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Le courrier de la Marche N° 14

16 - Août 2002

Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiqués concernant les
droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles. 

Site de la Marche mondiale : http://www.ffq.qc.ca/marche2000 Bientôt un site européen !

Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 1 33,  Fax : 01 44 62 12 34

Sommaire:

  • Rappel: Prochaine réunion Marche mondiale France
  • Brochure bilan de la Marche mondiale des femmes
  • Nouveau communiqué de Cabiria - association lyonnaise d'aide aux
    prostituées
  • Texte de Malka Marcovich "De l'Eurovision aux femmes à vendre"
  • Appel pour une journée internationale "sans prostitution"
  • Appel international de la Commission des femmes du Conseil national de
    la Résistance iranienne


I - Rappel : prochaine réunion Marche Mondiale France

Le Forum social européen aura lieu à Florence les 7-8-9 et 10 novembre 2002
(voir description dans le courrier N° 12). La Coordination européenne de la
Marche s'est investie dans la préparation de cette initiative. Elle a
notamment proposé une conférence "femmes" qui a été acceptée. Il y aura
aussi des séminaires et des ateliers. Pour le moment, les propositions de
thèmes concernant les femmes sont quand même peu nombreuses.
Afin que, en France, les associations puissent s'emparer de cette
initiative et y trouver leur place, soit en y tenant des ateliers, soit en
s'y rendant, la commission Marche mondiale propose une réunion plus longue
pour la préparer. Cette réunion concerne toutes les associations,
organisations et collectifs partie prenante du CNDF et de la Marche.
Il y aura également à l'ordre du jour les projets d'initiatives européennes
et mondiales de la Marche.
Samedi 7 septembre
13h30 - 19h
Cité Faidherbe
104 rue des couronnes - métro Couronnes
ou 23 rue de la Mare - métro Pyrénnées

II - Brochure-bilan "Femmes en Marche"

Regards sur les actions et revendications de la Marche mondiale des femmes
Pour avoir cette brochure, vous pouvez nous faire votre commande en nombre
ou aller l'acheter La Librairie du Québec à Paris

La Marche mondiale des femmes est heureuse d'annoncer sa toute dernière
parution "Femmes en Marche". Regards sur les actions et revendications de
la Marche mondiale des femmes. Ouvrage ambitieux pour un projet ambitieux,
cet ouvrage, retraçant les grandes étapes de la belle aventure de la Marche
mondiale des femmes à travers le monde, est disponible en français, en
anglais et en espagnol.
Ce magnifique album (64 pages couleurs), réalisé en coédition avec Les
Éditions du remue-ménage, sera également en vente dans certaines librairies
et par le biais d'un réseau de distribution couvrant l'ensemble des pays.
Ce livre, abondamment illustré, nous fait découvrir les actions mises en
¦uvre par les femmes pour faire entendre leurs revendications dans leur
communauté, leur pays et dans le monde, de même que les gains obtenus par
certaines et les espoirs ravivés chez les autres. On y dénonce deux
réalités au c¦ur du quotidien des femmes, soit la pauvreté et la violence,
mais o" la solidarité féministe mondiale est possible, malgré les embûches,
et qu'elle est porteuse de changement et d'espoir.
Femmes en marche nous rappelle que chaque jour à travers le monde, des
femmes luttent pour le droit de vote, l'accès à l'eau, à la terre, à
l'éducation et à la santé ; contre le viol, les agressions sexuelles et la
violence conjugale ; pour la maîtrise de leur corps et de leur sexualité ;
pour l'égalité et l'équité salariale...
Bref, plus que le souvenir de la Marche mondiale des femmes en l'an 2000,
c'est un regard tourné vers l'avenir que nous retrouvons dans ce livre à
travers les actions, les revendications, les gains et les espoirs de celles
qui l'ont portée.

