Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté N°36
Reçu le 14 janvier 2004 par la rédaction
Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiqués concernant les droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles.
Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d'accord avec tout ce qui est écrit
(sauf pour les communiqués signés Marche mondiale des Femmes)
Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 1 33, Fax : 01 44 62 12 34
Sommaire:
1 - action du CNDF, dans le cadre de sa campagne contre les Violences
faites aux femmes
2 - Rassemblement pour l'application de la loi sur l'avortement 15 janvier
3 - Rassemblement contre l'amendement Garaud le 20 janvier
4 - Lettre ouverte à la chaine ARTE
5 - texte du CNDF sur la Laïcité et les droits des femmes
6 - Soutien aux féministes de la Gavine à Toulouse (action contre les
jouets sexistes)
7 - Un texte sur les femmes en Afghanistan
8 - Introduction de la sharia dans le droit civil canadien
9 - Bourse d'écriture Monique Witting
10 - Erratum sur le texte de Claudine Blasco n° 35 sur les femmes migrantes
11 - ouverture de la librairie Violette and Co
12 - Festival de films de femmes
1 - action du CNDF
Dans le cadre de sa campagne contre les Violences faites aux femmes le 15
janvier, 18h Dans le cadre de la campagne "Violences faites aux femmes" du
Collectif qui a été lancée par la conférence de presse du 25 novembre dernier,
plusieurs activités sont prévues sur Paris : Jeudi 15 janvier, à la Fontaine des
Innocents (métro les Halles), à 18h30, aura lieu une action de sensibilisation
sur l'ensemble des violences faites aux femmes. Celle ci prendra un côté
spectaculaire et notamment mettra l'accent sur le fait que chaque mois 6 femmes
meurent de violences conjugales. Il faut donc impérativement être 72 ! Nous
avons répété et préparé le matériel samedi. Il faut impérativement réussir cette
action, notamment numériquement. Donc à vos agendas, et rameutez du monde autour
de vous!!!!!!!
2 - Rassemblement pour l'application de la loi sur l'avortement le 15
janvier 12h
le 15 janvier
de 12 h à 15 h
Ministère de la Santé
8, avenue de Ségur
Suite aux premières actions contre l'amendement Garaud concernant l'avortement,
voici un nouvel appel à une action lancé par l'A.N.C.I.C, la C.A.D.A.C et le
M.F.P.F et qui concerne plus particulièrement la demande de moyens financiers et
matériels pour faire fonctionner les centres IVG
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Paris, le 8 janvier 2004
Nous, associations militantes pour les droits des femmes, face au silence opposé
à nos demandes, nous nous rassemblerons devant le Ministère de la Santé le 15
janvier de 12 h à 15 h pour réclamer le respect de la loi sur l'IVG -
Contraception du 4 juillet 2001, les moyens de son application et la prise en
compte des besoins des femmes. Plus de 600 professionnels de la planification
familiale et des CIVG interpellent M. Mattei, ministre de la santé. Le délai de
trois semaines pour obtenir un rendez-vous dans un CIVG est insupportable pour
les femmes et oblige certaines à partir à l'étranger alors que leur première
demande s'inscrit dans les délais légaux. Le fait de ne pouvoir répondre aux
demandes des femmes par manque de médecins, manque d'infirmières ou de places au
bloc opératoire est insupportable pour les équipes. Au cours de ce
rassemblement, nous souhaitons donc sortir du silence nos accueils quotidiens et
rendre visibles et publics les dysfonctionnements et la mauvaise application de
la loi. Aussi nous ferons en même temps un accueil de femmes volontaires
(information et orientation) et qui sont en demande d’IVG. Monsieur Mattei doit
prendre les décisions nécessaires pour répondre à un besoin en santé publique
qu'est l'organisation de la pratique des IVG. Cela relève de sa responsabilité.
Lettre ANCIC - CADAC - MFPF
à M. Jean François Mattei, Ministre de la Santé
Paris, le 8 janvier 2004
Monsieur le Ministre,
Les associations sous-signées sollicitent de votre part une entrevue le 15
janvier entre 12 et 15h afin de vous remettre une lettre ouverte signée par des
centaines de professionnels des CIVG et des centres de planification de l'Ile de
France. La déstabilisation du système de soins par des restructurations entre
établissements fait disparaître des possibilités d'accueil des femmes en demande
d'IVG. Les grands services de gynéco-obstétrique parisiens ne répondent pas au
besoin de la population et les établissements privés ferment les uns après les
autres. L'obligation inscrite dans la loi pour le service public n'est pas
respectée. La tarification de l'IVG en établissement d'hospitalisation reste
inchangée depuis 13 ans et celle de l'IVG médicamenteuse en ville n'est pas
fixée. Nous souhaitons donc sortir du silence de nos accueils quotidiens et
rendre publics et visibles les dysfonctionnements et la mauvaise application de
la loi. Aussi, un rassemblement devant le Ministère de la Santé aura lieu
pendant que nous vous rencontrerons qui s'accompagnera d'un accueil de femmes
volontaires ( information et orientation) et qui sont en demande d'IVG. Les
conditions d'accès au droit à l'IVG se détériorent grandement par la manque de
moyens humains et financiers dans plusieurs régions dont l'Ile de France, PACA
et le Centre. De plus, l'actualité en France montre l'influence des mouvements
associatifs et politiques anti-IVG : le vote à la sauvette de l'amendement
Garraud, le recours à la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour faire
reconnaître un statut juridique à l'embryon et au f¦tus, le harcèlement par "
SOS tout - petits " à notre égard. Ce sont autant de tentatives de remise en
question du droit à l’IVG. Nous resterons extrêmement vigilant-e-s pour défendre
les droits des femmes aujourd’hui menacés et assurer l'égalité femmes-hommes.
Recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération.
A.N.C.I.C
Association Nationale des Centres
d’Interruption de Grossesse
et de Contraception
C.A.D.A.C.
Coordination des Associations
pour le Droit à l’ Avortement
et à la Contraception
M.F.P.F.
Mouvement Français
Pour Le Planning Familial
4, square Saint Irénée, 75011 PARIS
Tél (33) 01 48 07 29 10, Fax (33) 01 47 00 79 77
mfpf@planning-familial.org Association déclarée loi de 1901 affiliée à la L.F.E.E.P. reconnue d’utilité
publique
3 - Rassemblement contre l'amendement Garaud
Disons définitivement " Non " au délit d'interruption involontaire de
grossesse
le 20 janvier 2004
de 12 h à 15 h
Devant le Sénat
Square Francis Poulenc, Paris
Métro Luxembourg
Le 27 novembre 2003, l'amendement déposé par M. Garraud dans le cadre du projet
de loi de l'adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, créant un
délit d'interruption involontaire de grossesse a été adopté à l'Assemblée
nationale en 2ème lecture.
Suite à la mobilisation des associations féministes, des gynécologues
obstétriciens et, plus largement, des forces politiques de gauche, du mouvement
syndical et associatif, de l'émotion suscitée dans l'ensemble de la société par
la volonté manifeste d'ouvrir une brèche vers la remise en cause pure et simple
du droit des femmes à l'avortement, M. Perben a déclaré le 5 décembre qu'il lui
paraissait " favorable d'abandonner " l'amendement Garraud. A cette fin, il
proposerait à la commission des lois du Sénat de retirer ce texte.
Le 20 janvier 2004, le Sénat, en séance plénière, devra voter la proposition
faite par la dite commission. Déjà le 27 mai 2003, le Sénat s'était
courageusement opposé à un amendement similaire dans le cadre de la loi sur la
sécurité routière déposé par M. Garraud.
Nous nous élevons contre ces tentatives successives qui visent à donner au f¦tus
et à l'embryon le statut juridique de "personne" qui pourrait demain remettre en
question le droit à l'avortement.
