Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté N°30
Reçu le 21 mai 2003 par la rédaction
Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiqués concernant les droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles.
Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d'accord avec tout ce qui est écrit
(sauf pour les communiqués signés Marche mondiale des Femmes)
Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 1 33, Fax : 01 44 62 12 34
Sommaire:
1 - Assemblée Européenne pour les droits des femmes - 12 novembre 2003 -
FSE St Denis
2 - Retraites : communiqué du CNDF n° 2
3 - Amina Lawal : précisions
4 - 3 textes sur Laïcité, fait religieux, port du voile.
5 - Genre et AGCS au Forum social
6 - Asile et immigration : deux projets de lois dangereux, pour les femmes
aussi
7 - Le 1er juin au champ de Mars contre le sida
1 - Assemblée Européenne pour les droits des femmes
12 novembre 2003 - FSE St Denis
PROCHAINE RÉUNION DU COLLECTIF DE PRÉPARATION DE L'ASSEMBLÉE EUROPEENNE POUR
LES DROITS DES FEMMES
(Compte-rendu du collectif du 20 mai à suivre)
MARDI 10 JUIN 18H00 BOURSE DU TRAVAIL RUE DU CHATEAU D EAU METRO REPUBLIQUE
GROUPES DE TRAVAIL JUSQU A 19h30 PLENIERE À 19h30
RÉUNION SUIVANTE MARDI 1ER JUILLET (à confirmer)
2 - Retraites : communiqué du CNDF n° 2 18/05/03)
LES FEMMES DANS LA LUTTE UNITAIRE POUR LA DEFENSE DES RETRAITES
Le CNDF dénonce les orientations gouvernementales à propos des retraites
telles qu'elles figurent dans le projet de loi présenté par M. Fillon.
L'allongement généralisé de la durée de cotisation, l’instauration pour toutes
et tous d'une décote, le maintien et l'élargissement de l'indexation des
retraites sur les prix sont autant de propositions générales qui visent au
premier chef les femmes. En 2001, 39 % des femmes ont fait valider une carrière
complète contre 85 % des hommes. L'écart global entre les salaires des femmes et
des hommes, à emploi similaire, est encore de 26 % et se creuse au cours de la
carrière selon les types d'emplois et selon les régions. Le temps partiel
féminin, du temps d'embauche au déroulement de la carrière était, de 17 % en
2001 ; il est en augmentation régulière depuis 1990 et l'allocation parentale
d'éducation (APE) a contribué à diminuer encore les périodes d'activité. Les
femmes sont 2,5 fois plus nombreuses à percevoir le SMIC. Et si leur taux
d'activité entre 25 et 50 ans est à l'heure actuelle de 80 %, si les
interruptions sont plus courtes qu'autrefois, les femmes n’en restent pas moins
en majorité dans des emplois peu qualifiés, peu reconnus socialement, avec des
horaires éclatés et une précarité qui dure. Le montant moyen de la retraite
perçue par les femmes était de 848 euros par mois en 2001, soit 42 % du montant
de celle des hommes. Toute durée de cotisation supplémentaire, toute
pénalisation pour trimestre manquant réduira encore de 20 à 40 % une retraite
déjà bien mince pour beaucoup. De plus, une première application prévue en
matière de retraite pour les anciennes fonctionnaires lie la maternité à
l'exercice professionnel dans le cadre des avantages familiaux. La maternité ne
donne plus de droits spécifiques et les femmes ne pourront bénéficier d’un droit
que si elles interrompent partiellement ou complètement leur carrière.
L'objectif est de réduire le niveau de retraite, en particulier celui des
femmes, dont l'espérance de vie doit poser problème à certains Conscient de
l'ensemble des dégradations apportées, des risques de fragilisation de la
retraite par répartition, attaché à la solidarité entre générations, le
Collectif rappelle ses revendications concernant la retraite à 60 ans à taux
plein avec 37,5 annuités de cotisations, la prise en compte de la pénibilité et
de l'âge précoce d'entrée dans le métier pour l'accès avancé à la retraite, des
droits nouveaux pour tenir compte de la précarité, de l'allongement des temps de
formation mais aussi des droits des immigré-es à une retraite identique à celle
des nationaux, du maintien et de l'élargissement des avantages familiaux et de
la pension de reversion. Tout cela dans le cadre d’une politique générale à
revoir en matière d'emploi et d'égalité de salaires. Le Collectif continuera à
s'associer à toutes les initiatives qui seront prises pour s'opposer au projet
de messieurs Fillon et Delevoye, et à défendre un financement qui suppose un
partage des richesses entre la rémunération du travail et celle du capital.