Une version multimédia de Femmes en Marche
Les technologies ayant joué un rôle important tout au long de
l'organisation de la Marche mondiale des femmes il était tout indiqué que
Femmes en marche soit non seulement accessible via notre site Web mais
qu'elle y soit en version multimédia http://www.ffq.qc.ca/marche2000/bilan

En plus d'y retrouver tout le contenu de la version imprimée, la version
multimédia contient de nombreux textes et éléments visuels supplémentaires.
Sa composition sera régulièrement bonifiée à partir d'informations
additionnelles que nous pourrions recevoir de la part des groupes
participants et des coordinations nationales.
Une foule d'hyperliens ont été intégrés au texte afin de vous fournir des
informations complémentaires ou de vous suggérer des visites vers d'autres
sites web. Ces hyperliens vous donnent accès à des documents produits soit
par les groupes participants à travers le monde, soit par les coordinations
nationales, tels des bilans nationaux, des plateformes de revendications
etc.
La version multimédia de Femmes en marche contient également de nombreux
éléments visuels supplémentaires (185 photos, 200 images), comme des cartes
d'appuis produites par différents pays, de même qu'une trentaine de
fichiers vidéos dont plusieurs sur des marches nationales. Dans le but de
faciliter le visionnement de ces vidéos nous offrons les fichiers en deux
résolutions différentes, haute résolution et basse résolution, cette
dernière étant plus rapide à télécharger :
http://www.ffq.qc.ca/marche2000/bilan/fr/videos.html

La navigation a été conçue de façon à permettre différents parcours de;lecture.
Une barre de navigation courte et efficace (située à gauche) accompagne
chaque page Web. Le simple fait d'appuyer sur les mots Sommaire / préface /
Historique / Revendications / Actions / Expressions / Régions / 2001 /
Sources vous permet d'accéder aux différentes sections du bilan.
En plus de pouvoir se déplacer d'une section à l'autre par cette barre de
navigation, un sommaire général,
http://www.ffq.qc.ca/marche2000/bilan/fr/sommaire.html présente l'ensemble
du contenu et chaque section dispose de son propre sommaire vous permettant
de naviguer d'une section à l'autre de même que d'un texte à l'autre.
La lecture peut aussi se faire comme s'il s'agissait d'un livre grâce à des
flèches (avant / arrière) situées au bas de chaque page Web.
La barre de navigation vous aide également à trouver tout ce qui vous
intéresse dans le contenu du Bilan par un simple clic sur les mots
Recherche / Search / Buscar.
En tout temps il est possible de changer la langue d'affichage de la page
Web visitée grâce aux boutons (français / Anglais / Espagnol).

Nous sommes très fières de la réalisation de Femmes en Marche, regards sur
les actions et revendications de la Marche mondiale des femmes et nous
sommes heureuses de maintenant le partager avec vous car c'est notre Marche
à toutes qui y est racontée. Nous sommes assurées que vous ressentirez la
même fierté que nous à consulter cette publication de même qu'à la partager
avec votre entourage. Offrez-vous dès maintenant un avant-goût en visitant
à : http://www.ffq.qc.ca/marche2000/bilan

III - Nouveau communiqué de Cabiria - association lyonnaise d'aide aux prostituées 12 Août 2002

ALERTE, ALERTE, ALERTE,
UN ARRETÉ MUNICIPAL
ANTI-PROSTITUTION À LYON!

Malgré les courants de protestation qui s'élèvent depuis deux mois, pour
dénoncer la répression contre les personnes prostituées en France, un
arrêté municipal vient d'être pris à Lyon : Il vise à interdire l'exercice
de la prostitution dans la plupart des rues du centre ville afin de
reléguer les personnes prostituées aux périphéries, où elles seront
particulièrement exposées aux agressions et à l'insécurité.
En dépit des demandes de concertation adressées à Monsieur Collomb, Maire
de Lyon (voir notre site) et malgré le désaccord de certains adjoints, le
maire de Lyon applique à la lettre et anticipe la politique de Monsieur
Sarkosy, Ministre de l'intérieur du nouveau gouvernement, et discrédite la
gauche toute entière.
Nous nous élevons contre la diabolisation des personnes prostituées qui
fait écran aux dysfonctionnements économiques et politiques plus globaux et
plus graves. Les personnes prostituées sont à nouveau désignées comme boucs
émissaires, comme ce fut souvent le cas dans des périodes de crise, parce
qu'il est plus facile de s'attaquer aux personnes les plus visibles, et qui
ont moins de soutiens politiques et sociaux, parce qu'il est facile aussi
de renforcer le stigmate déjà présent contre un groupe social discriminé.
Et nous voulons alerter nos concitoyen-ne-s contre les risques d'une telle
politique. Il s'agit avant tout de fabriquer des coupables pour détourner
l'attention de la " France d'en bas " des véritables problèmes économiques
et sociaux. Cette politique répressive est populiste, xénophobe et produit
une bonne conscience à moindre coût et à court terme.
En réalité, ces mesures de persécution auront pour conséquence de renforcer
l'insécurité et la violence urbaine, et elles sont l'une des premières
atteintes aux droits humains fondamentaux du nouveau gouvernement. D'autres
suivront ou sont déjà engagées.
Elles criminalisent la pauvreté et la précarité, renforcent l'exclusion des
personnes et notamment des prostituées déjà stigmatisées.
Elles renforceront, POUR LES PERSONNES ÉTRANGÈRES, les réseaux mafieux en
augmentant l'insécurité des femmes. Si les autorités Françaises ne
protègent pas les femmes victimes de trafic, elles redeviendront des proies
pour des trafiquants sans scrupule. La lutte contre le proxénétisme est
incompatible avec le harcèlement policier contre les personnes prostituées.
L'interdiction de la prostitution aura pour conséquence le développement
d'une activité clandestine augmentant les prises de risques du point de vue
de la santé et de la sécurité. Le travail des personnes prostituées se fera
dans des conditions de plus en plus précaires, favorisant le refus de
l'utilisation des préservatifs de la part des clients et les agressions
physiques, les risques de vol et de viol. Les associations de santé verront
leurs actions de prévention limitées et le travail de plusieurs années
anéanti.
En conséquence, nous dénonçons publiquement cette politique répressive et
discriminatoire visant uniquement à préserver les intérêts des plus
privilégiés et ce, au mépris des droits humains les plus fondamentaux et de
la santé publique.

