Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la
Pauvreté N°33
Reçu le 24 août 2003 par la rédaction
Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiqués concernant les droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles.
Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d'accord avec tout ce qui est écrit
(sauf pour les communiqués signés Marche mondiale des Femmes)
Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 1 33, Fax : 01 44 62 12 34
Sommaire:
1 - Bulletin de liaison de la Marche mondiale des Femmes - Les femmes face
à l'OMC
2 - Sauver Amina Lawa de la lapidation
3 - Femmes et retraites - Une pétition proposée par l'intersyndicale
Femmes de Toulouse
4 - Laïcité, religions, port du foulard, suite 3 textes
5 - Appel pour l'Afghanistan
1 - Bulletin de liaison de la Marche mondiale des Femmes - Les femmes face à
l'OMC
MARCHE MONDIALE DES FEMMES
Vol. 6, No. 3 aout 2003
OMC - Un appel à la mobilisation
"La réduction de l inégalité entre les sexes n est pas seulement un objectif
en soi, elle constitue également un important facteur de dÉveloppement durable.
"
Plate-forme d action, IV Conférence mondiale sur les femmes, 1995. Les femmes du
monde s organisent en vue de la prochaine réunion ministérielle de l
Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui aura lieu a Cancun, au Mexique, du
10 au 14 septembre. Elles viendront a Cancun avec des propositions
sexospécifiques qu elles présenteront dans le cadre des activités du Forum des
peuples pour une alternative a l OMC, et lors d actions et de mobilisations dans
leurs propres pays.
L OMC, fondée en 1995 dans le but de réglementer le commerce international,
fonctionne de manière antidémocratique et elle est devenue une arme dirigée
contre le développement durable et les pays pauvres. Dans des mini-réunions a ´huis-clos
ª, un petit groupe de pays riches décide, avant chaque grande réunion, des lois
et des règles pour protéger leurs intérets qu ils imposent après aux pays en
voie de développement, très souvent avec la complaisance des dirigeants de ces
pays. Tout cela se déroule sans qu il y ait le moindre lieu ou la société civile
puisse influencer les décisions, meme lorsque celles-ci portent sur des enjeux
cruciaux pour le présent et le futur de l humanitÉ
Dans le récent appel lancé par l Assemblée continentale et mondiale contre la
ZLA (Zone de Libre échange des Amériques) pour faire échec a la Ve Réunion
ministérielle de l OMCª, on souligne le fait que les pays du continent se
trouvent aujourd hui dans un contexte de guerre économique prolongée et ce, dans
un moment ou domine la tendance vers un controle unipolaire du monde. Le
tout-au-marché mène a l accumulation privée de la richesse sans que les besoins
des peuples soient satisfaits, ce qui conduit a une dÉshumanisation des
relations économiques.
De telles mesures antidémocratiques et discriminatoires nous touchent, nous les
femmes, de manirèe différente car elles viennent aggraver les conditions d
inégalité et d injustice millénaires auxquelles nous sommes assujetties dans les
sociétés patriarcales. Nous sommes forcées d entrer dans le marché du travail
dans des conditions chaque fois plus défavorables. Notre charge de travail non
rémunéré ne fait qu augmenter puisque nous devons assumer des taches auparavant
prises en charge par le gouvernement, ne serait-ce qu en matire d éducation et
de soins de santé des enfants, des personnes ages et des malades. La pauvreté
générale augmente et nous continuons a occuper la première place dans les
statistiques sous la rubrique pauvret dans le monde (70%). La violence envers
nous ne fait que croître, produit tant de la baisse de nos conditions
économiques comme de la marchandisation de notre corps.
Devant d aussi sombres perspectives, les femmes faisons preuve d une volonté
croissante d unir nos forces a l échelle mondiale pour dire non a un modèle qui
nie nos droits et pour mondialiser nos espoirs et nos luttes. Une des plus
importantes contributions de la Marche mondiale des femmes est peut-être le fait
d avoir su bâtir de nouveaux lieux d échange entre femmes du monde entier.