Nous appelons la société civile, les mouvements de femmes, les partis politiques
et les syndicats à une large mobilisation pour faire obstacle à la confirmation
par le Sénat de cet amendement liberticide.
Rassemblons-nous le 20 janvier 2004 à 18h30 devant le Sénat, square Francis
Poulenc, pour exiger la suppression définitive de l'article Garraud.
4 - Lettre ouverte à la chaine ARTE
Objet: lettre ouverte a propos de l'emission "Ou sont passees lesfeministes?"
diffusée le 9 décembre. Destinataire :
communication@arte-tv.com
Féministe depuis l’adolescence, militante depuis les années 70 (j’ai adhéré au
MLAC en 1974), fondatrice d’une librairie-café de femmes en1978, auteure de
nombreux articles et livres consacrés à cette grande cause, présidente d’une
association internationale dédiée à l’étude de l’histoire des femmes, je me suis
installée hier soir devant ma télévision avec intérêt (vous comprenez pourquoi)
et avec curiosité (les médias n’ont guère brillé, jusqu’ici, pour leur
objectivité en la matière). Avec bienveillance, aussi, car Arte est plutôt
connue pour son sérieux, quoi que je me souvienne d’une soirée du 8 mars très
spirituellement consacrée aux hommes. Hélas, traiter ce sujet avec compétence ne
paraît toujours pas possible, et votre chaîne s’est alignée sur la tradition des
grands médias français, qui consiste depuis la fin de la décennie 1970 à
proclamer que le féminisme est mort – sans avoir jamais pris la peine d’en
parler quand il était vivant ni se demander pourquoi il faut répéter si souvent
qu’il n’est plus.
Rarement, pourtant, l’incompétence, la sottise, la flagornerie journalistique et
la méchanceté ont été poussées aussi loin – je parle ici du débat et de
l’apothéose filmique finale. Passe encore que vous n’ayez pas cru nécessaire de
convier au débat une féministe française pour faire le pendant d’Alice
Schwartzer et de Denise Bombardier, puisque l’auteure de L’Enfer des tournantes
ne se reconnaît pas dans ce terme ; le féminisme n’a pas de nationalité, et ces
deux femmes-là ne le représentaient pas plus mal que d’autres. Passe encore que,
devant la rage de cette jeune femme et sa condamnation des féministes (accusées
de n’avoir pas été à ses côtés dans son épreuve), Daniel Leconte n’ait pas eu
l’esprit de lui rappeler que " les féministes " ne sont ni le GIGN ni l’Armée du
salut, qu'elles font ce qu’elles peuvent là où elles sont, qu’il y en avait au
moins une sur place (elle-même, car c’est ça une féministe : une femme qui
estime que son malheur n’est pas une fatalité) ; et que d’ailleurs, si elle a pu
porter plainte, c’est parce que d’autres féministes, avant elle, ont fait du
viol un crime (la loi date de 1978) ; et aussi que, si elle a pu écrire un
livre, c’est parce que d’autres féministes, avant elle, ont rendu possible la
dénonciation publique de la misogynie (la première à le faire fut Christine de Pizan, à l’orée du XVe siècle, dans un contexte d’hostilité grandissante à
l’égard des femmes qui ressemble d’ailleurs un peu au nôtre). Peut-être votre
animateur était-il, lui aussi, embarqué dans l’émotion, et sans doute
manquait-il cruellement d informations – ce qui fait tout de même deux fautes
professionnelles. J’espère que vous me pardonnerez si, ne pouvant remédier à la
première, je me permets de vous fournir quelques éléments factuels concernant la
seconde, pour le cas où l’occasion de réfléchir à cette question se
représenterait.
Le pire, toutefois, a été atteint avec le dernier film. Comme c’était drôle de
voir cette jeune personne occupée durant 20 minutes à montrer son minois et son
corps sautillant, pour mieux faire ressortir les rides des vieilles dames
interrogées ! à poser des questions supposées embarrassantes, mais pour une
bonne part seulement désespérantes de sottise (ah, la guerre des sexes !), pour
mieux déstabiliser lesdites vieilles dames, quitte à ricaner dans leur dos en
voix-off, faute de bousculer quoi que ce soit durant l’entretien ! Quelle belle
leçon de déontologie télévisuelle ! Et quel bel éclairage historique,
philosophique apporté au sujet ! Pourrait-on savoir, en effet, ce qu’Antoinette
Fouque et Elisabeth Badinter venaient faire dans une émission consacrée aux
féministes ? La première ne s’est jamais définie comme telle et a passé une
bonne partie de sa vie à combattre celles qui le faisaient (à partir de sa
position de gourou d un groupuscule secte bien connu sauf des journalistes d'Arte, apparemment). La seconde n’est plus féministe depuis au moins une
quinzaine d’années, depuis X-Y notamment, où elle déclarait la lutte des femmes
dépassée, et elle passe depuis lors une partie de son temps à dénigrer les
féministes (qu’elle observe depuis son bureau de pédégère de Publicis – détail
qui ne vous a pas semblé intéressant de préciser). Imaginerait-on une émission
intitulée " Où sont passés les gauchistes ? " et qui donnerait longuement la
parole à Philippe de Villiers et à Jean-Marie Messier, sans préciser qu’ils n’en
sont pas ? Si de nombreuses de personnes ou groupes qui se revendiquent
féministes ont refusé de participer à cette émission, comme le laissait entendre
le film (sans que leur nom soit cité, ce qui permet tous les amalgames), c’est
peut-être qu’il y avait quelques raisons ?
Oui, je sais, le mouvement féministe, c’est compliqué. Mais la guerre d’Algérie
aussi c’est compliqué. Et, que je sache, ça n’empêche pas des journalistes de se
colleter régulièrement au sujet, et de s’informer, et d’essayer de faire
comprendre la complexité de la chose. Et je ne crois pas avoir jamais vu une
émission où l’on mélangeait les gens du FLN et ceux de l’OAS (tous convaincus,
pourtant, d’agir pour le bien de l’Algérie), ni où l’on ricanait de leurs
combats (faut-il rappeler que la misogynie fait chaque année des milliers de
mortes de par le monde ?), ni où on les interrogeait avec autant de mépris, ni
où l on suggérait lourdement que, merde, izauraient pu se mettre d’accord, font
chier les Algériens avec leurs querelles à la noix.
Que la réalisatrice ait succombé à la tentation de se mettre en valeur au dépens
de son sujet et de ses interlocutrices est humain. Qu elle se soit crue
autorisée à faire l’impertinente du haut de ses jeunes années et de son
ignorance est hélas devenu habituel à la télévision. Mais que les responsables d
Arte aient jugé bon de passer à l antenne ce " documentaire ", qu ils (elles ?)
n’aient vu ni la dérive auto-référencielle, ni le manque d écoute et de respect
des personnes interviewées, ni la bouillie infâme servie en guise de nourriture,
ni l évident ratage de l entreprise (vu que tant de personnes a priori
concernées ont refusé d’y participer) est proprement désespérant.
Des féministes, il n’y en a peut-être pas toujours eu, mais il y en a en France
depuis six siècle au moins, de tous les âges, de tous les sexes, de toutes les
conditions. Il y en a dans nos belles provinces. Il y en a dans les écoles, dans
les universités, dans les hôpitaux, dans les entreprises, dans les ministères,
dans les associations, dans les partis et même dans les organes de presse ! Si
on les cherche, on les trouve. Mais il est moins risqué de parier sur la
prochaine émission annonçant leur disparition que sur une qui, enfin, se
donnerait pour tâche de les écouter.
Eliane Viennot.
