sur fondamentalismes et droits des femmes (proposition 932) auquel doivent etre associees les organisations suivantes: 833 Husan Mahmoud, 867 international campaign in def. Of women's rights in Iran, 932 assoc of anglo-iranian women, 1081 women living under muslim laws, women against fundamentalism and others, 994 south as sol org, women living under muslim law, Reseau europeenne Femmes et Pouvoir, CENI Bureau de femmes Kurdes pour la Paix, IFWF Fondation internationale des femmes libres, Vocale dones in Barcelona, MMF Grece, Femmes contre les integrismes.
- La decision de tenir une assemblee des Femmes pendant le FSE( pour assurer la continuite de l'assemblee de Bobigny : 3500 femmes , 360
associations) a ete retenue a Berlin, il est pour nous hors de question de la remettre en cause. Le contenu et les modalites de cette assemblee feront l objet de la reunion a 18 heures ce soir.

2) Sur un plan général

- Une large diffusion des listes d adresses e mail telle qu utilisee pour preparer Bobigny, est necessaire pour elargir et renforcer le reseau d'associations feministes et eviter les nombreuses pertes d'information dont nous avons ete victimes et pour assurer plus de transparence et de collegialite des decisions.
- Nous proposons que la veille de chaque manifestation ou reunion programatique du FSE soit organisee une reunion des feministes pour assurer une prise en compte de la thematique de l egalite homme femme conforme aux objectifs de la charte.

La difficulte pour les femmes de se faire entendre reste de pleine actualite et nous semble renforcee par le fonctionnement des structures. Ceci nous amene a demander d'autant plus fermement l'integration d'un theme "Feminisme et altermondialisme" dans le seminaire propose sur l'avenir de l'altermondialisme. (Reseau Europeen Femmes et Pouvoir, Femmes et mondialisation d ATTAC France, Femmes sans Frontieres Suede, MMF Grece)

Groupe de travail femmes:
Sissi Vovou Marche Mondiale Grece,
Josette Rome Chastanet Marche Mondiale France,
Nurgul Yakisan et Uta de CENI Bureau des femmes kurdes pour la Paix, Nursel Kilic et Ann Kristin Kowarsh de la Fondation Internationale des Femmes Libres IFWF, Lilian Halls-French Espace Marx et reseau Europeen Femmes et pouvoir.

3 - Articles sur les violences dans les journaux et initiative 6h sur les violences du CNDF

Violence : En France, des femmes tuées en silence
Cet ete, 29 meurtres de femmes par leur conjoint ont ete relates par l'AFP. Pourtant, aucun chiffre officiel n existe sur le phenomène - Blandine GROSJEAN - jeudi 09 septembre 2004 (Liberation - 06:00)

Pourquoi tant de femmes perissent en France sous les coups de leur conjoint ? Une tous les deux jours cet ete. Leur nombre est-il en hausse, comme l affirment les associations, a l instar de l'Espagne, qui a connu une augmentation de 34 % entre 2002 et 2003 ? Combien d enfants meurent lors de ces drames "de couple" ? Personne ne peut le dire. L Etat français ne s est jamais interessee à la question. Contrairement a la plupart des pays occidentaux, qui tiennent le decompte de ces homicides, il n existe aucun organisme charge de les comptabiliser.

En 2001, le professeur Henrion, membre de l Academie de medecine, auteur d un rapport sur les violences conjugales pour le ministere de la Sante, preconisait pourtant de recenser les homicides pour violences conjugales et d en assurer une publication annuelle. Ce travail effectue methodiquement en Espagne depuis la fin des années 90 a permis aux chercheurs et aux politiques de déterminer que ces crimes survenaient quand la femme décidait de quitter son conjoint : 70 % des victimes (contre 29 % au Danemark ou 27 % au Canada) etaient en instance de separation. Ces meurtres, 81 en Espagne en 2003, seraient le tribut paye à l indépendance croissante des femmes.