Toutes et tous à la manifestation nationale à Paris le 25 mai 2003 . Paris, le
18 mai 2003
3 - Amina Lawal : précisions
Précisions d'Amnesty sur la fausse pétition pour AMINA
Chers amis/es
Amnesty International aimerait clarifier les informations qui circulent au sujet
d'Amina Lawal, et particulièrement une pétition que vous avez peut-être reçue de
diverses sources.
Les mails qui circulent comportent en effet de fausses informations au sujet de
la date où sa sentence - condamnation à mort par lapidation - devrait être
exécutée. Le site web d'Amnesty International en Espagne est tout à fait
injustement cité comme source de cette information. Le 3 juin est la date de
l'audience en appel d'Amina devant la cour d'appel de la Sharia de l'état de
Katsina, au Nigéria, et non la date de son exécution. Aucune date n'a été fixée
pour son exécution et Amina attend la suite de sa procédure d'appel. Si celui ci
est rejeté le 3 juin, elle devrait pouvoir faire ensuite appel à un niveau
supérieur de la juridiction nigériane. D'autre part Amina Lawal n'est pas
actuellement en détention et bénéficie d'une excellente représentation
juridique. Elle est également soutenue par une coalition de groupes féministes
nigérians ainsi que par des groupes de défense des droits humains avec lesquels
nous sommes en contact constants. C'est pourquoi l'utilisation de fausses
informations dans une campagne sur internet ne peut que causer des problèmes à
ceux qui sur place soutiennent la jeune femme, notamment l'association BAOBAB.
Si vous avez déjà, en toute bonne foi, fait suivre un tel mail, merci de bien
vouloir faire suivre cette information à vos contacts.
la commission Femmes d'Amnesty International
4 - Trois textes sur Laïcité, fait religieux, port du voile
TEXTE 1: LAICARDES, PUISQUE FEMINISTES
La question du voile islamique qui réapparaît dans le débat, inquiète depuis
longtemps les féministes. Les jeunes filles ou femmes le portent au nom d'une
liberté, celle d'exercer leur religion. Le port du voile n'est pas qu'un signe
d'appartenance à une religion. Il symbolise la place de la femme dans l'islam
tel que le lit l'islamisme. Cette place est dans l'ombre, la relégation, la
soumission à l'homme. Que des femmes le revendiquent ne change rien au sens qui
l'affecte. Il n'est plus à prouver que les dominé(e)s sont les plus fervents
supporters de leur mise sous tutelle. Il n'est plus sûre oppression que l'auto
oppression. Mais les jeunes filles qui s'accrochent à leur voile, ne veulent pas
pour autant renoncer aux bienfaits d'un état laïc et officiellement égalitaire.
Or c'est là que réside le nœud du problème. La France est une nation qui
respecte deux principes : la laïcité, qui suppose la séparation du religieux et
du politique, et l'égalité des sexes. Ces principes sont l'aboutissement de
longues luttes, qui tout au long de notre histoire, ont tenté de donner le pas à
la loi humaine sur la loi divine et de faire triompher la raison sur la foi. Le
droit français s'est construit au cours des siècles, depuis les lois
fondamentales du Royaume et les parlements, sur la conciliation et l'équilibrage
entre des libertés contradictoires. La laïcité suppose un espace public neutre,
libre de toute croyance religieuse, où évoluent des citoyens soumis au même
traitement, qui partagent des droits, des devoirs communs et un bien commun, qui
les placent au delà des différences discriminantes . Tant que le port du voile
restait dans la sphère de l'intime conviction personnelle, il ne contrevenait
pas aux principes qui gouvernent la France. Chacun, chacune est libre en effet
de croire en son for intérieur en un dieu, de penser que les femmes seraient des
êtres inférieurs, qu'il faut voiler pour éviter aux hommes la tentation, qu'on
peut marier de force, lapider si elles sont adultères. C'est cela aussi la
liberté de penser. Afficher ce symbole dans l'espace public, régi par les
principes de laïcité et d'égalité des sexes, marque une remise en cause de ces
principes. On peut encore autoriser un tel affichage au nom de la liberté
d'expression. Mais à condition qu'il ne soit pas l'instrument insidieux d'un
prosélytisme intégriste, qui range les femmes en deux camps : soumises ou putes.
