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Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté N°124

Daté du 3 février 2009

Bonjour, voici quelques textes, rendez-vous et communiques concernant les droits des femmes, en espérant qu'ils vous seront utiles. Ceci est un bulletin de collecte d'informations, ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligatoirement d'accord avec tout ce qui est écrit (sauf pour les communiqués signes Marche mondiale des Femmes).

Faites passer a vos réseaux et ami-es. Amicalement.

Coordination Française Marche mondiale des femmes 25/27 rue des Envierges, 75020 Paris, tel 01 44 62 12 04 ; 06 80 63 95 25, Site : www. marchemondiale.org


SPECIAL " VENUE DE RAWA en France "
Association révolutionnaire des Femmes afghanes

MOBILISATIONS

  •  1 - Texte unitaire de soutien à la venue d'une militante de RAWA
  •  2 - Communiqué de presse du Collectif Parisien de soutien à Rawa
  •  3 - La tournée en France de Rawa : Strasbourg, Lyon, Valence, Saint-Fons, Marseille, Toulouse, Paris Ile-de-France
  •  4 - Au sujet de Rawa - Texte de Rawa
  •  5 - Position de RAWA à propos de l'occupation militaire
  •  6 - Interview de Mariam, de RAWA

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1 - Texte unitaire de soutien à la venue d'une militante de RAWA
Depuis plusieurs années le peuple afghan subit l'emprise des troupes impérialistes de l'Otan qui ont mis en place le gouvernement à leur solde d'Hamid Karzai. Parallèlement il subit l'oppression sanglante des fondamentalistes islamiques.Et ce n'est pas le souci des puissances occupantes qui, sous couvert de " guerre contre le terrorisme ", ont installé des fondamentalistes au gouvernement et la Chari'a dans la Constitution.Sous prétexte de " défense des droits des femmes et de la démocratie ", elles justifient cette politique qui n'a rien à voir avec cela !
Nous condamnons la présence des troupes étrangères et soutenons les droits des peuples à disposer d'eux mêmes, ainsi que toutes les forces progressistes afghanes combattants les forces réactionnaires de leur pays comme l'occupation impérialiste.
RAWA (Association Révolutionnaire des Femmes Afghanes) fondée en 1977, est partie prenante de ce combat.En effet, elle s'est opposée aux interventions étrangères successives dans ce pays que ce soit celle de la Russie ou des Etats-Unis et de ses alliés dont la France. Ces derniers ont financé des forces religieuses réactionnaires dans un premier temps, puis en 2001, ont envahi l'Afghanistan pour écarter du pouvoir les Talibans qu'ils avaient contribué à installer.
Accomplissant un travail courageux de défense des droits humains RAWA a par exemple scolarisé clandestinement sous les Talibans des milliers de femmes. Aujourd'hui, ses militantes considèrent que, loin d'avoir amélioré la situation, l'occupation étrangère l'a dégradé. Les troupes de l'OTAN ont ajouté aux formes précédentes d'oppression, la barbarie et le chaos d'un conflit militaire dont aucun des protagonistes ne représente une alternative progressiste pour la population.
Nous avons donc décidé de faire venir l'une de ces militantes en France pour une tournée nationale en Février 2009 qui lui permettra de rendre compte de la situation de son pays et du combat qu'elles mènent.
Notre objectif est double : montrer qu'il existe en Afghanistan,des forces éprises de paix et
d'égalité et appeler à les soutenir politiquement, moralement et financièrement ; dénoncer
l'occupation de ce pays et la guerre qui s'y déroule avec la participation active de la France. Il s'agit donc d'une démarche militante qui s'oppose y compris à la politique du gouvernement français.
Leur combat est le nôtre ! Retrait des troupes françaises et étrangères d 'Afghanistan et d'ailleurs ! Soutien aux forces progressistes, féministes, démocratiques et laïques d'Afghanistan !
Premiers signataires : Fédération Syndicale Etudiante - Union Pour le Communisme - Collectif Libertaire Anti-Sexiste - Voie Prolétarienne Partisan - Organisation Communiste Libertaire Lyon - Jeunesses Communistes Marxistes Léninistes - Offensive Libertaire et Sociale Paris -Alternative Libertaire -Marche Mondiale des Femmes - Union Syndicale Solidaires -La Maison des Femmes -Africa 93 - Sud Etudiant -Femmes en noir - Collectif Féministe Ruptures -Solidarité Franco-iranienne -Comité Communiste Internationaliste Trotskyste - Mouvement Français pour le Planning Familial - PCF - Fac Verte -JC - NPA jeunes 31 - Comité France-Népal


2 - Communiqué de presse
du Collectif Parisien de soutien à Rawa


 
LA PAROLE AUX FEMMES AFGHANES EN LUTTE
 
Du 16 au 18 février 2009
Tournée de conférences-débats à Paris d'une militante de RAWA
Revolutionary association of the women of Afghanistan
Association Révolutionnaire des Femmes d'Afghanistan

 

