Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la
Pauvreté N°29
Reçu le 5 mai 2003 par la rédaction
Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiqués concernant les droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles.
Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d'accord avec tout ce qui est écrit
(sauf pour les communiqués signés Marche mondiale des Femmes)
Le 18 mars 2003 s'ouvrait la 4ème rencontre dans un contexte bien
particulier : l'imminence de la guerre contre l'Irak décidée unilatéralement par
le gouvernement américain. Après l'allocution d'ouverture faite par Diane Mate,
coordinatrice de la Marche, Mme Veena Majumbar, une figure emblématique du
mouvement des femmes de l'Inde a accueilli l'ensemble des participantes au nom
des militantes du mouvement des femmes de son pays. Ensuite les déléguées de
l'Inde ont présenté la situation des femmes en Inde : l'accent a été mis sur les
conséquences graves du communalisme, du fondamentalisme en matière de violences.
Les politiques du gouvernement de droite ont été dénoncées notamment celles
concernant la fin des aides alimentaires aux plus pauvres, mesures dictées par
les politiques libérales au niveau mondial. Des stocks entiers d'alimentation
sont bloqués par l'état. La question des castes, des intouchables sont des
éléments aggravants quant à la situation des femmes en Inde même si au niveau de
la représentation lors des élections locales des progrès ont été faits. 1
million de femmes ont été élues au niveau de la base.
L'ordre du jour a été adopté une fois que nous nous sommes mises d'accord sur la
nécessité de faire une déclaration et un appel contre la guerre. Une partie de
l'après-midi a été consacrée aux caucus régionaux.
Pour l'Europe
Hollande : depuis un an et demi, la marche mondiale s'est structurée en Hollande
et a mené plusieurs actions, notamment en ce qui concerne les violences.
Azerbaïdjan : Peu de femmes connaissent la marche mais un groupe s'est créé
cette année avec la volonté de mettre en ¦uvre des initiatives de lutte pour les
droits des femmes. Russie : pas d'existence réelle de la marche, par contre
mouvement de femmes contre toutes les guerres. Suède : Investissement dans le
mouvement anti-guerre, diverses actions contre les violences mais pas
d'existence réelle de coordination au niveau national de la marche mondiale.
Importante préoccupation : la lutte contre le trafic des femmes Turquie : marche
mondiale active. Ce sont plutôt les femmes syndicalistes qui y sont engagées.
Campagne menée contre le gouvernement militaire qui avait interdit aux femmes de
porter des pantalons. Elles ont gagné. Dénonce l'occupation de territoires
entiers de Turquie par l'armée américaine. Propositions de construire un réseau
féministe autour de la Méditerranée. Yougoslavie : travail de coordination des
différents groupes qui travaillent sur les droits des femmes. Suisse :travail
d'actualisation de la plate-forme de la Marche. La marche est investie dans le
mouvement contre la révision de la loi sur les étrangers qui prévoit une double
voire triple pénalisation des immigrés. Portugal : combat pour le droit à
l'avortement très difficile. Il y a un manifeste pour le droit à l'avortement
qui est toujours interdit au Portugal. La situation des femmes réfugiées est
aussi très préoccupante. Belgique : la marche se redynamise. Sur les violences,
travail auprès des juges pour essayer de les conscientiser. Roumanie :
dénonciation des institutions gouvernementales qui encouragent le trafic des
femmes. Création d'une coalition pour lutter contre les violences faites aux
femmes. Des centres de crise ont été mis en place pour aider les femmes victimes
de viol ou de violence domestique mais problèmes de moyens financiers pour aider
les femmes victimes. Situation d'extrême pauvreté pour les femmes retraitées.
Italie : offensive gouvernementale par rapport aux lois sur l'immigration.
Énorme mobilisation contre la mondialisation capitaliste et contre la guerre.
Une nouvelle génération se mobilise contre le modèle néolibéral. La marche
mondiale est inscrite dans ce mouvement et a redynamisé le mouvement des femmes.
