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BULLETIN N°5

Lettre non accentuée

 

LA LETTRE DE SHANA
REVUE DE PRESSE FEMININE & FEMINISTE
Tribune

SOMMAIRE
CITATION
BREVES INTERNATIONALES
DOSSIER : LES FEMMES ET LE CONFLIT ARME
LES BREVES DE CHARLIE HEBDO
PORTRAIT: JACQUELINE THIBEAULT
CHARME: L'ART D'ETRE UNE SOBRETTE


"L'image du jeu est sans doute la moins mauvaise pour évoquer les choses sociales"
Pierre BOURDIEU - Sociologue Français


BREVES INTERNATIONALES

Liberté pour Ngawang Sangdrol

Au Tibet, la résistance est souvent le fait de nonnes et de moines bouddhistes restés fidèles au Dalaï Lama en exil. D’après le Gouvernement Tibétain en exil, il y a actuellement près de 500 prisonniers politiques au Tibet dont 74 sont des religieuses.

L’une de ces nonnes, Ngawang Sangdrol, est aujourd’hui la prisonnière politique la plus lourdement condamnée au Tibet et peut-être au monde. Sa peine initiale a été prolongée à trois reprises depuis 1992 pour atteindre 21 ans de prison alors qu’elle n’a jamais commis ni délit, ni violence. Agée maintenant de 25 ans, protestant depuis l’âge de 10 ans, torturée, battue, privée de nourriture, elle continue de résister pacifiquement depuis le centre pénitencier de Drapchi situé près de Lhassa.

Ngawang Sangdrol est devenue au fil des années, le symbole de la lutte non violente du peuple tibétain.

Les nonnes tibétaines, dont le célibat coupe court à toutes possibilités de représailles sur leur famille, se donnent souvent pour mission d’attirer l’attention de l’opinion publique, en protestant pacifiquement pour la libération de leur pays. De par son charisme, sa détermination et la lourdeur de sa peine, Ngawang Sangdrol incarne le courage et la persévérance de tous les prisonniers tibétains.

Agir en faveur de Ngawang Sangdrol, ce n’est pas seulement agir pour le Tibet, c’est aussi agir pour toutes les femmes opprimées de par le monde.

En avril 2000, un appel en sa faveur a été rendu public par le RIFT*, signé par 300 personnalités françaises de tous horizons, dont une centaine de françaises célèbres (Elisabeth Badinter, Juliette Binoche, Eva Weill, Danielle Mitterrand) et des associations de femmes (Coordination Française pour le Lobby Européen, Compagnie des Femmes, Choisir la Cause des Femmes, Ligue des Droits des Femmes).

Philippe Broussard, journaliste au Monde, auteur de « Les Rebelles de l’Himalaya » chez Denoël, sortira en septembre prochain chez Stock une biographie complète de Ngawang Sangdrol, « La prisonnière de Lhassa », réalisée en collaboration avec Danielle Laeng Lama
.

*RIFT (Réseau International des Femmes pour le Tibet), 2, rue d‘Agnou, 78580 Maule,
rift17@hotmail.com. Le RIFT est placé sous la responsabilité du Comité de Soutien au Peuple Tibétain (CSPT), association qui a pour objectif d’informer et d’agir auprès de l’opinion publique, des médias et des responsables politiques sur la violation des Droits de l’Homme au Tibet sous occupation chinoise. csptf@francenet.fr


Des Argentines assassinées en toute impunité


Depuis 1996, 26 femmes ont été tuées ou ont disparu à Mar del Plata, une station balnéaire argentine très connue. Toutes étaient des prostituées.

En 2000 et tout récemment, le 22 janvier dernier, 7 femmes ont été étranglées. Ces sept dernières n’étaient pas prostituées, une d’entre elles était une simple touriste. Aucun suspect n’a été identifié et aucune poursuite n’a été entamée.

Mais, le pire de l’histoire, c’est que les autorités n’ont commencé à réagir qu’avec les derniers cas, c’est-à-dire les non-prostituées. Cela confirme clairement, non seulement les problèmes de sécurité à Mar del Plata, mais aussi une très forte discrimination sexuelle.

Des habitantes de la ville et une coalition d’ONG ont réagi arguant qu’il était insupportable d’imaginer qu’on pouvait ainsi disposer de la vie d’une femme impunément. Elles ne se satisfont pas des explications du procureur général, Dr. Fernandez Garello, ni des déclarations de la police. L’ONG " Femmes pour l’élucidation ", coordonnée par le CAMM, Centre de soutien aux femmes maltraitées, a appelé à une marche le 9 février dernier, devant la cathédrale de la ville.

