Je me suis inventée la vie, peut-être pas
celle que j'aurais souhaitée ! Non certainement pas ! Je me suis souvent
demandée où était ma vie de femme dans ce monde, dans un univers où la femme en
tant que femme, fait déjà l'objet de ce que Stephan Sweig appelle " la confusion
des sentiments."
" Femmes je vous aime", dit la chanson, mais dans ce monde de femmes, cette
année encore à l'heure du 8 mars 2005, je me pose la question, quelle place
avons-nous quand nous sommes confrontées au quotidien, à la bêtise, la jalousie,
le petit rien qui fait que... Alors, oui quand je regarde ma vie de femme, quand
je découvre le combat que nous devons mener, j'ai terriblement envie de m'évader
dans une autre dimension. Une dimension sudimentionnelle où il m'est possible
d'exister en toute liberté, sans être jugée sur des apparences. Alors et alors
seulement ma vie m'appartient, je puis la vivre en plénitude.
Je me suis inventée un monde pour respirer, parce que je crois bien que je n'ai
pas pris le bon chemin. Un jour je n'ai pas suivi le bon panneau, je suis passée
à côté de ma vie de femme, parce que très tôt j'ai été obligée de m'inventer la
vie pour me sentir exister.
J'aurais aimé être reporter dans les pays étrangers, relater l'événement, être
auprès des parias dans le Sud Asie pour défendre leur cause. J'aurais aimé aller
plus loin pour défendre des femmes venues d'ailleurs comme celles que j'ai
connues et qui, faute de n'être pas reconnues sont tombées par terre, avec en
elle toute cette lassitude qui vous saisit, dès que nous comprenons que le
combat est perdu d'avance.
Il se peut qu'au nom de tout ce vécu, je dédie cette lettre à Myriam et à
Krystina, je ne pense pas que pour elles, dans notre troisième millénaire, la
journée des Femmes aient un sens,mais je voudrais qu'elles sachent que je ne les
ai pas oubliées, en particulier en cette journée du 8 mars consacrée aux femmes
de tous les pays du monde. Il y a quelques années, rire et partager le thé était
alors notre façon bien à nous d'exister au soir d'une journée bien remplie, de
dire avec des mots, de deviner à travers des silences, nos souffrances, nos
espoirs, notre attente. Les années se sont enfuies mais nous restons unies par
la pensée, nos vies sont ailleurs dans l'espace - temps celui de toutes les
femmes du monde réunies en une seule voix.
Marie-Thérèse Sorel
Saint Benoît de Carmaux, France |