Pas vraiment de coordination nationale mais réseaux existent autour de
différents thèmes. Immigration, jeunesŠ France : référence faite au fait que
nous sommes intégrées dans le collectif national pour les droits des femmes et
que nous participons aux actions de celui-ci que ce soit sur le travail, la
précarité, les femmes immigrées, les violences et la prostitution. Les actions
spécifiques de la marche étant plus tournées vers la participation aux
initiatives du mouvement altermondialisation (FSE florence et préparation du FSE
Paris Saint Denis en novembre 2003) et aux actions de solidarité
internationales.
Après avoir fait le tour par pays, nous avons discuté de la coordination
européenne de la marche et de la situation des pays de l'est. Comment les aider
à construire la marche dans leurs pays où le mouvement des femmes est pour
certains inexistants. Question des moyens pour faire exister une coordination
européenne qui pourrait aider les pays qui le souhaitent. Cela renvoie à la
construction d'un réseau. Nous pensons que le lien avec les mouvements sociaux
reste à approfondir.
Le mercredi 19 mars
Les rapporteurs des caucus régionaux ont fait rapport sur la situation de la
Marche et la condition des femmes dans les grandes régions du monde. La Marche
semble avoir gagné une bonne visibilité dans presque toutes les régions, même si
cela est à des degrés différents selon les pays... Elle a également réussi à
mobiliser les femmes autour des effets de la mondialisation sur la pauvreté et
la violence envers les femmes.
Le Comité de suivi et les groupes de travail ont aussi présenté des rapports sur
les activités et le travail réalisé depuis la dernière rencontre en octobre
2001. La MMF a pris une part active au sein des principaux mouvements sociaux,
particulièrement dans le Forum social mondial. Elle a également travaillé sur le
Réseau d'alerte, les communications et a assuré la publication régulière des
bulletins de liaison.
Nous avons eu une discussion sur l'appel à la paix et une synthèse des
amendements a été réalisée le mercredi soir pour être adoptée le lendemain qui
se révélera être le jour du déclenchement de la guerre. Le mercredi deux femmes
de Delhi qui ont créé une ligne d'appel pour les lesbiennes victimes de violence
ont présenté leur action et la situation des lesbiennes en Inde, notamment les
multiples formes de violences qu'elles subissent dans leur famille, au travail.
Le fait de partir d'une expérience concrète dans un pays où cette question est
encore taboue a été un facteur déterminant pour faire avancer la conscience des
déléguées des pays qui ne souhaitent pas reprendre dans leurs pays le droit du
choix de son orientation sexuelle. Dans la soirée plusieurs associations
indiennes de lutte contre les violences et la prostitution ont présenté
l'ensemble des violences subies par les femmes, en insistant aussi sur les
violences supplémentaires engendrées par le système des castes. Un débat a suivi
qui a permis des échanges très intéressants entre les femmes des différents
continents et pays.
Jeudi 20 mars
La déclaration sur la guerre est adoptée à l'unanimité et en réaction immédiate
à la guerre une manifestation de femmes est organisée l'après midi même par les
femmes indiennes devant l'institut culturel américain. Cette manifestation
fortement encadrée par la police indienne a été très largement couverte par les
médias indiens. Le matin nous avons débattu de l'élaboration d'une Charte
féministe pour l'humanité qui avait été proposée par le comité de liaison avant
la tenue de la réunion. Pour le contenu de cette Charte, référence est faite à
ce qui a déjà été écrit comme,, par exemple la déclaration d'Olympe de Gouges
L'idée était qu'elle soit élaborée à partir des groupes locaux de la marche
mondiale. Cette proposition a été reprise mais le mot féministe a posé problème
notamment aux pays africains et du Moyen-Orient Même si les déléguées de ces
pays se revendiquaient comme féministes, leurs arguments étaient qu'il était
impossible dans leurs pays respectifs d'annoncer l'élaboration de cette charte
et d'y faire participer à une grande échelle les réseaux de femmes, si le titre
contenait d'emblée le mot féministe. Nous ne sommes pas parvenues à un accord
sur cette question et le mot féministe n'est pas passé alors du vote. Ce sont
principalement des pays d'Europe et d'Amérique latine qui ont voté pour. Le
Québec --pourtant à
l'initiative-- a très vite cédé lors de la discussion. Étant assez en colère,
nous avons décidé (certaines déléguées d'Europe et d'Amérique
latine) de tenir une réunion le soir pour évaluer ce qui venait de se passer et
partager notre analyse sur l'évolution de la Marche Mondiale. Nous avons préparé
une déclaration pour le lendemain pour exprimer notre inquiétude de voir la
Marche ressembler à une ONG plus qu'à un mouvement de lutte pour les droits des
femmes.