5 - texte du CNDF sur la Laïcité et les droits des femmes
Ce texte prépare le débat sur ce thème qui aura lieu le samedi 17. Les 17 et 18
janvier a lieu la réunion national du CNDF samedi à partir de 13 au local du
SNUIPP, 12 rue Cabanis, metro Glacière
Préambule
Le texte qui suit a comme seul but de tenter d'ouvrir un débat de fond parmi les
féministes soucieuses de défendre à la fois les droits des femmes et de faire
échec au racisme à l'égard des populations étrangères et ceci en regardant les
réalités en face. Ce n'est qu'une contribution en vue de sortir de notre
paralysie collective, chacune d'entre nous ayant été contrainte d'agir seule ces
derniers mois.
I) La Laïcité
En France, cette notion recouvre des principes généraux qui organisent la vie
publique, et la vie scolaire, en particulier qui ont été codifiés dans une série
de textes fondamentaux comme la déclaration des droits de l'homme et du citoyen
de 1789, le préambule de la Constitution de 1946, repris en 1958, ainsi que dans
des lois. On peut citer notamment celle de 1881 rendant l'école primaire et les
maternelles gratuites ; celle de 1882 qui rend l'instruction primaire
obligatoire jusqu'à 14 ans pour les enfants des deux sexes, français et
étrangers ; celle de 1886 qui confie à des enseignants exclusivement laïcs
l'enseignement dans l'école publique ; celle enfin sur la séparation des Eglises
et de l'Etat qui mettait fin au régime concordataire instauré par Napoléon 1er
et qui supprimait tout financement par l'Etat des ministres des cultes et des
activités religieuses. Cependant l'établissement d'un statut spécifique pour les
départements d'Alsace-Moselle (et pour d'autres en dehors de la "métropole"), la
loi Debré en 1959 sur lefinancement des écoles privées sous contrat ont
largement écorné cette indépendance de principe entre l'Etat et les religions
(Jean Boussinesq : La laïcité française, Le Seuil 1994).
Cette indépendance est censée garantir deux choses :
- la liberté de conscience (liberté des croyants, des athées et agnostiques), l'Etat
ne s'ingérant en aucune manière dans la vie religieuse, sauf pour faire
respecter l'ordre public ;
- l'égalité entre tous les citoyens, quelles que soient leurs croyances et leurs
convictions. La notion d'égalité s'est élargie au cours du vingtième siècle en
France et ailleurs, puisqu' aujourd'hui la loi interdit toute discrimination
fondée sur le sexe, les choix sexuels, etc.
La laïcité a été instaurée en France après un combat difficile contre l'Eglise
catholique qui a toujours bénéficié de nombreux privilèges en tant qu'église
dominante (Henri Pena-Ruiz : Qu'est-ce que la laïcité Folio Actuel Gallimard
2003). La laïcité n'a pas pour but d'éradiquer les religions comme veulent le
faire croire les dirigeants des pays islamistes. Elle a pour but de favoriser la
vie ensemble de citoyens et citoyennes aux options religieuses et philosophiques
différentes. (Pour un point de vue musulman éclairé sur la question cf. Soheib
Bencheik, Marianne et le prophète, Grasset 1998)
II) La diversité religieuse.
Aujourd'hui, dans toute l'Europe, la diversité religieuse s'est encore accentuée
sous l'influence des vagues d'immigration successives venues des anciennes
colonies ou comme résultat de la mondialisation avec son cortège de pauvreté et
de guerres etc. En France, la sécularisation de la société amorcée il y a
plusieurs décennies est contrebalancée par la montée de l'Islam parmi par les
jeunes de parents ou grands parents immigrés, venus d'Afrique du Nord notamment.
Cette islamisation des banlieues n'est pas nouvelle mais elle est aujourd'hui
d'autant plus visible qu'elle se traduit pour une partie des jeunes musulmans
des deux sexes par une bataille politique pour le droit de porter le voile à
l'école au nom de la liberté et de l'égalité entre toutes les religions.
III) Où en sommes nous ?
Les premiers conflits sur la question du voile ont surgi à Creil en 1989. Suite
aux premiers débats qui ont entouré cette affaire le Conseil d'Etat avait
formulé un avis considérant que le port du voile n'était pas en soi
contradictoire avec le principe de laïcité. Cela le devenait quand il était
porté de manière ostentatoire et qu'il s'accompagnait de prosélytisme. Membre de
la rédaction des Cahiers du féminisme en 1989, mes amies et moi étions plutôt
satisfaites de cet arrêté. Nous avions fait campagne avec Les Cahiers du
féminisme pour dédramatiser ces "affaires" et inviter le mouvement féministe et
tous les progressistes à ne pas se tromper de débat et à ne pas tomber dans le
piège de la droite et de l'extrême droite promptes à stigmatiser les jeunes
musulmans. Nous étions optimistes et faisions le pari que l'école publique et le
mouvement féministe feraient reculer ces phénomènes "marginaux".
Nous nous sommes trompées. Le port du voile s'est étendu. Au niveau national,
Hanifa Chérifi (la médiatrice du gouvernement) parlait en avril 2003 de 150
affaires de voile, conflictuelles par an contre 300 en 1994 mais les chiffres
recensés donnent une vision déformée de la réalité. Ils s'appuient sur les cas
ayant donné lieu à des conflits ouverts mais bon nombre d'enseignants des
banlieues populaires confrontés à cette question, l'ont réglée seuls. Dans les
collèges et les lycées, comme à la fac de Paris 8 par exemple (St-Denis), on
observe, depuis deux ou trois ans, de nombreuses filles voilées de manière
stricte. Il y a même des étudiantes qui se pointent drapées de noir des pieds à
la tête dans des tchadors. Le voile n'est pas un phénomène majoritaire mais ce
n'est plus un phénomène totalement marginal.
IV) Pourquoi ?
Il n'y a pas une seule explication mais plusieurs :
1) Le contexte international marqué par l'offensive militaire des Etats-Unis en
Afghanistan, en Irak et le redoublement de l'agressivité de la politique du
gouvernement israëlien contre les palestiniens. Face à cela, un certain nombre
de jeunes cherchent ainsi à manifester leur solidarité avec le peuple palestinien
;
2) A cela vient s'ajouter, face aux discriminations subies en France, la volonté
de ne plus "raser les murs" (comme ont été contraints de le faire leurs parents)
et de revendiquer pour les jeunes issus de l'immigration et pour l'Islam,
l'égalité avec les autres jeunes français et les autres religions ; Il est
évident que les politiques menées depuis 20 ans, par la droite et la gauche
gouvernementale, contre les couches populaires et qui se sont traduites par un
chômage de masse et la précarité et le développement des ghettos sociaux, ont
alimenté d'un côté la montée de l'extrême droite et de l'autre les replis
communautaires.
3) Cela peut s'expliquer également par la volonté de certaines jeunes femmes de
se "protéger" contre l'agressivité sexiste qu'elles subissent chez elles ou dans
la rue : la loi de Dieu étant "supérieure" à celle du père et des frères ; quand
elles portent un voile, les hommes sont censés les respecter.
4) Mais tous les facteurs précédents ne se seraient pas traduits par le
développement du port du voile dans les établissements scolaires si des
mouvements islamistes implantés dans certains quartiers populaires depuis
plusieurs années, n'avaient pas cherché à convaincre leurs fidèles et en
particulier les jeunes filles qu'il fallait porter le voile pour être une
"bonne" musulmane. Le port du voile n'est pas donc pas l'expression d'une mode
ponctuelle ou de l'initiative de quelques jeunes filles plus pieuses que
d'autres mais le résultat d'une bataille politique au sens plein du terme. Que
disait la médiatrice du gouvernement Hanifa Chérifi (nommée en 1994 et toujours
en place) le 30 avril 2003 dans L'Humanité à propos de ces jeunes femmes qui
allaient au tribunal pour défendre le port du voile ?
