Regardez la cette femme de mon regard
amoureux, mon amour respectueux, mon désir mystérieux. Regardez-la cette grande
allure ronde, de promesses profonde, générosité gironde, sensualité féconde. D’espoirs brodés en
abîme, de courage et d’amour infini.
Infini nécessaire et sublime, dérisoire, essentiel. A cette femme que nul,
terre ou ciel, N’épargne.
Les hommes, épidémies ; les hérésies, capharnaüm. Des saisons et des
siècles ne l’ont vaincue, elle S’acharne.
Elle, l’Originelle.
Regardez la cette femme de mon regard
amoureux, mon amour respectueux, mon désir mystérieux. Cette femme de tous les
temps, femme toujours, humble et fière. Elle se dresse sur la
maison des vivants, descendante de déesses nourricières.
L’échine terrestre et la pensée princière. Courbée sur la tâche,
pilant le mil dans une danse altière, son col calciné paré d’atours, le pied nu
dans la poussière. Elle règne sur sa cour,
courant dès que point le jour, jours passés à veiller ses sujets : homme,
enfants, dont elle est l’obligée. Qu’on la rende servile,
qu’on la borne à un monde carcan, qu’on la charge de tâches viles, qu’on la
réduise au quasi néant _ Elle demeure.
Elle ne prend de la
résignation que l’apparence Et fait de son don de
soi, de son don de joie sa licence, Qu’elle transmet à
l’Enfant pour qu’il tisse d’autres heures.
Regardez la cette femme de mon regard
amoureux, mon amour respectueux, mon désir mystérieux. Regardez-la cette femme,
superbe à la peau d’ébène lisse, tendre et ferme comme le cuir du tam-tam. Sa peau couleur de nuit,
chaude et apaisante, chasse le mauvais rêve du chérubin.
Sa peau couleur d’insomnie, chaude et gourmande, réveille l’homme de frissons et
de faim. Ses bras semblent plus
grands, pour mieux saisir le large van, mieux embrasser l’enfant, étreindre le
mari et l’amant. Ses mains empoignent avec
fermeté, caressent avec douceur, interdites de tuerie : la femme règne sur la
vie. Et l’âme. Ses seins lourds comme le
fruit mûr et velouté, se dressent et s’affirment étendard de volupté, Incontesté par l’enfant
qui y laisse ses larmes, Incontestable pour
l’homme qui y baisse ses armes. Ses sombres mamelles
charbonneuses luisent dans la chaleur lumineuse, Gardant le nectar blanc
dans leurs noires calebasses Pour la jeune bouche
édentée qui y puisera ses forces voraces, Alors que la main burinée
y cherchera des préludes salaces En jouant de ces tétons
fermes au velours de bibasse. L’œil mâle voltige,
étourdi de rêves de béatitudes, Sur ses fesses
callipyges, dunes étourdissantes d’altitudes. Impérial, ce postérieur
de reine gouvernant les fantasmes, Excitant par ses cadences
denses et danses vibrantes en spasmes. De marches longues
jusqu’au marché, de champs chaque jour arpentés, à l’enfant toujours sur le dos
campé, Ses jambes oblongues
n’envient point leur galbe à l’antilope, Et certains les verraient
bien sur des voies interlopes.
Regardez-la cette femme de tous les temps,
femme toujours, humble et fière. Lapidations, mutilations,
humiliations.
Elle les vit, mais les déboute du droit à être rédhibitoires.
Leur oppose le panégyrique de sa féminité où loge son espoir Leur dresse, pacifique
combat, son arche de rédemption _ Son ventre : hanap
sublime magnanime, recueil de la sève première et ultime, D’où elle mûrit l’énergie
créatrice, l’espoir sacré. Le Nouveau-né.
Regardez la cette femme de mon regard
amoureux, mon amour respectueux, mon désir mystérieux. Sa bouche aux lèvres
prodigues prodigue sa prodigieuse joie de vivre.
Sa bouche charnue, charnelle, hèle, harangue, sa langue file les flots de mots,
rires, rend ivre. C’est sa foi en la vie.
Contaminante, inexpugnable, munificente, indispensable. C’est sa foi en la vie.
Qui fait de ses chaînes des plumes, de ses boulets des ailes. Son regard oniromancien
plonge dans le cœur des hommes, Cœur d’homme qui chavire
dans cet abîme d’amour universel, Démiurge de toutes les
passions, de tous les avenirs, de roc ou bien de sable.
Regardez-la cette femme de tous les temps,
femme toujours, humble et fière. Sur la savane aride, dans
la cour déserte où le buisson d’épineux résiste aux vents de sable, Devant la case en torchis
miteux, où un coq quête quelque pitance improbable, Cette femme est un Don,
pire qu’une insolence :
Un don de la Nature
aimante, vivante. Une Espérance. Le 8 mars honorent toutes
ces Lumières d’espoir, Une Journée de la Femme
pour qu’elles prennent le pouvoir.
Nathy d’EURVEILHER Ile de la Réunion.
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