Vendredi 21 mars
La journée a commencé par la déclaration élaborée conjointement par les
déléguées d'une bonne partie des pays d'Amérique latine et d'Europe. Cela a
permis de lancer le débat et lors de la discussion sur la déclaration des
valeurs de la Marche Mondiale qui a été élaborée lors de cette journée, nous
pensons que notre point de vue a été largement pris en compte. Cf pièce jointe.
En effet cette déclaration des valeurs affirme clairement que nous sommes
féministes. La reconnaissance que nous nous battons aussi pour le droit des
lesbiennes constitue une avancée importante. En effet, lors de la précédente
rencontre mondiale à Montréal en octobre 2001, la revendication sur le droit des
lesbiennes était toujours une revendication à adopter par pays. Nous avons
commencé aussi à discuter du contenu d'une action mondiale pour 2005. Sans
refaire une manifestation mondiale comme en 2000 à New York, il a été proposé
que des mobilisations sous forme de marches et d'actions pour continuer à porter
nos revendications soient lancées, notamment l'idée d'actions interrégionales a
été mise en avant. Ces actions pourraient culminer en 2005 par une initiative
mondiale qui réunirait des déléguées du monde entier. En Europe, par exemple il
avait été décidé lors de la réunion de la coordination européenne de la Marche
Zurich des 22 et 23 février 2003 que nous organisions une initiative européenne
sous forme de meeting et manifestation les 21 et 22 mai 2004 à Saint Jacques de
Compostelle en Galice. Ce lieu a été choisi car les déléguées de la Marche
mondiale de Galice se sont proposées pour organiser cette initiative. En effet,
très mobilisées dans la lutte qui a suivi le naufrage de l'Erika, elles se
sentaient d'attaque pour organiser cette initiative avec l'aide des autres
coordinations des différentes régions d'Espagne et aussi du Portugal. Cette date
a été choisie car elle se situe avant les élections européennes et nous pensons
que c'est un bon moment pour mettre en avant nos revendications.
Le samedi 22 mars a été consacré aux questions organisationnelles. Un
certain nombre de décisions ont été prises, notamment sur les groupes de travail
thématiques. Le texte final adopté précisant le mode de fonctionnement et les
groupes de travail va être envoyé bientôt par le secrétariat de la Marche. Pour
l'instant le secrétariat reste à Montréal. Un comité de suivi de la marche,,
composé d'une ou deux déléguées (selon l'importance de la région) par région du
monde a été constitué. Pour l'Europe ce sont Nadia d'Italie et Charlotte des
Pays Bas qui y participeront, en sachant que Michèle Spieler de Suisse, notre
précédente déléguée au comité de suivi sera disponible pour remplacer Charlotte.
Conclusion
Ce que je retiens de cette rencontre mondiale, c'est tout d'abord la
consolidation de l'implantation de la Marche Mondiale dans une cinquantaine de
pays et un début d'implantation dans d'autres. Bien sûr les fragilités
demeurent, notamment parce que si beaucoup de délégations à cette rencontre
représentaient des mouvements de lutte pour les droits des femmes de leurs pays,
certaines avaient une représentation un peu institutionnelle ou limitée. Mais la
marche mondiale a acquis une légitimité certaine. De fait c'est un mouvement
récent puisque datant de 1999 et l'on est donc dans une phase de consolidation.
Un acquis important est la reconnaissance de la Marche mondiale dans le
mouvement altermondialisation comme un des réseaux féministes incontournables.
Compte rendu fait par Anne LECLERC
CONTRE LA GUERRE EN IRAQ - APPEL DE LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES
Nous, les femmes de la Marche mondiale, réunies à Delhi pour la 4e rencontre
internationale de la Marche Mondiale, déléguées de 35 pays et territoires, nous
nous opposons avec toute notre force et détermination à la guerre déclenchée par
le gouvernement des États-Unis et leurs alliés contre le peuple irakien. Cette
déclaration d'être les gendarmes du monde, de contrôler le marché du pétrole et
de remodeler la région du Moyen-Orient selon leurs intérêts.