Ce lieu de rencontre mondial nous motive dans notre quete de nouvelles avenues
et avive notre imagination. A l occasion de Cancun 2003, nous tiendrons un Forum
international sur LES DROITS DES FEMMES ET LES ACCORDS DE COMMERCE, les 8 et 9
septembre, avec des conférencières de tous les continents, ou nous allons
échanger sur nos expériences, nos luttes et nos mobilisations contre les
injustes lois du commerce international pour finalement arriver a une position
commune face à l'OMC.
De plus, l augmentation de la pauvreté tant un facteur qui contribue a une plus
grande violence envers les femmes, nous allons présenter a Cancun, dans le cadre
des activités du Forum des Peuples, et a l occasion de la Journée internationale
de deuil pour les victimes des guerres économiques, militaires et des sexes, le
11 septembre, une pièce de theatre pour dénoncer les assassinats des femmes de
Ciudad Juarez, au Mexique. Cette pièce se veut un symbole de notre opposition a
cette forme de violence dans le monde entier. Dans d autres activités
culturelles des femmes, il y aura la participation d un groupe de rockeuses et
une chanteuse. Dans le cadre du Forum international des femmes et lors d autres
activités, Sera également présente une exposition de photos montage par traceur
graphique
(plotter) qui illustrera la situation des femmes, leurs luttes et leurs
victoires.
Ce ne sont pas toutes les femmes du monde qui pourront se rendre a Cancun,
toutefois TOUTES peuvent participer aux activités et aux mobilisations qui
auront lieu dans nos pays. Organisées par le mouvement des femmes et les
mouvements sociaux en général, ces mobilisations ont pour but de ´faire échec a
l OMCª, de batir nos propres alternatives et d exiger a nos gouvernements et aux
dirigeants du monde entier de mettre fin aux agressions économiques, militaires
et envers les femmes. Les actions que les femmes réaliseront, partout dans le
monde, donneront plus de force et de validité aux voix qu élèveront leurs
consoeurs présentes a Cancun.
Ensemble, nous réussirons a changer les règles du jeu et nous construirons un
monde plus juste et équitable, dans lequel les peuples ne seront pas au service
du marché, celui-ci sera un moyen d améliorer notre sort, dans la pleine
reconnaissance de nos droits économiques, sociaux, politiques, culturels,
sexuels et de procréation.
Finalement, nous voulons vous rappeler qu en plus des mobilisations du 11
septembre, Journée internationale de deuil pour les victimes des guerres
économiques, militaires et de genre, prévues dans tous les pays, le 13
septembre, en commun accord avec tous les réseaux sociaux internationaux se
dérouleront, a Cancun comme ailleurs dans le monde, des actions et une
mobilisation mondiale pour faire échec a l OMC.
LES PAYSANNES SONT DES PROTAGONISTES DE LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES Le 26 aout
prochain, les brésiliennes organisent au Brésil la Marcha des Margaridas ou
elles espèrent réunir a Brasilia, capitale du pays, 50 000 femmes. Elles
revendiquent l accés a la terre et a l eau, un salaire minimum décent, la santé
et que cesse la violence envers les femmes. L'ensemble des mouvements sociaux
appuient la Marcha das Margaridas : ce sera un moment important pour rappeler au
gouvernement démocratique et populaire du président Lula que le peuple veut des
changements et que les personnes qui ont faim ne peuvent attendre. Des
représentantes des mouvements des femmes paysannes de divers pays d Amérique
Latine sont également attendues a l évènement.
- Julia Di Giovanni, Marche mondiale des femmes Brérsil -
2 - Sauvons Amina Lawal de la lapidation
Amina LAWAL a été condamné à mort par lapidation au Nigéria au terme de
l'application de la Charia qui sévit dans 11 Etats sur 36, pour avoir conçu un
enfant hors mariage. Un nouveau procs se déroulera vendredi 29 août 2003. Afin
d'empêcher qu'au terme des procédures en cours Amina LAWAL ne soit victime d'un
meurtre " légal ", le Parti communiste français vous appelle à un rassemblement
mardi 26 août, à 18 heures devant l'ambassade du Nigéria , 173, rue Victor Hugo
75016 Paris. Il vous invite à signer et à faire signer la pÉtition ci-jointe.
Grâce pour Amina LAWAL
De nouveau, au Nigéria,, une condamnation à mort par lapidation a été prononcée
à l'encontre de Amina LAWAL. De nouveau cette femme risque d'être victime d'un
système obscurantiste et sexiste qui, s'il n'y Était pas fait obstacle,
s'appliquerait à de nombreuses autres femmes à l'avenir.