RAWA : Association Révolutionnaire de Femmes Afghanes, a été fondée à Kaboul en Afghanistan en 1977. Il s'agit d'une organisation de femmes afghanes luttant pour les droits humains et la justice sociale en Afghanistan. Elle a été fondée par des intellectuelles afghanes sous la direction de Meena, assassinée en 1987 à Quetta au Pakistan, par les agents afghans du KGB, de connivence avec la bande fondamentaliste de Gulbuddin Hekmatyar.
Malgré l'atmosphère étouffante, RAWA a pu s'impliquer rapidement dans des activités très variées concernant différentes aires socio-politiques comme l'éducation, la santé et l'insertion des plus pauvres, ou encore l'agitation politique.
Elle s'est opposée aux interventions étrangères successives dans ce pays, que ce soit celle de l'URSS ou des Etats-Unis et de ses alliés, dont la France.
Accomplissant un travail courageux de défense des droits humains, RAWA a, par exemple, scolarisé clandestinement, sous les Talibans, des milliers de femmes. Aujourd'hui, ses militantes considèrent que, loin d'avoir amélioré la situation, l'occupation étrangère l'a dégradée. Les troupes de l'OTAN ont ajouté aux formes précédentes d'oppression, la barbarie et le chaos d'un conflit militaire dont aucun des protagonistes ne représente une alternative progressiste pour la population.
Nous, militant-es associatif-ives, politiques et syndicaux-ales, nous sommes réuni-es pour faire venir une militante de Rawa en France. Notre objectif est double : montrer qu'il existe en Afghanistan des forces éprises de paix, d'égalité et de liberté, appeler à les soutenir, politiquement, moralement et financièrement ; dénoncer l'occupation de ce pays et la guerre qui s'y déroule, avec la participation active de la France. Cet évènement exceptionnel est l'occasion de populariser leurs combats, de renforcer les liens internationalistes entre cette association et des organisations en France et d'organiser une solidarité financière.

Le Collectif parisien de soutien à Rawa
Africa La Courneuve, Collectif de Pratiques et de Réflexions Féministes " Ruptures ", Comité des Femmes contre la Lapidation, Comité de Solidarité France-Népal, Fédération Syndicale Etudiante, Maison des femmes de Paris, Marche Mondiale des Femmes, Offensive Libertaire et Sociale-Paris, Réseau Féministe "Ruptures", Sud Etudiant, Union Syndicale Solidaires nationale, Voie Prolétarienne-Partisans...
collectif.rawa.paris@gmail.com

 

3 - La tournée en France de Rawa


 
RENDEZ-VOUS PUBLICS EN RÉGIONS
Strasbourg, Lyon, Valence, Saint-Fons, Marseille, Toulouse, Paris Ile-de-France
Strasbourg
Jeudi 5 février, 20h, a Maison des syndicats -rue Sédillot.
Lyon
Vendredi 6 Février, 19h, Université Lumière Lyon 2
Site des quais -4 bis, rue de l'Université -Amphi Lucie Aubrac (Tram T1 rue de l'Université)
Valence
Samedi 7 février, 14h, Maison des sociétés
Saint-Fons
Samedi 7 Février, 19h, Centre Social Louise Michel
5, avenue Antoine Gravallon -Salle Tranchat (Bus 93, arrêt " Grand Chassagnon " )
Marseille
Mercredi 11 février, 19h, librairie associative " Païdos " - 54,cous Julien - 6ème arrt
Toulouse
Vendredi 13 février, 20h30, Bourse du Travail - Place Saint Sernin

 
RENDEZ-VOUS PUBLICS Paris-Ile de France
Dimanche 8 février
Venez manger pour soutenir Rawa !
20 h : Restaurant de soutien
La Rôtisserie, 4 rue Ste-Marthe, 75020.
Métro : Goncourt

 
Lundi 16 février
19 h : Rencontre féministe avec une militante de Rawa.
Maison des Femmes de Paris (lieu non-mixte),
63 rue de Charenton, 75012.
Métro : Reuilly-Diderot

 
Mardi 17 février
18 h-21 h : Conférence-débat
Bourse du travail de Paris,
3 rue du Chateau-d'Eau, 75011.
Métro : République

 
Mercredi 18 février
19 h : Conférence-débat à La Courneuve
chez Africa 93,
3 Place Georges Braque.
Tramway : La Courneuve 6 routes / RER : La Courneuve Aubervilliers

 

Contacts presse
Mail : collectif.rawa.paris@gmail.com
Tél. : 06 65 59 56 16 ou 06 25 52 18 32.
Site de Rawa : www.rawa.org

 