: "J'ai eu en face de moi des jeunes filles sûres d'elles mêmes et nullement
désorientées. Elles connaissent parfaitement les aspects juridiques de la
question et récitent par coeur l'avis du Conseil d'Etat. J'ai voulu en savoir
plus. J'ai ainsi découvert l'existence d'un véritable réseau de soutien à ces
élèves, composé de juristes, d'avocats, d'étudiants, de prédicateurs organisés
dans des associations islamistes connues, telles que l'UOIF". Peut-être en
rajoute-elle sur l'influence des intégristes mais on ne peut la nier et faire
comme si elle n'existait pas. Le droit de porter en classe les signes religieux
a reçu le soutien en France de tous les représentants officiels des religions.
Dans toute l'Europe, la religion catholique est à l'offensive : demande que soit
inscrite dans la "constitution" européenne la référence au "patrimoine chrétien
de l'Europe" ; En Espagne, la religion catholique retrouve son statut de
religion d'Etat en étant enseignée dans les écoles publiques. Les islamistes les
plus futés demandent, eux, la redéfinition d'une laïcité "ouverte" permettant le
port de tous les insignes religieux.
V) La division du monde associatif
face à ce phénomène, plusieurs attitudes sont possibles :
1) Pour certaines associations, le MRAP, la LDH, et des militantes féministes
comme C. Delphy, les débats sur le voile ont été orchestrés par le gouvernement
pour masquer les vrais problèmes que sont les inégalités économiques et sociales
dans les banlieues et ne sont que l'expression de "l'islamophobie" dominante
liée à la montrée de l'extrême droite et au passé colonial de la France (tribune
: Un voile sur les discriminations). Dans ce sillage, certains considèrent que
le combat des jeunes musulmanes est un combat pour une liberté démocratique et
que la laïcité "à la française" a fait son temps et qu'il faut instaurer une
laïcité "plus ouverte" qui autoriserait à l'école l'affichage de tous les signes
religieux. Ce courant a raison sur un point. L'ampleur du débat sur le voile a
effectivement joué un rôle de diversion par rapport à la question des inégalités
économiques et sociales. Mais ce courant se trompe sur une question
d'importance. Contrairement à ce qu'il pense, ce n'est pas le gouvernement qui a
soulevé le problème du voile. La droite était tout autant divisée que la gauche,
l'extrême gauche ou le mouvement associatif. Ce sont les enseignant-e-s qui au
fil des mois ont vu se détériorer la situation non seulement au niveau de leurs
conditions de travail mais également face à l'offensive politique de courants
islamistes décidés à en découdre sur le terrain de l'école. Or, qui a voulu
soutenir ces enseignant-e-s pour les aider à résoudre ces questions sans
alimenter le climat raciste ou capituler devant le développement du voile ?
Personne. Pire, ils et elles ont été calomnié-e-s honteusement comme des "islamophobes"
par le courant antiraciste, alors que chacun et chacune cherchait à se
"débrouiller" le mieux possible pour éviter toutes les impasses.
2) Le deuxième courant a été porté par des personnalités féminines du monde des
arts et des lettres (Elle , le 8 décembre 2003) qui ont lancé un appel solennel
au Président de la République en faveur d'une loi, pour défendre l'égalité des
sexes comme si ce gouvernement dont la politique ne cesse de creuser les
inégalités n'était pas responsable des replis identitaires dont témoignent entre
autres le développement du voile à l'école et dans les quartiers. Ce courant a
raison sur deux points : la majorité des femmes musulmanes ne portent pas le
voile et ne souhaitent pas le porter ; le voile met gravement en cause le
principe d'égalité des sexes.
3) Un troisième courant n'a pas réussi à se faire entendre nationalement dans
les media et ailleurs. Un courant que nous aurions dû porter en tant que
féministes soucieuses de défendre les femmes les plus défavorisées et inscrites
dans la lutte anti-raciste depuis des décennies. Ce courant, il est encore temps
de le faire émerger autour de plusieurs axes qui loin d'être contradictoires se
complètent :
- la laïcité à l'école, c'est une chance. C'est l'occasion pour les jeunes, non
pas de nier leurs appartenances mais de les confronter pacifiquement avec celles
des autres, sur la base de rencontres interindividuelles entre élèves mais
également entre élèves et enseignant-e-s, rencontres qui ne sont pas
prédéterminées en fonction des appartenances respectives à un groupe religieux
ou à une classe sociale mais en fonction d'affinités multiples. La mixité
sociale a déjà largement disparu. Va-t-on aller maintenant vers une
ghettoïsation renforcée sur la base des appartenances religieuses ? Les juifs
d'un côté, les musulmans de l'autre ? et tous les autres où devront-ils aller?
Des jeunes d'origine maghrébine devront-ils se soumettre de plus en plus à la
loi du groupe qui fait obligation à tout "bon" musulman, de jeûner au moment du
Ramadan et à toute "bonne" musulmane de se voiler comme c'est déjà le cas dans
certains quartiers ? Préserver un espace où ce ne sont pas les religions qui
imposent leur loi, c'est préserver un espace de liberté, même si certains et
certaines n'en sont pas conscient-e-s aujourd'hui. C'est être solidaires de tous
les élèves qui ne souhaitent pas s'aligner à titre individuel sur les normes
communautaires, quelles qu'elles soient.
- Oui à l'égalité des sexes, non à la banalisation du voile : Il faut se
rappeler que seule une minorité des femmes musulmanes se voile. Toutes
n'interprètent donc pas de la même manière le Coran. Le voile n'est pas
seulement un signe d'appartenance religieuse, ni un simple morceau de tissu
comme un autre. A notre époque, c'est une marque de discrimination à l'égard des
femmes dont le corps est considéré comme la source de toutes les perditions (cf.
Mohamed Kacimi, Le voile une antique aliénation, Libération 10 décembre 03) et
une marque de soupçon à l'égard de tous les hommes, tous considérés comme des
violeurs en puissance ; choisir de porter le voile (pour celles qui ont fait ce
choix), c'est également être porteuse d'un modèle de société. Pour celles qui en
font une prescription religieuse incontournable, cela signifie que les femmes
ont le droit de sortir de l'espace domestique (du moins jusqu'au mariage), mais
seulement à la condition d'être "couvertes" et à la condition de ne pas remettre
en cause une conception de la famille dans laquelle les hommes, comme chefs de
famille, sont censés en être les pourvoyeurs financiers et les femmes comme
mères, responsables du foyer. Cette conception place les femmes dans la
dépendance des hommes, ce qu'admet d'ailleurs un prédicateur subtil comme comme
Tariq Ramadan. (A. Gresh et Tariq Ramadan, L'Islam en question Actes Sud, 2002,
p. 280). Cela va même plus loin pour certaines. Le voile a en effet connu une
nouvelle extension avec la révolution iranienne. C'est donc, pour certains et
certaines, un moyen de se référer à des régimes totalitaires islamistes où
s'exerce la "charia". Toutes les femmes voilées ne sont pas des intégristes.
Fort heureusement Et parmi les femmes voilées certaines prétendent mener un
combat féministe en distinguant la religion
(égalitaire) et la tradition (patriarcale). Soit. Mais toutes sont invitées à
respecter cette conception des rapports entre les hommes et les femmes. Cette
conception d'une "complémentarité des rôles" qui fait l'impasse sur les rapports
d'oppression a été un axe majeur de la contestation féministe. Cette
contestation n'a pas été suffisante, on le sait, pour établir l'égalité réelle
entre les hommes et les femmes dans la famille mais ce n'est pas une raison pour
accepter de faire passer pour une émancipation, ce qui est la marque de
l'oppression traditionnelle des femmes par les hommes. Ce n'est pas une raison
non plus pour accepter sans broncher une conception de la sexualité qui ne peut
entraîner que répression et violences et nous fait revenir des décennies en
arrière. Nous savons que conception de la sexualité et des rapports entre les
hommes et les femmes est largement partagée par toutes les religions
monothéïstes (Caroline Forest, Fiammetta Venner, Tirs Croisés , Calmann-Lévy2003
* Nous considérons que les populations de confession musulmane doivent pouvoir
exercer leur culte librement et dignement dans des mosquées et non dans des
caves ; nous considérons par ailleurs que des jeunes musulmanes sont totalement
libres de porter un voile chez elles ou dans la rue pour affirmer leurs
convictions, et de préférer vivre dans un modèle familial traditionnel. Elles ne
sont pas les seules à faire ce choix ou Šle subir. C'est à elles de faire leur
propre expérience. Mais toutes les jeunes femmes d'origine maghrébine ne sont
pas musulmanes et toutes les musulmanes ne partagent pas ces positions. C'est
pourquoi il est très important que les jeunes filles qui ne souhaitent pas être
voilées et qui se battent pour leur égalité face à leurs frères, leurs copains,
ou les imams puissent le faire totalement librement sans être soumises à des
groupes de pression au sein des établissements scolaires. C'est pourquoi tous
les signes d'appartenance religieuse doivent rester discrets dans l'enceinte
scolaire.