Amina est condamnée en vertu de la " Charia " qui sévit encore dans 11 Etats sur
36 que compte le Nigéria, à être tuée à coups de pierres parce qu'elle a conçu
un enfant hors mariage. Cette loi sexiste inhumaine est insupportable où que ce
soit dans le monde. Le Nigéria est un Etat fédéral qui a déclaré l'an passé " la
loi coranique " contraire à la constitution du pays. Il faut que ce progrès
s'applique dans tout le pays.
Il y a plusieurs mois, nous avons réagi en faveur de Safiya HUSSEINI, de la même
façon la situation d'Amina nous est insupportable et nous nous opposons à la
sentence prononcée à son Égard.
Nous nous adressons auprès du Gouvernement nigérian afin qu'il agisse pour la
grâce d'Amina dans le respect des droits humains.
Nom PrÉnom Adresse
Signature
3 - Femmes et retraites - Une pétition proposée par l'intersyndicale Femmes
de Toulouse
NON AU PROJET FILLON
NON AU SEXISME DES RETRAITES !
Non à l' allongement, non à la décote
Les mesures gouvernementales de réforme des retraites touchent majoritairement
les femmes, et de manière plus grave. 39 % d'entre elles seulement parviennent à
valider une carrière complète à 37,5 annuités. Si l'allongement de la durée de
cotisation (passage à 40 ans, puis à 42 ans pour le public comme pour le privé)
et le système de décote pour les carrières " incomplètes " pénalisent l'ensemble
des salariés, les femmes, soit prés d'un actif sur deux, le seront encore
davantage.
Repenser le système
Nos régimes ont été construits sur un même modèle : celui de l'homme travaillant
à temps plein et sans interruption de carrière dans un rôle de soutien de
famille, la femme, avant tout épouse et mère, bénéficiant de droits dérivés
dépendant du mari. Nos politiques familiales, conservatrices et natalistes, s'y
référent aussi, ne prenant en compte ni l'évolution du rôle social des femmes,
ni les modifications et les diversitÉs de la famille aujourd'hui.
Un autre choix de société
Nous voulons une autre réforme des retraites, qui au lieu de creuser les
inégalités sexistes, se réfère au droit fondamental à l'égalité et favorise la
pleine participation des femmes au marché du travail, comme facteur de
croissance. Cette logique d'égalité implique de généraliser les droits propres,
individuels, en remplacement des droits dérivés, sans exclure, pour une période
transitoire, des mesures compensatoires. Elle implique une politique
volontariste et cohérente dans tous les domaines : emploi, social, familial.
Nos revendications
- L'égalité des salaires, des rémunérations et des carrières ;
- L'amélioration des conditions de travail pour tous afin de favoriser la
conciliation de la vie personnelle et de la vie professionnelle ;
- Une assimilation du temps partiel imposé à du chômage partiel ;
- Une majoration du taux de cotisation des employeurs qui ont recours au temps
partiel imposé ;
- La validation d'un certain nombre d'années n'ayant pas donné lieu à
cotisations : périodes d'études, de précarité, de temps partiel imposé, de
chômage, de congé parental ;
- Le développement d'un service public de garde d'enfants, et à la dépendance
des personnes âgées ;
- Pour une autre répartition des richesses, qui garantisse la retraite par
répartition et permette à toutes et tous, d'accéder à une retraite décente.
L'intersyndicale femmes de Toulouse ( CGT, FSU, Sud Solidaires )
Nom Prénom Adresse Signature
Renvoyer a : FSU 31 - 3 chemin du pigeonnier de la Cépière - 31043 TOULOUSE
Cedex - fax 05 61 43 60 69
4 - Laïcité, religions, port du foulard, suite 3 textes
I - "Le foulard islamique est un voile sur la vie"
Le port du voile est l'exigence d'une minorité qui cherche à couper les
musulmans des sociétés où ils vivent, écrit le grand poète arabe Adonis. Il
n'existe [dans le Coran ou les hadith] aucun passage univoque qui impose le
voile à la femme musulmane, comme le voudraient les fondamentalistes. Il s'agit
tout au mieux de lectures du texte. Est-il donc acceptable, sur le plan de la
religion, que des interprétations aient force de dogme et de loi ? Le voile
reste un point de discorde. De quel droit, ou de quelle autorité, certains
imposeraient-ils leur interprétation à tous, et iraient-ils même jusqu'à
utiliser la violence contre les femmes et contre tous ceux qui ont un avis
divergent du leur ? Contre la société tout entière ?