Rupture. Au ministere charge du Droit de femmes, l amateurisme atteint des sommets. "Peu importe les chiffres, la violence est inacceptable", dit Nicole Ameline. La ministre se contente donc d extrapolations publiees par le professeur Henrion a partir de chiffres collectes à l Institut medico-legal parisien dans les annees 90 : une femme decederait de violences conjugales tous les cinq ou six jours, soit 60 à 88 par an. En Espagne, le nombre de victimes a double depuis 1999. En France, des associations feministes avancent le chiffre de 400 femmes tuees par leur compagnon, sans pouvoir etayer ce chiffre. Françoise Cherbit, de la Federation nationale solidarite femme, affirme que "sur ces trois ou quatre dernieres annees, il y a de plus en plus de passages à l acte meurtrier de la part d ex-conjoints ou d ex-concubins. Les femmes seraient plus en danger de mort lorsque leurs partenaires perçoivent le caractère irreversible de la rupture et ne l'acceptent pas". Un "sentiment" confirmé par Daniel Welzer-Lang, sociologue, l'un des rares à travailler sur la violence masculine. "La plupart des hommes tuent par jalousie, ou parce que leurs conjointes les a quittes ou parce qu ils craignent d etre quittes", affirme Patricia Mercader, chercheuse et professeur d universite, auteur de Crime passionnel, crime ordinaire (1). La situation française serait donc comparable à celle de l'Espagne.

En 2000, 192 femmes avaient ete victimes d homicide selon eInserm, qui centralise tous les certificats de deces. Mais on ne sait pas qui est leur agresseur. Ce chiffre est "tres certainement sous-estime", precise Eric Jougla, qui dirige ce service: "Les études methodologiques sur les suicides nous ont montre que cette sous-estimation etait de 20 %."

Il existe par ailleurs une zone d ombre extensible, celle des homicides camoufles, des disparitions non elucidees, des suicides etranges. En 2000 encore, plus de 6 000 femmes sont mortes de chutes accidentelles et 2 800 se sont suicidees. Annick Houel, professeur de psychologie sociale à Lyon, analyse actuellement les faits divers dans la region Rhone-Alpes. "Les defenestrations sont un vrai souci." Cette chercheuse, comme ses collegues français, travaille en recoupant les informations de la presse.

"Le cas Orantes". Faute de donnees, la France n apparait donc pas dans les etudes internationales sur les taux d homicides conjugaux, ou la Roumanie detient le record (12,6 femmes tuees par million d habitants) et l Islande ferme la marche avec... zero tuee. Pour le reseau feministe espagnol, cette absence de chiffres français s apparente à du "negationnisme", celui que connaissait l Espagne avant l assassinat d Ana Orantes en 1997, brulee vive par son mari apres avoir temoigne de son calvaire conjugal sur une television andalouse. Le "cas Orantes" avait declenche une prise de conscience mediatique et politique, qui se concretise aujourd hui avec la "loi integrale contre la violence de genre" defendue par le gouvernement Zapatero.

(1) Avec Annick Houel et Helga Sobota. PUF, 2003.

Violence : Des "différends" conjugaux...
Du 29 juin au 29 aout, recensement de crimes commis dans l indifference. - Par Blandine GROSJEAN - jeudi 09 septembre 2004 (Liberation - 06:00)


Les Français se souviendront peut-etre, mais ce n est pas certain, que celle-ci avait un prenom. Chantal. L epouse de l ancien international de rugby Marc Cecillon est morte le 7 aout. Les autres n ont laissé aucune trace dans la memoire collective. Parfois, quand la presse leur consacre quelques lignes, la profession est signalee, aide-soignante, directrice commerciale, formatrice, ainsi que la couleur de la robe qu elle portait, verte, le nombre de coups de couteau reçus, 35 très exactement. Ce sont des faits divers locaux, isoles, des drames prives, qui n atteignent pas le phenomene de societe. "Un homme de 67 ans a tue sa femme de 58 ans de 17 coups de fer à repasser dans leur maison de Maure-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). Le couple paraissait tres uni et sans histoire." Comme le meurtrier s est suicide, il n y aura meme pas de proces. Les enfants, s ils en ont, pleureront dans l intimite.

