Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la
Pauvreté N°27
Reçu le 18 avril 2003 par la rédaction
Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiqués concernant les droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles.
Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d'accord avec tout ce qui est écrit
(sauf pour les communiqués signés Marche mondiale des Femmes)
Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 1 33, Fax : 01 44 62 12 34
Sommaire:
1 - Forum Social Européen - Assemblée européenne pour les drois des femmes
2 - Amina Lawal "Elle sera enterrée
jusqu'au cou et tuée à coup de pierres"
3 - Soutien à Serenade Chafik
4 - Pour le retour et le droit au séjour d'ALEV
5 - Quels parents pour demain - débat Mix-Cité
6 - Le Commerce concerne les femmes - texte tiré du Courrier d'information
d'Attac n° 406 du 4 mars 2003
7 - Lectures
1 - FSE - ASSEMBLEE EUROPÉENNE POUR LES DROITS DES FEMMES du mercredi 12
novembre
Très bientôt vous recevrez un compte-rendu complet de la
première réunion française de préparation de l'Assemblée européenne pour
les droits des femmes (excuses pour le retard du à une incompréhension
de qui fait et aux vacances scolaire). Néanmoins, nous vous donnons dès
maintenant les prochaines dates de réunion de préparation afin qu'elles
soient actées dans vos agendas.
Prochaines réunions de préparation de l'assemblée des femmes :
- Réunion européenne de préparation du FSE : 26 et 27 avril à
Berlin
- réunion européenne de préparation de l'Assemblée femmes : à
Berlin
le 26 de 18h30 à 21h30
-
- Les prochaines réunions françaises :
- 29 avril, 20 mai, 10 juin de 18h3 à à 21h Bourse du travail de
Paris (confirmation suit pour les salles) ;
- 17 ou 18 mai (réunion nationale) dans le cadre de la réunion
nationale du Collectif national des droits des femmes qui nous prête du
temps ;
Compte-rendu réunion du 2 avril en début de semaine prochaine
2 - AMINA LAWAL
La Cour suprême:
"Elle sera enterrée jusqu'au cou et tuée à
coup de pierres"
, à moins que l'importance de la condamnation ne fasse réfléchir
les autorités nigériennes. Celles-ci ont pour l'heure seulement
repoussé l'application de la peine d'un mois pour raison d'allaitement
de son fils. Au moyen d'une campagne de signatures pareille à celle-ci,
on sauva la vie d'une autre femme dans la même situation (Safiya allait
se faire lapider parce qu'elle avait eu un enfant après avoir divorcé).
Il n'y a pas de temps à perdre. Ne doutez pas et agissez s'il vous
plait. Amnisty international demande votre appui en vous rendant sur la
page web
http://www.amnistiaporsafiya.org et de mettre votre signature
sur la carte. Faites circuler le message. Ne pensez pas que cela ne
serve à rien, cela a déjà sauvé la vie d'une femme. Si vous le jugez
utile, faites circuler ce message aux personnes sensibles à ces
injustices et à ces menaces de mort.