Elles ont besoin de votre soutien :
- envoyez un fax ou email en exprimant votre soutien
- envoyer un fax de protestation au procureur

Procureur Dr. Fernandez Garello - (54-223) 494 8436
Municipalité de Gral-Pueyrredon - Elio Aprile (Maire) : 54-223) 499 6271
Brigade d’investigations : (54-223) 491 0103
CAMM : Centro Apoyo Mujer Maltratada : (54-223) 472-0524
camm@cybertech.com.ar



Prisonnières palestiniennes en danger

La Coalition pour les Prisonniers Politiques Palestiniens est profondément inquiète et craint pour le bien-être des prisonnières politiques de la prison de Neve Tirza. Selon une récente visite d'avocats
, les détenues ont fait mention de cruels abus et sans précédent des autorités pénitentiaires.
La coalition vous demande d'envoyer immédiatement des mails ou des fax (de préférence) à la maison d’arrêt afin de mettre la pression sur les gardiens.


Pour une Europe non sexiste


Les chefs d’Etat et de gouvernement viennent de nommer le président et les deux vice-présidents de la Convention sur l’avenir de l’Europe : 3 hommes ! Le Lobby Européen des Femmes fait le point sur les enjeux
, et appelle à une action immédiate pour exiger la présence significative de femmes parmi les autres membres de la Convention.



Femmes palestiniennes sous la terreur


Dans les régions en crise du monde, les femmes subissent toujours un peu plus l’oppression et la terreur. Depuis le début de la deuxième Intifada, les territoires occupés sont bouclés, soumis à la toute puissance de l’armée israélienne.

Les Universités sont fermées, de même que les écoles et les crèches, ramenant de fait les Palestiniennes à leur foyer. Les hôpitaux leur sont inaccessibles, elles accouchent donc chez elles sans assistance médicale, et pour peu que l’une d’elles soit touchée par l’un des fréquents tirs israéliens à l’aveuglette, survivre à ses blessures tient du miracle.

Pour s’informer et manifester sa solidarité face aux souffrances du peuple palestinien aujourd’hui éludées par l’actualité internationale : www.solidarite-palestine.org



La pub sexiste sévit en Bosnie

Dans la série des publicités affligeantes nous vous proposons la femme nue faisant le grand écart, accompagnée du texte suivant : « adaptable à toutes les surfaces ».

Devinez de quoi il s’agit… D’un produit nettoyant pour la ménagère de moins de 50 ans ? De collants très gainants qui font des jambes parfaites ? Vous avez perdu ! Cette merveilleuse jeune femme, pleine de vie et très souple nous vante l’adhérance exceptionnelle de pneus…

Cela se passe près de chez nous, en Bosnie-Herzégovine. Une campagne de protestation contre cette publicité est organisée par l’association humanitaire KORACI-NADE.

Pour les soutenir : koraci-nade@tel.net.ba
(Source : E NAWA)




Le test de virginité de retour en Turquie !


En dépit des protestations des groupes de femmes, le ministre de la Santé Osman Durmus a rétabli l’autorisation de pratiquer des tests de virginité sur des étudiantes, et de renvoyer celles qui ne seraient plus vierges.
Envoyer une lettre de protestation




Femmes demandeuses d'asile

Les cartes postales pour la campagne d'un an du LEF sur les femmes demandeuses d'asile sont désormais disponibles en anglais, en français, en espagnol et en allemand.

Les quatre cartes, présentées comme une feuille A4, illustrent des exemples de persécution à l'encontre des femmes, et qui ne sont pas toujours reconnues comme des motifs légitimes de demande d'asile. Un message à l'attention des responsables européens demandant une politique communautaire en matière d'asile est imprimé au dos de chaque carte.
Information : Mary Collins, Coordinatrice de la Campagne : +32.2.210.04.25 (ligne directe) ou marycollins@womenlobby.org



DOSSIER


Les femmes
dans les conflits armés


On estime que le nombre de pertes civiles dans les conflits actuels avoisine les 90 %. Elles concernent pour la plupart des femmes et des enfants.