"Elle l avait quitte pour un autre"
Du 29 juin au 29 août, au moins 29 femmes ont ete tuees par leur mari, compagnon, ex-mari ou ex-compagnon (1). Ce chiffre est le resultat d une recherche empirique menee sur l'AFP, puisqu il neexiste pas en France de decompte de ce type de meurtres (lire ci-contre). En juillet et en aout, cela fait une femme tous les deux jours, 180 par an si l on extrapole. Dans l indifférence politique, mediatique et sociale, sauf à Limoges, ou Ni putes ni soumises a organise une manifestation apres le meurtre par son mari, en pleine rue et devant ses enfants, d une jeune femme en instance de séparation. Selon le parquet, cite par l'AFP, "il n aurait pas supporte qu elle le quitte pour un autre". 5 des 29 agresseurs recenses ont également supprime leurs enfants. A Marseille, un chef d entreprise a poignarde son fils et sa fille ages de 3 et 7 ans apres avoir tente en vain d assassiner son épouse. Celle qui s est fait tuer dans un village de Seine-et-Marne fin aout avait quatre enfants, quatre orphelins aujourd'hui. Eux, au moins, ont échappé à la vengeance. L'AFP du 27 aout consacre quelques lignes a l affaire : "Le couple quadragenaire était separe. La femme, victime de violences conjugales dans le passe, etait venue chez son ancien mari pour recuperer des affaires. Dans des circonstances et pour des raisons indeterminees, l'homme a tire sur son ex-epouse avant de retourner l arme contre lui."

Parmi les 29 meurtriers des vacances, 11 se sont suicidés, un a tue les beaux-parents, et, a Lyon, un agent d entretien a en outre supprime un pecheur qui l avait vu jeter le cadavre de sa compagne dans la Saone. Ils avaient un enfant de 2 ans. Une cinquantaine de morts en tout. Contrairement aux idees reçues, ces drames ne touchent pas plus les milieux defavorises ou d origine etrangere que les autres. Parmi les 29 meurtriers, seul un etait yougoslave et un autre d origine turque. L alcool est exceptionnellemen evoque.

"Harcelee depuis cinq mois"
D apres les sources de l'AFP, exclusivement policieres ou judiciaires, on comprend que ces femmes voulaient quitter leur conjoint, ou qu elles etaient deja parties. Ces affaires entrent dans la categorie "drame de la rupture" et suscitent le sentiment que la mort violente est un des risques naturels, objectifs d une rupture d initiative feminine, et que personne n y peut rien. "Sur le parking de l entreprise, elle est attendue par son ex-conjoint qui la harcelait depuis cinq mois, date de leur separation. Elle avait plusieurs fois porte plainte et son epoux avait ete condamne a quatre mois de prison avec sursis pour menaces de mort." Lui était facteur, elle avait une cinquantaine d annees, ils avaient deux enfants de 13 et 16 ans. Il est tres souvent question de "dispute". Une victime agee de 44 ans, domiciliee à Echirolles et mere de trois enfants, a ete tuee par son concubin à coups de couteau "suite a une dispute dans la voiture". Une autre, 30 ans, aide-soignante, vivait à Hayange (Moselle) : "Son concubin, boucher, a avoue l avoir laceree d'une vingtaine de coups de couteau apres une dispute parce qu elle voulait le quitter."

"A peine sorti de prison..."
En Alsace, quelques jours auparavant, un "homme de 52 ans s est violemment dispute avec son ex-amie au domicile de cette derniere, avant de lui frapperle visage contre le sol". Mi-aout, un homme de 90 ans, marie depuis a peine trois mois, a été ecroue pour avoir tue sa femme de 72 ans "a la suite d une dispute a leur domicile de Saint-Sulpice-sur-Leze (Haute-Garonne)". Le mot "dispute" peut etre remplacée par un autre euphémisme - "differend conjugal" : "Un homme de 51 ans a tue sa femme de 41 ans lors d un différend conjugal à Aulnay-sous-Bois. L homme aurait frappe sa femme avec un fer a repasser avant de la tuer avec un fusil à pompe."

Jamais, dans ces courtes relations, on ne sollicite une association feministe - comme sont sollicitees les associations communautaires lors de delits racistes -, jamais la mort violente d une femme ne suscite la mise en cause d institutions comme dans les cas de maltraitance a enfants. Pas de remous, ni de scandale. L'AFP titre sobrement sa dépêche du 10 août : "A peine sorti de prison, un Reunionnais tue son ex-concubine." Le 13 mai dernier, ce Reunionnais avait ete condamné a 6 mois de prison pour "violences volontaires sur concubin ayant entraine une ITT superieure à huit jours". Reduction de peine et grace du 14 Juillet (les auteurs de violences conjugales n'en sont pas exclus), il a ete libere le 5 aout. A peine sorti, il a menace son ex de la supprimer si elle ne reprenait pas la vie commune. Deux fois, elle a reussi à s echapper, la deuxieme elle s est refugiee à la gendarmerie. L'homme a ete interpelle, a nie les menaces de mort et a ete immédiatement relache sur décision du parquet de Saint-Pierre. "En l absence de constatation d une infraction punissable, le parquet n a pu qu ordonner sa remise en liberte", s est justifie le parquet de Saint-Pierre dans uncommunique après la mort de Florence, tuee d un coup de couteau dans le coeur.