Nous, femmes de la Marche mondiale, manifestons notre totale opposition à
l'utilisation d'une intervention armée qui créera davantage de souffrances et de
destructions dans la région sans résoudre aucunement les problèmes qui en sont à
la source ; au contraire elle jettera des centaines de milliers de réfugiées sur
les routes, elle aggravera la pauvreté et l'humiliation des populations
affectées. En outre elle risque d'enflammer la planète et d'aggraver la
situation des peuples sur l'ensemble des continents. Nous le savons
d'expérience, la guerre ne résout pas les problèmes d`injustice, de démocratie,
d`oppression des peuples, par des dictatures ou par des puissances extérieures.
Les femmes et les enfants sont toujours les premières victimes des conflits
armés avec les populations les plus défavorisées. Depuis notre dernière
rencontre à Montréal en octobre 2001 où nous avions réaffirmé notre volonté de
vivre dans un monde sans guerre les conflits armés se sont multipliés sur les
cinq continents. Des milliers de personnes civiles innocentes ont été victimes
de guerres abusivement qualifiées " d'humanitaires " ou guerres de " basse
intensité ", de violences étatiques, de blocus économiques, d'occupations, de
colonialismes, de génocides, d'oppressions patriarcales (crimes " d'honneur ",
violences domestiques, mutilations génitales, trafic sexuel), de faim, de
misères engendrées par les inégalités intolérables du système économique
mondial.
La guerre fait croître sans cesse l'industrie des armes et les budgets
militaires au détriment des programmes de santé, d'éducation, de sécurité
sociale, de protection de l'environnement. Les gouvernements en profitent pour
alimenter la xénophobie, pour resserrer encore plus leurs frontières s'érigeant
ainsi en forteresse contre les immigrantes et les réfugiées, pour mettre en
péril et même supprimer les droits civils et les libertés fondamentales en
particulier celles des femmes, pour criminaliser tout mouvement d'opposition à
la mondialisationnéo-libérale et sexiste actuelle ;
Nous, femmes de la Marche mondiale des femmes :
o appuyons les voix de plus en plus nombreuses de citoyennes et de groupes qui,
dans le monde et aussi aux États-Unis, réclament un changement de cap radical,
exigeons que les États membres de l'ONU usent de leur pouvoir et appliquent en
urgence la résolution 377, pour convoquer l'Assemblée Générale des Nations Unies
et arrêter les bombardements afin d'éviter la catastrophe.
o affirmons l'urgence de règlements politiques négociés de tous les conflits
dans lesquels les femmes doivent être partie prenante; exigeons l'interdiction
totale de la production et de la vente d'armes et exigeons des États de mettre
en ¦uvre des politiques de désarmement en ce qui a trait autant aux armes
classiques qu'aux armes nucléaires e biologiques.
Nous, les déléguées de la Marche mondiale, nous manifesterons notre refus de la
guerre, en descendant toutes ensemble dans les rues de Delhi, jeudi 20 mars,
sous forme de marche pacifique. Nous appelons les femmes du monde entier à se
mobiliser immédiatement, en se joignant notamment à l'ensemble des initiatives
du mouvement anti-guerre.
MARCHE MONDIALE DES FEMMES DÉCLARATION SUR NOS VALEURS
Le XXIime siècle a commencé avec deux événements importants de caractère mondial
: la Marche mondiale des femmes et le Forum Social Mondial. Ces deux actions ont
rapidement dépassé l'évènement comme tel pour devenir des processus qui font
partie intégrante de la lutte pour la transformation en profondeur de nos
sociétés et qui viennent la renforcer. C'est une lutte qui s'oppose à une
mondialisation néolibérale (le nouveau visage de l'impérialisme), à la guerre,
au racisme, à la pauvreté et à toutes les formes de discrimination, d'occupation
et de militarisation. La mondialisation patriarcale et néolibérale reproduit les
inégalités de genre, accentue les écarts entre les pauvres et les riches, entre
les pays, les territoires et les peuples, et engendre de plus en plus
d'exclusion, de haine, de racisme et d'intolérance.