Si l'affaire du voile est une longue histoire dans les sociétés musulmanes, qui
sont en général des sociétés traditionnelles et par là même éprouvent des
complexes facilement explicables, la position des fondamentalistes musulmans
dans les sociétés occidentales suscite des crises qui nuisent fortement, à titre
individuel, aux musulmans qui y vivent. Et qui nuisent aussi à l'islam lui-même
en tant que vision de l'homme et du monde.
Le premier principe que devraient respecter les musulmans émigrés,
particulièrement ceux qui ont obtenu la nationalité du pays dans lequel ils
vivent, est d'établir une nette distinction entre ce qui est du domaine du
public et ce qui relève du privé. Les musulmans qui insistent sur le port du
voile doivent savoir que leur insistance même signifie qu'ils ne respectent pas
les sentiments des gens avec lesquels ils vivent dans une même patrie, qu'ils
n'adhèrent pas à leurs valeurs, qu'ils attentent à ce qui fait la base même de
leur vie en société, qu'ils se moquent des lois pour lesquelles ces gens ont
longtemps lutté, et qu'ils refusent les principes de la démocratie républicaine
dans les pays qui les ont accueillis et leur offrent travail et liberté.
L'islam ne doit s'afficher qu'à la mosquée
Certains prétendent que la femme musulmane en Occident choisit le voile, et
qu'elle est seule à décider de le porter, en toute liberté. C'est là un argument
qui demanderait à être longuement discuté. Mais, lorsqu'on voit à Paris, par
exemple, des petites filles voilées qui n'ont parfois pas plus de 4 ans, peut-on
vraiment prétendre qu'elles portent le voile par leur seule volonté ? Plus
profondément, pourquoi les musulmans fondamentalistes émigrés en Occident ne
voient-ils dans l'ouverture de leurs pays d'accueil qu'un moyen d'annoncer à
tous leur enfermement et leur isolement, leur émigration à l'intérieur même de
l'immigration ? Ils ne sont pourtant présents dans ces pays que grâce à leur
ouverture. C'est pour cela que, lorsqu'ils expriment leur croyance, par le port
du voile ou de la barbe, ils attentent en premier lieu à l'islam en le réduisant
à de superficielles questions de forme. Ils l'exposent à la face du monde comme
un slogan en en faisant un simple rite formel.
Ceux qui appellent à l'imposition du voile ne représentent qu'une minorité parmi
les musulmans en Occident, et même dans le monde arabe. Si le voile était
rÉellement l'objet d'un choix démocratique, il tomberait totalement. Mais, au
lieu de respecter la démocratie et ses principes, cette minorité agissante tente
d'en nier les principes et d'imposer ses convictions par la force. Je ne vois
pas comment une telle position pourrait être défendable, comment elle pourrait
servir l'islam, ou comment elle pourrait en être une expression légitime.
Quiconque étudie attentivement cette position fondamentaliste ne peut regarder
ses partisans comme des hommes de religion, ou de simples êtres pieux. Ce sont
des hommes politiques, engagés dans un combat politique. Musulmans et
Occidentaux doivent traiter avec eux sur cette base : ils ne représentent pas la
religion, mais un simple parti.
La mosquée est le seul endroit où le musulman a légitimité à se singulariser.
C'est là qu'il exprime son "identité" religieuse en Occident (et cela devrait
aussi être le cas dans le monde arabe). Toute pratique sociale ou publique à
l'extérieur de la mosquée est une atteinte aux valeurs de la communauté.
