Le Féminisme en OUGANDA![]() | |
Journée de la femme morose en Ouganda | |
Par Moses Draku
Kampala, Ouganda (PANA) -- Le retard enregistré dans l'adoption de deux lois considérées par les ougandaises comme cruciales pour l'égalité des sexes, risque de remettre en question plus d'une décennie de bonnes relations entre les femmes et le gouvernement du Président Yoweri Museveni.
"Alors que les préparatifs de la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars battent leur plein, je me prépare comme la plupart des membres du mouvement féminin ougandais, non pas à une journée de joie mais à une journée de deuil", a déclaré Taaka Awori, une féministe, lors d'un entretien public la semaine dernière à Kampala. "Nous allons porter le deuil de la loi sur les relations conjugales et de celle de la clause de copropriété foncière qui semble condamnée à rester lettre morte, sans influence réelle sur la vie des hommes et des femmes en Ouganda", a-t-elle ajouté. Les deux lois, qui sont à l'état de projet depuis deux ans, devraient permettre à la femme d'être propriétaire du terrain sur lequel est bâtie la maison familiale et protéger les femmes contre la violence conjugale Une semaine de la femme est observée en Ouganda au cours des sept premiers jours du mois de mars. Le point culminant de la manifestation est la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars par la communauté internationale. Depuis 1991, le 8 mars est un jour férié en Ouganda grâce aux pressions exercées par les femmes parlementaires. Cette journée
est généralement axée sur un thème qui devient le message directeur de toute l'année pour les ougandais, particulièrement les femmes, qui
doivent consacrer leurs travaux et les activités pour le développement. Parmi les activités prévues dans le cadre de la journée internationale de la femme figurent des discussions, des expositions,
des ateliers, des débats, des conférences publiques et des manifestations culturelles liées au thème central. Les lieux et les thèmes sont choisis en fonction de la situation qui prévaut dans le pays. Cette année, la journée de la femme est axée sur le thème de "promouvoir les droits des femmes pour le développement". Les manifestations organisées dans le cadre de cette journée se dérouleront dans la localité de Rukungiri, au sud-ouest de l'Ouganda. Le thème de cette année a été choisi en reconnaissance du rôle crucial joué par les femmes ougandaises dans la survie de leurs familles, leurs communautés et la nation. Les femmes, qui représentent plus de 50 pour cent de la population ougandaise, constituent la majorité des entrepreneurs du secteur informel. Elles dirigent aussi plus de la moitié des foyers et accomplissent le plus gros du travail agricole. La constitution ougandaise est considérée comme l'une des plus favorables aux femmes dans la sous région. Un mouvement féminin efficace et bien structuré a été mis sur pied dans le pays, avec 400 ONG et organisations communautaires œuvrant pour l'émancipation et les droits des femmes. Ces groupes de pression jouent un rôle important dans la promotion des droits des femmes et les changements politiques pour la responsabilisation des femmes. Ils sont à l'origine de la hausse du nombre de femmes dans la vie politique et les postes de décision dans le domaine public. Le parlement ougandais compte 288 membres dont 51 femmes, alors que 17 des 62 membres du gouvernement sont des femmes. Au niveau du gouvernement, la loi stipule que les femmes doivent représenter le tiers des membres et occuper des postes de direction dans les commissions constitutionnelles.
Les femmes sont aussi très actives dans le secteur économique ou elles peuvent bénéficier des facilités de crédit de la part d'institutions telles que le fonds financier et le crédit féminin ainsi qu'à des financements renouvelables. Ces dispositions devront permettre, à long terme, d'améliorer la position économique des femmes et les affranchir de l'exploitation et de la discrimination. Par ailleurs, le nombre d'inscriptions des filles a augmenté de 35 pour cent à l'université de Makerere grâce à la politique mise en place par le gouvernement pour inciter les jeunes files à poursuivre des études supérieures. En 1997, le gouvernement a également lancé un programme pour une éducation primaire accessible à tous, mettant l'accent sur l'accès à l'école sur une base égalitaire des filles et des garçons.
"Le cadre juridique et politique en Ouganda concernant les droits des femmes, bien que loin d'être parfait, est tout à fait correct. Il est en fait très progressiste, comparé à celui de la plupart des pays africains", a reconnu Mme Awori. Elle a cependant ajouté que la situation pourrait être meilleure si des efforts sont faits pour l'adoption des lois sur les relations conjugales et la propriété foncière. |