V - Texte de Malka Markovich " De l'Eurovision aux femmes à vendre"

L'Eurovision a fait couler bien de l'encre. Tout d'abord, avant
l'événement, lorsqu'il s'est agit de gloser sur le spectacle le plus
kitsch, le plus ringard de l'année, qui n'a rien à envier aux
sempiternelles émissions de variétés françaises. Puis ensuite pour s'
indigner devant l'attitude raciste, sexiste, méprisante et " vulgaire " des
présentateurs français.

Il n'est pas étonnant que la presse européenne se soit si peu intéressée à
l'Estonie, futur pays de l'Union Européen, berceau d'une histoire qui
remonte au Moyen age, magnifique pays dans une région du monde si méconnue
de Europe de l'ouest.

Pas étonnant non plus qu'en marge de l'Eurovision on ait tué la première
initiative des pays de l'Europe du Nord, du Conseil des Ministres Nordique
qui ont, au lendemain de l'Eurovision organisé le premier séminaire commun,
réunissant des représentants de 8 pays du Nord de l'Europe, pour lancer une
campagne conjointe contre la traite des femmes.

On peut se demander en effet pourquoi ce silence sur ce marché du sexe en
expansion, ce haut lieu du tourisme sexuel, alors que les journalistes se
rendant à Tallin pour l'Eurovision le 25 mai, pouvait découvrir facilement
l'atmosphère mercantile, où les femmes sont vendues et achetées, où les
hommes en groupes chassent à toute heure du jour dans les rues, dans les
bars et boites de la ville et des hôtels. On peut se demander en effet
pourquoi personne n'a rapporté que l'on pouvait lire dans le Baltic Times
du 23 au 29 mai 2002 édité en anglais, distribué dans les avions et les
hôtels de Tallin, les trois articles qui prônent la vente des femmes, et
toute une propagande véhiculant les stéréotypes les plus sexistes qui
soient.

En page 11 de ce journal, on trouve deux articles se répondant l'un à
l'autre. Le premier est une interview de la candidate lettonne, Maria
Naumova, photo de madone au visage triste sous le titre " Une personnalité
positive lettonne ". Le second fait la promotion d'une expo porno à Riga et
de l'industrie du sexe en plein essor avec photo d'une blonde pulpeuse en
tenue SM, souriante et heureuse de découvrir un choix uniforme de lanières
de cuir et de chaînes sur un présentoir. Le troisième article porte sur le
commerce dans les pays baltes en page 14, avec une interview en pleine page
de Paolo Moglia, décrit comme pionnier de l'industrie de la mode en Estonie
sous le titre " capitaliser sur la beauté ".

A la lecture de ces interviews et articles, comment ne pas faire le lien
entre la violence dénigrante des présentateurs français pour l' Eurovision,
ainsi que le silence fait autour de la campagne nordique contre la traite
des femmes dont nous reparlerons plus loin.