3 - SOUTIEN A SERENADE CHAFIK
En octobre 1998, informée des risques d'excision encourus par sa fille
Laïla, vivant avec son père en Egypte, Sérénade saisit la justice
française pour la préserver de cette mutilation sexuelle (coutume
pratiquée en Egypte sur 90% des femmes). Sous la pression de la
diplomatie égyptienne, le tribunal des Affaires Familiales en France l'a
d'abord déboutée en s'appuyant sur le code de la famille égyptien qui ne
reconnaît aucun droit aux femmes. Soutenue par de nombreuses
associations et personnalités ainsi que l'opinion publique, elle décide
de mener une lutte pour faire valoir ses droits et préserver l'intégrité
physique de sa fille. Le 12 mars 1999, la justice française accordait un
droit d'hébergement à Sérénade pour la période des vacances d'été, à
appliquer en France dès l'année 2000. Devant ce tribunal, le père de
Laïla s'est engagé à respecter cette décision. Mais aussitôt que les
autorités françaises lui eurent livré Laïla, le 22 mars 1999, celui-ci
l'emmena en Egypte sans que la Justice et le Ministère des Affaires
Etrangères, qui était intervenu tout au long de la procédure, ne
s'assurent ni de la sécurité de l'enfant, ni de l'application du droit
d'hébergement de la mère. Depuis 4 ans, comme le craignait Sérénade,
Laïla n'a pu quitter l'Egypte et revoir sa mère en France. En mai 2002,
le tribunal a condamné le père à 2 ans de prison ferme pour
non-présentation d'enfant. Mais ce jugement n'a rien changé puisque
l'Egypte, sous couvert d'une décision judiciaire rendue le 13 janvier
2003, refuse l'application de la convention franco-égyptienne, en
faisant primer le droit coutumier sur le droit national et
international. Ce verdict, qui ne semble guère émouvoir les autorités
françaises, soumet de fait Sérénade à la Charia (droit coutumier
musulman) et ne lui concède qu'un "droit de visite" virtuel limité à un
mois en Egypte en lieu et place des trois mois et demi auquel la
Justice française s'était engagée. Il ne reconnaît également aucun
droit à l'enfant. Pour obtenir le droit de garde accordé par la justice
française, Sérénade a fait appel du jugement égyptien. Le père de Laïla
fait lui aussi appel aujourd'hui afin que Laïla ne revoit plus du tout
sa mère. Ces appels suspensifs ne permettent plus à Sérénade d'espérer
revoir sa fille cet été. Actuellement, Sérénade n'a plus de nouvelles de
sa fille, chaque recours en justice se heurtant à l'inertie de la
diplomatie française et au mutisme des responsables nationaux. Leur
silence persistant les rend complice de la négation quotidienne des
droits maternels les plus élémentaires de Sérénade et des droits de
Laïla. De procès en procès, Sérénade s'est épuisée physiquement,
moralement et financièrement. Par désespoir, elle a entamé une grève de
la faim. Nous regrettons qu'une femme mette sa vie en danger pour être
enfin entendue. Il est urgent de lui apporter notre soutien. Pour les
messages de soutien :
serenade.chafik2@tiscali.fr
4 - POUR LE RETOUR ET LE DROIT AU SÉJOUR D'ALEV ET POUR UN STATUT AUTONOME
DE LA FEMME IMMIGRÉE
Alev est une jeune femme turque qui a épousé un ressortissant français
qu elle a rejoint en France fin novembre 2000. Après quelques mois de
bonheur sans ombre, leurs relations se dégradent. C est le début d'une
longue série de désillusions et de douleurs pour Alev. Abandonnée par
son mari, elle s est retrouvée à la merci de ses beaux-parents qui l ont
séquestrée, l empêchant d' voir le moindre contact avec l extérieur.
Le 26 janvier 2002, après avoir été encore humiliée et battue par son
mari, elle décide de s'enfuir pour sauver sa vie. Elle quitte le
domicile de ses beaux-parents et se réfugie chez des voisins. Le
lendemain, son mari fait au commissariat une déclaration d abandon du
domicile conjugal. Puis il écrit un courrier à la préfecture dans lequel
il déclare que son mariage est un mariage blanc. La préfecture valide sa
déclaration et ses accusations sans vérifier la réalité de la situation
et prend la décision de retirer le titre de séjour puis un arrêté de
reconduite à la frontière.
Le 8 avril 2002, la préfecture propose un rendez-vous pour essayer de
trouver une solution à la situation d Alev. Soutenue par des
associations et des amis, convaincue que la préfecture veut lui proposer
un arrangement elle se rend de bonne foi au rendez-vous. A peine
arrivée, elle est menottée et arrêtée puis expulsée, sans avoir pu
faire valoir ses droits, vers la Turquie où elle subit un interrogatoire
des autorités turques pendant 4 heures.