Là où commence la violence sociale, morale ou physique contre les femmes qui ne
portent pas le voile, doit s'arrêter la liberté de le porter.
Comment en sommes nous arrivés à douter de ce qui fait la structure et la fierté
de notre démocratie ? L'affaire du voile est un symptôme, parmi d'autres de la
grande confusion qui règne sur les esprits et des régressions à l'œuvre. La
régression a lieu sous l'effet conjugué d'un individualisme mal compris, et d'un
complexe d'ex-colonisateur. L'individualisme : le refus crispé de toute norme,
qui renvoie à la phobie du moule, conduit à rejeter toute limite, au prétexte
qu'elle brimerait La "liberté ".Chacun est " libre " dans notre système
libéralo-libertaire. Libre tout seul ? Toutes ces libertés additionnées, ça
donne quoi ? La grande chienlit ? Ou la prévalence de la liberté de certains sur
les autres ? Ainsi, nous avons eu abondamment droit, nous les féministes, aux
brames indignés de la gent publicitaire et médiatique sur les atteintes à la "
Liberté d'expression ", dès que nous prétendions faire entendre notre son de
cloche sur les débordements des représentations sexistes. Ces indignations
hypocrites protégent en fait les intérêts de ceux qui remplissent leurs tiroirs
caisses avec ces images. Idem pour la " liberté " supposée de porter le voile :
qui sert elle en réalité ? Un voile peut cacher une barbe Mais pas touche à mon
" droit à la différence " ! Dans notre société post coloniale, travaillée par
une culpabilité mal assumée, la phobie d'être accusé de racisme par " refus de
l'autre " conduit à la sacralisation irraisonnée de la différence. Nous vivons
ainsi sous la coupe d'une bien-pensance héritée des réflexes de " gauche ", dont
même la droite est victime. Voilà comment, au nom du respect des coutumes, on
nous a fait honte quand nous avons décidé de dénoncer l'excision et de porter
devant la justice les cas d'excision. De cet état d'esprit apeuré qui se réfugie
dans une tolérance tous azimuts, les islamistes, jouent à fond, sans état d'âme.
Le drame est, qu'en réalité, cette bien-pensance là est un véritable racisme,
qui ne se voit plus, mais qui survit et se réincarne dans l'antiracisme apparent
du " droit à la différence ". Le bigotisme islamiste dont l'équivalent chrétien
nous indignerait, c'est " bon pour les maghrébin-es "...
Il est vrai en un sens que le voile n'est qu'un épiphénomène : il n'est que la
partie émergée de l'iceberg. L'iceberg, c'est la politique de mainmise des "
réseaux d'Allah " sur les populations issues de l'immigration, et en particulier
sur les jeunes. Grâce à leurs moyens financiers, ils offrent soutien scolaire,
aide aux familles en difficulté, persuadent les élus que les jeunes islamisés
seront moins délinquants Ne pas abandonner nos jeunes à un endoctrinement aussi
mortifère devrait être considéré comme une priorité, un devoir " sacré " de l'Etat.
Mais il laisse faire, justifié d'avance par les idées de respect des différences
et de libertés absolues
Les obscurantismes ont la vie dure. Mais ne nous laissons pas tirer
insidieusement en arrière : les religions doivent être soumises à la LOI, donc
au principe de l'égalité des sexes. Evidemment, nous sommes laïcardes, puisque
féministes.
