Proposer une définition de la féminité lors de la journée
de la femme du 8 mars 2006 est un défi, car nous avons besoin d’oublier tout ce
que nous mettons habituellement sous ce terme : séduction, féminisme, mode ou
simplement qualification d’un comportement réservé aux femmes…
Dans notre propos il n’est pas question de guerre des sexes, ni de supériorité
de l’un ou de l’autre, mais au contraire d’attirer l’attention sur les
difficultés de la plupart des hommes et des femmes à vivre ce qu’ils sont
réellement et surtout à l’exprimer.
Chaque être humain naît avec un potentiel qui lui est propre et qu’il s’efforce
de développer au mieux de ses possibilités et de la place qu’on veut bien lui
accorder. Les cultures, les valeurs de l’entourage, l’éducation, encouragent
très tôt certains comportements chez l’enfant qui conditionneront peu à peu sa
vie d’adulte. Ainsi naissent des stéréotypes masculins et féminins qui
respectent rarement la personnalité réelle de l’individu. Cela crée des
souffrances chez ceux dont les goûts sont éloignés du stéréotype défini pour son
sexe. On voit des hommes souffrir de ne pouvoir exprimer leur douceur, leur
raffinement, leur sensibilité, qualités appréciées chez la femme mais moquées
chez l’homme, et à l’inverse des femmes révoltées de ne pouvoir exprimer leur
leadership autrement qu’en empruntant au registre réservé à l’homme des moyens
qui vont à l’encontre de leur bienveillance naturelle.
La suprématie masculine, nécessaire dans les périodes passées de notre histoire
où la force et la puissance physique étaient synonymes de chances de survie, n’a
plus sa place dans notre monde.
Le remarquable d’un être humain ne se trouve pas dans la particularité d’être
une femme ou un homme mais bien dans la faculté qu’il a d’exprimer ou de jouer
selon les circonstances et avec équilibre, tantôt de ses valeurs de
compréhension, tantôt de ses valeurs d’action, afin de faire de lui un être
sociable, ce qu’il est naturellement d’ailleurs.
Il n’y a aucune différence entre la conscience d’un homme et la conscience d’une
femme. Tous deux sont des êtres humains capables d’exprimer la beauté autant
l’un que l’autre. Toutes les prétendues tendances des hommes et des femmes ne
sont que le résultat d’un conditionnement socio-éducatif et même s’ils montrent
des comportements parfois différents, on sait maintenant que leur genre masculin
ou féminin n’en est pas responsable.
Être un être humain ça se mérite !
Qu’est-ce que la féminité ?
La féminité fait référence à des qualités favorisant l’harmonie dans notre
perception de nous-mêmes et nos relations aux autres, l’individu empreint de
féminité montre un grand respect des êtres et des choses, il est conscient de
son appartenance à un tout et des conséquences de ses agissements.
La féminité s’exprime à travers l’attention aux autres, à soi-même dans toutes
nos actions personnelles, professionnelles, sociales, économiques, religieuses,
amoureuses.
La féminité est avant tout du raffinement. Ce n’est pas, bien entendu, l’apanage
des femmes mais une capacité naturelle chez tous les êtres humains, encore
tellement inexploitée chez les hommes mais aussi chez les femmes.
La féminité fait appel à des qualités de non violence, à un désir de rassembler
plutôt que de diviser, au besoin de comprendre plutôt que de juger, à l’envie
d’intégrer plutôt que d’exclure. La non-violence n’est pas passive, la féminité‚
non plus.
La féminité n’exclut pas le désir d’actions, la volonté, la détermination, dans
un jeu d’où elle permet à chacun de sortir gagnant.
On a vu tout au long de notre histoire, des individus exceptionnels qui ont fait
de leur vie une réussite à l’échelle planétaire. Ils ont fait progresser par
leurs actions et leurs attitudes empruntes de sagesse, la conscience globale de
l’humanité. Tous montraient des qualités humaines remarquables et une grande
détermination pour atteindre la mission qu’ils s’étaient fixés.
Ils ne viendraient à l’idée de personne aujourd’hui de diminuer le mérite de
l’un ou de l’autre, selon qu’il est un homme ou une femme, un blanc, un noir ou
un jaune, un homosexuel ou un hétérosexuel, un catholique, un musulman ou un
juif… nous avons oublié tout cela car il ne nous reste en mémoire que la beauté
et la grandeur de leur œuvre accomplie.
Quel est leur secret ? Le don de soi, la douceur, l’empathie, la générosité,
l’intuition, le ressenti, le charisme, la sensibilité, la tendresse mais aussi
la détermination, le courage, la volonté, la discipline… Toutes qualités qui
font la richesse de la « féminité de l’être ».
La « féminité » telle que nous la concevons, n’est pas seulement un plus pour la
personne, mais au contraire son essence même : elle EST la personne, et cela
transpire par tout son être qu’elle soit homme ou femme.
Mais attention, nulle trace chez elle de faiblesse, et c’est là que nous avons à
progresser sur la compréhension du mot.
La féminité est un comportement fondamental qui teinte toutes nos actions et
compréhensions. Vouloir, exiger, prendre, posséder, convaincre, dominer… sont
des mots qui lui sont étrangers et pour les mêmes réalisations, elle utilise
plutôt proposer, demander, libérer, respecter, écouter… Là où l’un s’ouvre un
chemin par la force, elle, elle utilise l’adhésion.
Nous pouvons pourtant à tous moments changer les choses, car nous possédons un
atout magistral, une assurance sur le bonheur, une voie directe et accélérée
vers la paix, c’est la CONSCIENCE.
Ce n’est pas une denrée rare, elle est en chacun de nous, mais si discrète, si
délicate qu’il lui faut un terreau particulièrement fertile pour apparaître. La
féminité est un de nos atouts pour la voir grandir et s’épanouir.
Aucun conflit, aucune guerre ne peuvent résister à des individus qui sauraient
chercher ensemble, sans préoccupation de suprématie nationale, des moyens pour
rassembler les peuples, installer le bonheur autour d’eux et qui feraient en
sorte que ce soit l’intérêt de l’être humain qui soit au centre de leurs
discussions.
Certains diront que tout ceci est utopique et que la féminité transformera les
hommes en individus faibles, atteints peu à peu de sensiblerie. C’est justement
le contraire car un être qui développe sa féminité dégage progressivement sa
clairvoyance (voir clair), devient de plus en plus imperméable à la manipulation
et surtout, il devient extrêmement contagieux pour ses proches, d’une contagion
non dangereuse sauf pour les gens de pouvoir qui n’ont plus aucun ascendant sur
lui.
Michèle Destrée
France
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