Renvoyée chez elle dans des conditions dégradantes, Alev ne peut ni
espérer reprendre ses études ni fonder une famille en Turquie car les
femmes dans sa situation sont exclues de la société.
C est pourquoi nous réclamons :
· le retour et le droit au séjour d ALEV et de toutes les femmes qui ont
été expulsées lorsque les liens matrimoniaux ont été rompus · que les
femmes victimes de violences conjugales puissent quitter leurs maris
sans avoir peur de perdre leur titre de séjour · qu en cas de
séparation du couple, les femmes ayant obtenu un titre de séjour en tant
que conjointe ne perdent pas leur droit au séjour · le statut autonome
des femmes immigrées dès leur entrée en France · l égalité des droits
pour toutes les femmes immigrées
Signataires : Collectif National des Femmes De Turquie, L ACORT, ASCTV
ASTTU, ATTM, CACTUS, MCIT, CFAIT, Arc-en-Ciel.
Apportez votre soutien à ce texte en envoyant un mail avec votre nom,
prénom et votre adresse à : LE COLLECTIF NATIONAL DES FEMMES DE TURQUIE
C/° L'ACORT 39 bd de Magenta 75010 Paris Tél : 01 42 01 12 60- Fax : 01
42 01 02 86 email : acort.femmes@noos.fr
5 - QUELS PARENTS POUR DEMAIN ?
Mix-Cité vous invite àune journée de reflexion sur la parentalité : Le
samedi 26 avril 2003, de 9 h à 17 heures à la Maison des Initiatives
étudiantes, 50 rue des Tournelles, 75003 Paris
Etre parent, une évidence à questionner. La diversité des familles
(recomposées, adoptantes, monoparentales, homoparentales,
transparentales), les nouveaux modes de procréation (FIV, procréation
médicalement assistée, dons d'ovules et de sperme, mères porteuses), et
les lois récentes sur la famille (réforme de la transmission du nom,
livret de paternité, congé de
paternité) nous invitent aujourd'hui à poser la question de la
parentalité. Que signifie etre parent, et pourquoi l'etre ?
L'association Mix-Citéé, mouvement mixte pour l'égalité des sexes,
propose, par l'organisation d'un colloque consacrée à ce thème,
d'explorer ce concept de parentalité. Notre société normative, sous le
prétexte de " l'intéret de l'enfant ", impose l'injonction à etre parent
selon un modèle nuclÈaire (père, mère et enfant), ce qui ne convient ni
à la réalité des cas, ni aux exigences des individus. Ce colloque doit
permettre de définir la parentalité dans le respect des droits et du
bien-etre de chacun, enfants et parents, quels que soient le sexe et la
sexualitè de ces derniers.
Par Bama Athreya, Sous-Directrice du Fonds International des Droits du
Travail. (F I D T).
Traduction Stan Gir et Jean Pierre Renard. Coorditrad, traducteurs bénévoles(*)
Du café aux ordinateurs, ce sont les femmes qui fournissent la force de
travail productrice des biens qui sont en vente dans les supermarchés et
grands magasins du monde. Les femmes sont bonnes pour le commerce, mais
le commerce est-il bon pour elles ? Les règles US et mondiales du
commerce ont encore beaucoup de chemin à faire avant de fournir aux
femmes les protections minimales leur assurant des emplois décents. La
libéralisation du commerce et l'essor des industries d' exportation
reposent sur le travail salarié des femmes, spécialement dans les
industries de transformation. Le Rapport sur le Développement Mondial
estime que 70 à 90% des personnes employées dans les Zones de Production
pour l'Exportation ( Z P E ) dans le monde sont des femmes. Selon
l'Organisation de l'Agriculture et de l'Alimentation ( F A O ), les
femmes constituent approximativement 43% de la main-d'oeuvre des
industries agricoles et de l'agriculture. Toujours d'après les études
faites par cette Organisation, si l'on inclut le travail "informel",
particulièrement dans les pays en développement, les femmes produiraient
largement plus de la moitié de la nourriture du monde. Bref, les
consommateurs du monde entier dépendent du travail des femmes.