Comment ne pas soudainement se sentir en danger en tant que femme alors
qu'un flot d'hommes venus de Finlande se déverse le week-end pour acheter
des femelles et boire ? Dès le vendredi soir, Tallin est un non-women's
land pour les femmes qui résisteraient au racolage sexuel. Dans les
ascenseurs et lobbies des hôtels, dans les rues et ce jusqu'au dimanche
soir, des troupeaux de prédateurs chassent les femmes, toutes sans
exception, car en Estonie, toute femme est considérée comme un produit
marchand potentiel. Helsinki ne se trouve qu'à 80 kilomètres de Tallin, et
20 bateaux par jour font l'aller retour entre la riche ville scandinave et
la capitale moyenâgeuse de la nouvelle république estonienne. Car là, de
l'autre côté de la mer baltique, tout est bon marché, surtout les femmes et
l'alcool. Et en ce printemps au ciel éternellement bleu du Nord de
l'Europe, où la nature explose à la veille de l'équinoxe, quand on est
femme on cherche péniblement un lieu où se protéger de ces demandes
incessantes, ces regards qui déshabillent, cette violence masculine
omniprésente.
Mais finalement, quoi de plus normal en effet de considérer les femmes
ainsi quand on lit l'interview de Maria Naumova, candidate à l' Eurovision
dans le Baltic Times du 23 au 29 mai 2002. Elle est juriste et a fini ses
études de droit il y a trois ans, " ou quatre peut-être ". En tout cas,
elle affirme ne pas vouloir pratiquer cette profession " qu'elle n'aime pas
! ". Elle préfère en effet chanter, et elle explique le sens des paroles de
la chanson qu'elle présente en français à l'Eurovision, langue glamour par
excellence : " C'est une chanson dont le message essentiel est d'avoir du
désir, le désir d' aimer et d'être aimer. Si vous dites à une personne que
vous ne l'aimez pas, cela ne veut pas dire qu'un an plus tard vous ne lui
direz pas que vous l'aimez. "

Message bien reçu, surtout dans cette région où l'industrie du mariage
constitue une planche de salut pour les femmes qui rêvent d'un eldorado à
l'Ouest. Il suffit d'être patiente avec l'homme que l'on refuse, car un
jour on finira bien par l'aimer.

Pour s'en sortir et arriver, les femmes doivent aussi savoir être
critiquées et dévalorisées : " Je préfère quand on dit du mal de moi "
affirme-t-elle. Cela me " donne de la force ", " les personnes qui disent
que vous êtes mauvaises vous donnent des raisons de travailler".

Maria aime l'Eurovision, elle aime l'idée que " 100 millions de personnes
soient en face de leur TV avec des bières et des chips (S) Cela rassemble
les gens, ils n'ont plus à penser aux problèmes internationaux et aux
différences, mais à quelque chose de positif "

En effet, quel idéal de fusion humaine d'imaginer des personnes vautrées à
boire de la bière, le souffle coupé devant la litanie du " five points,
cinq points " !

Sur la même page, en dessous du visage de la madone, on trouve un article
décrivant l'expo de gadget porno à Riga. Le journaliste reconnaît avec
tristesse que les Pays baltes ont encore du chemin à faire pour sortir de "
la ringardise post-communiste ". " Cette exposition est peut-être bien pour
la Lettonie, mais ce n'est certainement pas Amsterdam ". Le journaliste
rêve qu'un jour dans cette région du monde, on pourra enfin parvenir au
modèle néerlandais, symbole même de la modernité. Oui en effet, se désole
le journaliste
branché et blasé, le lesbianisme ou le super SM n'est pas accessible dans
cette exposition porno. Finalement elle n'est encore organisée qu'à
l'intention " des mâles hétérosexuels sans imagination ". Seuls seront
émoustillés ceux qui ont reçu une "éducation religieuse stricte " constate
l'auteur. Mais enfin, ce festival érotique permet tout de même que l'on "
explore des goûts sexuels variés ".

On est rassuré pour les hommes baltes, ils feront des progrès eux aussi, et
deviendront conformes à l'image des hommes de l'Europe de l' ouest. Ils
sauront eux aussi savourer de nouvelles viandes femelles plus délurées, SM,
lesbiennes. On se croirait au salon de l'
agriculture.