L'institution appartient à tous les citoyens : l'école et l'université, en
particulier, sont des lieux de savoir commun. Des lieux ouverts à tous. Des
lieux d'où doivent disparaître les signes extérieurs d'appartenance
confessionnelle, les signes "distinctifs", quels qu'ils soient. Et nous ajoutons
à ce que nous appelons "l'institution" la rue, les cafés, les lieux de
rencontre, les cinémas, les salles de conférence, etc. L'apparition de signes
confessionnels distinctifs en ces lieux est une violation de leur sens et de
leur mission mêmes. Une atteinte à l'appartenance à la communauté. C'est en fait
le symbole d'un désir séparatiste. Il signifie : nous refusons l'intégration.
Une insulte à l'histoire et à la culture
Cette insistance à paraître différent a aussi un aspect théâtral et
exhibitionniste, qui ne s'accorde pas avec le concept de religion. A la base de
l'expérience religieuse, il y a une dimension intime, presque secrète, toute de
simplicité, de pudeur, de silence et de retour à soi, très éloignée de ce culte
des apparences. Lorsque certains califes abbassides ont ordonné aux
non-musulmans de porter des signes distinctifs, cela provoqua un vif
mécontentement. C était un signe de crispation et de recul. Et c'est la marche
de la société qui annula bientôt ces mesures. Il est étrange et incompréhensible
que certains musulmans en Occident insistent pour revêtir de tels signes
distinctifs. Il y a dans cette insistance une insulte à leur histoire, une
condamnation de leur culture et de leur présence dans le monde. A méditer le cas
du voile, on s'aperçoit qu'il n'est pas une simple infraction à la loi et à la
culture de l'autre, mais avant tout une insulte à soi-même. C'est un autre
rapport à la vie, cette fois-ci dans les bras de la mort.
Pour conclure, je dirai que les interprétations religieuses qui imposent le port
du voile à la femme musulmane dans un pays laïque distinguant le religieux du
politique et affirmant l'égalité des droits et des devoirs entre les femmes et
les hommes révèlent une mentalité qui ne se contente pas de voiler les femmes,
mais désire profondément voiler l'Homme, la société, la vie dans son ensemble.
Et voiler la raison.
Adonis*
* Ali Ahmad Esber alias Adonis est un des plus grands potes arabes
contemporains. Né en Syrie en 1930, aujourd'hui citoyen libanais. Plusieurs de
ces textes ont été traduits en français, dont "Les chants de Mihyar le Damascne"(Gallimard,collection
Poésie,2002) et son essai sur la culture arabe "La prire et l'ÉpÉe "(Mercure de
France,1993).
II - Touche pas à mon voile (!)
Nous avions, de manèièe humoristique, signalé, en Belgique, l'existence d'un
collectif "Touche pas à mon foulard" et ironisé quant à la participation à ce
collectif et à ses manifestations de militants belges de gauche et d'extrême
gauche. Nous nous étions même amusés à faire un petit délire de vacances, et à
transposer cela sur la situation française.
Pourtant, nous parviennent des informations de Belgique qui indiquent que ce
collectif, "Touche pas à mon foulard, a décidé de passer à une nouvelle étape.
Dans un texte, il s'indigne du fait que dans les écoles de communautés
françaises ou dans les communes bruxelloises, les jeunes filles doivent retirer
leur voile pour y être admises. Multipliant les amalgames et les contre-vérités,
ce collectif islamiste réclame ni plus ni moins une loi pour empêcher les
directeurs d'école de refuser les jeunes filles voilées en classe ! On ne peut
que se poser la question : oseront-ils faire cela en France ? Ou bien la poser
autrement : qu'est-ce qui pourrait les empêcher de faire la même démarche en
France ? Les forces ? Ils les ont ! Les appuis et les relais ? Ils pourraient
les avoir, leurs soutiens ne manquent pas dans les médias et dans les
organisations et partis de gauche ! On imagine d'ici les articles de Ternisien
dans "Le Monde", les Éditos de TélÉérama, les appels à une laïcité ouverte de
certains syndicats enseignants, de la Ligue des Droits de l'Homme (où un débat
éclate au grand jour sur la question), de la Ligue de l'Enseignement, des
sociologues communautaristes, d'une certaine extrême gauche bien vue dans les
médias, des Verts, sans oublier toutes les autres religions, ravies de
l'aubaine. Les forces ne manqueraient pas. Mais il faudrait assumer au grand
jour, publiquement, une telle position. Et là, finis les arguments style "c'est
pour sauver ces jeunes filles", "le dialogue contre la loi", qui masquent la
capitulation laïque de ces organisations, et leur complaisance face aux
intégristes islamiques. Là, il faudrait assumer au grand jour, publiquement, les
conséquences concrètes des discours tenus depuis des années. Il faudrait dire
clairement : " On est d'accord pour que le voile islamique à l'école publique
soit légalisé, pour le bien des jeunes filles, pour leur intégration, contre le
racisme islamophoble" Un tel discours, que certains dirigeants pourraient tenir,
provoqueraient une forte indignation, au sein de ces organisations et partis.