En cinquante ans de négociations globales sur le commerce, quelques
petites choses ont changé. Au moins les problèmes des femmes figurent
maintenant au programme des négociations commerciales et diplomatiques.
Á la suite de la Conférence Mondiale des Nations Unies à Pékin en 1995,
le gouvernement Clinton a créé un " Groupe de Travail Inter-Agences sur
les Femmes " comportant un sous-groupe de très haut niveau chargé des "
Femmes dans l'Économie Mondiale ".
A la fin des années 1990, il n'était pas rare de rencontrer des
responsables des négociations commerciales assis à la même table que des
représentants d'organisations de défense des droits des femmes afin
d'écouter leurs demandes. Par exemple, le Groupe Régional de Coopération
Économique Asie Pacifique ( A P E C ), représentant les économies de ses
21 membres, a tenu des réunions ministérielles sur les questions des
femmes en 1997, 1998, et 1999.
Toutefois, ces consultations ne se sont traduites par aucune proposition
de négociation et les organisations pour la défense des droits des
femmes se sont de plus en plus jointes aux groupes syndicaux et de
défense de l'environnement pour dénoncer l'échec total du commerce à
profiter en quoi que ce soit aux pauvres de ce monde.
En 1999, en Malaisie, une réunion des O N G de femmes de l'Asie entière,
a créé << l'opposition des femmes à la mondialisation. Les ateliers sur
" Commerce et Droits de la Femme " font désormais de plus en plus partie
des discussions sur le commerce et des réunions des institutions
financières Internationales. Au niveau mondial, les organisations de
femmes ont même créé, fin 1999, un " Réseau international de réflexion
sur le commerce et les genres " ( IGTN ) afin d'informer le public des
effets négatifs des accords commerciaux pour les femmes. Le cas des
"ateliers-bagnes" inquiète particulièrement les mouvements de défense
des femmes dans le monde entier, ce qui n'étonnera personne.
Des scènes de la vie dans de tels ateliers ont fourni une illustration
vivante du problème : un personnel dans sa grande majorité très jeune,
célibataire et féminin aux prises avec un encadrement dans sa très
grande majorité d'âge moyen et masculin. Il est difficile de se figurer
comment les règles du commerce global ont profité aux femmes alors que
la grande majorité des emplois qui leur sont offerts se trouvent dans
des ateliers-bagnes.
Qu'y a-t-il de mal dans ces emplois ? D'après l'Organisation
Internationale du Travail (O I T ), les femmes dans les pays en
développement sont généralement moins payées que les hommes; au mieux
elles reçoivent de 50 à 80% des salaires généralement offerts aux hommes
pour le même travail. Les travailleuses ne jouissent pas des mêmes
avantages que les hommes dans la mesure où on ne leur offre le plus
souvent que des emplois sans avantages sociaux et qu'elles sont les
premières à être licenciées en cas de difficultés économiques. Par
ailleurs, elles ont également moins de chances d'obtenir des
possibilités de formation ou de promotion. La liste des abus dont sont
régulièrement victimes les femmes au travail dans les industries légères
de transformation un peu partout dans le monde est bien connue.
Elles sont forcées de travailler de longues heures pour des salaires qui
souvent sont inférieurs au minimum garanti par la législation locale.
Par exemple, des semaines de 60 à 80 heures sont habituelles en Chine et
dans une grande partie du Sud-Est Asiatique, d'après les rapports du "
Comité National du Travail ", de la " Campagne Vêtements Propres " et
d'autres encore.