4 - Au sujet de Rawa - Texte de Rawa
1 - historique de l'association
RAWA, soit l'association révolutionnaire des femmes en Afghanistan, est la seule association féministe aux buts social et politique dans ce pays. Fondée 1977 par Meena, une opposante et martyr pour notre cause, notre association regroupe des femmes de tout bord qui luttent pour la liberté la paix, la justice sociale et les droits inaliénables des femmes en Afghanistan. Nous nous sommes opposées à l'invasion russe et, depuis sept ans, luttons activement contre le régime obscurantiste tyrannique et intégriste des Jehadi et des Talibans, sans aucun doute possible les plus tyranniques sur notre planète.
La fondatrice de RAWA : Meena : ainsi que ses aides furent sauvagement assassinées en 1987 par les agents du KHAD avec le soutien du Hezb-e-Islami de Gulbaddin Hekmatyar.
2 : buts actuels
Outre son engagement politique et idéologique, RAWA donne la priorité à des projets pratiques sur le terrain pour aider femmes et enfants à regagner une dignité quotidiennement bafouée. Notre engagement est à la fois social et politique mais néanmoins, nous tenons à garder ces deux champs d'action tout à fait séparés et les responsables des deux sections travaillent chacune dans leur secteur.
Nos programmes d'éducation se déroulent dans des camps de réfugiés au Pakistan,mais aussi à l'intérieur de l'Afghanistan.Les risques encourus par nos membres sont énormes puisqu'elles peuvent être tuées par les milices Taliban pour avoir appris à lire à des jeunes filles. Néanmoins,  nous sommes motivées par les demandes croissantes des femmes dans le pays et c'est uniquement le manque de fonds qui risque d'anéantir nos efforts et non pas la peur du danger mortel. C'est en particulier pour ces projets à l'intérieur de l'Afghanistan que nous demandons aides et subventions
Pour résumer nos activités, dont une partie est décrite dans le projet ci-joint : actions menées par RAWA
A -  ÉDUCATION
En Afghanistan, dans les conditions des conditions d'extrême difficulté
- Organisation de sept cycles de cours d'alphabétisation à domicile pour des femmes adultes
- Organisation d'écoles primaires à domicile pour garçons et filles.
Au Pakistan :
- Organisation de deux écoles primaires et secondaires pour filles et garçons dans les camps de réfugiés .
- Organisation de deux cycles de cours d'alphabétisation pour femmes adultes réfugiées
- Dans les deux cas : la provision d'enseignantes et de matériel pédagogique et scolaire même dans des écoles non-gérées par les intégristes.
B - SANTE
Nous gérons treize équipes sanitaires mobiles dans sept provinces afghanes. Depuis onze ans, nous nous occupons d'un hôpital à Quetta au Pakistan où il y a une forte concentration de réfugiés mais, malheureusement, par manque de finances, nous allons être obligées de le fermer.
C - DROITS DES FEMMES,DROITS HUMAINS
Nous rassemblons les informations que nous diffusons à Amnesty International ainsi qu'à tous les organismes concernés par les droits humains ainsi que la presse. La collecte soigneuse d'informations se fait à l'intérieur du pays et concerne les abus, les assassinats, lapidations, flagellations, amputation, tortures, emprisonnement, qui sont le quotidien de citoyens (et plus particulièrement des citoyennes) vivant sous le régime inhumain des Talibans. Notre publication, et surtout notre site web, les répertorient et constituent une référence pour tous les chercheurs et journalistes que les excès de ce régime interpellent.
D - CULTURE
- Nous produisons des cassettes de contenu éducatif ainsi que des chansons d'un contenu qui va à l'encontre des préceptes intégristes.
- Nous mettons en scène des pièces et des sketches d'un contenu éducatif et culturel mettant en valeur des principes de liberté et de démocratie contraires au Talibans. Bien entendu, ceci n'est possible qu'au Pakistan.
- Nous tenons des nuits de poésie et de contes afin que perdure la véritable culture afghane et en général, elles ne se tiennent qu'au Pakistan.

- Nous publions des affiches des brochures dont Payam-e-Zanî (version web et imprimée) en Pushto,Persan et Urdu, ainsi que notre brochure en anglais et afghan intitulée the Burst of The Islamic Government Bubble.
E - PROPAGANDE ET POLITIQUE
Nous créons des événements pour commémorer les dates suivantes : le 4 février, le 8 mars,, le 28 avril, le 27 décembre, ainsi que d'autres dates qui peuvent susciter des élans de solidarité féminine dans le monde. Nous donnons des conférences de presse, distribuons une information suivie à la presse via le web et des communiqués divers et, sur le terrain, organisons une collecte d'informations sérieuses, illustrées, avec des rapports réguliers.
Au Pakistan, nous participons à la vie féminine, en particulier dans toutes les sphères politiques concernant les droits des femmes afin de continuer à dénoncer la menace talibane.
F - ECONOMIE
Notre but ici, c'est d'aider les femmes, même dans des milieux modestes, à devenir autonomes. Le travail rémunéré est interdit par la loi à ces centaines de milliers de veuves condamnées à la mendicité. Néanmoins, nous encourageons avec succès de petites entreprises liées à l'artisanat, la couture, le tricot, l'alimentaire, la fabrication de la craie, et la gestion de travaux ruraux, comme l'élevage de poules ou de poissons.
CONCLUSION
Nous estimons que les Talibans ne mettent pas uniquement en péril les femmes afghanes mais constituent une menace pour les femmes du monde entier. Accepter qu'un pouvoir réactionnaire d'un gouvernement reconnu avilisse sa population féminine par des mesures sociales, politiques, et surtout légales, c'est permettre à d'autres pratiques abusives d'évoluer ailleurs.Si ce danger concerne immédiatement les pays musulmans, à moyen terme, c'est la condition féminine mondiale qui est menacée.

 

5 - Position de RAWA à propos de l'occupation militaire
"La vrai nature de l'occupation étasunienne " War on Terror " (guerre contre le terrorisme) s'est révélée et nous sommes témoins de l'assassinat de milliers de personnes civiles innocentes au nom de la "lutte contre le terrorisme ".Tandis que d'autre part les Etats-Unis sont impliqué dans des négociations avec les disciples barbares et fascistes des Taliban qu'ils ont essayé de présenter comme modérés pour partager le pouvoir avec eux. Ces actes démagogiques et traîtres ont de nouveau démontré à la population et au monde entier que le gouvernement des États Unis et ses alliés ont seulement comme but de réaliser des bénéfices stratégiques économiques et politiques en Afghanistan à cause desquels le peuple afghan se retrouve dans une pauvreté et une diligence toujours plus profonde. Donner le pouvoir aux hommes de guerre brutaux du Northern Alliance (l 'Alliance du nord) et changer l'Afghanistan en centre de monde pour la maffia de la drogue ont été les premiers et plus importants objectifs de leur politique.
Depuis le début, RAWA a déclaré qu'aucun pays ne pouvait accorder la liberté et la démocratie à un autre pays et aujourd 'hui cette réalité est devenue claire pour tout le monde. Les États-Unis ont masqué les anciens criminels en costume et cravate pour les relacher comme des carnassiers sur le peuple afghans, et ensuite ils ne font rien contre les crimes actuels, la violation des Droits Hummain, les pillages d'une valeur de millions de dollars aidés par les hommes de guerre et les ONG corrompues (les organisations non-gouvernementales).