      Il y a un siècle, 90 % de ceux qui mouraient à la guerre étaient des soldats ou faisaient partie du personnel militaire. Bien que les conséquences des conflits armés frappent les communautés dans leur ensemble, elles affectent plus particulièrement les femmes et les filles du fait de leur statut social et de leur sexe. Les parties impliquées dans des situations de conflit pratiquent souvent le viol des femmes et ont parfois recours au viol systématique comme tactique de guerre.

      Le meurtre, l'esclavage sexuel, la grossesse et la stérilisation forcées constituent d'autres formes de violence à l'égard des femmes commises dans le contexte de conflits armés.

       En dépit de ces actes, les femmes ne doivent pas simplement être perçues comme des victimes de guerre. Elles assument aussi un rôle clé en assurant la survie de leur famille pendant ces périodes de troubles et de destruction et sont particulièrement impliquées dans les mouvements de défense de la paix aux niveaux élémentaires, sensibilisant leur communauté à une culture de la paix. Elles restent, cependant, absentes des négociations de paix.

      Le Programme d'action adopté à Beijing en 1995, lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, a déterminé les conséquences des conflits armés sur les femmes comme un domaine critique requérant une action de la part des gouvernements et de la communauté internationale, tout en mettant l'accent sur la nécessité de promouvoir une participation égale des femmes à la résolution des conflits au niveau de la prise de décisions.

      Au cours de sa quarante-deuxième session, en 1998, la Commission de la condition de la femme des Nations Unies a examiné la question des femmes dans les conflits armés. Elle a incité les Etats Membres et la communauté internationale à accélérer la réalisation des objectifs stratégiques visés par le Programme dans ce domaine, en particulier en ce qui concerne la prise en compte d'une perspective sexospécifique comme élément central de toutes les politiques et les programmes pertinents.

      On trouve notamment, parmi les conclusions concertées de cette session, des mesures visant à assurer que le secteur de la justice tienne compte des sexospécificités, à répondre aux besoins spécifiques des femmes réfugiées et des personnes déplacées et à accroître la participation des femmes au maintien de la paix, à consolidation de la paix, à la prise de décisions avant et après les conflits et à la prévention des conflits.


Action au niveau international

      Depuis la Conférence de Beijing, des développements significatifs, relatifs au traitement des crimes perpétrés à l'égard des femmes en période de conflits armés, ont été enregistrés au niveau international.
      
    - Les statuts des tribunaux ad hoc, créés par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour juger les crimes commis en ex-Yougoslavie et au Rwanda, érigent expressément le viol en crime contre l'humanité. Les deux tribunaux ont prononcé plusieurs inculpations pour violence sexuelle le Tribunal pénal international pour le Rwanda a inculpé un défenseur de génocide, notamment pour violence sexuelle.

    - Au niveau régional, la Cour interaméricaine et la Cour européenne des droits de l'homme ont statué que les violences sexuelles et le viol en situation de conflit armé constituaient des violations des traités relatifs aux droits de l'homme. Quelques pays ont engagé des procédures pénales et civiles contre des individus accusés d'avoir commis des violences à caractère sexiste à l'égard de femmes dans des situations de conflits.

     - Le statut établissant une cour pénale internationale, ayant compétence à l'égard des personnes pour les crimes les plus graves ayant une portée internationale, a été adopté en juin 1998. La définition des crimes pour lesquels la Cour aura compétence a été élaborée dans une perspective sexospécifique.

      Le génocide est défini comme englobant les mesures visant à entraver les naissances au sein d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux.

      Les crimes contre l'humanité englobent le viol, l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée et la stérilisation forcée.

      Les crimes de guerre englobent le viol, l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle constituant une infraction grave aux Conventions de Genève.


Femmes déplacées et réfugiées


Le nombre croissant des conflits armés et des violations qui les accompagnent a contribué à multiplier le phénomène des déplacements internes forcés et à grossir les vagues de réfugiés. On estime que les personnes déplacées sont dans plus de 75 % des cas des femmes et des enfants et que ce chiffre peut atteindre les 90 % pour certaines populations de réfugiés.

      Les abus dont souffrent les femmes et les filles dans les situations de conflits armés sont variables et peuvent être perpétrés sous forme de viol, d'esclavage sexuel et de prostitution forcée. Les femmes réfugiées sont très exposées à la violence et à l'exploitation au coeur des troubles et le restent dans les pays d'asile et lors de leur rapatriement.

      Les réponses de la communauté internationale et des Etats Membres à ce phénomène comprennent :

     - Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a émis des directives pour la protection des femmes réfugiées, qui englobent la prévention de la violence sexuelle à leur encontre et les mesures à prendre à la suite de tels actes.