Le " Réseau de Soutien à l'Hygiène et à la Sécurité du Travail dans les
Maquilas " rapporte que dans le monde entier, les travailleuses sont
constamment exposées à des conditions de travail particulièrement
dangereuses, se traduisant par des maladies, des amputations ou même par
la mort. Loin de s'intéresser à ces problèmes, le gouvernement U S
semble vouloir en ralentir l'examen. Le " Groupe de Travail
Inter-Agences sur les Femmes " est complètement inactif depuis l'
arrivée du Président Bush au gouvernement, et les problèmes des femmes
ne figurent nulle part dans les priorités des négociations menées par ce
gouvernement.
Les Accords Commerciaux U S ne cherchent pas à résoudre les problèmes
des travailleuses.
- Les accords commerciaux contiennent parfois une mention générale des
droits des travailleurs, mais dans de nombreux cas ces normes n'
incluent pas la protection des femmes.
- Les Syndicats ont de la difficulté à syndiquer les femmes et les
problèmes spécifiques aux femmes sur le lieu de travail restent parfois
sans solution.
- Les Normes Générales du Travail ne traitent pas des formes subtiles de
discrimination telles que par exemple le harcèlement sexuel.
Dès la moitié des années 80, le Congrès a passé une série de lois qui
liait directement l'octroi de traitements commerciaux préférentiels à un
ensemble de droits accordés aux travailleurs. Cette condition s'est
appliquée pour la première fois dans le cadre du " Projet de la région
Caraïbe" qui contenait une seule ligne de référence aux droits des
travailleurs, mais en 1984, le Programme de Système Général de
Préférences ( S G P ), qui permet à plus de 4000 produits en provenance
de 140 pays en développement d'entrer hors taxe sur le marché U S,
comprenait une définition des droits des travailleurs qui est devenue
par la suite la norme dans toutes les lois U S dans ce domaine. La "
Clause du Travail G S P " incluait la liberté d' association, les
négociations collectives, l'interdiction du travail forcé et du travail
des enfants, ainsi que le droit à des conditions " décentes " de
travail, incluant un salaire minimum acceptable.
Afin de pouvoir bénéficier de ce " G S P ", un pays doit avoir un PNB
par habitant inférieur à 10.000 $ par an . La clause des normes du
travail avait pour objet de s'assurer que les pays qui bénéficieraient
du G S P respecteraient des conditions d'emploi décentes. Il faut
toutefois noter dans cet accord l'absence du droit à un emploi sans
discrimination aux dépens des femmes, ce que l' O I T considère comme
faisant partie des droits généraux du travail.
Même si ce droit fondamental était inclus dans la législation U S du
commerce , il ne constituerait qu'un premier pas vers la suppression des
violations des droits le plus fondamentaux des travailleuses dans le
monde. Nombreuses sont les femmes employées formellement ou
informellement qui se voient refuser le droit à l'adhésion à un syndicat
ou à la négociation collective.
Même dans des emplois " réguliers ", le droit de se syndiquer est encore
un rêve lointain pour la plupart des travailleuses. Par exemple au
Bangladesh, l'un des premiers producteurs de vêtements pour le marché U
S, les syndicats ont été longtemps interdits dans les zones de
production pour l'exportation ( E P Z ), et au Kenya, un des premiers
partenaires commerciaux des U S A en Afrique Sub-Saharienne, les
syndicats sont en fait également interdits. Dans ces deux pays, la
majorité des emplois dans les E P Z sont tenus par des femmes. En outre,
dans les industries légères de transformation, où les femmes constituent
la majorité du personnel, le climat industriel est tellement enrégimenté
que le temps et l'espace nécessaires pour pouvoir se syndicaliser sont
virtuellement inexistants, et la répression de toute tentative dans ce
sens est souvent très brutale.
Enfin, dans de nombreux pays, les syndicats, dominés par les hommes, ont
mis du temps à s'ouvrir aux travailleuses.