Il faut dire que le marché de la " beauté " semble constituer le secteur
même du développement économique des pays baltes. Dans les pages Business,
Paolo Moglia fier de son flair de pionnier raconte son parcours. Il ne
faudrait pas s'y méprendre en lisant l'interview. Non, malgré les
apparences, cet homme d'affaire n'a rien à voir avec un proxénète, le mot
n'est même pas utilisé. Non, sa passion consiste à chercher des modèles
dans le " champ peu exploré des beautés naturelles baltes ".

Son travail typique quotidien consiste " à rencontrer des dizaines de
filles qui rêvent de descendre le long des trottoirs de Milan, Paris et New
York. Les vraies perles peuvent être trouvées dans n'importe quel magasin
d'habits ou supermarché. " Il peut aussi les rencontrer dans " la rue, à un
concert ou un casting. " " J'essaye de les convaincre de venir à mon
agence, si possible avec leurs parents si elles ont moins de 18 ans et
qu'ils veulent savoir où ira leur fille."

Paolo Moglia a de quoi faire rêver en effet. C'est lui qui a déniché Carmen
Kass en 1994, Top model vivant aujourd'hui à New York. En ce moment il fait
travailler deux " filles " de 15 ans. Il n'a qu'un seul modèle masculin car
" en Estonie il y a un homme beau pour 10 belles filles, voilà la vraie
proportion " souligne-t-il. Avis aux touristes sexuels gays, rien de bien
formidable à acheter dans les pays baltes. Paolo Moglia, fort de son succès
vient d'ouvrir une agence à Riga, et compte s'installer bientôt aussi en
Lituanie.

Il faut dire que le " réservoir de beautés " n'est pas encore totalement
épuisé dans les Pays baltes. Les femmes sont encore à vendre, sur place ou
à l'étranger. Les hommes estoniens " consomment " des femmes russes, sous
classe victime de discrimination depuis l' effondrement du régime
soviétique et surtout moins chères que les Estoniennes.

Les femmes estoniennes quant à elles sont consommées sur place par les
touristes finlandais qui représentent 70% des acheteurs du sexe du fait de
la proximité de la Finlande. Mais les femmes des pays baltes sont
également victimes de la traite, à destination de la Finlande, de la
Norvège, du Danemark, de l'Allemagne, des Pays Bas, de l'Islande, puis des
US et du Canada. En Allemagne, Pays Bas et au Danemark, pays ayant
légalisé certaines formes d'exploitation de la prostitution, la traite de
ces femmes n'est reconnue que lorsqu'il y a contrainte, illégalité,
tromperies. En réalité, nombre de femmes baltes sont vendues comme "
travailleuses du sexe ", et ont des contrats de " travail " légaux avec
leurs proxénètes allemands, danois ou néerlandais.

Depuis l'entrée en vigueur de la loi suédoise en janvier1999, pénalisant
l'achat de service sexuel, la Suède serait plutôt un pays de transit à
destination de la Norvège. Les femmes estoniennes entrent en Suède avec un
visa de touriste pour être acheminées dans d'autres pays.

Inquiets de cette situation, et conscients de l'impact du développent de la
vente des femmes dans cette région du monde, la première campagne
intergouvernementale lancée le 29 mai 2002, financée par le Conseil de
Ministres des pays nordiques est unique en son genre.

Le séminaire qui a eu lieu à Tallin du 29 au 31 mai sera suivi d' autres
réunions à Vilnius et Riga en octobre et novembre 2002. La Conférence de
Tallin a porté sur des thèmes tels que le statut des femmes, les
législations transnationales, le rôle des médias dans la société. L'accent
a été mis non seulement sur la protection des victimes et la répression des
trafiquants, mais aussi sur la nécessité de mettre en place une réelle
coopération entre les pays autour de la prévention telle que définie dans
l'article 9.5 du nouveau protocole des Nations Unies sur la Traite des
Personnes, qui demande aux États Parties d'adopter ou de renforcer " des
mesures législatives ou autres, telles que des mesures d'ordre éducatif,
social ou culturel, notamment par le biais d'une coopération bilatérale et
multilatérale, pour décourager la demande qui favorise toutes les formes d'
exploitation des femmes et des enfants, aboutissant à la traite. "