4) Une loi inopportune
Une loi interdisant les signes religieux à l'école risque fort d'être ressentie
par les musulman-e-s comme une mesure de discrimination inacceptable surtout
lorsqu'on sait que la religion catholique dispose toujours de certains
privilèges (cf. le statut de concordat en Alsace-Moselle). Seule une loi qui
aurait redéfini en positif la laïcité et aurait mis en cause les privilèges de
l'Eglise catholique (ce que craignaient les évêques) aurait pu être comprise ŠCe
n'est pas ce qui est prévu. Le projet de loi qui est prévu, n'est pas raciste
mais c'est un texte sans aucune ambition destinée seulement, à la veille des
élections, à faire un consensus minimum entre l'UMP et le PS, pour éviter que le
Front National ne rafle la mise lors des prochaines échéances électorales. Pour
régler la question des signes religieux à l'école, point n'était besoin d'une
loi. Les règlements intérieurs des établissement scolaires auraient été
suffisants à condition d'avoir été couverts une directive nationale ou une
charte de la laïcité dans l'éducation nationale, pour éviter de laisser chacun,
chacune isolé-e face à ce problème. (cf. le jugement du 10 juillet 1996 du
Tribunal administratif concernant l'affaire Kherouaa). Le gouvernement en a
décidé autrement. Néanmoins, si nous descendons dans la rue, ce ne sera pas pour
nous opposer à cette loi de circonstance mais pour faire avancer les droits des
femmes et l'égalité dans ce pays.
VI Propositions :
Faire du 8 mars, une période d'intense explication sur l'ensemble de nos axes de
lutte (je ne fais qu'énumérer ici des thèmes que nous avons développés ailleurs,
sans ordre de priorité) :
- Oui à la laïcité et à l'égalité des sexes : ne pourrait-on pas faire une
petite brochure simple sur la question, sur le modèle de celle contre les
violences ?
- Oui à la liberté et à l'égalité en matière de sexualité : Faire un travail
d'explication concernant le voile (dans toutes les religions et
au-delà) visant à cacher le corps des femmes. En profiter pour expliquer
pourquoi nous sommes pour la mixité (ce qui n'exclut pas la possibilité pour les
filles et les femmes de se réunir à part quand elles le
souhaitent) et pour la liberté en matière de sexualité, ce qui est différent de
la marchandisation des corps et de la sexualité par le capitalisme. Toute
société fondée sur la répression sexuelle est une société hypocrite, à la source
des pires violences, notamment contre les femmes et les enfants.
- Contre les violences
- Pour le développement de logements sociaux dans toute la France et de services
publics, notamment dans les quartiers populaires.
- Pour le droit à l'emploi, contre la précarité et contre les discriminations
dont sont victimes les jeunes issus de l'immigration et notamment les jeunes
femmes.
- Pour le droit de vote à tous les résident-e-s étrangers et un statut
d'autonomie pour les femmes immigrées
Josette Trat
6 - Forum Social Mondial : les activités de la Marche Mondiale des Femmes
(MMF)
Chères amies, ceci est un rappel pour celles parmi vous de la Marche mondiale
des femmes qui seront à Mumbai pour le Forum Social Mondial que l'information
sur les activités de la MMF se trouvent dans le bulletin de liaison de décembre
2003 (qui est sur notre site web : www.ffq.qc.ca/marche2000 ). A midi, le 16
janvier, il y aura une rencontre des femmes de la Marche. Le point de rencontre
est le kiosque (stand) de la MMF sur le site du FSM. Le secrétariat
international et le comité international de la MMF seront hébergées au lieu
suivant : Methodist Centre/ Mumbai Central Behind Maratha Mandir – (Taxi
landmark), IInd
Floor, 21 YMCA Road, Mumbai – 400 008, Tel: 022 3093570 A bientôt, Nancy
Burrows --
LE FORUM SOCIAL MONDIAL : UN PROCESSUS À S'APPROPRIER
Du 16 au 21 janvier prochain aura lieu à Mumbai,en Inde, le 4e Forum social
mondial (FSM). Ce sera la première fois que le Forum se tient à l'extérieur de
Porto Alegre. Il s'agit là d'une façon concrète de démontrer que le processus du
FSM appartient à l'ensemble des mouvements sociaux et organisations questionnant
une mondialisation qui rétrécit notre monde, qui impose du prêt-à-penser et des
solutions uniques ayant des conséquences dramatiques. La Marche mondiale des
femmes a soutenu, lors du Conseil international du FSM en 2003, cette décision
de maintenir l'événement annuel dans un pays du Sud tout en changeant à
intervalle régulier le lieu du Forum social mondial. Cela permet aux diverses
communautés de pouvoir se mobiliser et démontrer leur opposition à la guerre, à
l'exclusion, aux inégalités, à l'hégémonie sous toutes ses formes. Pour le
mouvement des femmes, et plus particulièrement la Marche mondiale des femmes, le
FSM nous permet de faire connaître l'analyse féministe et de créer de nouvelles
alliances pour arriver aux transformations sociales que nous souhaitons.
Cependant, cela ne se fait pas sans difficultés. Il faut bien reconnaître qu'il
y a de la résistance de la part de certains groupes ou individus à partager
l'espace créé par le FSM sur la scène mondiale. Le féminisme, bien qu'ayant
imprégné la plupart des mouvements sociaux dans les dernières décennies, occupe
trop souvent encore une place secondaire lorsque vient le moment d'établir les
priorités d'actions. Le féminisme concerne les femmes, le socialisme concerne
tout le monde ! Les femmes, c'est du spécifique, les hommes, du général ! Les
luttes contre le néolibéralisme, l'impérialisme, le néocolonialisme, dans
certains cas, sont prioritaires. La lutte contre le patriarcat, ça va
s'améliorer quand on aura fait reculer les autres...