Bien que les syndicalistes d'Amérique Centrale commencent à soutenir la
syndicalisation dans les E P Z , de nombreuses travailleuses s'en
remettent encore aux organisations de défense des femmes plutôt qu'aux
syndicats pour obtenir une protection en matière de conditions du
travail.
Les travailleuses ont à faire face à des contraintes et à des défis non
couverts par ces droits "généraux " du travail. Des rapports de " Human
Rights Watch " font état en 1996 et 1998 de l'utilisation systématique
des tests de grossesse dans les usines mexicaines de confection,
d'électronique et d'équipement ménager destinés à l'exportation aux U S
A. Les femmes interviewées ont déclaré qu'elles étaient maltraitées et
forcées à démissionner si elles tombaient enceintes. Certaines ont même
raconté qu'elles s'étaient vues assigner des tâches très dures qui
requéraient de soulever de lourdes charges, après que les contremaîtres
aient appris leur état ; plutôt que de risquer de perdre un emploi de
misère mais indispensable pour survivre, elles faisaient alors des
efforts épuisants.
Un rapport du Fonds International pour les Droits du Travail ( IRLF)
réalisé en 2002 signale des violences contre les femmes dans les
industries agricoles au Kenya. De nombreuses femmes faisant la
cueillette du thé et du café pour l'exportation sont restées
silencieuses sur le harcèlement sexuel et même parfois les viols subis
du fait de leurs contremaîtres, afin de conserver leur emploi.
Travaillant dans les plantations, ces femmes n'avaient aucun moyen de
s'échapper et aucune loi n'existait pour les empêcher d'être agressées
par les contremaîtres dans les champs. La recherche effectuée au Kenya a
également révélé que ces mêmes contremaîtres retenaient leur paye ou
menaçaient de le faire afin de les forcer à accepter leurs avances.
Les renseignements préliminaires recueillis par le IRLF suggère que des
abus similaires se produisent chez les principaux partenaires
commerciaux des USA en Amérique Latine et en Asie ( Thaïlande, Mexique,
République Dominicaine ), mais peu de preuves formelles sont
disponibles. Il semble toutefois que la soumission aux abus sexuels soit
un des " coûts collatéraux " que l'on doit accepter pour conserver son
emploi dans l'économie globale.
Recommandations pour une nouvelle politique étrangère des USA
- Washington doit inclure la non-discrimination dans la définition des "
Droits Internationalement Reconnus des Travailleurs "
- Les U S A devraient encourager activement les travaux de l' O I T pour
supprimer la discrimination à l'égard des femmes.
- Les U S A doivent reconnaître leur responsabilité dans la défense des
normes internationales, s'agissant particulièrement des travailleuses.
Le 6 août 2002, le Congrès a renouvelé le G S P jusqu'au 31 Décembre
2006. Durant la préparation de la loi reconduisant le G S P et
élargissant le pouvoir du Président en matière de Promotion du Commerce
( T P A connu sous le nom de " Voie Rapide " ou " Fast Track " ), un
amendement présenté par le Sénat ajoutait la "non-discrimination" aux
droits obligatoires des travailleurs.
Malheureusement cet amendement fut éliminé lors de la préparation de la
synthèse entre la version de la Chambre des Représentants et celle du
Sénat, laissant ainsi le G S P et toutes les lois ultérieures sans
protection contre la discrimination. Une telle clause ne ferait
toutefois que rendre le G S P conforme aux droits fondamentaux des
travailleurs ainsi qu'ils ont été définis par l' O I T. Elle mettrait
également l'accent sur la vulnérabilité des travailleuses dans les pays
en développement et permettrait d'y remédier en utilisant les procédures
de plainte prévues dans le G S P. Les accords commerciaux ne se référant
pas au G S P , tels que " l'Accord de Préférence Commerciale Andine " et
le T P A , nécessitent un amendement supplémentaire pour y inclure la
non-discrimination dans les droits des travailleurs.