En pratique, nous demandons :
a) - l'interdiction du voile dans les lieux d'enseignement et de vie commune
(école, fac, entreprise, administration),
- si les agressions envers les femmes non voilées se perpétuaient :
l'interdiction du voile dans la rue,
- d'une façon générale, l'application la plus stricte de la loi de 1905,
b) - la fin de l'enseignement des religions hors des cours d'histoire et de
philosophie,
- un enseignement des principes du droit des libertés publiques et de leurs
bornes,
- un enseignement sur les discriminations : sexisme, antisémitisme, racisme,
homo-lesbo-phobie.
Anne Zelensky, présidente de la Ligue du Droit des Femmes,
Anne Vigerie, du Cercle d'étude de réformes féministes.
TEXTE 2: Oui à la laïcité / Non aux lois d'exception
Appel d'acteurs du système scolaire et de militants associatifs laïques et
féministes contre toute loi d'exclusion des élèves portant le foulard et pour
une véritable politique éducative
Il est à nouveau question, dans le débat public, d'une loi très " stricte "
visant à "redéfinir" l'application du principe de laïcité à l'école. Cette loi
s'apparente à une loi d'exception, construite sur mesure autour du foulard
islamique. Personne n'est dupe : c'est le foulard qui est à l'origine du débat,
et c'est lui qui serait seul touché par une loi, même si celle-ci se présentait
comme "générale". Ce foulard recouvre des réalités diverses, et nous avons des
appréciations diverses, voire divergentes, de sa signification ; mais nous
sommes tous d'accord pour estimer que, dans tous les cas, que le foulard soit
imposé aux jeunes filles ou qu'il résulte d'un choix, l'exclusion est la pire
des solutions.
Nous ne sommes pas des " partisans du voile " ; nous sommes simplement partisans
d'une école laïque qui ouvre à l'émancipation de tous, et non à l'exclusion. Car
la laïcité, telle que la définit la loi Gobelet de 1886, est une obligation qui
concerne les locaux, les programmes scolaires et le personnel enseignant, et non
les élèves. Le Conseil d'État l'a d'ailleurs rappelé dans son Avis du 27
novembre 1989. Aux élèves s'imposent des règles comme l'assiduité à tous les
cours ou le respect d'autrui, mais il n'est pas légitime de multiplier les
exigences pour des jeunes en formation, qui viennent à l'école précisément pour
apprendre, se former et se transformer
- surtout si ces exigences n'ont aucune nécessité du point de vue du
fonctionnement de l'école. Nous sommes plusieurs à côtoyer ou à avoir côtoyé ces
élèves voilées dans des établissements scolaires, et nous témoignons qu'à aucun
moment leur présence n'a empêché les enseignants d'enseigner, ni les élèves ou
les étudiants d'étudier.
Nous n'oublions pas l'égalité des sexes, bien au contraire. Mais, que le foulard
soit l'objet d'un choix ou qu'il soit imposé, on ne peut pas considérer la jeune
fille voilée comme coupable, et ce n'est en aucun cas à elle de " payer ". Dans
tous les cas, c'est en l'accueillant à l'école laïque qu'on peut l'aider à
s'émanciper, en lui donnant les moyens de son autonomie, et c'est en la
renvoyant qu'on la condamne à l'oppression. Nous refusons aussi la focalisation
sur le foulard islamique parce qu'elle s'inscrit dans un mouvement d'ensemble
qu'il est urgent d'enrayer : la colonisation de tous les espaces de la vie
sociale par des logiques punitives. Après la fraude dans le métro, le
stationnement dans les halls d'immeuble et l'outrage au drapeau ou à l'hymne
national, c'est l'outrage à enseignant qui est devenu passible de prison.
L'exclusion des élèves voilées s'inscrit dans cette surenchère punitive, au
détriment des interrogations et des solutions politiques et pédagogiques. Elle
ne peut donc être ressentie par les élèves que comme une mesure brutale et
discriminatoire, venant redoubler toutes les injustices que subissent déjà, dans
leurs quartiers, les jeunes des milieux populaires, notamment ceux qui sont
issus de l'immigration post-coloniale. Le minimum d'estime réciproque requis
entre professeurs et élèves pour que la relation pédagogique ait lieu risque
d'être gravement compromis. Ce que nous n'acceptons pas, c'est également que
l'élève voilée joue le rôle d'un bouc émissaire. Car tel est bien le cas - pour
justifier leur exclusion, on invoque souvent, pêle-mêle, des faits dans lesquels
ces jeunes filles ne sont pas forcément impliquées : indiscipline, absentéisme
massif, injures sexistes ou racistes (notamment antisémites) contestation des
théories de Darwin... Nous estimons que les injures sexistes ou racistes doivent
être sanctionnées,mais que la sanction doit s'appliquer à ceux qui les ont
proférées, et non à ces jeunes filles souvent studieuses, qui ne sont
incriminées qu'à force de fantasmes et d'amalgames.