La Marche mondiale des femmes en luttant contre la pauvreté et la violence
envers les femmes illustre la détermination des citoyennes du monde à construire
un monde de paix, libre de toute exploitation et oppression, un monde où tous
les peuples jouissent du plein exercice des droits de la personne, un monde de
justice sociale, de démocratie et d'égalité entre les femmes et les hommes, un
monde qui reconnaît véritablement le travail des femmes, à la fois de production
et de reproduction, ainsi que le rôle que nous jouons dans nos sociétés, un
monde qui respecte la diversité et la pluralité des cultures et qui préserve
l'environnement. Nous considérons qu'il est urgent d'affirmer et de défendre nos
droits sexuels et reproductifs, y compris le droit à un choix éclairé, en
assurant notamment un accès gratuit aux soins de santé et à des méthodes sûres
de contraception et d'avortement. Bref, nous considérons qu'ensemble nous
pouvons et devons bâtir un autre monde. Nous considérons qu'il est urgent, comme
féministes, de proposer des alternatives économiques, politiques, sociales et
culturelles afin de rendre cet autre monde possible. Nous considérons qu'il est
nécessaire de confronter nos visions de cet autre monde entre nous, femmes, et
avec les organisations alliées, tant au niveau local, national, régional
qu'international. Pour faire avancer la libération des femmes, nous croyons à
l'importance de travailler en alliance avec d'autres mouvements sociaux et
renforcer notre coopération dans des actions communes. Nous réitérons
l'importance d'avoir un mouvement international de femmes autonome, transparent,
démocratique et créatif. Nous reconnaissons et respectons la diversité de ce
mouvement. Comme stratégie nécessaire pour atteindre une réelle transformation
sociale, nous valorisons la primatie des femmes, particulièrement de celles
d'entre nous qui sont discriminées en tant que femmes et qui subissent aussi
d'autres types d'oppression.
La Marche mondiale des femmes croit en la mondialisation de la solidarité. Nous
sommes des femmes diverses qui travaillons ensemble pour bâtir un autre monde,
parmi nous il y a des millions de femmes qui luttent au quotidien pour assurer
leur survie et celle de leur communauté rurale ou urbaine ; des victimes des
systèmes de caste et des femmes de communautés minoritaires ; des femmes
autochtones confrontées à une oppression séculaire et à une discrimination
économique, politique et sociale ; des survivantes de toutes formes de
violences, telles que viol, inceste, exploitation sexuelle, mutilations
génitales féminines, la violence justifiée par la culture et les traditions,
trafic sexuel, violence domestique et haine, qui luttent contre l'impunité des
agresseurs ; des lesbiennes privées de droits humains fondamentaux et luttant
contre la persécution ; des femmes vivant dans des situations de conflits armés
; des survivantes de génocides ; des femmes résistant au racisme et à
l'intégrisme ; des femmes réfugiées chassées de leur pays et à la recherche d'un
lieu sûr ; des femmes migrantes à la recherche d'emploi et de possibilités
d'avenir ; des fillettes, des jeunes femmes et des femmes âgées victimes aussi
de violence et de discriminations qui luttent pour vivre dans le respect, la
reconnaissance et la dignité ; des femmes discriminées parce qu'elles vivent
avec un handicap ; des travailleuses et des syndicalistes, du secteur formel et
informel, qui luttent pour l'équité salariale et contre la double journée de
travail, et pour un emploi correctement rémunéré ; des femmes vivant sous
occupation militaire ; des femmes victimes d'embargo ; des femmes luttant contre
l'assimilation culturelle et linguistique ; des femmes qui travaillent, dans
l'adversité, à construire la paix et la démocratie et qui réclament leur
inclusion dans les processus et les dialogues de prévention et de négociation de
paix.
La Marche mondiale des femmes invite les femmes à s'engager à poursuivre ces
luttes, dans nos communautés, nos pays et nos régions, selon leurs priorités et
réalités, et sur la scène internationale afin de rompre le silence et ainsi
accélérer la longue marche vers l'autodétermination, la paix, la justice sociale
et économique, la démocratie et l'égalité.