Il est alarmant de voir que les nouveaux accords actuellement prévus ne
comportent même pas les normes déjà insuffisantes du G S P, et il semble
qu'en dépit de la pression croissante de la part de la Société Civile,
tant aux U S A que chez leurs partenaires commerciaux, le Gouvernement
Bush soit encore moins intéressé par les besoins des travailleuses que
ne l'était celui de Clinton. Le Bureau du Représentant U S pour le
Commerce a mis l'accent sur le fait que les priorités actuelles en
matière de négociations commerciales sont : la Zone Centre-Américaine de
Libre Échange ( CAFTA ), la Zone de Libre Échange des Amériques ( FTAA )
et la Zone de Libre Échange et de Développement Sud-africaine ( SAFTDA
). Ces accords feront référence non pas au G S P mais plutôt à la
législation du TPA. Le texte du TPA exige simplement des pays en cause
le respect de leurs lois nationales du travail, même si elles sont
souvent insuffisantes et peu respectées.
Le T P A évoque l'assistance apportée par les USA à ses partenaires
commerciaux pour leur permettre de respecter les Normes Internationales
du Travail de l' O I T les plus basiques, et il faut signaler que le projet
d'accord régional pour l'Afrique du Sud suggère que les questions de
développement soient liées aux négociations commerciales. Les
négociateurs U S devraient :
1) Soulever, lors de la discussion du nouvel accord avec les pays de l
'Amérique Latine et du Sud de l'Afrique, la question des droits des
travailleurs définis de façon assez large pour inclure les protections
dues aux travailleuses.
2) Insister sur les conditions d'accès au marché U S du type de celles
du GSP, les liant à la définition et à l'application d'une meilleure
protection des droits des travailleurs.
3) Mettre les gouvernements en condition de respecter ces droits grâce à
une assistance généreuse au développement. Il y a également lieu
d'élargir la base de réflexion des politiques en matière de protection
des droits des travailleurs. En 1998, l'O I T , arbitre du Droit
International du Travail, a précisé un ensemble minimum de droits des
travailleurs :
- Le Droit à la liberté d'association ( Convention Internationale N°87
de l'OIT )
- Le Droit à la liberté syndicale et aux négociations collectives (
Convention N°98 )
- Le Droit à l' égalité des chances d'emploi et à la non-discrimination
( Conventions N° 100 et 111 de l'OIT )
- L'interdiction du travail forcé ( Conventions N°29 et 105)
- L'interdiction du travail des enfants ( Convention N°138 et 182 )
Bien que ce minimum de normes du travail inclue l'interdiction de la
discrimination en matière d'emploi, il n'est pas suffisant pour résoudre
la multitude de problèmes affrontés par les femmes au travail. Le
législateur devrait considérer cet ensemble minimum de conventions de
l'O I T comme une base et chercher à obtenir que les problèmes envisagés
soient partie intégrante des discussions des clauses sociales. Si les
Conventions de l'O I T sur les responsabilités familiales (156) et sur
le travail à domicile (179) y étaient ajoutées, beaucoup plus de femmes
pourraient en profiter.
De plus, un effort supplémentaire doit être fait pour que l' OIT
définisse et apporte une solution aux deux problèmes le plus communément
rencontrés par les travailleuses dans le monde entier : l' incapacité
d'obtenir un salaire suffisant pour garantir un niveau de vie acceptable
et l'exposition à la violence et au harcèlement sur le lieu du travail.
L'OIT n'a ni défini ni inclus dans ses conventions le harcèlement
sexuel. Cela devrait constituer un objectif immédiat pour les
législateurs dans le monde entier.