     - Le HCR a cherché à faire en sorte que le droit international offre aux femmes réfugiées une protection adéquate, notamment lorsqu'elles sont victimes de persécutions fondées sur le sexe.

     - L'Allemagne, l'Australie, le Canada, les Etats-Unis, la France, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni font partie des pays de plus en plus nombreux qui ont octroyé le statut de réfugié sur la base de persécutions fondées sur le sexe, qui comprennent la mutilation génitale féminine, le mariage forcé, l'avortement forcé, les meurtres d'honneur et la violence domestique.

     - Certains Etats Membres ont pris conscience qu'il importe d'apporter un soutien physique et psychologique aux femmes réfugiées, en particulier celles qui ont été victimes de sévices liés à leur sexe.

Résolution des conflits, construction
et consolidation de la paix


Bien que les femmes aient assumé différents rôles en période de guerre et dans le domaine de la construction de la paix, notamment au sein du personnel médical et administratif et de plus en plus dans le cadre d'opérations de surveillance des élections, elles ne participent généralement pas aux négociations de paix officielles et à la prise de décisions liées à la guerre et à la paix.

      Toutefois, on admet plus couramment qu'elles ont un rôle à jouer dans le domaine de la résolution des conflits, tout en reconnaissant qu'elles enrichissent les processus de prise de décisions, en y apportant des qualités et des talents particuliers.

     - Les Pays-Bas ont lancé un programme d'action intitulé «Féminiser le processus de paix» qui vise à encourager Israël et la Palestine à nommer davantage de femmes à des postes de décision et dans les équipes de négociation du processus de paix en cours.

     - En Afrique, l'Initiative des premières dames africaines pour la paix, qui a été lancée au début de l'année 1997, a organisé des conférences sur la paix et les questions humanitaires au cours desquelles des résolutions ont été adoptées. Celles-ci ont été présentées aux chefs d'Etat et de gouvernement africains. De plus, l'Organisation de l'unité africaine et la Commission économique pour l'Afrique ont institué, en 1999, le Comité des femmes sur la paix et le développement.

     - La Belgique a mis sur pied, avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), un projet conjoint dans le cadre duquel une organisation non gouvernementale de femmes recense les enfants détenus par des soldats rebelles et négocie leur libération. La Belgique appuie aussi l'emploi de femmes médiateurs dans les conflits et a lancé une initiative de paix auprès de femmes de deux parties à un conflit.

     - La Géorgie a institué un plan d'action pour l'amélioration de la condition de la femme qui prévoit le développement de mécanismes garantissant la participation active des femmes à la prise de décisions relatives aux conflits armés et à la consolisation de la paix.

     - Le Royaume-Uni a pris des mesures visant à ce que les femmes participent au processus de paix en Irlande du Nord.

     - Dans plusieurs Etats Membres, dont le Royaume-Uni et les Etats Unis, des femmes occupent des postes politiques de haut niveau, tels que ceux de ministres des affaires étrangères et des chefs de département, et peuvent ainsi orienter les processus de prévention des conflits et de paix.

L'évolution de l'armée


Traditionnellement les femmes sont peu présentes dans les corps armés; certains pays n'autorisent pas l'armée à engager des femmes. Quelques pays ont pris des mesures pour accroître le nombre de femmes au sein de leur armée, leur reconnaissant le droit de participer à la défense militaire de leur pays.

      Dans certains pays, l'armée évolue, et ce, plus particulièrement au niveau international, se tournant vers des activités de prévention des conflits, de consolidation de la paix et de relèvement des pays à la suite de guerres ou de catastrophes naturelles. Les nouvelles fonctions de l'armée et de la police font une plus grande place aux femmes. Les exemples d'actions de ce type comprennent :

      - Des femmes originaires de différents Etats Membres ou issues du système des Nations Unies participent à des missions de maintien de la paix et des opérations de surveillance d'élections.

      - Au Danemark, les femmes occupent des grades élevés dans l'armée. Des lois permettant aux femmes d'être recrutées au même titre que les hommes ont été promulguées et des efforts déployés pour permettre à davantage de femmes d'être promues.

      - En Israël, où les femmes sont tenues de faire leur service militaire mais ne le font pas dans les mêmes conditions que les hommes, les procédures d'admission dans l'armée de l'air ont été modifiées pour autoriser les femmes à passer l'examen d'entrée à l'école de formation de pilotes.