 

6 - Interview de Mariam, de RAWA - Islamabad, juillet 2008. Cet article a été publié le 2 novembre 2008
L'Association révolutionnaire des femmes d'Afghanistan (RAWA) est une organisation de femmes qui gèrent des écoles clandestines et d'autres projets, éduquent des filles afghanes, éditent une revue, et militent pour les droits des femmes, les droits de l'homme, la laïcité, et la justice sociale en Afghanistan. Depuis l'invasion soviétique en 1979 jusqu'à la fermeture des camps en 2006, des millions de réfugiés afghans vivaient au Pakistan, et beaucoup y vivent encore. Bien que les activités de RAWA aient toujours été basées principalement en Afghanistan, elles ont également eu une forte présence dans la communauté des réfugiés au Pakistan. J'ai discuté avec Mariam de RAWA à Islamabad quand j'y étais en Juillet 2008.

JUSTIN PODUR (JP): Pour commencer, vous pourriez peut-être introduire RAWA aux lecteurs en parlant de ses actions en Afghanistan et au Pakistan.
MARIAM (RAWA) : RAWA a commencé en 1977 à Kaboul comme une organisation de femmes afghanes pour les droits de l'homme et l'égalité des femmes. Après l'invasion soviétique, certains membres de RAWA ont été emprisonnées à Kaboul, et comme un très grand nombre de réfugiés ont fui vers le Pakistan, RAWA a également changé quelque peu son objectif, et a commencé à travailler avec les femmes réfugiées et les enfants à Peshawar (la capitale de la Province de la frontière du Nord-Ouest au Pakistan, près de la frontière afghane). Nous avons commencé à fournir des services humanitaires et d'assistance sociale, par le biais desquels nous avons également essayé de sensibiliser les femmes afghanes à propos de leurs droits. Nous avons continué nos activités politiques, mais en raison de la situation concernant la sécurité en Afghanistan, ce n'était facile. Nous avons continué à travailler clandestinement, dans certaines villes afghanes. Lorsque l'occupation soviétique a été suivie par la loi sanglante des fondamentalistes, et plus tard le régime des talibans : nous avons continué à travailler en Afghanistan et au Pakistan. Nous avons construit des programmes d'alphabétisation, des orphelinats et des écoles en Afghanistan, mais une grande partie de notre public et des déclarations politiques se sont tenus au Pakistan. Nous publions une revue politique Payam-e-Zan (Women's Message). Aujourd'hui, sous l'occupation de l'OTAN et après la fermeture des camps de réfugiés, nous construisons la plupart de nos activités politiques également en Afghanistan, mais une grande partie de notre travail est encore semi-clandestin en raison des graves risques de sécurité.
JP : Pouvez-vous dire quelque chose sur la façon dont RAWA est organisée, comment vous "recrutez", de où viennent les leadeuses de RAWA ?
RAWA : Grâce à nos programmes d'alphabétisation, des orphelinats et des écoles, RAWA a eu des contacts avec de nombreuses filles âgées de 15-20 ans. Il y a une profonde différence entre la vie des femmes dans la société afghane qui ont vécu la guerre, les Talibans, les fondamentalistes, dans des conditions normales de vie domestique, et les filles qui ont été profondément éclatées dans  ces conflits, ou ont travaillé avec RAWA. Ces dernières ont une vision différente, des idées et des mentalités différentes, elles sont conscientes de leurs droits et savent qu'elles doivent se battre pour y parvenir. Certaines d'entre elles continuent à travailler pour RAWA après s'être cultivées. Certaines sont des femmes adultes et quand elles se sont impliquées, leurs familles entières se sont impliquées. Certaines jeunes filles et garçons se sont impliqués. D'autres sont impliquées qui ne savent pas encore lire et écrire, mais sont attachées à RAWA, en particulier dans les zones rurales, où des membres de RAWA vivent et travaillent et font partie de la communauté avec les gens.
JP : Et quelle est la situation des réfugiés afghans au Pakistan aujourd'hui ?
RAWA : En général, le Pakistan a été plus accueillant pour les réfugiés afghans que l'Iran et les autres pays voisins. Il ya eu quelques limites. La vie dans les camps de réfugiés était très dure et les ressources très faibles. La majorité des camps était sous le contrôle des partis fondamentalistes qui imposaient leurs restrictions aux réfugiés. Travailler avec des groupes à l'esprit démocratique comme RAWA était difficile et risqué. De nombreux afghans - militants de la liberté pour les individus - ont été assassinés par des groupes Jehadi avec l'aide de l'ISI pakistanaise. MEENA, fondatrice de RAWA, fut l'une d'entre eux. Mais malgré tous ces problèmes, RAWA a maintenu sa présence dans certains des camps et nous avions monté un camp de réfugiés dans les banlieues de Peshawar, durant plus de deux décennies, jusqu'à ce que finalement il ait été évacué de force par le gouvernement pakistanais il y a quelques mois.
En 2001-2002, après l'invasion et l'occupation des Etats-Unis, un grand nombre d'Afghans sont revenus. A Peshawar, les camps de réfugiés ont été essentiellement vidé, mais en raison des mauvaises conditions, le retour en Afghanistan est toujours une option peu attrayante pour de nombreux réfugiés.