Enfin le gouvernement U S devrait adhérer au dispositif international
qui offre l'unique garantie aux droits des travailleuses : la Convention
Internationale pour l'Élimination de Toute forme de Discrimination
Contre les Femmes (CEDAW en anglais ). 170 pays, soit approximativement
90% des États Membres de l' ONU, ont ratifié cette convention, y compris
l'Afghanistan et l'Arabie Saoudite. La CEDAW a un impact direct sur les
droits des femmes au travail dans la mesure où elle:
1) élimine la discrimination en matière d'instruction publique, de
formation technique et d'accès à l'emploi
2) protège les droits de la femme en matière de santé et de sécurité, de
maternité, de congés familiaux et de sécurité sociale
3) interdit le harcèlement sexuel
4) garantit le droit des femmes en matière d'accès au crédit.
Signée en 1979 par le Président Carter, la CEDAW attend toujours le vote
du Congrès, le Sénat ayant même régulièrement refusé de la soumettre au
vote. En 2002, le responsable démocrate du Comité des Relations même
Étrangères a présenté la CEDAW à la ratification du Sénat mais s'est
heurté à un puissant groupe de pression qui y était opposé. Maintenant
que les républicains ont de nouveau la majorité au Sénat, il y a peu de
chances pour que la CEDAW puisse être ratifiée dans l'immédiat. Si les
droits des travailleuses doivent être protégés universellement ( y
compris aux USA ), c'est l'administration U S toute entière qui devra
abandonner son opposition à la CEDAW et permettre ainsi au Sénat de la
ratifier. Contact pour cet article : Bama Athreya,
bama.athreya@ilrf.org
7 - LECTURES
Un livre de photographies des moments importants du mouvement des
femmes en France que nous vous conseillons fortement. Photos de
Catherine Deudon, toujours là quand il faut avec son appareil. Plein
d'émotions, de souvenirs et d'histoire " Un mouvement à soi " Extrait
de la 4eme de couverture de "un mouvement à soi" de Catherine Deudon."
Je suis tombée dans les révélateurs, les bains d'arrêt, et les
fixateurs vers 16 ans, j'ai lu Simone de Beauvoir vers 17, j'ai
rencontré mai 68 vers 28, le reste est allé comme de soi: mettre
ensemble photographie et Simone de Beauvoir à 30 ans en rencontrant le
Mouvement de libération des femmes, et son humour rebelle... Et j'ai
continué après 1982 avec un autre militantisme sorti tout droit de nos
victoires et de nos défaites, sans prétendre avoir tout montré...Des
féministes ont encore à dire, de façon différente qu'en 1970, ce qui ne
va toujours pas pour les femmes, pour leurs droits d'êtres humains, ici
et ailleurs. Mes photos se terminent sur l'Afghanistan en 2001: trente
et une année de mémoire en images du côté des femmes rebelles" Pour
obtenir ce livre de photographies de plus de 200 pages: "un mouvement à
soit " envoyer un chèque de 20 euros à l'ordre de Syllepse, 69 rue des
Rigolles 75020. PARIS avec vos noms et adresse (en précisant le nom du
livre et le nombre d'exemplaires) Vous pouvez aussi demander à votre
libraire de le commander au 0144620889.
Regards de femmes sur la globalisation", sous la direction de Jeanne
BISILLIAT, Karthala, 23E. Présentation par l'éditeur : " Cet ouvrage
propose au public francophone une pensée féministe critique, encore peu
connue en France, des institutions internationales ( Nations unies,
Banque mondiale, Fonds monétaire international) et de la dangereuse
récupération des pauvres et des femmes à laquelle elles se livrent.
Quels que soient leur faiblesse et leur dénuement, tous devraient ,
selon elles, devenir des consommateurs et tous les moyens, parés de
l'infinie bonne conscience du capitalisme, sont bons pour arriver à ce
résultat convoité. C'est là un des redoutables aspect de la
mondialisation qui réside dans un paradoxe tout aussi redoutable : la
prolifération d'un discours multiforme mais univoque, diffusé sans
répit selon de multiples modalités de communication, ce qui, en fait,
Pour tout contact : Marche Mondiale des Femmes, 104 rue des Couronnes, 75020 Paris Tel : 01 44
62 12 33 Fax : 01 44 62 12 34