      - La Norvège a fixé des objectifs spécifiques de recrutement des femmes dans l'armée. Par exemple : 7 % de femmes officiers et de femmes engagées d'ici a 2005.

      - En Australie, les obstacles culturels et sociaux à la promotion et au maintien en fonctions des femmes dans les forces armées ont fait l'objet de deux examens depuis 1995.                                                                 
                                                                         Rapport du Secrétaire général»

Publié par le Département de l'information de l'ONU


PORTRAIT


Jacqueline Thibault
«Je ne laisse jamais tomber!»

Avec toute la force de sa conviction, Jacqueline Thibault a choisi de lutter contre les crimes d'honneur. Une coutume barbare au nom de laquelle des milliers de femmes meurent chaque année. Découverte d'une héroïne singulière dont l'action ressemble à une profession de foi. Rencontre.


      Il ne faut pas se fier aux apparences… Menue, élégante, sourire affable, Jacqueline Thibault cache derrière une image de déléguée de salon une authentique femme d’action. Ses combats, cette «guerrière en marche» – selon l’expression d’Edmond Kaiser – les mène essentiellement sur le terrain. Un terrain parfois miné, glissant, hostile, en tout cas impuissant à décourager cette forte personnalité. En trente ans d’engagement humanitaire, Jacqueline Thibault a gardé une fraîcheur d’engagement intacte. Très rapidement, ses trajectoires personnelle et professionnelle – chez elle, les deux sont intimement liées – vont épouser celle de Terre des hommes.

      Après avoir mis sur pied et coordonné différents programmes à l’intention des enfants et des mères d’Israël et des territoires occupés, elle rejoint, en 1991, le siège lausannois de la fondation pour en devenir la secrétaire générale. Mais la «promotion» sera de courte durée. Certains reprochent à cet électron libre ses «méthodes autoritaires» et son non-respect du cahier des charges. Qu’à cela ne tienne, elle retourne sur le terrain et forme des accompagnateurs dans les pays ravagés par le sida: le Rwanda d’abord, suivront l’Ouganda, la Tanzanie, l’Inde et la Thaïlande.

      En parallèle à ses activités de déléguée, et dans la plus grande discrétion, Jacqueline Thibault organise des sauvetages de femmes «victimes de traditions criminelles». Encouragée par feu Edmond Kaiser, elle décidera de se consacrer exclusivement à cette cause en créant en février 2000 la fondation SURGIR.

      En réalité, l’histoire de cette fondation démarre en 1978, lorsqu’une amie palestinienne chrétienne exhorte Jacqueline à secourir une adolescente grièvement brûlée. Elle ne lui cache pas que la mission est hasardeuse, voire dangereuse. Qu’importe! La déléguée de Terre des hommes n’est pas du genre à se laisser impressionner. Arrivée au chevet de Souad, hospitalisée à Ramallah, elle constate que la jeune fille est à l’agonie: «Elle n’avait pas été lavée, ses plaies étaient infectées, elle dégageait une odeur terrible. J’ai posé la main sur son genou à travers le drap et je lui ai dit en arabe: «Je vais t’aider!» Elle a ouvert les yeux, m’a répondu «Oui!» avant de replonger.»

Un sujet tabou


      A travers les souffrances de Souad, transformée en torche vivante par son beau-frère, Jacqueline est confrontée pour la première fois au «crime d'honneur», une coutume répandue dans les sociétés patriarcales du Moyen-Orient. Peu à peu, elle lève le voile sur un sujet tabou et découvre que des milliers de femmes, suspectées -généralement à tort- d'avoir fauté et donc d'avoir «sali» l'honneur familial, sont sacrifiées chaque année sur l'autel d'une tradition indigne.

      Egorgées, empoisonnées, brûlées vives, fusillées, poignardées, étranglées par un père, un frère, un mari, un cousin qui pourra, lui, dormir en paix une fois son forfait accompli.

      Grâce à l’intervention de Jacqueline, Souad échappera à ce sort funeste. «Elle était mineure, j’ai donc dû négocier son départ avec ses parents. Le jour où elle a pris l’avion à destination de Genève, ils ont offert le café à tout le village en prétendant que leur fille était morte. Leur honneur était en jeu, ils n’avaient pas d’autre choix.»

