Mesdames,
La célébration de la journée internationale de la femme est un rituel
qui fêtera bientôt son centenaire. Si d'aucuns considèrent cette journée
comme le simple fait qu'elle a été instaurée pour se donner bonne
conscience, elle est avant tout un rendez-vous incontournable pour se
rappeler que le chemin qui conduit à l'égalité des droits est encore
long à parcourir. Ce but à atteindre ne peut et ne doit pas être
seulement un slogan mais une éthique politique. Cette journée est là
pour le manifester.
Dans les années 80 Yvette ROUDY - Ministre des Droits de la Femme
soulignait : " j'aimerais cela est vrai qu'il n'y ait pas de 8 mars (…),
cela signifierait qu'il n'y a plus de discrimination et donc plus de
luttes, plus de revendications, parce que les comportements sont devenus
égalitaires et que tous les citoyens peuvent exercer la plénitude de
leurs droits. C'est encore un rêve. "
Plus que jamais, en 2005, ces propos gardent tout leur sens. Si beaucoup
de luttes ont été gagnées depuis les manifestations ouvrières
américaines de 1857 et la création en 1910 à Copenhague de la
confédération internationale de femmes socialistes en vue de servir à la
propagande du vote des femmes ; nombre de droits méritent encore de se
mobiliser. De nouveaux combats sont également apparus.
Cette journée est donc légitime. Elle est l'occasion de dresser un bilan
pour souligner les progrès accomplis et rappeler les inégalités, les
oppressions, les humiliations et les discriminations dont sont encore
l'objet les femmes.
Certes nous pouvons considérer que la condition de la femme en France et
dans nombre de pays industrialisés est privilégiée. Toutefois, elles
connaissent plus facilement le chômage, ont des salaires moins élevés,
occupent bien souvent des emplois peu qualifiés, et les temps partiel
leur sont plus facilement imposés. Et les nouvelles formes
d'organisation du travail ne leur sont pas favorables. Les Thouarsaises
le savent bien.
Si les inégalités persistent dans le milieu professionnel, la condition
de vie de la femme s'est elle pourtant améliorée ? A en croire
l'actualité, on pourrait penser que non : l'insécurité croissante dont
elles sont victimes liées aux violences conjugale, la dureté des
relations entre filles et garçons dénoncée par de nombreux mouvements,
les dictats nés d'inspiration notamment religieuse battant en brèche la
mise en œuvre du principe de la laïcité républicaine sont autant de
thèmes qui nous incitent à une mobilisation active, permanente et
toujours plus grande.
Cependant, gardons-nous de tout manichéisme qui consisterait à
stigmatiser les comportements des uns contre les autres s'appuyant sur
un raisonnement où les femmes seraient seulement les victimes et les
hommes toujours des bourreaux ; cela ne serait pas rendre service à la
cause féminine.
Mais à cet instant, ayons simplement et ensemble, une pensée
particulière pour toutes les femmes, qui par le monde, subissent des
violences quotidiennes qu'elles soient politiques, religieuses ou
familiales et pour celles qui mènent, au péril de leur vie et de leur
sécurité, cette lutte pour l'égalité, la parité et la mixité, éléments
fondamentaux de l'humanité. Il nous faut aussi penser à celles qui
exercent leur mission pour les valeurs de la liberté de la presse et du
droit à l'information à l'instar de l'engagement de Florence AUBENAS (et
son guide Hussein Hanoun al-Saadi). Pour Florence, saluons son courage
et manifestons notre soutien. Qu'elle nous revienne vite.
A toutes ces femmes, je leur adresse, en votre nom et avec humilité, un
message de respect et de reconnaissance.
Alors c'est vrai cette journée aurait pu être consacrée à toutes ces
femmes qui ne savent pas de quoi demain sera fait parce qu'elles vivent
seules, qu'elles souffrent anonymement, qu'elles sont acculées sous le
poids de la pression sociale… Tel n'est pas le choix des organisateurs
de cette journée de mobilisation. C'est vrai que montrer des parcours de
femmes dont l'intégration professionnelle est une réussite, dans des
domaines aussi difficiles que dans les métiers liés à la sécurité des
biens et des personnes, est un pari audacieux aux antipodes des
manifestations qui ponctuent cette journée.
Mais à l'heure où trop de jeunes doutent d'eux-mêmes et désespèrent,
votre présence ce soir est symbolique. Vous incarnez la réussite sociale
et professionnelle. Vous êtes la preuve vivante que le travail est
source d'intégration et un élément fort de ce qui contribue à la
construction de la citoyenneté.
Il est de notre responsabilité à nous politiques de ne pas " ghéttoïser
" les jeunes filles dans des secteurs traditionnels qui ne seraient pas
porteur d'avenir. Mais au contraire de leur ouvrir de nouveaux horizons
en leur permettant d'accéder à des filières professionnelles gages du
succès de leur future intégration et source de leur accomplissement
personnel.
Aussi, permettez-moi de vous féliciter pour la réussite qui est la
vôtre. Je sais que l'on vous demande plus qu'aux autres et plus que les
hommes vous devez faire vos preuves. Mais vous êtes porteuses d'un
message d'espoir et de fraternité. Vous êtes l'avenir. Ne vous laissez
pas impressionner par les obstacles. Vous devez réussir non seulement
pour vous-même mais pour tous celles dont votre réussite sera un exemple
voire un espoir de continuer à vivre pour se frayer un chemin dans la
société. " Car si l'homme construit, la femme trace les chemins " comme
aimait à le souligner le sinologue André LEVY.
L'égalité des droits pour les femmes est une conquête récente encore
trop fragile et non aboutie pour laquelle nous devons ensemble rester
vigilants.
Mais au-delà de cette journée indispensable consacrée à la femme, je ne
peux conclure sans réaffirmer que l'enjeu ultime de l'égalité des droits
est un principe qui est au cœur de mes convictions. Force est de
constater cependant qu'il s'agit là d'une vaine expression qui a dû mal
à trouver sa concrétisation dans notre société. Si celle-ci évolue, les
discriminations se perpétuent. Trop d'hommes et de femmes en sont
malheureusement les victimes, tous les jours, en raison de leurs
convictions religieuses, de leur orientation sexuelle, de la couleur de
leur peau ou leur handicap physique ou psychique.
A nous de rester éveiller. Soyons encore plus nombreux à montrer la voie
d'une nécessaire prise de conscience pour atteindre cet objectif.
Célébrer la journée de la femme, c'est clamer avant tout notre
attachement à l'être humain et à son accomplissement.
Alors si je suis fier d'être parmi vous ce soir pour partager ce moment
d'échanges dans l'amitié et la convivialité, pour vous adresser mes
félicitations et mes encouragements, je vous propose de continuer, dans
une démarche solidaire, cette lutte incessante pour une société faite de
plus de tolérance, de justice et d'égalité.
L'Adjoint au Maire
Président,
Alain LIGNE
Remerciement au site www.journee-de-la-femme.com pour la publication de notre communiqué
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