Le 22 mars 2003, 4e Rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes à
Nouvelle Delhi, Inde
2 - Retraites : communique de la commission Retraites du Collectif nationale
Droits des femmes
Retraites : Une régression sans précédent
Les orientations gouvernementales en matière de protection sociale
constituent une remise en cause de nos acquis sociaux. Le Collectif National
pour les Droits des Femmes dénonce notamment celles concernant l’avenir des
retraites : elles provoqueront une diminution considérable de leur montant, déjà
très bas pour une majorité de femmes.
Une réforme est indispensable pour garantir le financement des retraites
futures, mais elle ne doit pas passer par un recul des droits sociaux. Or, les
choix du gouvernement ne vont pas réduire les inégalités sociales et les
disparités qui subsistent entre femmes et hommes, bien au contraire.
Quelques mesures nous semblent particulièrement graves en ce qui concerne les
droits des femmes à la retraite : diminution du taux de remplacement en cas de
vie plus longue, pénalisation par des décotes sur les pensions en cas de durée
de cotisation insuffisante, allongement de la durée de cotisation pour obtenir
un taux plein alors que de nombreuses femmes ont encore des carrières “ en
pointillés ”. Le maintien des avantages familiaux et de pensions de réversion
sera loin de compenser ces mesures et d’assurer aux femmes une retraite décente.
Par ailleurs ce sont là des mesures qui pérénnisent un modèle social : celui de
la femme au foyer.
Les propositions gouvernementales constituent une menace vis-à-vis de la
solidarité entre les générations : elles conduisent à un appauvrissement général
des générations actuelles et futures de retraité-e-s. Elles fragilisent le
système par répartition et aggravent les inégalités.
Par conséquent, Le Collectif National pour les Droits des Femmes exige une
véritable politique d’égalité face à l’emploi : égalité des salaires
Femmes/Hommes, accès pour toutes et tous au temps plein, éradication de la
précarité. Il exige également un véritable service public de la petite enfance
permettant aux parents de bénéficier de modes de garde adaptés à leur activité
professionnelle.
Les choix à faire dans le domaine du financement doivent garantir ce qui est
essentiel : le système par répartition, un taux de remplacement amélioré pour
tous, et en particulier pour les bas salaires, une plus grande redistribution
des richesses produites qui ne pèsera pas plus que le financement des retraites
ne l’a fait depuis les quarante dernières années. Cela consiste aussi à ouvrir
la voie à une autre manière d’envisager le rapport au travail tout au long de la
vie.
Le Collectif appelle donc à participer à toutes les initiatives qui se mettront
en place pour défendre notre système de retraite contre les projets du
gouvernement et du patronat. Ainsi nous participerons à la journée du 13 mai
dans le cadre de l’action interprofessionnelle.
Collectif National pour les Droits des Femmes, 21 ter rue Voltaire, 75 011 Paris
Tél / fax : 01 43 56 36 48 - E-Mail :
colcadac@club-internet.fr
3 - Politique familiale - Communiqué du CNDF
POLITIQUE FAMILIALE, DANGER !
Les mesures de politique familiale qu’annonce aujourd’hui le Ministre de la
famille sont globalement catastrophiques pour les droits des femmes et l’égalité
entre les sexes. Nous dénonçons une incitation à la natalité, et surtout au
retour au foyer pour un plus grand nombre de femmes, en particulier les plus
précaires.
La prime à la naissance ? Certes, le Collectif national pour les droits des
femmes a toujours demandé que chaque enfant, y compris le premier, donne droit à
la même allocation, ainsi que l’augmentation de cette allocation qui devrait
suivre l’enfant tant qu’il est dépendant de la famille. Mais nous en sommes
loin. Même sous le nom “ prestation d’accueil du jeune enfant ”, ce PAJE est
uniquement une “ prime ” à la naissance. Quand on sait que l’âge moyen de la
première naissance recule, c’est bien un encouragement à faire un enfant sans
attendre. Ce “ cadeau ” ne fait en réalité qu’étendre aux classes moyennes
l’allocation pour le jeune enfant
(APJE) que seuls percevaient les ménages modestes, dont les revenus n’excédaient
pas 1907 ¤ par mois. Le nouveau plafond de revenus serait de 4100 ¤ (27400F par
mois !). Cette prime accordée à de larges classes moyennes constitue une fameuse
addition … La politique nataliste revient cher, c’est connu.
Le congé parental dès le premier enfant ? Voici une mesure encore plus claire.