      Par la suite, Jacqueline rapatriera vers la Suisse d’autres femmes menacées. «Avec SURGIR, nous comptons faire évoluer les mentalités dans les pays concernés, faire passer un message simple: l’honneur n’a pas sa place dans le ventre des femmes.» Des rencontres et des conférences réunissant divers acteurs de la vie politique et sociale ont déjà eu lieu, d’autres sont en préparation en Jordanie et au Liban.

      Avec une quarantaine de femmes sauvées à ce jour et six dossiers en attente – «J’ai beaucoup de mal avec l’administration suisse pour l’obtention de permis humanitaires» – Jacqueline Thibault ne se laisse pas abattre par ceux qui comparent son action à la goutte d’eau dans l’océan. «Quand je sors une fille du pétrin, immédiatement je pense à la suivante. Je ne suis pas empêtrée dans les nombres; Edmond Kaiser ne l’était pas non plus. Certes, ce n’est pas la tendance de l’humanitaire actuel pour lequel, s’il n’y a pas trois cents cas, il n’y a pas de programme!»

      Sauvetage après sauvetage, Jacqueline applique la tactique des petits pas avec une patience infinie: «Je ne laisse jamais tomber. Jamais! Si mon action ne donne pas de résultat, je ne me tape pas la tête contre les murs, je recommence d’une autre façon. Pour moi, Souad et toutes les autres représentent des appels de Dieu. C’est lui qui me soutient, qui m’aide à avancer. C’est lui ma force, je n’en ai pas d’autre.» Et quand la fatigue la rappelle à sa condition de simple mortelle, Jacqueline se ressource en s’accordant une retraite spirituelle: «J’essaie de me vider la tête, je confie mes préoccupations à Dieu, je pose mon fardeau sur ses épaules.»


Dans un kibboutz


      Esprit libre, Jacqueline Thibault se singularise dès l’enfance par sa propension à sortir du cadre imposé. Fille unique – «hélas!» – d’une mère employée de bureau et d’un père contremaître en électricité, elle naît lors de la Seconde Guerre mondiale.

      Pour la guérir de son manque d’assiduité scolaire, ses parents «athées et même antireligieux» l’inscrivent dans une institution catholique. Le traitement n’aura pas les effets attendus: «Je me sentais bien dans cette école et, en plus, c’est dans le silence de sa chapelle que j’ai rencontré Dieu.»

      A 15 ans, elle décide de partir en Israël. «J’étais très marquée par l’Holocauste. Ça trottait tout le temps dans ma tête et je me demandais comment réparer le mal atroce dont les juifs avaient été les victimes.» Le niet parental reporte le projet... sans l’annuler. Car la jeune idéaliste persiste et signe; cinq ans plus tard, elle s’envole pour la Terre sainte.

      Ce premier contact en touriste ouvrira la voie à un séjour de trois ans au kibboutz Mischmar Ha’Emek (la Sentinelle de la Plaine), près de Nazareth. En tant que catholique française au sein d’une communauté juive, Jacqueline fait œuvre de pionnière. Elle s’initie à la conduite des tracteurs, soigne les arbres fruitiers et se découvre de solides amitiés. Pourtant, après trois ans de collectivisme planifié, elle souhaite retrouver le piment de l’imprévu et s’installe à Paris où elle étudie la psychologie avant d’être engagée au service de la recherche de la radio-télévision française.

      Bien qu’intellectuellement passionnant, son travail lui laisse «le cœur vide». Elle se retire dans un couvent pour réfléchir à la nouvelle orientation qu’elle entend donner à sa vie: «J’étais sûre intérieurement que Dieu avait autre chose à me proposer.»

      A nouveau sa boussole interne pointe vers Israël où elle rejoint, en 1970, une poignée d’idéalistes qui construisent le village de Neve Shalom (Oasis de Paix), destiné à favoriser les contacts entre Juifs et Arabes. Suite à des dissensions quant à l’aide à apporter aux Palestiniens, Jacqueline quitte Neve Shalom pour chercher d’autres appuis. Pourquoi pas Edmond Kaiser, cet «être exceptionnel et charismatique» rencontré quelques années auparavant sur le tournage d’une émission? «Quand je suis arrivée à Lausanne, il était en pleine grève de la faim pour le Bangladesh. Au bout du troisième jour, je n’avais plus d’argent et j’allais repartir quand il m’a enfin reçue.»