Une première campagne d'affichage de trois posters en direction des
acheteurs de sexe potentiels a été lancée en Suède deux jours avant le
séminaire. Comme l'a indiqué la Ministre de la Santé et des Services
Sociaux de Finlande, Eva Biaudet, la prostitution constitue une violence
insupportable à l'encontre des femmes, est emblématique de l'inégalité
structurelle entre les femmes et les hommes. Elle espère qu'une ne loi
semblable à la loi suédoise sera adoptée dans d'autres pays limitrophes
tels que la Finlande, la Norvège ou les Pays baltes.
D'autres campagnes seront lancées dans ces pays sur le thème des " hommes
qui créent la demandent et achètent des services sexuels " . Des campagnes
de sensibilisation en direction des femmes victimes potentielles avec le
concours d'ONG locales et de l'Organisation Internationale des Migrations
ont commencé aussi depuis quelques mois dans les pays d'origine de la
traite.

Espérons que pareille initiative sera reprise comme modèle par les
gouvernements du sud de l'Europe. Il ne faut en aucun cas poursuivre les
femmes victimes de ce type de violence mais développer d'autres
alternatives pour les femmes de manière globale, des lieux de protection et
des refuges. Il faut aussi commencer à lancer des actions en directions des
hommes, qui impunément achètent les femmes dans nos villes européennes ou
dans les pays de tourisme sexuel. A la veille de l'entrée des Pays baltes
dans l'Union Européenne, c'est plus que jamais l'égalité entre les femmes
et les hommes qui est aujourd' hui en jeu au niveau européen et mondial.

IV) Appel pour une journée internationale "sans prostitution"
Il s'agit d'une journée de l'année où personne n'achètera ou ne vendra
d'être vivant pour des rapports sexuels, y compris les animaux utilisés
pour la bestialité. Nous demandons spécifiquement aux hommes de cesser
d'acheter des jeunes filles, des garçons et des femmes dans la
prostitution. Cette journée fait partie d'une lutte beaucoup plus vaste
pour mettre fin à la violence et à l'oppression basée sur le genre, la
race, la religion, l'incapacité, l'âge, le poids, l'orientation sexuelle et
l'espèce. Toutes les oppressions doivent être combattues si l'on veut
mettre fin à la prostitution. Il faut mettre fin à la prostitution à
cause des torts infligés aux personnes qui en font partie; et parce que,
tant que la prostitution se poursuit, il est impossible de créer un monde
qui ne soit pas basé sur divers abus de pouvoir.

Une journée sans prostitution inclut l'absence de pornographie, de
"téléphone rose", de mariage par correspondance, de trafic, de strip-tease,
de tourisme sexuel, de bestialité et de prostitution dans les salons de
massage, sur la rue, dans des hôtels ou ailleurs.

Cet appel est lancé aux personnes qui contrôlent l'industrie de la
prostitution et aux hommes qui y achètent et vendent des êtres vivants ; il
ne s'adresse pas aux personnes utilisées dans la prostitution. À ceux qui
nous diront que réclamer une journée de non-prostitution équivaut à priver
les personnes prostituées d'argent dont elles ont besoin pour survivre,
nous demandons de donner de l'argent aux personnes prostituées sans leur
imposer de soumission sexuelle. Si les hommes se préoccupaient réellement
de leur impact sur les femmes et les jeunes, on les verrait :
* ne pas acheter ou vendre d'autres êtres pour des rapports sexuels ;
* donner aux enfants et aux femmes l'argent qu'ils auraient remis à ces
personnes ou à leurs proxénètes, sans imposer aux enfants et aux femmes de
soumission sexuelle;
* s'organiser politiquement pour mettre fin à la prostitution ;
* créer des portes de sortie pour les êtres utilisés dans la prostitution.

Nous tenons à dire très clairement que nous ne partageons aucunement le
discours des législateurs, des policiers et des personnes qui blâment les
personnes prostituées pour l'existence de la prostitution. Le but de cette
journée n'est pas d'imposer aux personnes utilisées dans la prostitution le
fardeau de mettre fin à la prostitution ou de risquer la privation
économique, la violence ou la mort cette journée-là ou en quelque autre
jour. La prostitution cessera lorsqu'elle cessera de rapporter de l'argent
aux proxénètes et lorsque les hommes cesseront de croire qu'ils ont besoin
d'acheter d'autres êtres pour des rapports sexuels.