En période de croissance du chômage, les gouvernements sont tentés d’inciter les
femmes à cesser de travailler. D’abord instituée à partir du 3ème enfant, l’Allocation
parentale d’éducation (salaire maternel au rabais pour une durée de 3 ans) ne
concernait alors pas grand monde, mais, étendue en 1994 au 2ème enfant, elle a
provoqué un accroissement important du nombre de femmes se retirant du marché du
travail : 540 000 femmes la prenaient fin 98. À part quelques fonctionnaires,
assurées de retrouver un poste, l’APE a surtout tenté les femmes précarisées,
aux franges du monde du travail, ayant des temps partiels mal rémunérés. Presque
la moitié d’entre elles ne retrouvent pas de travail, ou n’en cherchent plus,
après ces 3 ans d’interruption.
Étendre ce “ salaire maternel ” à la première naissance incitera encore moins
l’employeur à embaucher une jeune femme. Et la précarité galopante laisse
présager un recul de l’emploi des femmes, d’autant plus que l’idéologie de la
femme au foyer s’est insidieusement développée ces dernières années. Espérons
que les jeunes femmes ne se laisseront pas tenter, car majoritairement elles
tiennent à leur travail et la présence d’un seul enfant leur pose moins de
problèmes.
Plus généralement, nous pensons que les hommes sont aussi concernés que les
femmes en ce qui concerne la prise en charge de leurs enfants, alors que ces
mesures sont dirigées principalement vers les mères. La politique familiale doit
mettre au rang de ses préoccupations l’égalité en ce qui concerne les
responsabilités des deux parents dans la famille et leur place dans l’emploi.
Cette mesure n’y contribue pas ! . Le terme de “ parental ” est une tromperie :
même pas 1% d’hommes troquent leur salaire plus important que celui des femmes
(idéologiquement et numériquement) contre cette maigre allocation.
L’accueil de la petite enfance ? Simplifier le système des prestations en
instituant une seule allocation, c’est de la poudre aux yeux : comme celle-ci
sera modulable selon de nombreux critères, la simplification n’est pas évidente
!
Par contre, nous approuvons une augmentation de cette prestation pour les
assistantes maternelles agréées qui restent trop chères pour les revenus
modestes. De même, on peut se féliciter de la promesse d’assurer un meilleur
statut à ces travailleuses. Il leur faudrait aussi davantage de formation.
Cependant, alors que l’argent part de tous les côtés, nous pensons que la
priorité des priorités demeure la crèche collective qui a été la parente pauvre
depuis des décennies. Aujourd’hui la pénurie est grave (seuls 8 % des enfants de
moins de 3 ans ont accès à une crèche collective). Le gouvernement promet la
création de 20 000 nouvelles places… mais avec une préférence marquée pour les
crèches privées ou les crèches d’entreprises, façon commode de se dédouaner. La
promesse de 20 000 places est d’ailleurs largement insuffisante, et nous
craignons fort qu’elle ne soit pas même honorée, vu les sommes affectées à la
garde individuelle , en particulier par la mère, et vu la pénurie de personnel
formé.
Le Collectif national pour les droits des femmes rappelle son exigence de
création massive de crèches de qualité, de Maisons de la petite enfance
réunissant les différents modes de garde, en vue d’instituer progressivement un
véritable système d’accueil de la petite enfance, accessible à tous, gratuit
comme la maternelle.
4 - Plein respect des droits de l'homme également pour les lesbiennes et
gais
Les états islamiques ont bloqué une résolution concernant les droits de
l'homme et l'orientation sexuelle vendredi (25.4) dans la commission des droits
de l'homme de l'ONU à Genève. Cette résolution demande que les droits de l'homme
soient indépendants de l'orientation sexuelle. Le projet doit donc être mis en
suspens durant une année. Cette ébauche de résolution a été lancée par le
soutenue par la Suisse en tant que Co-sponsor.
Alors que l'initiative brésilienne était soutenue par tous les états de l'Union
Européenne, des états comme l'Egypte, la Malaisie, le Pakistan et l'Arabie
Saoudite se sont mobilisés contre cette résolution. Ces pays étant les pires
états persécuteurs des lesbienne gais parmi les états islamiques. Dans le camp
des opposants, qui les ficelles en coulisse, le Vatican ne manque évidemment pas
à l'appel. Les Etats-Unis s'autorisent comme seule et unique démocratie
occidentale de ne pas soutenir cette initiative.