      Elle convainc Edmond Kaiser de l’accompagner dans les villages des territoires occupés. Il reconnaît l’ampleur de la tâche et nomme Jacqueline déléguée pour Terre des hommes dans la région. Entre cet homme et cette femme qui sont de la même trempe et partagent les mêmes convictions commence alors une longue collaboration sous le sceau du respect et de l’amitié.

      Reste l’amour... Jacqueline Thibault confirme qu’elle n’est ni une nonne ni un pur esprit: «Je me suis mariée avec un homme qui méritait une meilleure vie que celle que je lui proposais. Quand on a une famille, il faut s’en occuper… Alors j’ai divorcé.» Des regrets? Aucun. «Avec toutes les filles qui ont été sauvées, j’ai environ 50 petits-enfants! Sans compter tous ceux qui ont été pris en charge par les programmes de Terre des hommes. Mon travail dans l’humanitaire, c’est aussi une façon de donner la vie.»


Sauver des vies

Dans la mesure de ses moyens, SURGIR vient en aide aux femmes victimes de crimes d'honneur (Moyen-Orient, Pakistan, Afghanistan), aux femmes menacées pour cause de dot impayée (Pakistan, Inde), aux femmes sidéennes et veuves rejetées à la rue avec leurs enfants (Afrique).

Pays du Moyen-Orient concernés: Egypte, Liban, Israël, Palestine, Syrie, Yémen, Emirats arabes unis, Arabie saoudite, Turquie, Jordanie.

Cinq personnes travaillent pour SURGIR (dont quatre bénévolement), sans compter la participation de diverses ONG dans les pays concernés.

SURGIR cherche des familles d'ici prêtes à accueillir et accompagner des jeunes femmes traumatisées par leur passé.

Silvia RAPELLI
pour
Edicom: Femina




LES BREVES DE CHARLIE HEBDO



FRIC
La pauvreté qui augmente inquiete Jacques Chirac. Il a peur de devoir rendre les sous.

ISRAEL
Pourquoi l'armée israelienne n'a t-elle pas encore abattu Yasser Arafat? "On a du mal à viser. Avec sa maladie de Parkinson, il bouge tout le temps."

HONNETETE
Jospin, attaqué sur l'achat de sa maison à l'ile de Ré, est embeté: "Si les Français s'aperçoivent que je l'ai achetée avec mon argent, je perds 30 points dans les sondages."

ALLAH AKBAR
Des ordinateurs d'Al-Quaida retrouvés en Afghanistan. On les reconnait facilement, ce sont les seuls dont les lettres servant à ecrire "zobi", "sodomie", "suce ma bite" et "trou du cul" ont été supprimées du clavier.

M6
Les journalistes de M6 censurés. La direction s'est aperçue qu'il y avait des reportages subliminaux dans les écrans de publicité.

DEUIL
Une passerelle entre la droite et l'extreme droite s'ecroule. Un mort: Michel Poniatowski.

MODE
Pourquoi Yves Saint Laurent prend-il sa retraite? Parce que la mode n'est plus à porter des chapeaux ridicules, mais à figurer dans le comité de soutien de Chevenement.

REFORME
Robert Hue voudrait remplacer les sages du Conseil Costitutionnel par les sages du soviet supreme.

ESCROC
Les avocats du P-DG de la Société générale, mis en examen pour blanchiment, sont confiants: "On ne lui a meme pas retiré son chequier ni sa carte bleue."

POLITIQUE
L'Elysée dédramatise la rencontre Chirac-Le Pen lors de la présidentielle de 1988: "C'etait juste un échange de bons procédés entre le promoteur de l'operation pieces jaunes et celui de l'operation etoile jaune".

DIPLOMATIE
Arafat cerné par les chars israeliens à Ramallah. "Je ne peux meme plus sortir le chien: s'il pisse sur une chenille, j'ai peur que Sharon rase ma baraque."

CROIX-ROUGE
Les fondamentalistes islamistes d'Al-Quaida emprisonnés à Cuba réclament un traitement humain. "On veut du rhum, des putes et de la salsa!"

SANTE PUBLIQUE
Début de la campagne nationale contre la pédophilie à la television. Il n'y a qu'à rediffuser "L'Ecole des Fans", ça degoute à la fois des enfants et des adultes.

LA RUMEUR INTERNET DE LA SEMAINE
Dentistes, medecins, coiffeurs, tous ceux qui ont Le Figaro Magazine dans leur salle d'attente vont faire greve d'ici aux elections.

Il existe une extension à cette lettre qui ne peut pas être mise en toutes les mains

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