Gageons que le prix à payer en serait si lourd, le discrédit si énorme,
l'inévitable crise qui en découlerait si catastrophique, que l'on peut espérer,
à moins d'être ouvertement suicidaires, que peu se mouilleraient à soutenir un
pareil appel en France, pays de la laïcité. Raison de plus pour continuer à
mener ce débat partout, afin de ramener à des positions laïques des
organisations qui n'auraient jamais dû s'en Éloigner. Pierre Caspi
III - Sous couvert de respect de la différence, on bafoue les lois de la
République
La municipalité de Marcq-en-Baroeul a décidé de
réserver, dans sa piscine, un créneau horaire aux femmes, à la demande d'une
association musulmane. Les baies vitrées sont obturées avec des bâches, et les
maîtres-nageurs sont des femmes. Mais dans quel pays se trouve la ville de
Marcq-en-Baroeul ? En France, payslaïque où l'égalité est inscrite au fronton
des édifices publics, où on a légiféré pour imposer la parité hommes-femmes, où
la mixité est de mise dans les écoles depuis des décennies ? Ou bien dans un
pays dans lequel la discrimination sexuelle est institutionnalisée, où la femme
doit se cacher du regard des hommes, où, à l'occasion des mariages, les hommes
et les femmes sont séparés par des couvertures, où les plages sont interdites
aux femmes, où la femme ne doit pas tenter l'homme en offrant à ses regards
concupiscents ses cheveux ou la moindre parcelle de peau, faute de quoi l'homme
en question est fondé à la considérer comme une pute et à la traiter comme telle
? Sommes-nous bien dans le pays où, il y a quelques mois, une jeune fille a été
brûlée vive par un héros du "quartier" qui la trouvait trop libre à son goût ?
Dans le pays où la soeur de cette jeune fille vient d'organiser une marche de
filles qui ne veulent être "Ni putes, ni soumises" ? La piscine municipale de
Marcq-en-Baroeul est-elle une piscine ou un hammam ? Après la piscine, est-ce
que ce seront les séances de cinéma qui seront réservées aux femmes ? Sous
couvert de respect de la liberté, de la différence, etc. on ouvre une breche de
plus à l'intolérance et au fanatisme. "Des femmes vont pouvoir aller à la
piscine, et n'y auraient pas accès sans cela" nous dit-on. C'est peut-être vrai
pour certaines, qui sont soit pudibondes, soit soumises à la dictature d'un
mari, d'un père ou d'un frère. Mais à présent, ces derniers vont pouvoir
interdire aux femmes et aux filles d'aller à la piscine en dehors de l'horaire
réservé aux femmes, ou elles seront bien protégées du regard des hommes (au
fait, qui sont-ils, ces refoulés qui bavent à la vue d'une femme en maillot de
bain ?). Ils vont aussi pouvoir interdire aux filles d'aller à la piscine avec
l'école. Celles qui ne voudront pas se plier à cette obligation seront
considérÉes comme des putes et, encore une fois, traitÉes comme telles. Monsieur
le maire de Marcq-en-Baroeul se présente comme un gestionnaire de sa ville. Je
dirais qu'il est plutôt un fossoyeur de la République. On voit là un des
nombreux aspects pervers de la décentralisation. Il y a décidément des décisions
qui sont bien trop graves et trop importantes pour être laissées aux élus
locaux. Daniel Carduran,
IV - Le voile à l'école
Le voile à l'école est le premier élément d'une stratégie qui consiste à
imposer par une forme de chantage d'abord sur l'école, ensuite ce sera sur
toutes les institutions françaises le "respect" des principes islamistes. Je ne
dis pas musulmans. Lorsque l'école refuse les "porteuses de voiles", celles-ci
sont immédiatement présentées comme les victimes de la laïcité française, tant
par les organisations islamistes radicales que par certains journalistes qui
indirectement les soutiennent. L'introduction soudaine du voile à l'école et sa