Nous refusons enfin de nous laisser enfermer dans un faux débat qui encourage
toutes les divisions et tous les affrontements identitaires (entre " la France "
et " les immigrés ", entre " la République " et " l'Islam ", ou encore entre les
diverses confessions), alors que les principaux problèmes sont socio-économiques
et politiques - libéralisation de l'économie, chômage de masse, précarisation
des salariés, extension du contrôle social et des logiques sécuritaires,
permanence des discriminations racistes et de l'inégalité sociale entre hommes
et femmes...
L'école est elle-même traversée par des problèmes nombreux et profonds (classes
surchargées manque de personnels et multiplication des statuts précaires, manque
de soutien pour les élèves en échec ou en difficulté), que les " réformes "
annoncées ne feront qu'aggraver.
C'est pourquoi, à la question qui nous est imposée : " faut-il interdire l'école
aux jeunes filles qui portent un foulard islamique ? ", nous répondons sans
hésiter : Non, car l'école laïque est une école qui doit accueillir tout le
monde - et nous exigeons que soient enfin posées les vraies questions.
Nous appelons les associations féministes et laïques, les fédérations de parents
d'élèves, ainsi que les syndicats étudiants et enseignants, à signer et faire
signer cet appel. Nous appelons tous les acteurs du système scolaire à se
mobiliser afin de rendre visible une force laïque tournée vers l'émancipation,
et non vers l'exclusion.
M. le ministre de l'Education Nationale, Luc Ferry, dans sa " Lettre à tous
ceux qui aiment l'école ",dit " qu'il faut rappeler clairement les principes qui
doivent animer la vie commune dans nos établissements, à commencer par le
premier d'entre eux, celui qui unit la laïcité à la tradition républicaine des
droits de l'homme. " (p.54) Le Comité Laïcité République affirme que
l'enseignement du fait religieux dans l'école publique, préconisé et défini par
le rapport Debray, constitue une étape supplémentaire dans le processus de
destruction de la laïcité telle qu'elle est inscrite dans la Constitution et
définie par la Loi de 1905 et va donc à 'encontre des propos du ministre.
L'Etat des lieux
Inquiet du déficit culturel constaté chez les jeunes en matière de culture
religieuse, le rapport, soucieux d'offrir aux élèves les clefs nécessaires à la
compréhension d'un monde entièrement conditionné par son passé religieux,
préconise l'enseignement du fait religieux dans un cadre interdisciplinaire.
Cette motivation avouée dissimule un autre objectif plus officieux : offrir, au
sein de l'école, un champ d'expression à l'Islam pour préserver les banlieues
des violences et des intégrismes. C'est en effet ce que confirmait l'auteur
lui-même, qui participait le 4 février 2003 à une journée de débat organisée par
l'Association pour la recherche en anthropologie sociale, à Paris. Un enseignant
interroge le philosophe : " Y-a-t-il un objectif politique derrière cet intérêt
pour l'enseignement du " fait religieux " ? Si l'on veut utiliser les
enseignants pour calmer les élèves musulmans des banlieues, il faut au moins
nous le dire clairement et que nous sachions si nous en sommes d’accord ". Régis
Debray répond : " Mais bien sûr, c'est bien de cela qu'il s'agit ". Les
déclarations vertueuses sur le respect de la laïcité n’ont guère empêché à ce
jour les dérives prévisibles : l’intervention de représentants religieux
es-qualité dans les colloques et les stages de formation des élèves-enseignants,
préludant à leur irruption dans l’école. C’est ce que Régis Debray et le
Ministère ont eux-même reconnu après le " faux-pas " de l'IUFM de
Clermont-Ferrand. Que faut-il craindre lorsque Luc Ferry annonce que l'Académie-pilote
pour l'application de l'enseignement du fait religieux sera celle de Strasbourg,
comme par hasard située en terre concordataire ? 'Le flou qui entoure le fait
religieux risque tout au plus de provoquer les conflits qu'on voulait prévenir.