(1) Il n existe pas de mot cle type "homicide conjugal". Il a fallu chercher à "meurtre", "assassinat" "homicide", puis "epouse" "concubine", "compagne" "instance de divorce". Entre le 29 juin et le 29 aout, l'AFP ne repertorie aucun homicide d homme par sa femme ou concubine. Le 24 mai à Creteil et le 23 mai à Toulon, deux femmes ont tue de coups de couteau leurs concubins.

Violence
"La violence des hommes est un tabou"

L exception française tiendrait à la discrimination sexiste et au mouvement feministe. - Blandine GROSJEAN - jeudi 09 septembre 2004 (Liberation - 06:00)

Meme quand une actrice meurt sous les coups de son compagnon, les homicides conjugaux ne constituent pas en France un "sujet de societe". On persiste a parler de "crimes passionnels" alors qu ailleurs il s agit de "crimes de genre", "d homicides sexistes" ou de "feminicides". "L exception française", desormais soulignee dans les colloques internationaux, est complexe a analyser. Anne Houel, professeure de psychologie sociale à Lyon-II, a participe à l enquête Enveff (Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France), qui a etabli que 10 % des Françaises etaient victimes de violences conjugales. "La contestation de l enquete de l'Enveff par certains intellectuels fait partie du probleme français : aborder les rapport sociaux des sexes, dire qu il peut y avoir des problèmes, c est toucher a notre conception française de la sexualité, prétendument fondee sur la seduction, l amour courtois, l'égalité. On prefere donc s'interesser aux violences dont sont victimes les femmes d origine étrangère. Les femmes battues, c est dans les quartiers." Janine Mossuz-Lavau, politologue, directrice de recherches au CNRS, denonce elle aussi l existence d un courant qui nie les violences comme les discriminations sexistes sous le discours: "Ces bonnes femmes, elles nous font chier, elles ont pris le pouvoir dans la sphère privée, dans la procreation, la famille, qu est-ce qu elles demandent de plus ?" "Ceux et celles qui en parlent se voient accuser de rallumer la guerre des sexes", poursuit-elle. Autrement dit, en évoquant ces affaires, les medias craindraient de "monter en épingle" cette guerre des sexes redoutée.

En France, contrairement aux pays anglo-saxons, nordiques et à l Espagne, le "politiquement correct" consisterait a nier ces violences. "Chez nous il y a des causes et des sujets sérieux et valorisants pour les hommes politiques. Les histoires de bonnes femmes n en font pas partie, quant à la violence des hommes, c est tabou", estime Daniel Welzer, sociologue, spécialiste de la question masculine. Une autre explication à "l exception française" se trouve peut-être dans le mouvement féministe. "Il y a eu des grands noms pour defendre le droit à la contraception, à avortement, a la sexualité épanouie ; un combat plus sexy que celui des femmes battues, qui n a pas de grands noms, où l effet d identification ne fonctionne pas. Persiste dans notre pays dés que les femmes battues sont des "connes", que cela n arrive pas à n' importe qui."

Suzy Rojtman, du Collectif national du droit des femmes, admet la faiblesse du mouvement féministe sur ce sujet. "Les associations qui assument la solidarité concrète avec les femmes battues ou violées ont du mal a articuler leur action avec le militantisme politique et médiatique. Elles sont marginalisées parce qu elles ont le nez dans le guidon, et personne n a envie de se coltiner le boulot qu elles font, ça renvoie chacune de nous a des peurs ou des traumatismes.