multiplication - même si ces jeunes filles ne sont pas majoritaires - n'est pas
le produit de la "re islamisation" des personnes de culture musulmane mais la
réaction de personnes qui se sont laissé prendre à l'idéologie de l'islamisme
radical dont les prêcheurs ont efficacement encadré ces populations. L'objectif,
en utilisant l'école comme premier lieu de test, est de paralyser toute réaction
à cette idéologie ("on ne peut exclure de l'école des jeunes filles à cause d'un
morceau de chiffon" ou encore "elles sont à un âge où la recherche de leur
identité est importante", ou encore "elles sont, les pauvres, contraintes par
leurs familles"; ou encore chez certaines "féministes" : "ce sont encore les
filles qui vont être pénalisées", etc) . Cela permet de jouer à fond sur la
victimisation, d'abord de ces jeunes filles ensuite de l'ensemble des Français
ou des étrangers de culture musulmane, (sans d'ailleurs que nous cherchions à
savoir ce que ces derniers en pensent, car ils s'expriment peu) et de prouver
ainsi que la société française serait toute entire islamophobe ou arabophobe ...
Toute réaction un peu ferme à de tels arguments ou à d'autres liés au
développement de l'antisémitisme actif et verbal dans certaines écoles au nom
d'un soutien inconditionnel aux Palestiniens, est tout de suite interprétée de
la même façon. On assiste ainsi à l'élaboration d'une nouvelle forme de
terrorisme de la pensée que beaucoup de nos "intellectuels" ne veulent pas
reconnaître. Il est donc urgent d'agir et de légiférer. Le communautarisme n'est
déjà pas en soi une façon de s'émanciper, bien au contraire, mais un
communautarisme conçu de l'extérieur dans le but de créer une rupture entre les
citoyens d'une même nation sous le prétexte que les autochtones seraient dévoyés
(comme l'ensemble du monde occidental) et qu'il faudrait en protéger notamment
les femmes d'origine allogne représente un danger réel pour l'ensemble des
populations vivant en France. Nulle part dans le monde, l'islamisme radical
lorsqu'il a pris le pouvoir n'a fait ses preuves en matière du "droit à la
différence" (base de tout cet imbroglio en France), du respect des femmes en
tant que personnes autonomes, du respect des croyances ou des convictions
politiques des individus, ni même en matière de développement économique ou
social. Partout, c'est la répression violente de toute personne qui ne se
conforme pas au dogme imposé par cette idéologie mortifère. Chez nous, lorsque
nous estimons que le respect dû à une religion (et à ses adeptes) ne signifie
pas qu'elle régisse les personnes dans la sphère publique, nous sommes traités
de laïcards attardés ou, s'il s'agit de femmes, de féministes ringardes. On
oublie alors la signification politique d'une telle idéologie. Ce qui est grave.
Juliette Minces
5 - Appel pour l'Afghanistan
Negar annonce deux dates importantes :
* le 19 juillet : présentation devant la commission constitutionnelle des
signatures de la Déclaration des Droits Fondamentaux de la Femme Afghane, à
Kaboul. Negar va remettre la Declaration à la commission afin que ces droits
soient inclus dans la nouvelle Constitution.
* le 30 septembre : dernire grande confÉrence Negar/Femmes en Marche pour
l'Afghanistan avant le Loya Jirga.
VENEZ NOMBREUX A KABOUL POUR UNE OU DEUX DE CES DATES !
Contacts (in France) : Anne Pouget: (333) 84 91 75 69 or Patricia Lalonde
(336) 08 72 01 18 or (in USA)
cborde@compuserve.com
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jours, pendant les mois de juillet et août sur Alitalia
Pour tout contact : Marche Mondiale des Femmes, 104 rue des Couronnes, 75020 Paris Tel : 01 44
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