Pourtant, les femmes ne veulent plus, ne peuvent plus attendre. Notre défi est,
dès lors, de bien établir nos priorités et nos attentes vis-à-vis du Forum
social mondial comme processu,s de même qu'à l'intérieur du Réseau mondial des
mouvements sociaux qui s'est créé à partir du FSM et dont la Marche mondiale des
femmes est une des initiatrices. o Dans le cadre du prochain Forum en Inde, le
20 janvier de 10h00 à 13h00 plus précisément, un panel débattra l'avenir du
processus du Forum social mondial. Nous comptons bien y participer et nous vous
invitons à nous envoyer vos commentaires sur le processus du FSM dans votre pays
ou région du monde pour éclairer nos discussions. o Dans un autre ordre d'idées,
il nous faut aussi examiner nos liens avec les réseaux féministes engagés dans
le FSM. Il y aura, les 14 et 15 janvier à Mumbai, une rencontre de quelques
représentantes de réseaux féministes régionaux et internationaux. Ce sera
l'occasion d'examiner nos façons de travailler et de voir les convergences
possibles dans nos analyses et nos actions. Cinq femmes du Comité international
de la Marche nous représenterons. Elles y apporteront notre plan d'action pour
2005 et parleront de notre Charte mondiale des femmes pour l'humanité. o Nous
aurons aussi l'occasion de parler de nos actions de 2005 lors d'un panel
organisé conjointement par la MMF, ALAI-femmes (L'Agence Latino-américaine
d'Information), le Réseau des femmes transformant l'économie, (REMTE), les
femmes de Via Campesina/CLOC (Coordination Latino-américaine d'organisations
paysannes) et le groupe Dialogue Sud-Sud. Le panel a pour titre Diverses
alternatives pour un changement global. Il aura lieu le 18 janvier de 9h00 à
12h00. o En soirée le 18 janvier, l'activité principale traitera de questions
chères aux féministes : La guerre contre les femmes, les femmes contre la
guerre. La Marche Mondiale des Femmes en Inde organise quant à elle un atelier
portant le titre " Fondamentalisme religieux, le communalisme, le castisme, et
le racisme, l'agenda de la globalisation ? " qui aura vraisemblablement lieu le
18 janvier. o Le mouvement des femmes de l'Inde organise une grande conférence
sur les femmes où il y aura de multiples sujets abordés mais nous n'avons pas la
date précise. La Marche mondiale des femmes a été invitée à participer dans
différents ateliers ou panels dont un sur les femmes et la sécurité dans les
communes où il y aura l'économiste allemande Maria Mies. Nous pourrons y
présenter l'état de nos réflexions sur les alternatives macro économiques. Nous
avons reçu d'autres invitations de la part de Bread for the World pour être sur
un panel sur la violence envers les femmes et de Social Alert pour un panel sur
les femmes et l'économie informelle, mais nous n'avons pas de confirmation des
dates de ces activités. Nous comptons aussi organiser un atelier sur Féminisme
et action/activisme dans le campement jeunesse, pour faire suite à notre
activité du FSM 2003.
o Pour celles qui seront à Mumbai, nous vous rappelons de nous indiquer comment
nous pouvons vous rejoindre d'ici le FSM et durant car nous tentons aussi
d'organiser une rencontre des femmes de la Marche mondiale des femmes le 16
janvier et une autre rencontre pour faire une évaluation le 21 janvier. Nous
planifions, avec les femmes de l'Inde, diverses activités pour rendre visible la
Marche mondiale des femmes. Nous aurons, entre autres, un kiosque auquel vous
pourrez vous référer si vous voulez plus d'informations sur nos actions durant
le Forum social mondial édition 2004.
Comme les années précédentes, le Comité international de la Marche mondiale des
femmes profite aussi de l'occasion pour se rencontrer. Nous tiendrons donc notre
2e réunion depuis la rencontre internationale de New Delhi à Mumbai du 11 au 13
janvier. Nous aurons l'occasion de réviser la première ébauche de notre Charte
mondiale des femmes pour l'humanité avant qu'elle soit envoyée pour une première
consultation!! Nous y abordons les valeurs défendues par les féministes depuis
des années et des années : l'égalité, les libertés, les solidarités, la justice
et la paix. Cette Charte deviendra, entre autres, un outil privilégié
d'intervention pour nous dans le processus du Forum social mondial pour y
impulser notre appel à construire un autre monde à partir de ces valeurs.
7 - Un texte sur l'Afghanistan
Mobilisation dans le pays du burqa (International Herald Tribune, jeudi 18
decembre). Victoria Hobson & Constance Borde
Quelque fois la démocratie peut montrer son visage dans des lieux inattendus et
nous avons eu l'honneur de pouvoir le constater en Afghanistan début décembre.
Pendant trois journées intenses, plus de 2000 femmes de Kaboul et de 10
provinces d'Afghanistan se sont rencontrées au parc cinéma de Kaboul afin de
débattre du projet de constitution récemment dévoilé et d'y proposer des
changements garantissant mieux les droits des femmes dans une république
islamique. La résolution qui en a découlée a été officiellement présentée à la
commission de la constitution et la loya jirga doit en débattre actuellement.
L'enjeu pour les femmes est de taille. Des représentants du gouvernement, comme
le député de la cour suprême le président de l'association des professeurs de
l'université de Kaboul et la très réputée Massouda Jalal , candidate à la
prochaine élection présidentielle, ont participé à ces trois jours de
conférence. La présence de nombreux hommes et l'absence de burquas ont marqué
cette réunion. Très surprenant également l'absence de media internationaux. 25
femmes françaises et américaines, dont nous, sont venues apportées leur soutien
au travaux de ces femmes. Proposer des résolutions pour améliorer la
constitution lors de la loya jirga fait partie du processus politique en
Afghanistan. Les femmes de la conférence de Kaboul étaient conscientes de
l'mportance de ce qu'elles
faisaient: elles avaient étudié la constitution, et pendant les trois jours
elles ont relu les articles qui leur garantissaient leurs droits, sans pour
autant laisser d'ambiguïté sur ce que sont ces droits.
Pour donner quelques exemples des changements qu'elles souhaitaient : le
terme "citoyen " doit signifier hommes et femmes ; leurs droits doivent être les
mêmes (selon la loi islamique, dans certains cas deux femmes comptent pour la
voix d'un homme). Elles veulent avoir accès aux affaires judiciaires, en ayant
la garantie d'obtenir 1/3 des places à la cour suprême (selon l'Islam, une femme
ne peut être juge), et en pouvant siéger en nombre significatif dans les
assemblée locales. Elles demandent la liberté de choix pour le mariage et l'âge
minimum de 18 ans pour les filles (il y a encore quelques temps, les fille
pouvaient être données à l'age de la puberté). Un consensus sur ces propositions
a été trouvé après une discussion et un vote Grâce à leur courage, leur
intelligence et leur volonté de s'engager, cette conférence pourrait changer les
choses même si elles n'obtiennent pas tout. Elles sont en effet engagées dans un
processus politique dans un pays sans loi. Leur participation à ce processus
peut apporter un changement radical dans trois domaines significatifs.
Premièrement, ces femmes montrent par leur action qu'elles se considèrent
elles-mêmes citoyennes à part entière, bénéficiant des mêmes droits que les
hommes. Jalal, la femme candidate à la prochaine élection présidentielle,
observe que ce message peut transcender les différences ethniques et ainsi
atteindre une population plus importante. Deuxièmement, la force du mouvement
des femmes se retrouve dans les discours pour le moins surprenant de certains
des religieux les plus fondamentalistes. Peux-t-on leurs faire confiance ?
Peut-être oui, peut-être non,selon certaines dirigeantes du mouvement. Mais ce
nouveau discours n'est-il pas une certaine victoire ? Troisièmement, si ces
femmes réussissent à inclure leurs droits dans la constitution, n'est ce pas une
victoire pour l'islam modéré, un islam ou la femme et l'homme auraient les mêmes
droits, ce qui selon beaucoup de musulmans est la véritable interprétation du
coran.