Lorsque le gouvernement a décidé de fermer certains camps de réfugiés en 2006, cela a eu un effet énorme. La plupart des réfugiés ont été forcés de partir, même s'ils ont tout perdu en Afghanistan : Ils n'avaient pas d'emplois, pas d'abri, rien ne les attendait à leur retour. Et en fait personne ne sait ce qui s'est passé pour eux. Ces familles qui ont regagné l'Afghanistan sont très déçues par l'absence de travail et d'installations en Afghanistan et nombreux sont ceux qui reviennent chercher refuge au Pakistan pour la seconde fois.
Aujourd'hui, selon le HCR, les réfugiés reviennent au Pakistan et ils essaient de s'installer dans les villes. Quand il y a une tension entre les gouvernements pakistanais et afghan, ce sont les réfugiés afghans qui souffrent le plus. Le Pakistan met la pression sur les réfugiés pour qu'ils repartent en Afghanistan. Mais les gens des zones frontalières sont les mêmes personnes - ils partagent la même langue, la même culture, les mêmes vêtements, et traditions. Après trente ans, également, de nombreux réfugiés voient le Pakistan comme leur deuxième pays. Les afghans savent que le Pakistan soutient les talibans et les fondamentalistes en Afghanistan, mais la crise politique n'arrivera pas à affaiblir les relations entre les personnes à la frontière.
JP : Nous pourrions peut-être compléter l'introduction avec un peu de votre analyse sur la situation politique et militaire en Afghanistan.
RAWA : C'est une situation complexe. Nous avons l'occupation de l'OTAN et l'ingérence des voisins : Pakistan, Iran, Arabie Saoudite, Tadjikistan, Russie, etc, tous ceux qui ont soutenu des groupes différents de fondamentalistes au cours de ces dernières années. Les Talibans contrôlent certaines zones, et au cours des derniers mois ils ont même atteint les limites de Kaboul. Ils sont aidés par certains milieux au Pakistan. Même le régime iranien envoie des armes et des munitions aux Talibans. Les civils afghans sont les premières victimes des brutalités des Talibans, y compris les attentats-suicides. Les frères croyants des Talibans, l'Alliance du Nord, sont au pouvoir aujourd'hui et sont généreusement soutenus par le gouvernement étasunien. Une grande partie du nord de l'Afghanistan est régie par les seigneurs de la guerre de l'Alliance du Nord. Le gouvernement de Hamid Karzai n'a pas de contrôle dans ces zones-là. Les Talibans et les autres mouvements islamiques sont les ennemis du peuple afghan. Et leur force est soutenue par les Etats-Unis et l'Ouest. Le soutien des fondamentalistes par l'extérieur rend difficile pour le peuple afghan la résistance. D'autre part, les États-Unis et l'OTAN jouent à Tom et Jerry avec les Talibans et Al-Qaida, tandis que les Afghans ordinaires souffrent gravement de l'impact de leurs bombardements aveugles. Nous sommes témoins d'horribles tragédies, des victimes parmi les civils, et cela quotidiennement.
J P: Vous avez décrit tous ces mouvements politiques islamiques comme des ennemis du peuple, si ils sont soutenues par l'Occident ou par les forces de l'OTAN. J'ai entendu ici l'argument que le Pakistan et l'Afghanistan sont des pays très religieux, et que tout mouvement politique doit composer avec ce fait. En conséquence, j'ai entendu que des groupes comme RAWA s'isolent en raison de leur position intransigeante sur la laïcité et la religion. Trouvez-vous que votre laïcité vous rend impopulaire ?
RAWA : C'est l'image que les médias occidentaux donnent de la société afghane. Peut-être est-ce vrai vu par leurs yeux. Nous les Afghans nous avons vécu avec cela. Comment la religion s'exprime pour chacun dépend de nombreux facteurs, notamment sociaux, culturels et économiques. Nous avons travaillé dans certaines régions qui seraient nommées les plus "arriérées", très religieuses, avec peu de reconnaissance des droits des femmes. Mais après un certain temps, et parfois tout à fait rapidement, sur des semaines ou des mois, ils en viennent à aimer ce que nous faisons et même à participer, parfois des familles entières. Nous avons vu cela dans certaines régions. Donc, je ne suis pas d'accord que le pays dans son ensemble n'est pas capable d'accepter des droits démocratiques ou des valeurs laïques. Il faut du temps et du travail pour construire une conscience sociale et politique, et ces dernières années, les gens n'ont pas eu cette chance.