Appel à l'action
Nous appelons les hommes à cesser d'utiliser les personnes prostituées,
ainsi que les animaux utilisés dans la prostitution animale, en réalisant
que l'achat de tout être vivant pour des rapports sexuels n'est pas leur
"droit".
Nous appelons toutes les personnes et organisations de justice sociale qui
font un travail de représentation et de militantisme à intégrer la
prostitution et la pornographie à leurs champs d'intervention. Nous pensons
notamment aux militant-es et organisations qui luttent contre le viol, le
racisme et la mondialisation ou qui travaillent à la défense des droits des
jeunes et des animaux.
Nous demandons à toutes et chacune de travailler à la création de
ressources économiques, sociales et juridiques pour les personnes qui
vivent dans la prostitution et pour celles qui y échappent, et nous leur
demandons d'organiser avec créativité et courage des manifestations de
protestation, des boycottages, des conférences et des panels d'opposition à
la prostitution, durant toute l'année mais en particulier le 5 octobre.

Une trousse de ressources, d'autres analyses politiques et d'autres
dossiers seront diffusés sous peu. Veuillez communiquer avec la GEINS à son
adresse électronique si vous voulez participer à l'organisation de la
Journée internationale de non-prostitution. Si vous désirez simplement
obtenir plus de renseignements, veuillez revenir consulter les nouvelles
pages JINP du site http://www.escapeprostitution.com

Cette page et l'appel à une Journée internationale de non-prostitution sont
le résultat d'une collaboration entre l'organisation Escape et des
féministes de la région de San Francisco, aux USA. Le site Web d'Escape est
http://www.escapeprostitution.com

VI - Appel international de la commission des femmes du Conseil national de
la Résistance iranienne - Le 6 août 2002

Des dizaines de milliers d'Iraniennes, mariées à des Afghans, déportées
d'Iran avec leurs maris et leurs enfants
Le ministre de l'intérieur du régime, le mollah Moussavi Lari, a annoncé
lundi que des ordres avaient été donnés pour arrêter et déporter des
Afghans résidant en Iran et a déclaré: "Après le 11 août, les forces de
sécurité se rendront dans les centres de rassemblements d'Afghans et
identifieront les immigrés en infraction et les rapatrieront en
Afghanistan."
Ces ordres ont été donnés alors que le statut d'environ 150.000 femmes
iraniennes mariées à des Afghans et leurs enfants nécessite l'attention et
l'intervention urgentes des organisations internationales.
L'article 1060 du code civil discriminatoire stipule que le mariage
d'Iraniennes à des ressortissants étrangers est soumis à « une permission
spéciale du gouvernement » et, comme la plupart des réfugiés afghaniens en
Iran ne sont pas enregistrés, leur mariage avec des Iraniennes ne sont donc
pas reconnus par le gouvernement.
Le ministre de l'intérieur des mollahs déclare que le mariage des
Iraniennes avec des ressortissants afghans est "illégal", mais souligne en
même temps que les Afghans « n'auront pas de problèmes pour retourner en
Afghanistan avec leurs femmes et peuvent quitter le pays après avoir obtenu
un visa de sortie ». (Quotidien officiel Azad, 9 mai 2002)
Les autorités du ministère de l'intérieur du fascisme religieux au pouvoir
en Iran ont déclaré publiquement que « le mariage des Iraniennes avec ces
Afghans a généré une crise. Le mariage d'Afghans avec des Iraniennes va
créer une catastrophe ethnique. » (Journal gouvernemental Djâm-e-Djam, 4
mai 2002)
Selon la politique de rapatriement des réfugiés afghans, les Iraniennes
mariées à des Afghans sont considérées comme des Afghanes et privées de
leur nationalité iranienne. Mais la grande majorité de ces femmes ont été
forcées de se marier à cause d'une pauvreté extrême. Dans certains cas,
elles ont été vendues par leur père ou leur tuteur pour une somme d'argent.
Personne ne savait qu'en épousant un Afghan, elles perdraient leur
nationalité iranienne.
La Commission des femmes du Conseil national de la Résistance iranienne
condamne l'expulsion forcée de ces femmes et l'annulation de leur
nationalité iranienne par les mollahs misogynes et appelle à une action
immédiate du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés et du Haut
commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme pour résoudre cette crise
douloureuse.


Pour tout contact :
Marche Mondiale des Femmes, 104 rue des Couronnes, 75020 Paris
Tel : 01 44 62 12 33
Fax : 01 44 62 12 34