Peut-être que dans le pays ou l’interprétation la plus rigide de l'islam a
prévalu depuis de nombreuses années, ce mouvement des femmes donnera l'élan pour
les reformes que certaines écoles islamistes désirent et aidera le monde
musulman à rentrer dans le XX1 siècle. Ce rassemblement a été le point d'orgue
de trois mois de rencontres et de séances de formation d'hommes et de femmes en
Afghanistan, sous la bannière " processus de paix, la constitution et la
déclaration des droits essentiel de la femme afghane ".ces conférences ont été
menées par l'association NEGAR,dirigé par Shoukria Haidar une infatigable
activiste de la cause des femmes, fondée en 1996 et dont le siège se trouve à
Paris. Cette conférence a également été le point d'orgue d'années d'efforts en
Afghanistan et dans le monde entier pour alerter sur l’atroce condition des
femmes afghanes sous le régime des talibans. Un mouvement de fond a commencé. Le
défi de ce mouvement et des organisations de femmes en général serait de garder
le cap; elles peuvent faire pression pour qu'il y ait le maximum de personnes
enregistrées pour pouvoir voter aux prochaines élections présidentielles en juin
2004 et en s'assurant qu'il y ait suffisamment de femmes candidates aux
élections pour le congrès . Plus important encore, les femmes qui ont pu
assister à cette conférence doivent avoir pour mission de parler de ce qui a été
dit pendant cette conférence dans tout le pays. Cette solidarité devrait leur
permettre de sortir de ce cauchemar. Aujourd’hui, ces femmes doivent être
entendues parce qu'elles représentent un véritable espoir pour que l'Afghanistan
devienne un pays libre, indépendant, respectant les droits des citoyens selon
une constitution démocratique. Cette exemple doit servir pour celles qui vivent
dans la peur de ne pas être entendues.
Traduit par Patricia Lalonde.
article publié par l'humanité
Afghanistan Nouvelle constitution : les femmes veulent des droits À l'heure où
la Loya Jirga travaille à une loi fondamentale des femmes se mobilisent pour
essayer d'influer sur des débats dont elles restent écartées.
Kaboul (Afghanistan),
correspondance particulière.
" Nos écoles ne sont que des salles vides, sans table ni chaise, sans le moindre
matériel, sans livre. Rien, juste des murs aux fenêtres sans vitre, des tapis où
s'assoient les enfants " : Faïza est institutrice à Kaboul. Réfugiée au Pakistan
sous les taliban, elle est revenue fin 2002. Entre six enfants à faire vivre
avec son unique salaire de 45 afghanis et un loyer de 150 afghanis dans une
capitale surinvestie par les ONG, elle a décidé de se lever et d'exiger " une
école obligatoire et gratuite ". Dans une salle de cinéma de Kaboul, le Ciné
Park, elle s'exprime devant quelque deux mille Afghanes réunies. Du 3 au 6
décembre, quelques jours avant l'ouverture de la Loya Jirga, assemblée
traditionnelle afghane ayant pour mission de voter la constitution, elles se
sont rassemblées sous l'égide de l'association Negar. Objectif affiché :
réclamer leurs droits. Aucune n'arbore la burqa même si, une fois la rencontre
terminée, elles sortiront de leur sac la prison de tissu imposée par les
taliban. Seules les Kaboulis osent aujourd'hui majoritairement se passer de ce
funeste vêtement. Ailleurs, dans les campagnes ou les villes de provinces, rien
n'a vraiment changé, la pression reste trop forte, comme le confesse Faouzia,
ingénieur de Kunduz, qui garde comme une relique d'une liberté passée, une photo
découpée la représentant adolescente en jean et en chemise.
" Ja dam " signifie " nous n'avons pas " en dari. Il sonne comme une litanie :
pas de crèche, pas de clinique, pas de centre pour enfants, pas de livres, pas
de matériel scolaire. Pas de travail, non plus. Habiba de Taloqan, Faouzia de
Kunduz, Sakhi de Bamiyan. Venues des villes du Nord ou originaires de Kaboul,
ces femmes réclament, exigent d'une constitution qui va se voter à deux pas de
là, qu'elles les prennent en compte. " Le gouvernement doit donner du travail
aux veuves et aux orphelins ", légions dans ce pays ravagé par vingt-trois
années de guerre. " L'État doit garantir la santé, créer des hôpitaux, nous
permettre de consulter des médecins hommes " dans cet Afghanistan où, toutes les
trente minutes, une femme meurt suite à une complication dans l'accouchement. "
Les mariages forcés doivent être abolis et l'âge légal de l'union fixé à
dix-huit ans " dans des districts où les filles sont venues pour manger ou pour
réparer une dette d'honneur.
Privées si longtemps de parole, elles s'emparent du micro dans une énergie
joyeuse, avec tant de choses à dire. Toutes ces femmes sont lettrées, exception
dans un pays où l'analphabétisme est la norme. Parmi les amendements proposés,
beaucoup visent à préciser la représentativité des femmes en politique : " Au
moins 30 % de personnes de sexe féminin dans les assemblées, qu'elles aient
accès aux postes de maire, de gouverneur ", synthétise Habiba, venue de Charikar.
Toutes espèrent peser sur les décisions de la Loya Jirga : " Ce peut être le
lieu du changement, car les femmes de ce pays n'ont jamais provoqué aucune
guerre mais ont toujours été les victimes du jeu politique ", développe Fatima
Ghilani, membre de la commission de rédaction de la constitution.
La partie paraît bien loin d'être gagnée avec un projet de constitution qui
proclame une République islamique d'Afghanistan. " C'est un texte incroyablement
religieux ", reconnaît Constance Borde, juriste américaine, militante de Negar,
qui note les dangereuses contradictions de l'esquisse de loi fondamentale : "
S'il inscrit une liberté de culte, c'est pour préciser ensuite que l'islam est
la seule religion et que les élus doivent s'engager à suivre sa loi. "
L'énergie et le courage déployés par ces femmes n'a d'égal que la volonté mise
en ouvre par les organisatrices. Exilées d'Afghanistan au temps de l'invasion
soviétique, entrées en militance à l'arrivée des taliban, elles orchestreront
des écoles clandestines pour permettre aux fillettes de recevoir un minimum
d'éducation. Après la chute des taliban, elles vont courir les routes de ce pays
cassé pour motiver les femmes, les éveiller à leurs droits. Pour le colloque,
elles sauront s'adjoindre Nasreen Gross, universitaire américaine, brillante,
ayant abandonné mari et situation depuis 2002 pour revenir construire son pays
d'origine.
D'autres participantes au colloque sont aussi venues de l'extérieur, d'Europe,
de France avec des tempéraments différents ayant en commun une profonde intimité
avec les femmes afghanes. Loin de leur famille, leur métier et leur vie, dans un
pays cassé et pour un salaire de misère, elles tentent de concilier les cultures
de l'exil et de la résistance, faisant le pari de combler le fossé creusé entre
des existences vécues sous l'occupation soviétique, la guerre civile ou
l'asphyxie taliban et des vies construites en Occident.
Depuis dimanche, la Loya Jirga se déroule dans l'école polytechnique de Kaboul.
Les Afghanes du colloque qui ne pourront y défendre, elles-mêmes, leur position,
espèrent cependant que leur voix aura été un peu entendue. Malgré les roquettes
que continuent de lancer les taliban sur une capitale meurtrie.
Angélique Schaller
8 - Introduction de la sharia dans le droit civil canadien
Les femmes musulmanes inquiètes de l'introduction de la sharia dans le droit
canadien (source : Amazigh-net)
Le Conseil Canadien des Femmes Musulmanes s'inquiète de l'introduction de la
sharia dans le droit civil canadien Selon le Toronto Star, le Conseil Canadien
des Femmes Musulmanes, association de défense des droits des femmes de cette
confession, s'inquiète de la création d'un Institut Islamique de la Justice
Civile, qui avec un statut de tribunal judiciaire sera habilité à juger
d'affaires relevant du droit civil opposant des musulmans.
Bien qu'existant de manière informelle depuis plusieurs années, dans l'Ontario,
une possibilité d'arbitrage se proposant de régler à l'amiable des litiges
principalement matrimoniaux en se référant à la loi islamique, ce qui pouvait
permettre d'éviter en ultime recours une saisie de la justice canadienne,
toujours longue et coûteuse, le Conseil Canadien des Femmes Musulmanes se dit "
gravement concernée " que soit constitué formellement un tribunal de cette
nature appliquant donc légalement la sharia.