II-Le déficit culturel
Si le déficit culturel est une inquiétude légitime des enseignants, on comprend
mal pourquoi le seul aspect religieux, pire ! le seul cas des trois monothéismes
devrait avoir un caractère d'urgence exclusif. Le déficit culturel est autrement
plus vaste et couvre tant l'histoire des luttes sociales et révolutionnaires qui
ont fondé nos démocraties que la connaissance des grands principes civiques qui
organisent nos sociétés.
III-Propositions
Il est précisément du ressort de l'école de combler le déficit culturel ; cela
s'appelle instruire. Rien d'humain ne doit être étranger à cette instruction. La
restauration des humanités dans un cadre disciplinaire, solidement structuré et
cohérent, est plus à même d'y parvenir que le désordre transversal qui
caractérise les nouveaux enseignements. L'enseignement de l'histoire, de l'art
et de la philosophie des diverses religions y trouvera sa place. Une conception
raisonnée des programmes, à l'abri des modes, lui attribuera le juste espace qui
lui convient. Le cours d'éducation civique, du primaire au secondaire, est le
lieu privilégié pour l'apprentissage des principes du civisme républicain et de
la laïcité, des textes majeurs qui en développent les valeurs. C'est la seule
garantie de l'intégration égalitaire de tous les futurs citoyens ; c'est le
moyen unique de favoriser le respect mutuel et plus tard la paix civile.
Conclusion
Le Comité Laïcité République ne renonce pas à la liberté de débattre sur la
pertinence de l'enseignement du fait religieux au sein de l'école publique. Il
dénonce son introduction précipitée et inconsidérée dans sa forme actuelle qui
présente un véritable danger pour la Laïcité.
Communiqué du Comité Laïcité République - Paris le 15 mai 2003
L'Accord Général sur le Commerce des Services, en discussion actuellement,
risque d'avoir des conséquences sévères pour les acquis de l'Etat social, en
Belgique, dans le Nord, mais surtout dans le Sud, où la sécurité sociale n'est
pas encore un acquis. Les libéralisations et les privatisations que l'AGCS
entraîne, auront surtout des conséquences lourdes pour les femmes, partout dans
le monde. Les Programmmes d'Ajustements Structurels ont montré que la plupart
des tâches qui étaient réalisées par l'Etat auparavant, sont prises en charge,
gratuitement, par les femmes. Il est donc extrêmement important de tenir compte
des expériences des femmes pauvres pour ne pas instaurer de nouvelles
privatisations. La voix des femmes doit être entendue dans le débat sur l' AGCS.
Mais cette exigence de justice sociale n'est pas considérée systématiquement :
les ONG, les syndicats et d'autres organisations ne prennent pas toujours la
dimension genre en compte. De nombreux témoignages montrent que les effets des
privatisations ne sont pas neutres : l'impact des privatisations des services de
base est différent selon le sexe.
Pour cette raison, plusieurs organisations de femmes se sont réunies et ont
lancé un série d'initiatives.
Au lancement du Forum Social de Belgique en septembre 2002, un atelier était
organisé sur : "Genre et globalisation: l'impact des privatisations des services
sur la vie des femmes". Ce fut un succès : beaucoup de gens, hommes et femmes, y
ont participé. Une des conclusions était qu'on doit encore sensibliser beaucoup
plus, sur les conséquences très spécifiques de la libéralisation de l'économie,
pour les femmes au Nord et au Sud. Elles souffrent par exemple directement de la
privatisation des soins de santé.
L'atelier de 2002 était initié par le gendergroup 11.11.11, WIDE, Le Monde selon
les femmes et la Marche Mondiale des Femmes. La Marche Mondiale des Femmes est
un excellent instrument de mobilisation et de sensibilisation : ce réseau est
composé des représentants des ONG, de syndicats, d'organisations de femmes, de
migrantes, d'organisations populaires et de beaucoup d'autres.