Violence. Editorial - Ignorance - Par Gérard DUPUY
jeudi 09 septembre 2004 (Liberation - 06:00)

Plus d un demi-siècle après la publication du Deuxième Sexe, la condition féminine continue d être entachée de curieuses zones d ombre. L absence de statistiques sur les meurtres conjugaux témoigne d une étrange indifférence dans un pays où on tient, à l exemplaire prés, le compte de chaque taille-crayon ou pot de yaourt vendu. De plus, nous sommes censés avoir si bien appris nos leçons féministes qu on n évoque plus ces dernières qu'avec une commisération ennuyée : vieilles barbes ! Pourtant, la réalité des vies familiales est bien éloignée des couleurs pimpantes de conte de fées postmoderne qu'on leur prete hâtivement.

Après trente ans de ministères dédies à la condition fEminine, le flou qui prEvaut à propos de ces meurtres de femmes est une incongruité statistique. Mais sans doute doit-on replacer celle-ci dans le contexte d'un développement beaucoup moins large des gender studies (expression depourvue de traduction, sans surprise) qu'on aurait pu l attendre. En l occurrence, ce sujet d etude n'a pas bénéficie de l'intérêt social - mediatique, sociologique ou judiciaire - dont sont l objet les crimes sexuels. Trop ingrat ?

La maniere la plus simple de s accommoder d un fait désagreable, c'est encore d ignorer son existence. Personne n ose trouver ouvertement normal que cinquante fois plus d hommes tuent leur femme que l inverse. C est pourtant la sagesse arithmétique à laquelle aboutit le refus de s en etonner. Pendant longtemps, les Français se sont joyeusement (auto)detruits au volant de leurs voitures, jusqu a ce qu on admette que ce carnage n etait pas fatal. Mutatis mutandis, il doit etre possible de reevaluer le caractere inevitable des meurtres conjugaux. Encore faut-il commencer par admettre leur existence. Seulement alors pourra-t-on etudier leurs constantes et ainsi envisager une prevention. Les femmes assassinees meritent mieux que le trop discret enterrement qui se referme sur elles.

Violence
A savoir
jeudi 09 septembre 2004 (Liberation - 06:00)

33% des femmes tuees par leur conjoint ont ete poignardees, selon une etude menee dans les annees 90 à l Institut medico-légal de Paris. 30 % ont ete abattues par une arme à feu, 20 % etranglees, 10 % rouees de coups. Moyenne d age des victimes 45 ans, la mort survenant presque toujours dans un contexte de violences durant depuis longtemps.

En Europe,

La Roumanie arrive en tete du taux de meurtres conjugaux avec 12,6 femmes tuees par million d habitants. Suivent la Finlande (8,6) la Norvege (6,5), le Luxembourg (5,5), le Danemark (5,4), la Suede (4,5) le Royaume-Uni (4,3), l Allemagne (3,5), l Espagne (2,4), l Irlande (2), la Pologne (1,8), la Hollande (1,8) et l Islande (avec 0). (a partir des donnees de 1999)

L Enquete nationale sur les violences faites aux femmes (Enveff), realisee en 1999 aupres de 6970 femmes agees de 20 à 59 ans, etablissait que la violence conjugale (menaces, chantage affectif sur les enfants, mepris, sequestration, mise à la porte, rapports sexuels imposes, coups et tentatives de meurtre) concernait 10 % des femmes interrogees.

La loi espagnole
contre la "violence de genre" implique une reforme de l education, du droit de la publicite, la creation de centres d urgences et de "recupération totale" pour les femmes maltraitees, des aides financieres, une aide juridique spécialisée et gratuite. Elle modifie à leur benefice le droit du travail. 400 postes de juges specialises seront crees, les peines contre les agresseurs sont aggravees.

4 - Les dates

- 25 et 26 septembre, réunion nationale du Collectif au Snuipp, 12 rue Cabanis, 75013, Paris ; le 26 à 9h30 , la Marche mondiale des Femmes et le FSE ;
- Jeudi 30 Septembre, réunion unitaire préparatoire manif nationale "Violences", 18h, bourse du Travail Paris ;
- 21 novembre : 6 heures contre les violences faites aux femmes ;
- 27 novembre : manifestation nationale contre les violences faites aux femmes ;
- 19 et 20 mars 2005 : débat "Alternatives féministes" ;
- 28/29 mai , initiative européenne de la MMF à Marseille


Pour tout contact :
Marche Mondiale des Femmes, 104 rue des Couronnes, 75020 Paris
Tel : 01 44 62 12 33
Fax : 01 44 62 12 34

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