Bien que se défendant de vouloirs ériger un système judiciaire parallèle qui
substituerait la sharia aux lois canadiennes, relativisant le rôle de ce qui ne
serait, selon ses partisans, qu'un service juridique d'arbitrage tout à fait
volontaire ne pouvant contredire le droit civil canadien qui protège les femmes,
le Conseil Canadien des Femmes Musulmanes par la voix de sa présidente, Alia
Hogben, s'interroge sur la possibilité même qu'auront dans la pratique les
femmes musulmanes pour refuser de soumettre " volontairement " à cet institut et
à sa loi. " Qui représentera les droits des femmes ? " questionne-t-elle., et
d'ajouter " la plupart des femmes musulmanes au Canada étant des religieuses
pratiquantes, beaucoup peuvent être contraintes de se soumettre à l'arbitrage
[des comités de l'Institut Islamique de la Justice Civile] en tant qu'élément de
leur foi islamique et identité " conclue-t-elle.
Et c'est bien aussi l'inquiétude de la presse anglophone qui se montre très
critique et réticente vis-à-vis de ce qui lui semble " plutôt préjudiciable "
aux droits des femmes musulmanes, à l'inverse d'une presse francophone qui
soutient, elle, le projet sans réserve préférant évoquer " une variété de choix,
mais aussi l'esprit réel de notre société multiculturelle " comme le dit Syed
Mumtaz Ali, avocat à la retraite chargé de l'organisation du nouvel institut.
Selon celui-ci d'ailleurs les arbitres seraient même mieux à la loi canadienne
qu'à la sharia, et de souligner que " les arbitres auraient l'avantage de
comprendre la langue du couple et son environnement culturel " comme si ces
couples s'imbriquaient dans la société canadienne sans jamais manifestement s'y
acculturer tant ils ne sembleraient relever que du seul fond culturel lié à leur
origine, fait remarquer ironiquement un de nos lecteurs canadiens.
Et si Syed Mumtaz Ali insiste sur la " liberté de choix " et le caractère "
volontaire " du recours aux comités juridiques de son institut, et de rappeler
que même pour ceux qui y recourent, ils pourront encore demander à l'arbitre,
qui peut aussi bien être un imam local qu'un avocat musulman, d'utiliser la
sharia ou la loi canadienne pour arranger leurs différents.
Arguments réfutés en force par le Conseil Canadien des Femmes Musulmanes,
n'ignorant pas les pressions qui pourraient être infligées aux femmes pour les
contraindre dans leur " choix ", ni que le recours se fera plus logiquement en
faveur de l'application de la sharia. Et la presse anglophone d'invoquer que
même si par principe selon la Loi de l'arbitrage déjà pratiquée dans l'Ontario,
les décisions d'un arbitre ne sont pas exécutoires comme une décision de justice
en bonne et due forme rendue par une cour, d'autant plus si elles ne s'accordent
pas des principes de l'égalité des droits, cela ouvre forcément des zones de non
droits et de vides juridiques pouvant à terme se révéler être un véritable piège
pour des femmes qui ne pourront pas disposer des moyens de recours pour faire
valoir leurs droits.
" La loi de la Sharia est vaste et complexe, et change dans son interprétation
d'un pays à l'autre. La loi musulmane n'est ni monolithique, ni simple ni
appliquée uniformément " précise la présidente du Conseil Canadien des Femmes
Musulmanes, Alia Hogben, qui se demande simplement " comment serait-elle
applicable ici au Canada et pourquoi y aurait-il besoin de l'appliquer ici quand
la loi de ce pays essaye d'être juste et équitable "
En rien comparable aux cours religieuses juives, dirigées par des rabbins mais
qui ne règlent que des litiges purement religieux et dans l'esprit des lois
canadiennes en cas de débordement dans la sphère publique, ou aux services de
justice mis en place pour et par les populations amérindiennes autochtones qui
régissent leur fonctionnement communautaire tribal sans être exemptées pour
autant du droit canadien en cas d'infraction à la loi, l'institut Islamique de
la Justice Civile, disposera précisément, lui, d'un statut de tribunal
judiciaire habilité à juger d'affaires relevant du droit civil, au-delà donc du
simple cadre religieux ou communautaire, ouvrant une faille dans le droit
canadien et le principe même d'égalité entre les citoyens canadiens selon leur
origine ou leur religion, et dont les femmes ne sont aujourd'hui que les
premières victimes, mais qui crée un précédent dangereux que dénonce à juste
titre une partie de la presse canadienne et sa voisine américaine.
9 - Bourse d'écriture Monique Witting
Bonjour,
Nous sommes en train d'amasser les derniers 6,000$ des 10,000$ requis comme
fonds nécessaires pour l'existence de La Bourse d'Écriture Monique Wittig. Cette
Bourse d'environ 500$, sera versée annuellement par l'Université de l'Arizona à
Tucson.
Votre support, ainsi que celui du plus grand nombre de personnes possible,
serait grandement apprécié. SVP faites circuler cette information.
En vous remerciant très sincèrement,
Sande Zeig et Louise Turcotte
" Plus le point de vue est particulier, plus l'entreprise d'universalisation
exige une attention soutenue aux éléments formels qui sont susceptibles d'être
ouverts à l'histoire tel que les thèmes, les sujets du récit en même temps que
la forme globale du travail. C'est finalement par l'entreprise
d'universalisation qu'une oeuvre littéraire peut se transformer en une machine
de guerre. "
" Le cheval de Troie "
La Pensée Straight de Monique Wittig
10 - Erratum sur le texte de Claudine Blasco n° 35 sur les femmes migrantes En
France les femmes représentent 46,9 % des immigrés et non 6,9%
11 - ouverture de la librairie Violette and Co
OUVERTURE DE LA LIBRAIRIE VIOLETTE AND CO
Paris, le 10 janvier 2004 - À diffuser.
Une bonne nouvelle pour une bonne année que nous vous souhaitons très heureuse !
La librairie Violette and Co ouvrira ses portes en février 2004 au 102 rue de
Charonne, à Paris dans le 11ème arrondissement. Violette and Co, une librairie
de 80 m2 consacrée aux textes et aux images qui mettent en valeur les femmes, et
les homosexualités sous toutes leurs formes. Romans, essais, biographies, beaux
livres, polars, BD, revues... sont rassemblés en un espace unique pour aller à
la rencontre des féminismes, des réalités lesbiennes et gaies et de leurs
imaginaires, des questions de genre. Un lieu chaleureux qui invite toutes celles
et tous ceux qui aiment les littératures hors des sentiers battus et qui
s'interrogent sur nos sociétés : des ouvrages attachants, rebelles, sensuels,
attirants..., des références essentielles, des nouveautés incontournables et,
pourquoi pas, des classiques de demain. Violette and Co, c'est aussi un rayon
jeunesse qui propose une sélection pleine d'humour et de réflexion, des CD et
des DVD choisis, des cadeaux à (s')offrir. Et parce que, si les livres se lisent
en solitaire, ils se vivent aussi à plusieurs, la mezzanine est dédiée à
l'accueil de débats, de rencontres littéraires, de lectures, ainsi que
d'expositions. Violette and Co, la librairie des filles et des garçons
manqués... et de leurs amie-s !
Date d'ouverture, exposition et premières animations seront annoncés fin
janvier. Contact : Catherine Florian ou Christine Lemoine tél. : 01 43 72 16 07
- mail : violette@violetteandco.com site (mis en ligne prochainement) :
www.violetteandco.com
12 - Festival de films de femmes
Le festival international de films de femmes se tiendra du 12 au 21 mars 2004
pour la 26ème édition autour du thème Asile/Exil. Maison des Arts, Place
Salvador Allende 94000 Créteil Tel 01 49 80 38 98
www.filmsdefemmes.com
Pour tout contact : Marche Mondiale des Femmes, 104 rue des Couronnes, 75020 Paris Tel : 01 44
62 12 33 Fax : 01 44 62 12 34