Selon l'association des lesbiennes et gais allemands (LSVD), il faut déjà voir
cela comme un succès, l'initiative n'ayant pas été totalement radiée de l'ordre
du jour. L'ajournement selon la LSVD est due au fait que la Libye, qui préside
la commission pour cette année, a abusé de sa position en empêchant par une
obstruction systématique toute discussion sur le contenu de l'initiative
brésilienne.
Jan Doerfel du "International Research Centre for Social Minorities", a
coordonné le travail de lobby sur place à Genève, tire malgré tout un rapport au
bilan positif: "On ne peut nier que cette du Brésil représente un gigantesque
pas en avant. Elle permet au niveau mondial d'ouvrir une discussion de cette
thématique niveau gouvernemental ainsi qu'une mobilisation énorme des ONG
(Organisations Non Gouvernementales) dans tous les pays". PINK CROSS, 02.05.2003
- Source: LSVD/Philipp Braun
La commission des droits de l'homme,
PP1 - Affirmant la déclaration universelle des droits de l'homme, l'accord
international des droits économiques, sociaux et culturelles, la convention
internationale des droits civils et politiques, la convention internationale
concernant l'abolition de toutes formes de discrimination raciale, la convention
de l'abolition de toute forme de discrimination à l'égards des femmes, la
convention contre la torture et autres traitements et condamnations barbares,
inhumains et avilissants ainsi que la convention des droits de l'enfant,
PP2 - Rappelant que la reconnaissance et la dignité inhérente de tous et
l'inaliénabilité de droits égaux pour tous membres de la famille humaine est la
pierre de voûte de la liberté, de l'égalité et de la paix dans le monde.
PP3 - Promulguant que la déclaration universelle des droits de l'homme est un
principe de base qui reconnaît l'inadmissibilité de toute discrimination et
proclame que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit et en
dignité et que chacun sans différence jouit des droits et libertés en découlant
PP4 - Reconnaissant, que la formation en matière des droits de l'homme est une
clef pour le changement des comportements et des modes de perception et pour la
promotion du respect pour la multiplicité dans la société.
OP1 - Montre une profonde consternation concernant l'étendue des atteintes au
droit de l'homme contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle ;
OP2 - Mettant en avant, que les droits de l'homme et la liberté sont des droits
inaliénables de tout être humain, que la nature universelle de ses droits et
libertés ne sont pas à remettre en cause et que l'exercice de ces droits ne
peuvent en aucun cas être limités en raison de l'orientation sexuelle;
OP2 - Exhorte tous les états, à promouvoir et protéger les droits de l'homme, en
faisant abstraction de l'orientation sexuelle;
OP3 - Attire l'attention sur le fait que de telles atteintes aux droits de
l'homme. en raison de l'orientation sexuelle, font parties de rapports spéciaux
qui seront transmis à la commission des droits de l'homme et exhorte tous les
rapporteurs spéciaux de la commission des droits de l'homme, dans le cadre de
leur mandat, d'accorder à cette thématique une juste attention;
OP5 - Cherche à ce que les hauts-commissaires aux droits de l'homme manifestent
une juste attention sur les atteintes aux droits de l'homme en raison de
l'orientation sexuelle:
OP6 - Décide de s'occuper de cette problématique sous le même ordre du jour lors
de sa soixantième séance.
5 - Femmes étrangères : un guide pour leurs droits
Connaissez-vous le guide Madame, vous avez des droits ?
Réalisé par l'association Femmes contre les intégrismes (FCI) et Femmes
Informations Juridiques internationales Rhône-Alpes (FIJIRA), il est destiné aux
femmes étrangères ou d'origine étrangère qui vivent en France et aborde les
questions liées au mariage, au divorce, aux enfants...
Pour les contacter, FCI : 04 78 29 21 89 FIJIRA : 04 78 39 32 25 ou
cif69@wanadoo.fr
Pour tout contact : Marche Mondiale des Femmes, 104 rue des Couronnes, 75020 Paris Tel : 01 44
62 12 33 Fax : 01 44 62 12 34