La forme de l'Islam que les fondamentalistes représentent est différente de celle commune au peuple afghan. Leur islam est un islam politique et chaque parti a sa propre forme, qui se contredisent les uns  et les autres. L'islam du mollah Omar est différente de l'Islam de Burhanuddin Rabbani ou de Rasul Sayyaf, et ces groupes ont été en guerre pendant des années, mais ils ont tous la prétention d'être les vrais musulmans. Les groupes fondamentalistes ont commis des crimes sans précédent au nom de l'islam, au cours de ces deux dernières décennies. Aujourd'hui, les Afghans en ont tellement marre que la majorité des Afghans soutient toute voix qui s'élève contre les fondamentalistes. Lorsque Malalai Joya a parlé à leur encontre pendant seulement 2 minutes dans la Loya Jirga, sa parole a été aussitôt reprise et répercutée par des millions d'Afghans à travers le pays : elle a été appelée "héroïne" et "la voix des sans-voix". Les fondamentalistes imposent leur domination grâce à leurs armes, leurs maîtres étrangers et leur argent. Sans cela, ils ne mettraient pas un pied dans la société afghane.
JP : Est-ce que l'occupation de l'OTAN aide ou nuit à l'Afghanistan ? Peut-il servir en quelque sorte à renforcer les forces progressistes ? Est-ce que entraver une victoire des Talibans pourrait rendre la situation pire que la situation actuelle ?
RAWA : Il ya sept ans, lorsque les États-Unis ont envahi l'Afganistan, la situation était différente. De nombreux Afghans appréciaient leur présence et étaient heureux de se débarrasser de l'oppression des Talibans. Ils pensaient - les Talibans ont été éliminés, la communauté internationale a bien travaillé, ils ont promis une vie meilleure, la démocratie, la liberté et la fin des groupes fondamentalistes. En quelques mois, il était clair que le gouvernement américain continuait sa politique de soutien des fondamentalistes en Afghanistan. Nous avons compris que les États-Unis s'appuyaient sur les fondamentalistes de l'Alliance du Nord pour lutter contre un autre groupe fondamentaliste - les Talibans. Cela n'a pas d'importance qu'ils combattent les talibans ou le "terrorisme", qu'ils soutiennent l'Alliance du Nord : pour les Afghans, les deux sont les mêmes - les deux sont des terroristes, des fondamentalistes, soutenus par des gouvernements étrangers, que ce soit par l'Occident, ou le Pakistan, l'Iran, l'Arabie Saoudite, ou par tout autre pays. Ils violent les droits de l'homme, ils abusent des femmes, ils pratiquent la fraude, la corruption et la contrebande, comme nous l'avons démontré par nos enquêtes.
Dès le début, RAWA a annoncé que les États-Unis et l'Occident avaient leurs propres raisons d'être ici et que ces raisons n'avaient rien à voir avec la liberté du peuple afghan. Nous avons dit que ce que les États-Unis et l'OTAN font au nom de la démocratie est en fait une parodie de démocratie. C'est très clair pour nous. Aujourd'hui les bombardements de l'OTAN sont de plus en plus fréquents, de plus en plus de civils sont tués, et encore d'autres violations sont perpétrées par les États-Unis et l'OTAN. Et maintenant encore : ils essaient de partager le pouvoir avec les talibans et le parti terroriste de Gulbuddin Hekmatyar. Si ce plan est réalisé, cela signifiera une autre tragédie pour l'Afghanistan et son peuple : l'unification de tous les ennemis du peuple afghan sous le même toit afin qu'ils puissent conjointement briser le peuple afghan ainsi que l'espoir et la force de liberté des individus.
Sous la loi de la mafia, à l'ombre des armes à feu et des seigneurs de guerre, il n'y a malheureusement aucune chance pour que les forces progressistes arrivent à agir ouvertement. Toute force sérieuse anti-fondamentaliste et anti-force d'occupation doit encore lutter dans la clandestinité, et ils ne sont ni soutenus ni encouragés. En fait, les États-Unis ont peur de voir émerger un puissant mouvement progressiste en Afghanistan. Ceux qui critiquent ouvertement le gouvernement et les chefs de guerre font face aux menaces, à l'emprisonnement et aux restrictions. Nous sommes confrontés aux mêmes problèmes et aux mêmes risques aujourd'hui que sous le régime taliban.