L'atelier de septembre a connu des suites dans les différents organisations
participantes et beaucoup participaient à la manifestation du 9 février contre
l'AGCS. Des échanges avec des femmes du Sud et de nouvelles formations sur
l'impact des privatisations sur la vie des femmes au Nord et au Sud ont été
organisés. Aussi bien dans les organisations francophones que néerlandophones,
l'expertise s'est concentrée sur l'impact des privatisations des soins de santé,
de l'éducation et de l'eau sur la position des femmes.
La dimension genre doit être visible au sein du FSB
Jusqu'à présent il y avait une réprésentation de 11.11.11 et du gendergroup dans
le groupe de travail AGCS du FSB. L'axe dans laquelle nous voulons surtout être
présentes, c'est l'axe premier ("L'education, l'eau, la santé, Šn'est pas à
vendre - La Sociéte Civile en route vers Cancun"). Pour des raisons pratiques,
le groupe AGCS s'est divisé en sous-groupes qui travaillent chacun sur un
contenu spécifique : eau, éducation, santé.
Pour assurer une attention spécifique au genre, le groupe Genre et AGCS veut
aussi être un sous-groupe du groupe AGCS du FSB 2003.
Ceci signifie que l'aspect genre est important et doit être présent dans les
autres axes et dans les autres sous-groupes. C'est pourquoi nous voulons
absolument partager notre expérience concernant les femmes et privatisations des
services de base. Il n'est pas évident d'être présent dans chaque groupe pour y
donner les arguments et éclairer la dimension genre. Nous lancons un appel à
collaborer et à communiquer avec les différents sous-groupes et le groupe
général AGCS.
Comme organisations de femmes, nous voulons aussi, le 10 mai, visibiliser les
initiatives déjà prises et mettre l'accent sur l'importance d'une analyse de
genre : l'impact des privatisations des services est différent selon le sexe. Le
fait d'être un groupe spécifique permet plus facilement à d'autres organisations
intéressées de nous rejoindre. Cela rend surtout les femmes visibles et donne un
visage féminin au sein du 10 mai. Par cette déclaration nous appellons les
autres sous-groupes à prendre connaissance de nos apports et de nos
propositions, et à préparer Cancun et le Forum Social Européen ensemble...
6 - Asile et immigration : deux projets de lois dangereux, pour les femmes
aussi
Communiqué du RAJFIRE, 5 mai 2003
Asile et immigration : deux projets de lois dangereux, pour les femmes aussi
Les deux projets de loi qui vont être discutés au parlement en juin 2003
restreignent encore davantage le droit d'asile et les droits des étrangers en
France, en accentuant la précarité, la suspicion et la répression. De nombreuses
associations ont déjà manifesté leur condamnation des mesures telles que
l'allongement de la durée de rétention, le contrôle sur les attestations
d'accueil, la remise en cause de la carte de résident, la vérification des
titres de séjour lors d'un mariage, ou encore, en ce qui concerne l'asile,
l'accélération des procédures et l'extension de la notion de pays " sûrs ".
De par notre engagement pour les droits des femmes étrangères nous nous
préoccupons particulièrement des conséquences de ces nouvelles lois pour les
femmes.
Projet de loi sur l'asile
Même si toute personne conserve le droit de formuler une demande d'asile, son
admission au séjour (c'est à dire la délivrance de documents provisoires de
séjour) sera refusée si elle vient d'un pays considéré comme " sûr " et la
procédure sera " prioritaire " c'est à dire accélérée. Les discriminations
contre les femmes seront elles prises en compte pour déterminer si un pays est "
sûr " ou non ? Les persécutions provenant d'acteurs non étatiques seront
reconnues (ce qui est un point positif) mais seulement si aucune autorité (y
compris des organisations internationales et des partis) ne peut accorder sa
protection aux personnes menacées. Ces dernières pourront ainsi être protégées
sur une partie de leur pays d'origine. Il était déjà extrêmement difficile de
faire reconnaître les persécutions et violences sexistes comme donnant droit à
l'asile, qu'en sera t il dorénavant ? l'objet de la loi étant de restreindre
l'accès à l'asile, la plupart des demandes d'asile étant considérées comme non
fondées ou un détournement de procédure, on ne peut que s'inquiéter de la façon
dont seront traitées les demandes d'asile de femmes victimes de violences.