La privatisation et le système de libre marché imposés en Afghanistan depuis 2001 ouvre la voie au néolibéralisme en Afghanistan, qui sera un autre cauchemar pour notre peuple. Nous prévoyons un impact désastreux sur les populations pauvres de l'Afghanistan. Le degré de misère et de pauvreté en Afganistan dépasse l'imagination. L'écart entre les riches et les pauvres devient plus large de jour en jour. Plus de 70% d'Afghans vivent sous le seuil de pauvreté. Selon les statistiques officielles, 42% vivent avec seulement US 10 $ / mois. La montée en flèche des prix au cours des derniers mois a transformé la vie en torture pour la majorité de la population afghane.
JP : Qu'en est-il de l'argument selon lequel si l'OTAN s'en va, l'Afghanistan tomberait rapidement aux mains des Talibans, ce qui serait pire ?
RAWA : Il est vrai que cela pourrait être pire sous un régime des Talibans. Mais au moins nous ne serions pas occupés par une puissance étrangère. Aujourd'hui, nous avons deux problèmes : nos propres fondamentalistes et un occupant étranger. Si l'OTAN s'en va, nous aurions un problème plutôt que deux.
RAWA a annoncé un certain nombre de fois que ni les États-Unis ni aucune autre puissance ne veut libérer le peuple afghan des chaînes des fondamentalistes. La liberté de l'Afghanistan ne peut être réalisée que par les Afghans eux-mêmes. S'appuyant sur un ennemi à vaincre, l'autre est une erreur politique qui vient renforcer l'emprise de l'Alliance du Nord et de leurs maîtres sur le dos de notre nation.
JP : Si l'OTAN s'en va, les Talibans auraient également plus de difficulté à se représenter comme un mouvement de libération nationale, un argument qu'ils peuvent utiliser comme une source de prestige pour eux, aussi longtemps que l'occupation continue.
RAWA : En fait, les deux parties dépendent l'une de l'autre. Si les États-Unis éliminaient les talibans en quelque sorte ils n'auraient plus aucun prétexte à rester ici. Mais les Talibans et le terrorisme ne sont qu'un prétexte. Ils ne sont pas honnêtes. Ils sont là pour des buts stratégiques : c'est une position centrale de contrôle de l'Iran, la Russie et la Chine, pour influencer le gouvernement du Pakistan et de la société, pour renforcer l'emprise sur les républiques d'Asie centrale et ainsi de suite. C'est la raison pour laquelle ils installent de plus en plus leur présence militaire en établissant des bases. L'OTAN partira probablement mais les États-Unis non - ils veulent un prétexte pour rester ici, et les États-Unis ne ratent pas une occasion en or.
JP : L'OTAN "effort de développement" a impliqué un grand nombre d'organisations non gouvernementales (ONG) qui ont été impliquées dans la prestation de services sociaux. Est-ce que RAWA est considérée comme une de celles-ci ?
RAWA : RAWA ne s'est jamais présenté comme une ONG. Il s'agit d'une organisation politique pour les droits des femmes et les droits humains. Mais nous essayons de répondre aux besoins directs et de mettre en place des programmes sociaux. En fait, c'est à cause de notre positionnement politique et de nos activités que nos relations avec les ONG et les organismes sont mauvaises et  c'est pourquoi nous n'obtenons pas de fonds provenant des gouvernements étrangers. Les ambassades ne veulent pas donner de fonds à RAWA parce que nous sommes politiques. Cela contraste avec les milliers d'ONG créés récemment en Afghanistan au cours des 6-7 dernières années. C'est un bon business. Vous avez certaines familles, avec un peu d'anglais et un ordinateur, qui deviennent une ONG avec des fonds, des documents et des propositions en cours de réalisation dans leurs foyers. La plupart des ONG qui sont plus importantes ou les organismes d'aide, sont financés par les gouvernements et influencés par les gouvernements. Les plus petits sont souvent impliqués dans les fraudes et la corruption - ils ne travaillent pas pour le peuple afghan, mais pour leurs propres intêrets. Des millions de dollars vont aux ONG et sont gaspillés en frais généraux, salaires, frais de bureau, et ainsi de suite. Ils recueillent d'énormes salaires, ils n'ont pas de projets à long terme, ils consacrent d'énormes sommes pour les dépenses de sécurité et de véhicules.

Le "ONG-isme" est une politique exercée par l'Occident en Afghanistan, ce n'est pas le souhait du peuple afghan. L'ONG est un bon outil pour détourner les gens et en particulier les intellectuels de la lutte contre l'occupation. Les ONG désamorcent la colère politique et rendent les personnes dépendantes comme des mendiants. En Afghanistan, disent les gens, les États-Unis nous ont poussé du Talibanisme vers "l'ONG-isme" !
JP : Vos positions politiques induit que les gouvernements ne vous financent pas. Avez-vous des critères selon lesquels vous pourriez accepter des dons ?
RAWA : La question ne s'est jamais posée puisqu'il ne nous a jamais été proposé de fonds d'un gouvernement. Mais nous n'accepterons jamais aucun soutien de n'importe quelle source. Nous comptons sur les individus et, parfois, sur quelques groupes féministes d'autres pays qui soutiennent RAWA. Nous vendons notre propre matériel par le biais de projets : les tapis, l'artisanat, des CD, des affiches, nous collectons des fonds chaque fois que nous allons sur des tournées de conférences dans d'autres pays. C'est ainsi que nous continuons. Après le 11 septembre, il y avait un certain intérêt pour RAWA et nous avions eu de bons financements pour 1-2 ans. Aujourd'hui, l'Afghanistan a les mêmes problèmes, mais nous avons dû réduire nos opérations, réduire le nombre d'enfants dans nos orphelinats, annuler certains projets, faute de financement. RAWA est confrontée à de graves problèmes financiers qui affectent aujourd'hui l'envergure de nos activités.
Nous voyons les gouvernements occidentaux et leurs habitants, comme complétement différents. La plupart de ces personnes ne sont pas en faveur des politiques de leur gouvernement à l'égard de l'Afghanistan. J'ai entendu qu'il y a une liberté de la presse aux États-Unis, mais aussi que les gens ne savent pas grand chose sur le monde extérieur et les politiques de leurs gouvernements. RAWA est fier de recevoir des dons de particuliers, d'organisations et de groupes qui ne sont pas liés aux gouvernements, mais surtout pas de sources gouvernementales qui mettraient la pression sur RAWA. Nous préférons renoncer à cet argent et aux tentatives de contrôle. Même si nous faisons face à des problèmes, une centaine de dollars venant d'individus nous donne plus de courage et permet de savoir que nous avons du soutien, alors que des milliers de dollars d'un organisme gouvernemental ne le seraient pas.
JP : Ces projets de RAWA qui fonctionnent, ils doivent donc être clandestins ?
RAWA : Ils sont semi-clandestins, mais pas de la façon dont ils l'étaient sous le régime taliban. Nous sommes en mesure d'exécuter des projets d'éducation, et d'avoir des réunions et des rassemblements en Afghanistan. Mais nous ne sommes pas déclarés auprès du gouvernement. Même si nous l'étions, nous savons qu'ils essaieraient de nous arrêter. Nous n'utilisons jamais le nom de RAWA pour nos projets. Les gens le savent le plus souvent, mais officiellement, nous ne sommes pas enregistré comme RAWA - tous  les projets sont gérés comme des activités privées, des initiatives gérées par la population locale.
JP : Le principal média en Afghanistan est la radio. Est-il possible pour RAWA de passer à la radio ? Est-ce que la stratégie de RAWA peut passer par les médias ?
RAWA : Ce n'est pas possible à l'heure actuelle, en partie en raison du coût financier (bien que certains soutiens italiens ont laissé entendre qu'ils pourraient recueillir des fonds pour une radio en fait), mais surtout en raison du problème de sécurité. Mais nous pouvons utiliser d'autres techniques pour lancer notre propre station de radio si nous étions équipées du matériel. On peut le faire sans aucune référence à RAWA, mais encore une fois dans la situation actuelle, nous ne pouvons pas exprimer nos points de vue clairement et ouvertement comme nous le faisons par le biais de notre site Web et des magazines, parce que si nous le faisons, demain, le personnel de la radio serait abattu par les seigneurs de guerre.
JP : J'ai lu récemment que l'Afghanistan et le Pakistan ont un nombre croissant d'opiomanes, y compris des femmes, comme une conséquence de la guerre et des déplacements. RAWA a rencontré ce problème dans son travail de service social ?

RAWA: Sur l'estimation de 26 millions d'habitants, plus d'un million sont dépendants, qui comprennent aussi les enfants et les femmes, et le nombre est en augmentation. Beaucoup de gens qui travaillent dans les champs de pavot deviennent progressivement dépendants : une mère qui travaille dans les champs toute la journée avec des problèmes de santé, ne peut faire dormir son enfant ou  faire qu'il s'arrête de pleurer, alors elle peut vouloir en donner un peu à son enfant. Il y a beaucoup de femmes dans les prisons aujourd'hui, et un grand nombre deviennent dépendantes en prison.
JP : Quel est le point de vue de RAWA sur les drogues ?
RAWA : Nous pensons que la culture du pavot en Afghanistan fait partie de la stratégie régionale des Etats-Unis pour contrôler cette troisième plus grande richesse (en termes de trésorerie). Et ce n'est pas un phénomène nouveau, ça a été un projet de la CIA, les opérations clandestines dans la région existent depuis le début de la guerre entre l'Union soviétique et l'Afghanistan dans les années 80. Aujourd'hui, même les États-Unis et l'OTAN encouragent les agriculteurs à cultiver le pavot. Il y a des rapports qui révèlent que même les troupes américaines prennent part dans le trafic de stupéfiants et que le gouvernement américain fait des milliards grâce à la drogue afghane. Les militaires britanniques sont en train de négocier des marchés avec les Talibans sur les drogues, dans le Helmand.
Depuis 2001, la culture d'opium a augmenté jusqu'à 4400 %. En vertu des États-Unis et de l'OTAN, l'Afghanistan est devenu le plus grand producteur d'opium au monde, en produisant 93 % de la production mondiale d'opium. Cela engage dans le sale buziness jusqu'au cabinet afghan, et récemment encore M. Karzaï était accusé par des responsables américains de soutenir la drogue et les négociants. Son frère Wali Karzai dirige le plus grand réseau de la drogue dans la province de Kandahar. Gen Daud, chef du département de la lutte contre les stupéfiants du Ministère de l'intérieur, est lui-même un célèbre trafiquant de drogues ! Les seigneurs de la guerre dans le nord de l'Afghanistan contrôlent chacun la route du trafic de drogue vers les républiques d'Asie centrale.
Personne ne parle de cet horrible aspect de l'occupation américaine de l'Afghanistan. Nous vivons maintenant sous un narco-État et la drogue a déjà touché le peuple afghan avec ses horribles conséquences.
JP : Comme organisation politique, quelles sont les relations de RAWA avec les partis politiques en Afghanistan ?
RAWA : Nous avons de bonnes relations avec certains. Mais malheureusement la plupart des groupes politiques, groupes démocratiques, des droits de l'homme, des droits des femmes, et des intellectuels, ne sont pas actifs. Il y a trente ans, il y avait beaucoup d'activités de nombreux groupes, et RAWA en était juste un parmi tous. Après l'invasion soviétique et l'Alliance du Nord, les Talibans et le Pakistan, de nombreux activistes ont été arrêtés, assassinés, ou ont dû fuir le pays. Notre fondatrice, Meena, et beaucoup d'autres, ont été tués ici au Pakistan, accusés d'être des espions de la Russie et d'ailleurs. Au cours des 30 dernières années, les forces progressistes de l'Afghanistan ont fait face à de nombreuses pertes et étaient toujours sous pression. Et aujourd'hui encore, ils sont marginalisés ou neutralisés par la politique de l'ONG-isme.
Ainsi, les plus puissantes forces sur la scène politique sont des fondamentalistes ou des groupes liés à eux qui les représentent, utilisant leurs positions politiques afin de les protéger. Les mouvements des groupes de gauche et des intellectuels ont été largement affaiblis. Mais il y a beaucoup de progressistes et d'individus épris de liberté, et nous avons un long chemin à parcourir pour s'unir et former une force. Il y a quelques petits groupes aussi et nous sommes en contact avec eux. Nous devons nous soutenir les uns les autres.
Il y a eu une résistance - assez faible - contre les États-Unis, l'OTAN et les seigneurs de la guerre dans certaines parties du pays. Si l'occupation des États-Unis et de l'OTAN et leurs atrocités continuent pendant longtemps, la résistance du peuple afghan deviendra plus forte.



Pour tout contact :
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C/O SUD PTT 25/27 rue des Envierges 75020 Paris
Téléphone : 01 44 62 12 04 ; Fax : 01 44 62 12 34

Site:  www.marchemondiale.org

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