Projet de loi sur l'immigration
Depuis longtemps les associations de femmes issues de l'immigration et les
associations de solidarité dénoncent la dépendance juridique des femmes obtenant
un droit au séjour en raison de leur mariage avec un Français ou avec un
résident : en cas de rupture de la vie commune, due par exemple à des violences
conjugales, le titre de séjour n'est pas délivré, pas renouvelé, ou même retiré
s'il y a suspicion de fraude au mariage. Alors même que la loi déclare vouloir
lutter contre les mariages forcés (notamment en assurant la présence des deux
conjoints lors des mariages - la carte de résident ne sera délivrée au conjoint
de Français qu'au bout de deux ans de vie commune au lieu de un an
- les personnes (parmi les adultes, c'est au 3/4 des femmes) arrivant en France
par le regroupement familial se voyaient jusqu'alors délivrer la même carte que
la personne qu'elles venaient rejoindre (le plus souvent une carte de résident).
D'après ce projet de loi, elles ne recevront plus qu'une carte de séjour
temporaire, et cela pendant 5 ans (car aucune carte de résident ne sera délivrée
avant 5 ans de séjour sous couvert d'une carte temporaire). Et en cas de rupture
de la vie commune, cette carte fera l'objet d'un refus de renouvellement
- enfin alors que la préoccupation vis à vis des mariages simulés et même dans
certains cas des mariages forcés est présente, rien n'est ajouté dans la loi
pour permettre par exemple le droit au séjour des femmes ayant vécu en France et
ayant du quitter la France dans le cadre d'un mariage forcé, ce qui est une
revendication des associations de femmes. Par ailleurs une condition nouvelle
est ajoutée pour la délivrance d'une carte de résident " l'intégration
satisfaisante de l'étranger dans la société française ". Comment sera t il jugé
de cette " intégration " ? C'est une porte grande ouverte à l'arbitraire. Les
attendus du projet de loi assurent qu'il s'agit notamment de lutter contre
l'enfermement et l'isolement des épouses étrangères. Si on ne peut qu'approuver
le fait que des moyens soient accordés pour que ces femmes étrangères suivent
des formations et des cours de langue, qu'adviendra t il de celles qui pour des
raisons diverses, dont précisément l'oppression et l'enfermement familial, ne
pourront satisfaire à ces conditions ? Aucune des revendications présentées par
des associations de femme son satisfaites, bien au contraire. Nous nous joignons
à toutes les initiatives qui seront prises pour lutter contre ces deux projets
de loi et nous appelons tout particulièrement les mouvements de femmes et
féministes à s'engager dans cette action.
RAJFIRE
Réseau pour l'autonomie des femmes immigrées et réfugiées
c/o Maison des femmes, 163 rue de Charenton, 75012 Paris
site internet :
http://maisondesfemmes.free.fr/rajfire.htm
Permanences : 2ème et 4ème mardi 16h30-2Oh à la Maison des femmes tel : 01 43 43
41 13 ; mail : rajfire@wanadoo.fr
7 - Le 1er juin au champ de Mars contre le sida
Les associations du collectif " Sida Urgence G8 ", dont le MFPF fait partie,
lancent un appel à la mobilisation. Vous trouverez ci-joint le texte d'appel de
cette mobilisation.
Tous au Champ de Mars, le 1er juin
Dès le 29 mai, un compteur géant sera installé au pied de la Tour Eiffel pour
rappeler la réalité des chiffres des victimes du sida. Le dimanche 1er juin à
17h, devant les médias, tous ceux qui refusent cette injustice sont invités à
participer à la mise en place symbolique d'un cimetière humain. Associations,
artistes, sportifs, jeunes en colère, tous seront là pour que le droit à la vie
soit respecté. Parce qu'aujourd’hui encore le sida n'est pas une fatalité : tous
au Champ de Mars, le 1er juin prochain.
Pour tout contact : Marche Mondiale des Femmes, 104 rue des Couronnes, 75020 Paris Tel : 01 44
62 12 33 Fax : 01 44 62 12 34